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Manifestation à Genève lors du 75ème anniversaire de la Journée internationale des droits de l’homme

Le contexte tibétain à l’occasion du 34ème anniversaire de l’attribution du prix Nobel de la paix à Sa Sainteté le Dalaï Lama

Photos : Voix d’Exils/ Tsering

Le 10 décembre est un jour très important pour les gens du monde entier car c’est la Journée internationale des droits de l’homme, mais il est un peu plus spécial pour les Tibétaines, lesTibétains et les sympathisants du Dalaï Lama, car il marque également le jour où sa Sainteté a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 pour avoir « préconisé des solutions pacifiques fondées sur la tolérance et le respect mutuel afin de préserver l’héritage historique et culturel de son peuple ».

La communauté tibétaine de Suisse et du Liechtenstein a organisé un ralliement pour la paix entre le Palais Wilson et le siège de l’ONU à Genève le 10 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme. Plus de 300 Tibétaines et Tibétains venus de différents cantons du pays se sont rassemblés. Des personnes de tous âges étaient présentes, brandissant le drapeau national du Tibet ainsi que des bannières sur les droits de l’homme notamment portant sur le contexte tibétain. Le rassemblement a commencé par un hymne national tibétain, suivi d’une chanson dédiée à sa Sainteté pour l’attribution du prix Nobel de la paix et d’un moment de silence en hommage à toutes celles et ceux qui ont perdu la vie dans le mouvement pour la liberté.

Ce fut ensuite au tour de la marche pour la paix de démarrer. Les gens se sont alignés par rangées de deux et se sont avancés lentement vers leur prochaine destination: le Palais des nations qui est le siège de l’ONU. À leur arrivée, la foule s’est rassemblée et a formé un demi-cercle face aux portes géantes de l’ONU et a continué à scander ses slogans de plus en plus passionnément. Pendant un moment, il y a eu une grande clameur de la foule, comme si elle était prête à sacrifier sa vie pour la liberté. Cependant, en écoutant attentivement, on pouvait surtout entendre les appels à l’aide désespérés et l’espoir qu’un jour, ils retourneront tous dans leur patrie.

Prises de paroles de nombreux orateurs et oratrices

De nombreux orateurs et oratrices représentaient différentes associations, telles que l’Association des femmes tibétaines de Suisse, l’Association de la jeunesse tibétaine d’Europe, l’Association d’amitié suisse et tibétaine et le représentant du Parlement tibétain en exil. Ils ont toutes et tous fait part de leurs préoccupations concernant la crise actuelle au Tibet et la façon dont la situation s’est aggravée, même si elle semble normale en apparence. Par exemple, les internats coloniaux ont été forcés de séparer les jeunes enfants tibétains de leur famille et de les envoyer dans des internats loin de leur famille où ils doivent jurer leur loyauté à l’idéologie de l’État chinois et condamner le séparatisme. L’apprentissage de la langue tibétaine a également été interdit dans les écoles. Les tentatives systématiques d’effacer le mot « Tibet » de la scène mondiale en insistant sur le terme chinois « Xizang » ont été dénoncés. Ont également été mentionné le Prélèvement illégal d’échantillons d’ADN sur des Tibétains à leur insu ainsi que La construction de méga-barrages et des projets de détournement qui menacent l’approvisionnement en eau de plus d’un milliard de personnes en Asie qui dépendent des rivières qui viennent des montagnes de l’Himalaya. Finalement, les intervenantes et intervenants ont pris position sur le rythme sans précédent de la déforestation et de l’exploitation minière excessive de l’or, du borax, du radium, du fer, du titane, du plomb et de l’arsenic par la Chine qui déséquilibrent gravement l’environnement naturel.

Comme c’était aussi le jour où Sa sainteté le Dalaï Lama avait reçu le prix Nobel de la paix, de nombreux oratrices et orateurs ont rappelé au public la voie de la non-violence empruntée par Sa sainteté et la contribution de chacune et chacun au mouvement pour la liberté. Les jeunes ont été invités à bien étudier à l’école et à ne pas perdre leur langue et leur culture, tandis que les aînés ont été invités à être un bon exemple pour leurs enfants et à contribuer à la société.

Tsering

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Malgré son mépris absolu pour les droits de l’homme, la Chine devient membre du HRC

Un dessin produit par la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Un dessin réalisé par Gonch, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

«Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits», affirme la première phrase du préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’Assemblée générale des Nations Unies a trahi ce principe fondateur en nommant la Chine 47ème membre du Conseil des droits de l’homme (HRC).

Le Conseil des droits de l’homme (HRC) est le principal mécanisme des Nations Unies pour la promotion et la protection des droits de l’homme. Pourtant, le 12 novembre 2013, lors de sa 68ème session, l’Assemblée Générale des Nations Unies a décidé de faire entrer la Chine – considérée comme l’un des plus grands violateurs des droits humains– en tant que 47ème membre du HCR. Cette décision pose la question de la crédibilité et de la viabilité de cette institution censée être la gardienne et la promotrice des droits humains.

Manipulations politiques et économiques

L’entrée de la Chine au HRC a déçu et consterné non seulement les Tibétains et leurs partisans, qui ont fait campagne contre cette nomination, mais aussi toutes celles et ceux qui chérissent les droits de l’homme. Quand l’offense aux droits de l’homme est délibérée, lorsque l’homme fou prétend être sage, quand le non-respect des droits de l’homme par la Chine est volontairement ignoré, quand la Chine, grâce à ses manipulations politiques et économiques, a trouvé sa place au HRC, l’accumulation de ces signaux nous dit qu’il est temps de se réveiller.

La Chine: l’un des plus grand agresseurs des droits de l’Homme

N’oublions pas que plus d’un million de Tibétains sont directement ou indirectement morts suite à l’occupation brutale du Tibet par la Chine. 6000 monastères ont été détruits selon International Campaign for Tibet. De nombreux Tibétains sont toujours emprisonnés, notamment dans la tristement célèbre prison de Drapchi à Lhassa, la plus grande du Tibet. Le journal tibétain Phayul affirme que, depuis 2009, 126 personnes se sont immolées, une des plus hautes formes du sacrifice pour les Tibétains. Pourquoi se sont-elles immolées? La Chine doit une explication.

Lorsque la Chine est l’un des six États considérés par les observateurs des droits de l’Homme comme les plus grands agresseurs des droits humains, son entrée au HRC blesse la crédibilité des observateurs internationaux des droits humains. «C’est un jour noir pour les droits de l’homme [….] Élire la Chine comme juge en matière de droits de l’homme au niveau mondial c’est comme demander à un renard de garder des poules» a souligné Hille Neuer, directeur de l’ONG UN Watch et spécialiste des droits de l’Homme.

Dans sa déclaration officielle, le gouvernement tibétain en exil a exhorté les États membres de l’ONU à tenir la Chine pour responsable des incessantes violations des droits de l’homme au Tibet et responsable vis-à-vis des engagements qu’elle a pris.

L’omnipotence chinoise

53 années ont passé depuis l’occupation brutale du Tibet par la Chine. Aujourd’hui, elle est devenue très puissante: chaque nation poursuit une politique d’apaisement de ses relations avec la Chine et craint de la déranger parce que cela pourrait avoir un impact négatif sur ses exportations. Cela met les Tibétains dans une situation abyssale. La question du Tibet n’est pas un problème seulement pour les Tibétains, mais aussi pour le monde entier car le Tibet est considéré comme le quatrième plus grand réservoir d’eau douce de la planète du fait de sa couverture de glace.

Le fait que la Chine ait trouvé sa place dans le HRC signale t-il un nouvel engagement de sa part? Nous ne pouvons que l’espérer. Mais, pour les Tibétains, il est temps de s’unir et de s’élever contre les violations des droits humains au Tibet.

Gonch

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils