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FLASH INFOS #101

Photo: ADEPT / Twitter

Sous la loupe : Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne / Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes / Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne

20 Minutes, le 09.03.2022

Alors qu’ils se rendaient à la frontière ukraino-polonaise pour apporter de l’aide aux réfugié·e·s, deux personnes originaires du continent africain, parties de Suisse romande, ont été témoins et victimes d’actes violents de racisme. Arrivés sur les lieux, ils ont été menacés et contraints de fuir vers Cracovie, où le matériel d’aide a pu être redistribué « grâce à l’Église catholique », affirme l’un des deux afro-descendant touché par les actes de violence perpétrés par des groupes néonazis en Ukraine et Pologne.

Ils affirment également avoir vu deux camps de réfugiés, l’un « réservé aux Blancs » et l’autre « aux Africains ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes

infomigrants.net, le 08.03.2022

Plus d’un million de réfugié.e.s Ukrainien.nes, principalement des femmes et des enfants, sont arrivé.e.s en Pologne depuis l’invasion russe. Le pays pourrait être confronté à des problèmes importants dans le secteur du travail, car la main d’œuvre des secteurs de la construction et de l’agriculture était auparavant principalement constituée d’hommes Ukrainiens qui doivent maintenant rentrer chez eux pour combattre.

Par ailleurs, l’arrivée de mères célibataires constitue un défi majeur pour l’organisation du pays en raison du manque d’infrastructures pour la garde d’enfants en Pologne, ce qui engendre des difficultés à trouver un emploi compatible avec la maternité.

Enfin, l’ONG La Strada qui travaille sur les questions de traite des êtres humains et de travail forcé, met en garde contre des risques d’abus liés à la crise. En effet, l’ONG a déjà reçu des témoignages de femmes qui disent avoir reçu des offres en échange de rapports sexuels.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

RTS, le 03.03.2022

En Suisse, il est fréquent que des jeunes apprentis d’origine étrangère doivent interrompre leur apprentissage professionnel en raison d’un refus de leur demande d’asile. C’est le cas de Yosef, un jeune Iranien de 27 ans qui fait partie de la minorité Kurde et qui est arrivé en Suisse en 2018. Déterminé à devenir indépendant financièrement, Yosef a commencé en 2019 un apprentissage de monteur électricien. Mais il a reçu une réponse négative concernant sa demande d’asile, ce qui l’a forcé à mettre fin immédiatement à son apprentissage et à devenir dépendant de l’aide d’urgence.

Face à la situation, son employeur a écrit une lettre à l’Etat en précisant que Yosef travaille avec lui depuis deux ans et qu’il est un excellent apprenti, ceci afin de tenter de changer sa situation.

Il est à noter que chaque canton a des règles différentes pour les personnes étrangères en matière de prolongation de permis de séjour.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




80 millions de cicatrices

Unsplash.com. Auteur: Daniel Fazio.

sur la conscience de l’humanité

L’exploitation des réfugiés et leur utilisation comme menace pour faire chanter l’Europe est mise en pratique depuis plusieurs jours par le président turque Recep Tayyip Erdoğan, alors que des milliers de réfugiés affluent vers la frontière greco-turque. La question des déplacés est actuelle et importante. Voici une réflexion approfondie sur ce sujet global.

Les guerres sont provoquées, les pays sont divisés, les réfugiés inondent le monde, tandis que des terribles images sont affichées chaque jour sur des écrans de télévisions et d’ordinateurs de migrants se noyant dans la mer agitée, mourant d’épuisement ou de famine, tués par des mercenaires, exploités par des trafiquants d’êtres humains et transformés en marchandise et monnaie d’échange. Ils sont victimes de l’opportunité des machinations politiques et du « changement de régime », en d’autres termes, des malheurs d’origine humaine ! Les enfants sont les plus vulnérables parmi les réfugiés. Ils sont infectés par des maladies très répandues et affectés par la malnutrition, le viol, le travail forcé et la négligence.

Selon les estimations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à la fin de 2019, 70,8 millions d’individus – un chiffre sans précédent – ont été déplacés de force dans le monde entier et ont été livrés aux mers orageuses, au soleil brûlant du désert et aux caprices des bureaux d’immigration qui les attendent dans les pays d’accueil.

En effet, à mesure que l’humanité progresse en terme de technologie, elle est renvoyée à l’âge de pierre quand il s’agit de sa conscience!

Guerres par procuration

L’autre jour, je faisais défiler ma page Facebook lorsque je suis tombé sur cette nouvelle: « Fatima Ibrahim Hadi, 12 ans, est décédée de malnutrition le 4 février de cette année après que ses photos aient envahi les médias internationaux comme preuve vivante de la laideur de l’impact de la guerre sur le Yémen et des crimes des forces en présence dont la seule préoccupation est le pouvoir, au milieu de souffrances humaines aggravées par le silence et l’oubli ». Au Yémen, on estime que 3,2 millions d’enfants et de femmes souffrent de malnutrition aiguë. Puis, en continuant à faire défiler ma page, j’ai trouvé cette nécrologie: « La famille al-Ghai est dévastée par la perte de quatre membres de sa famille qui ont péri en traversant la mer Égée de la Turquie vers la Grèce. Quatre autres membres de la même famille ont été sauvés. Beaucoup d’autres se sont noyés. La plupart sont originaires de Hassaké, gouvernorat de Syrie ».

Récemment, début octobre 2019, de nombreuses villes du gouvernorat de Hassaké, (Ras al-Ain, Tal Tamer, Tal Abiad), situées au nord-est de la Syrie, ont été envahies par les forces turques et ses alliés djihadistes syriens. Cette offensive, qui était le résultat d’un échange entre les présidents Trump et Erdogan, a déclenché le déplacement de 200’000 à 300’000 personnes du jour au lendemain! 

Les réfugiés meurent deux fois

Le président turc Erdogan, dont le pays est profondément impliqué dans la guerre en Syrie, et qui a ouvert les frontières de son pays aux réfugiés syriens au début du conflit, les utilise désormais comme monnaie d’échange et de chantage, menaçant carrément d’inonder l’Europe de 3,6 millions de réfugiés syriens si ses demandes ne sont pas satisfaites!

Quelqu’un a dit que ces pauvres réfugiés meurent deux fois: une fois lorsque leur habitat naturel est détruit et qu’ils sont bombardés hors de leur pays. Et une deuxième fois, lorsqu’ils sont en route pour atteindre les pays d’accueil!

Au cours de sa mission officielle auprès de l’ONU, Jean Ziegler, sociologue genevois, a effectué un voyage d’étude en mai 2019 à Lesbos, l’île qui abrite l’un des cinq centres d’accueil pour réfugiés de la mer Égée en Grèce. Et dans son livre récemment publié « Lesbos, la honte de l’Europe », il décrit comment 20’000 réfugiés y sont entassées dans des conditions totalement inhumaine, en violation flagrante des principes les plus fondamentaux des droits humains! Ces conditions selon lui sont « créées par l’Union européenne dans un seul but: créer la terreur et la dissuasion pour empêcher l’arrivée d’autres réfugiés ».

Médias sous contrôle

Etant bien conscient de la nature de la politique, il n’y aura pas de fin à ces tragédies d’origine humaine à l’avenir. L’ONU, les organisations non gouvernementales (ONG) et les personnes de bonne volonté ne disposent pas des moyens de pression appropriés pour mettre fin à cette situation.

Pendant ce temps, les pays puissants qui ont été impliqués dans ces catastrophes d’origine humaine ne sont intéressés qu’à la façon de « diviser le gâteau » de pays comme la Syrie, la Libye, l’Irak, le Yémen, l’Afghanistan et de nombreux autres qui sont devenus des États défaillants incapables de protéger leurs citoyens; tandis que les médias grand public contrôlés n’osent pas exposer les vraies causes de ces tragédies. Et le reste du monde dort tranquillement la nuit après avoir changé de chaîne de télévision ou avoir communiqué d’autres histoires plus agréables sur leurs écrans d’ordinateurs ou de smartphones.

Si l’humanité avait vécu selon certains principes et valeurs humaines, la plupart de ces personnes déplacées seraient restées chez elles, jouissant d’une vie digne et sûre, même s’ils devaient tolérer la pauvreté.

H. Dono
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 




L’histoire de Wahid venu d’Afghanistan (1/2)

Source: http://pierzo.blogspot.com/2009_11_01_archive.html

Partie 1/2

Bonjour, je m’appelle Wahid (nom d’emprunt). A l’âge de 10 ans, mon père a eu un cancer et est mort deux ans plus tard. Toutes les difficultés ont alors commencé pour moi et le reste de ma famille. Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants, j’ai un frère et deux sœurs. Avec mon frère, mes sœurs, ma mère et ma grand-mère nous vivions tous sous le même toit.

Dès 12 ans j’ai été forcé à travailler

Pour ramener de l’argent à la maison, dès 12 ans j’ai gardé des moutons et des chèvres. J’ai aussi travaillé au service de personnes riches. Comme j’étais petit je ne pouvais pas faire d’autres travaux. Mes frères et mes sœurs pouvaient ainsi aller à l’école, mais moi je ne pouvais pas. Dès l’âge de 15 ans, j’ai fait de la manutention jusqu’à l’âge de 19 ans. Ce travail était bien pour moi, ma famille était contente, mes frères et mes sœurs pouvaient continuer à apprendre.

Un jour, un accident est arrivé

Un jour, je déchargeais des poutres d’un camion et un accident est arrivé. Une poutre est tombée sur mon collègue Rmzdym et il est mort. Ce n’était pas ma faute. Je suis alors rentré à la maison et j’étais très mal, très triste. Je ne savais pas quoi faire. Mon frère m’a dit : « le frère de Rmzdym, s’appelle Javid et il te cherche! ». Je me demandais ce qu’il voulait de moi. Ne sachant quoi faire, je suis allé prendre conseil chez mon ami Hysa qui est pour moi comme un frère. Hysa m’a dit : « Wahid, il faut que tu partes, Javid te cherche, il te menace de mort, on ne peut pas aller voir la police car ils ne feront rien, ils ne vont pas te protéger ».

Pendant deux nuits, je me suis caché dans la maison de Hysa. Lorsqu’il se rendait au travail en ville, il entendait que ça n’allait pas mieux pour moi. Je devais partir mais je n’avais pas d’argent. Hysa m’a alors prêté une somme, m’a fourni du carburant et m’a mis en contact avec l’un de ses amis qui était chauffeur. Le lendemain, à 4 heures du matin, j’ai quitté ma ville, ma famille, j’étais très triste.

On est parti pour Kandahar où on est resté deux jours et deux nuits. J’ai téléphoné à Hysa et les nouvelles n’étaient pas bonnes. Il m’a dit : « ne reviens pas sinon ils te tueront, si tu veux parler avec la famille de Javid, il faudra attendre très longtemps ».

Fuir au Pakistan

J’ai alors pris la décision de partir plus loin, au Pakistan où j’espérais trouver un travail. 5 jours plus tard, j’ai heureusement trouvé un emploi dans un restaurant car je n’avais plus d’argent, je dormais dans la rue, je ne mangeais plus. Le travail dans le restaurant ne payait pas beaucoup, je n’arrivais pas à vivre et à rembourser Hysa. Puis il m’a conseillé de me rendre en Iran, il pensait que j’y trouverais de meilleures conditions pour vivre et travailler. De plus, il avait un frère qui vivait là-bas.

Partir en Iran

Une semaine plus tard, je partais pour l’Iran. Je me suis rendu chez le frère de Hysa qui m’a donné de l’argent pour payer les passeurs qui m’avaient accompagné. Je suis resté une semaine chez lui, jusqu’à ce qu’il me trouve un travail. Il travaillait dans une usine de découpage de pierres et, peu de temps après, j’ai pu le rejoindre. Trois mois plus tard, la police iranienne m’a attrapé lors d’un contrôle, car je n’avais pas de passeport. Elle me demandait de l’argent pour me libérer. J’ai payé la police par l’intermédiaire du frère de Hysa et je suis sorti. Je suis alors retourné travailler à l’usine et 6 mois plus tard, la police est revenue pour me demander à nouveau de l’argent. Je me suis dit alors que ça ne finirait jamais…

Histoire à suivre dans quelques jours

Histoire de vie racontée par :

Fardudin

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils