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Mots, Merveilles et Migration en scène

Interview de Valérie Despont par Doaa.
Photo: Omar Odermatt / Voix d’Exils

Interview avec Valérie Despont au sujet du spectacle adapté de son livre « Mots & Merveilles, après la route »

Humour, musique et émotions sont au programme du spectacle « Mots & Merveilles, après la route » actuellement en tournée en Suisse romande. Un spectacle qui met en scène l’expérience des nouveaux et nouvelles arrivant·e·s afghan·e·s, syrien·ne·s, érythréen·ne·s ou irakien·ne·s en Suisse et le choc culturel provoqué par leur confrontation avec un monde nouveau. Dans cette interview, Valérie Despont, autrice du livre duquel est issu le spectacle, nous raconte la genèse du projet, sa réception par le public mais aussi, et surtout, ce que le théâtre et la musique peuvent dire des enjeux liés à la migration.

Pour écouter l’interview, cliquez sur le lecteur ci-dessous:

 


Prochaines représentations :

Les billets peuvent être réservés directement sur les sites internet des établissements.


 

L’interview a été réalisée par Doaa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.




L’image des migrants dans les médias

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Était au menu des 16ème Assises de l’immigration

Les 16ème Assises de l’immigration organisées par la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), se sont tenues le 29 septembre 2018 dans le Collège du Lac à Villeneuve dans le canton de Vaud. Retour sur cet événement dédié cette année au thème de l’image des migrants dans les médias et au dialogue entre la société civile et les médias.

Cette rencontre annuelle a réuni des professionnels des médias, des représentants des associations oeuvrant dans le domaine de la migration, des citoyennes et citoyens et des élus. La rencontre s’est donc ouverte tôt le matin à 8h30 par une allocution de Monsieur Nicolas Rouge, Président de la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), suivie par celle de Madame Annick Morier-Genoud, Municipale de la commune de Villeneuve.

Plus de 100 personnes présentes

Cette 16ème édition des Assises de l’immigration, qui s’est tenue à quelques encablures de la capitale vaudoise, a réuni un peu plus de 100 personnes venues des quatre coins de la Romandie pour s’informer et débattre de la question de la représentation des personnes migrantes dans les médias et de leur perception par la société. Au fil des années, cette rencontre a pris de l’importance tant pour les politiques, les medias que pour la société civile. De nombreux représentants du monde associatif et de l’information ont fait le déplacement pour se retrouver tous autour d’une même table et pour parler le même langage.

L’initiative a marqué la bonne volonté de tous les participants de changer un état de fait, et de ne pas se contenter d’une simple rencontre entre medias et participants. A savoir, le message véhiculé par les medias à propos des requérants d’asiles et l’image aléatoire de ces derniers aux yeux de la société suisse entière. Les intervenants ont tous mis l’accent sur la nécessité de bien scruter l’information, de veiller à bien la transmettre et surtout de bien choisir la terminologie qui fait mouche !

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

L’enjeu des mots

L’association genevoise « Vivre ensemble » a présenté aux participants et aux participantes de la rencontre son opus consacré à la terminologie et aux mots usités par les journalistes. Madame Giada de Coulon, représentante de ladite association, a souligné dans son discours l’importance du vocabulaire employé dans la rédaction d’articles touchant au domaine de l’asile qui peuvent parfois menés à des malentendus.

Le Docteur Iseni  Bashkim, Directeur de la plateforme Albinfo.ch a pour sa part présenté aux participants son programme « Albinfo.ch » qui consiste « à développer perspectives de manière positive pour les migrants, à identifier les nouveaux acteurs émergents issue de la migration, et à changer la perception de la population vis-à-vis des migrants et enfin à sensibiliser les journalistes pour améliorer le climat social migratoire ».

Pour sa part Dominique Von Burg, Président du Conseil suisse de la presse, a bien rappelé lors de son intervention l’existence de la déclaration des devoirs et des droits des journalistes suisses, ainsi que la nécessité du respect par les journalistes du code déontologique de la profession. Et de souligner le rôle de la presse en tant qu’organe d’information, de sensibilisation et de faiseur d’opinions.

Bien au-devant du conseil qu’il préside, Monsieur Dominique Von Burg a réitéré le fait que le Conseil suisse de la presse protège les minorités du risque discriminatoire et de la généralisation abusive! Il précise que si un média cite les nationalités, il doit le faire également pour les ressortissants suisses!

Des ateliers de réflexion

Après la pause et la dégustation de quelques gâteaux et boissons fraîches lors du buffet mis en place pour la circonstance dans le hall de l’entrée principale, les participants se sont départagés en trois groupes afin de débattre le sujet : « quelle place pour la parole des migrants dans les médias ? » avec des journalistes venus en renfort pour animer ces ateliers. Parmi ces professionnels, de la presse écrite, de la radio et de la télévision, on cite la présence de Messieurs, Florian Barbey, rédacteur en chef de « Radio Chablais », Laurent Dufour, chef rubrique suisse de « la Radio Télévision Suisse (RTS) », Luis Lema, journaliste au « Temps », Valérie Passello, journaliste « Le Régional », Nicolae Schiau, journaliste et chef d’antenne de Couleur 3.

Les participantes et participants ont souvent souligné les limites des médias dans ce domaine de la migration. A notre avis, la place dans les médias pour chaque parole dépend aussi de la demande de s’exprimer. Une solution serait la création de médias destinés à la parole des migrants par les organisations actives dans le domaine de la migration.

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Remise du Prix du Milieu du Monde

Une généreuse récompense au menu du programme pour l’attribution du « Prix du Milieu du Monde », qui consacre des initiatives exemplaires en faveur de l’intégration des personnes migrantes. Doté d’un montant de Cinq milles francs suisse, le prix a été remis à l’issue des Assises par Nicolas Rochat Fernandez, président du Jury, député et deuxième vice-président au Grand Conseil vaudois, à deux lauréats : le centre socioculturel de l’arrondissement scolaire de Rolle pour son projet de fresque intitulé « La différence fait la beauté de ce monde » et l’association vaudoise « Couleur Respaix » – qui et entraîne une équipe de football pour jeunes requérants d’asile mineurs non accompagnés. Pour terminer, Amina Benkais-Benbrahim, déléguée cantonale à l’intégration a clôturé l’événement en synthétisant les principaux points soulevés lors de la rencontre.

Epilogue

L’évènement a suscité un vrai dialogue entre les professionnels et les participants. Une belle occasion de débattre tous ensemble et de cerner la problématique afin de déterminer les lacunes dont chacun et chacune est responsable à son niveau et qui peuvent être améliorées. La rencontre a bien mis en exergue la volonté de l’ensemble des participants de faire, ensemble à l’occasion de cette journée, une évaluation concrète et bien réelle de l’image que renvoient les medias sur des requérants d’asiles.

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




La « taxe poubelle » grève le budget des requérants d’asile du canton de Vaud

Photo: Pastodelou, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Un sac taxé à 2 francs. Photo: Pastodelou, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Une grande partie de la population vaudoise s’est déjà acclimatée à la généralisation de la nouvelle mesure entrée en vigueur dans la quasi totalité du canton de Vaud le 1er janvier 2013 visant à améliorer le tri des déchets. Dorénavant, la majeure partie de la population du canton doit utiliser des sacs poubelles taxés dont le prix s’élève à 20 francs suisse le rouleau de 10 sacs de 35 litres. Or, cette nouvelle taxe est une charge supplémentaire importante pour les requérants d’asile du canton, ce compte tenu de l’indemnité de plus ou moins 400 francs par mois qu’ils perçoivent, en dehors des prestations en nature fournies par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), comme le logement ou les soins médicaux.

A ce jour, aucune majoration n’a été évoquée dans le guide d’assistance financière de l’EVAM – dans lequel est détaillé l’ensemble des prestations financières destinées aux requérants d’asile du canton de Vaud – pour éponger l’arrivée de la taxe poubelle qui ponctionne les requérants et requérantes d’asile vivant dans des logements mis à leur disposition par l’EVAM. De même, aucune information n’a été transmise aux requérants d’asile à ce sujet. Cependant, des interrogations persistent au sein de cette population pour savoir si le guide d’assistance a été modifié.

Joindre les deux bouts

Esther, requérante d’asile habitant la commune de Moudon, en colocation dans un appartement privé et mère d’un petit garçon en bas âge s’exclame : « Je n’arrive pas à m’en sortir, car j’utilise deux sacs de 35 litres par semaine. A cause des couches de mon bébé, je suis obligée de soustraire 20 francs de l’assistance financière que je perçois mensuellement pour acquérir des sacs poubelles taxés – ce qui équivaut à l’achat d’un rouleau de dix sacs poubelles ». Quant à Louvain, requérant d’asile habitant la commune de Grandson, ce dernier souligne : « qu’en dehors des sacs taxés que j’achète péniblement, j’ai reçu dans ma boîte à lettre une facture de 135.- francs pour la taxe forfaitaire sur les déchets qui s’applique à tous les habitants de ma commune. Heureusement que cette dernière est négociable pour les personnes ayant des difficultés financières. Mais, malgré cela, je ne sais pas comment m’en sortir ».

Qui couvrira la nouvelle charge ?

La question que se posent les requérants d’asiles est de savoir par qui cette nouvelle charge sera couverte ? Si des personnes

La commune de Renens est restée libérale. Dessin signé

La commune de Renens est restée « libérale ». Dessin signé Sara, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

en situation régulière franchissent parfois les frontières communales pour se débarrasser de leurs déchets dans certaines communes voisines où la mesure n’est pas encore appliquée (comme la commune de Renens), afin de contourner la taxe, on peut s’imaginer le poids que cette nouvelle charge sur les requérants d’asile.

Si l’on se réfère à un document interne de l’EVAM, l’on peut lire « qu’aucune participation financière supplémentaire de l’EVAM n’est envisagée. Il s’agit du meilleur moyen d’inciter les personnes à trier leurs déchets. Aucune modification du guide d’assistance n’est nécessaire ». Il est aussi prévu dans le même document qu’un rouleau de 10 sacs de 35 litres taxés soit donné par le gérant technique, lors de l’emménagement d’une personne dans un appartement de l’EVAM. Le rouleau ainsi que les explications en lien avec le tri sont fournis au bénéficiaire une seule fois.

Aucune exception prévue

Pour approfondir la question, l’on s’est adressé à M. Yves Tschanz, responsable de la logistique de l’EVAM, pour savoir d’une part, si le guide d’assistance a été modifié pour prendre en considération la taxe poubelle et d’autre part, dans quelle mesure le guide d’assistance pourrait prévoir des exceptions pour alléger la charge de cas individuels particuliers.

A la question de savoir s’il serait possible de réviser l’article 42 du guide d’assistance de l’EVAM qui stipule que « les taxes communales individuelles d’évacuation des ordures ménagères, sous quelque forme que ce soit, sont à la charge des bénéficiaires », M. Tschanz répond que « L’article 42 a été émis dans des versions précédentes du guide d’assistance, alors que des communes pratiquaient déjà la taxe au sac, bien avant que cette dernière ne soit introduite dans la quasi-totalité du canton. C’est le cas par exemple de Villeneuve, Orbe, Payerne, Moudon, Yverdon, Champagne, Grandson, etc… Les bénéficiaires logés dans ces communes, avant le 1er janvier 2013, assumaient déjà les frais d’évacuation des ordures ménagères au moyen de sacs taxés. Il n’est donc pas prévu de révision, car cet article tient compte d’une réalité cantonale ».

A la question de savoir si des exceptions sont prévues pour les personnes ayant des enfants à charge, dont l’évacuation des couches est très gourmande en sacs poubelles, M. Tschanz rétorque « qu’il n’est pas prévu que l’EVAM se substitue aux prestations offertes ou non au bon vouloir des communes. En effet, certaines communes octroient une certaine quantité de sacs pour les familles, tandis que d’autres ne prévoient rien à ce niveau. Ce qui peut ressembler à des différences de traitement existe dans d’autres cas ne dépendant pas de l’EVAM. Par exemple, pour l’accessibilité au téléréseau : certains logements en sont pourvus, d’autres non. Cela peut impliquer des frais supplémentaires pour le bénéficiaire qui souhaiterait disposer d’un bouquet de chaînes TV. »

En bref, nous comprenons à travers cette clarification qu’il n’y aura aucune prise en charge supplémentaire par l’EVAM des frais engendrés par les déchets ménagers des requérants d’asile.

Pastodelou

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils