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Ezatullah Nazari, champion de Taekewondo

Ezatullah Nazari

Série #1 Que deviennent les talents des personnes migrantes après leur arrivée en Suisse ? 

Agé de 20 ans, Ezatullah Nazari, de nationalité afghane, est doué d’un talent hors normes en Taekewondo: un art-martial d’origine sud-coréenne. Arrivé en Suisse il y a seulement une année et sept mois, il a déjà marqué de son empreinte dans son nouveau club: le « Taekwondo Riviera de Vevey ».

Etablit dans un foyer EVAM à Vevey, Ezatullah Nazari est né dans une grande famille de sept enfants avec quatre frères et deux sœurs. Il a commencé à pratiquer le Taekwondo à l’âge de sept ans grâce à son oncle qui est entraineur dans un club local de son pays natal: l’Afghanistan. Il a quitté son pays après la mort de son père pour se réfugier en Suisse. « Il y a une année, je ne voyais plus l’intérêt de continuer le Taekwondo sans l’aide de mon père qui avait été à l’origine de ma passion pour ce sport. Quand je suis arrivé en Suisse, je ne pensais pas continuer le Taekwondo étant réfugié et  c’est grâce à mon assistant social de l’EVAM que j’ai recommencé le Taekwondo et j’en suis fier. », dit-il posément.

Un destin hors du commun

Après seulement quatre mois dans son nouveau club, Ezatullah Nazari n’a pas tardé à se faire remarquer en remportant la médaille de bronze dans sa catégorie lors de l’Open de Zurich: le tournoi international de Taekwondo de Zurich qui réunit plus de deux cent athlètes. Avant ce tournoi international, Nazari avait participé à l’Open de Schaffhouse en avril 2023, où il avait démontré des compétences exceptionnelles et une grande détermination en décrochant une première place dans sa catégorie.

Mehdi Amhand, son entraineur, confirme que Ezatullah Nazari est doué du potentiel et du plaisir dans ce qu’il fait: « Pour le moment, il a commencé une formation d’instructeur d’enfants car on le trouve sérieux et appliqué. »

« Je m’intègre bien grâce à mon club »

Malgré certaines difficultés à communiquer avec ses coéquipiers, ces derniers persévèrent. Ainsi, Ezatullah Nazari essaie de s’intégrer tout en améliorant son niveau de français et ce grâce au soutien de ses coéquipiers.

Il a récemment été sélectionné pour participer aux championnats de Suisse qui auront lieu le 4 novembre à Villeneuve, dans la catégorie élite des moins de 68kg. Cette sélection fait suite à ses remarquables performances lors des récentes compétitions auxquelles il a participé.

Alix Kaneza

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




« L’art : mon nouveau départ »

Photo: Sahar Zaire

Sahar Rezaï, une femme pleine de talents

Cette jeune femme de 21 ans très talentueuse habite Sion, une ville proche des montagnes valaisannes. Elle est arrivée en Suisse en 2017 quand elle avait 14 ans. Sahar Rezaï vient de vernir sa première exposition de peinture à Aigle qui est visible jusqu’au 2 mai à l’Espace AMIS.

Sahar a commencé à peindre à l’âge de 13 ans. C’est en Grèce qu’elle a commencé à peindre après avoir quitté l’Afghanistan, son pays d’origine. Dans l’interview qu’on a réalisé avec elle, Sahar Rezaï nous confie son parcours souriante avec un regard rempli d’espoir devant ses tableaux : « J’ai commencé à peindre après avoir quitté mon pays d’origine. On était avec ma famille dans un camp de réfugiés en Grèce. Par chance, un bénévole et journaliste du nom de Théodore m’a vue assise seule parmi les autres enfants qui jouaient juste devant moi et il m’a offert un cadeau. J’étais jeune, dans une chaise roulante à cause de la poliomyélite, une maladie que j’ai attrapée quand j’avais 2 ans, et je n’arrivais pas à jouer comme les autres enfants. Désespérée de tout ce qu’on avait vécu avec ma famille, je m’ennuyais beaucoup mais ce cadeau de ce bon samaritain m’as redonné de l’espoir. C’était le meilleur des cadeaux : un sac rempli de matériel pour faire de la peinture : les couleurs, les toiles des pinceaux etc. Et depuis ce jour, je n’ai plus jamais lâché mes pinceaux ». 

Un retour impossible en Afghanistan

En 2016, Sahar et sa famille ont été victimes d’une fatwa des talibans et ont décidé de quitter leur pays d’origine pour la Grèce qui a été la première étape de leur exil. Arrivée en Suisse au printemps 2017 avec ses parents et son petit frère, elle a commencé à chercher ce qu’elle pourraient faire ici. Sarah était troublée et disait qu’elle ne pouvait plus continuer à peindre ses tableaux. Elle nous confie « Je me demandais si je pouvais continuer à peindre car mon enfance me manquait beaucoup et les montagnes suisses me rappellent celles de chez nous. Mais c’est un sujet tabou à cause de ce qu’on a traversé dans notre pays. Du coup, je ne voulais plus continuer mes dessins parce que ça m’aidait à traverser cette période. Et aussi, j’avais remarqué que la vie en Suisse est chère et je ne pouvais plus continuer à me procurer du matériel; mais heureusement, des bénévoles suisses m’ont aidé à reprendre mon activité de peintre ».   

 

Sahar Zaire et Alix Kaneza. Photo: Voix d’Exils

« L’art m’a sauvée »

« L’art a été un nouveau départ pour moi. il a soigné mes blessures du passé parce que je me demandais ce que je pouvais faire ici en Suisse ou ailleurs. Mais quand je commence à dessiner, je n’arrive plus à quitter la toile. Je voulais sortir toutes les souffrances qui étaient en moi et je voulais parler à travers mes dessins de tout ce que je ressens. Et quand les autres jouaient, moi je préférais être devant mes tableaux. J’ai commencé à traduire mes tristesses et mes ressentis dans mes tableaux » s’exclame Sahar.

Dans la parole qu’elle a prise lors de son vernissage qui s’est déroulé à Aigle le jeudi 13 avril à 18h, Sahar a partagé avec confiance et espoir son rêve de travailler dans l’humanitaire et son projet de faire davantage de tableaux pour venir en aide aux jeunes filles qui n’arrivent pas à aller à l’école et aux femmes non scolarisées en Afghanistan.

Alix Kaneza et Renata Cabrales

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Informations sur l’exposition

Sahar Rezai expose ses toiles à Aigle dans la hall de l’Espace AMIS, Chemin de la Planchette 1, 1860 Aigle jusqu’au 2 mai 2023