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« Nous contribuons à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale »

Le Café contact. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Beaucoup de requérants d’asile vivant au sein de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), à Sainte-Croix, éprouvent des difficultés d’adaptation à leur nouvel environnement. Pour créer un lien social entre eux et la population locale, les bénévoles de l’association « Café contact » les réunissent une fois par semaine dans le local de l’EVAM mis à disposition. Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner, membres fondatrices de l’association, répondent aux questions de Voix d’Exils.

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Voix d’Exils : Pouvez-vous nous présenter votre Café contact ?

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner : Nous proposons un lieu de rencontre entre les migrants et la population locale de Sainte-Croix et, d’une façon générale, entre tous ceux qui ont l’envie de partager un moment avec nous. Nous recevons entre trente à cinquante personnes chaque lundi.

Où peut-on vous trouver ?

Nous sommes à trois minutes de la gare de Sainte-Croix, dans un local du bâtiment de l’EVAM, sis à la rue de l’industrie 11. Nous sommes ouverts le lundi matin de 10h00 à 11h30.

Quels sont vos objectifs ?

Nous voulons favoriser les échanges entre la population locale et les personnes suivies par l’EVAM pour qu’ils se familiarisent les uns aux autres.

L’équipe Café contact

Quels sont les sujets abordés avec les personnes qui viennent vous voir ?

C’est essentiellement des explications concernant leur courrier officiel, des demandes de travail, des questions sur le bénévolat et des questions personnelles, comme par exemple : comment faire venir leur famille en Suisse ? Ou encore comment se procurer certains documents administratifs ?

Quand et comment est née l’association Café contact ?

Elle est née en 1984 sous l’impulsion de personnes qui étaient actives auprès des ressortissants du Sri Lanka installés à Sainte-Croix. Ces personnes étaient alors logées, mais ne disposaient pas d’un centre d’accueil et n’avaient pas d’encadrement officiel ou administratif. Nous organisions à leur intention des cours de français, une aide juridique ainsi que les transports. A partir de 1991, nous avons organisé des rencontres appelées « Café contact ». Elles avaient lieu tous les 15 jours dans le local des jeunes de la paroisse protestante. Nous proposions un café et des activités pour les enfants.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous avons toujours fonctionné avec une dizaine de bénévoles. A tour de rôle, une personne de l’association est responsable du Café contact hebdomadaire. Elle apporte la collation, par exemple des fruits, des gâteaux, des biscuits… qu’elle paie de sa poche. Mais, nous disposons d’une caisse de 300 à 400 Frs, pour financer la fête de Noël et la Journée des refugiés.

Quels sont les liens que vous entretenez avec l’EVAM ?

L’EVAM nous met à disposition le local que nous occupons. Nous avons aussi des contacts avec Madame Cécile Ehrensperger, responsable du secteur Nord et Ouest de l’EVAM, lors de l’organisation d’événements en commun, comme la Journée des réfugiés.

Quel bilan faites-vous de votre action auprès des requérants d’asile ?

Notre bilan est positif. Nous sommes intervenus, en 2003 déjà, auprès du Conseil d’Etat pour améliorer l’encadrement et l’assistance des résidents. Le Café contact contribue à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale. Beaucoup de liens se sont créés entre eux depuis. Pour notre part, nous continuons à rencontrer certaines personnes ou familles, même lorsqu’elles n’habitent plus à Sainte-Croix. Heureusement, il y a quand-même une partie de la population d’ici qui a une perception positive des résidents de l’EVAM. C’est un processus qui demande de la persévérance.

Quels sont vos projets d’avenir ?

Nous voulons continuer à faire entendre notre voix, en organisant des rencontres publiques pour être visibles, favoriser l’information et contribuer à donner une image plus objective des migrants.

Usaque BAHATI WAMUNGU

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Association Café contact

Paul Schneider, Président

Avenue des Gittaz 18, 1450 Sainte-Croix

Téléphone : 024/454.33.20

E-mail : paul.schneider@ssgmt.com





L’équipe de Crissier l’emporte haut la main sur celle de Sainte-Croix

Quelques joueurs de l’équipe de Crissier

Le vendredi 15 juillet 2011 a eu lieu un match de football à Sainte-Croix qui a opposé l’équipe du foyer de Crissier de l’EVAM à celle du foyer de Sainte-Croix. 

Le premier but marqué à 14h40, soit 2 minutes après le coup d’envoi du match, par l’équipe de Crissier, a donné des vertiges à l’équipe adverse. Mais Sainte-Croix n’a pas tardé à égaliser en marquant un goal à son tour 2 minutes plus tard.

A son arrivée sur le terrain, l’équipe de Crissier s’était montrée très impressionnée par le gabarit des joueurs de Sainte-Croix. Mais sa technique footballistique très rodée l’a finalement emporté sur la taille des joueurs de l’équipe adverse.

Le match a pris fin avec un score final de 5 buts à 1 en faveur de Crissier.

Vive le sport qui rapproche les cultures et les hommes !

Hubert O YIGO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils 




Améliorer les relations hommes-femmes en s’ouvrant à l’autre

Atelier photo-langage. Photo: Javkhlan TUMURBAATAR

Échanges passionnants et passionnés lors de la journée Égalité qui a réuni, le 30 mars dernier, les résidents du foyer de l’EVAM de Sainte-Croix et de nombreux invités. L’occasion de lancer de multiples passerelles entre hommes et femmes, mais aussi entre les diverses cultures en présence. Nadia Ibe, assistante sociale à Sainte-Croix raconte.*

Après le traditionnel déjeuner café-croissants, les assistants sociaux Laurence Deruisseau et Pierre Amaudruz ont ouvert les feux de la journée Egalité 2011 en proposant un atelier de photos-langage. Les participants se sont montrés personnels et touchants, comme ce jeune Afghan qui a choisi de présenter une photo de famille parce que lui-même était seul et que sa famille lui manquait. Certaines personnes ont exprimé leur révolte face à des pratiques comme la lapidation ou le port de la burqa. D’autres encore, se basant toujours sur les photos proposées, ont rendu hommage à la beauté féminine tout simplement.

Les sociétés sont différentes, mais les besoins sont les mêmes

Conseillère à ProFa Yverdon, Laetitia Bornoz a animé un atelier intitulé « Egalité dans l’intimité : relations, sexualité, contraception, majorité sexuelle ». Là encore, beaucoup de réactions et d’interventions personnelles. Ainsi, en apprenant qu’en Suisse une femme peut recourir à une interruption de grossesse sans le consentement de son mari, un des participants a exprimé sa surprise et son indignation. Puis le groupe a réfléchi en commun pour tenter de se représenter l’obstination d’un mari voulant à tout prix assurer sa descendance une fois marié, et se montrant indifférent devant le souhait de sa femme de suivre une formation. La discussion a permis de faire la nuance entre « agir derrière le dos du mari » ou  – dans notre pays – « faire valoir ses droits ». D’autres participants ont dit leur difficulté à faire face à la sexualisation à outrance de leur société d’accueil. Certains ont exprimé leur peur et leur sentiment d’impuissance vis-à-vis du libre accès à la pornographie qui menace particulièrement les enfants. Au bout du compte, la discussion aura permis à tous de mieux comprendre l’importance de communiquer et de respecter les besoins de chacun. Et ce constat : que la société soit traditionnelle ou moderne, les besoins des individus sont partout les mêmes.

Pour le repas de midi, Armand Elhyani, chef de groupe à Yverdon et Sainte-Croix, a délaissé son ordinateur pour se mettre derrière les fourneaux et concocter avec l’aide de Benoît Clerc, le curé de Sainte-Croix, et de quelques résidents, de succulents farfalles au saumon et leur salade printanière. De quoi refaire le plein d’énergie avant de se lancer dans les ateliers proposés l’après-midi.

Des femmes rouges de colère

Anna Zurcher, assistante sociale, et moi-même avons animé l’atelier « Les 40 ans du droit de vote des femmes en Suisse ». En introduction, les participants ont pu visionner un extrait d’un documentaire auquel j’ai participé, soit « L’autre mon miroir » du cinéaste suisse Jean Charles Pellaud. La séquence présentée a été tournée le 8 mars 2004, lors de la journée de mobilisation organisée par le Collectif des femmes en colère. On y voit notamment la caravane de femmes rouges de colère sillonner le canton de Genève et faire halte dans l’entreprise des Laiteries réunies qui se distingue par ses très bas salaires.

A l’issue de la projection, Anna Zurcher, qui est également conseillère communale PS à Lausanne et présidente de Pro Juventute Vaud, a invité à un moment d’échange en revenant sur son parcours de militante et de migrante.

Aller au-delà des différences

Roland Béguin, verrier à Sainte-Croix et art-thérapeute, ainsi que Francine Blanc, étudiante en art-thérapie, ont proposé un atelier « Jeu – expression », pour que les participants puissent expérimenter des situations d’égalité et d’inégalité à travers des jeux et des mises en situation. De quoi découvrir ses spécificités propres et ses points communs avec les autres. Pour favoriser la participation de tous à cette journée exceptionnelle, parents et mères célibataires y compris, les assistants sociaux ont eu à cœur de mettre à disposition une structure d’accueil. En plus d’assurer la bonne marche de la journée, des installations techniques à la bonne coordination des ateliers, Andreas Zurbrugg s’est ainsi occupé, avec l’aide de Natacha Getman, de la crèche éphémère qui a accueilli dix enfants.

Une fois de plus, et pour la troisième année consécutive, la journée Égalité a remporté un grand succès grâce à l’investissement de toutes les personnes en présence et, en particulier, le travail remarquable des traducteurs sans qui une bonne partie des échanges n’auraient pas été possibles.

Les participants aux ateliers, plus d’une centaine sur la journée, ont tous exprimé leur contentement. Certains ont apprécié d’avoir eu l’occasion de se rencontrer entre résidents et personnel EVAM dans un contexte inhabituel. D’autres ont relevé leur satisfaction de pouvoir échanger et déposer leurs préoccupations. La grande majorité d’entre eux a souligné l’intérêt d’avoir accès à des informations utiles sur leur nouveau lieu de vie et leur nouveau mode de vie.

Nadia Ibe

Assistante sociale à l’EVAM

*Version initiale de l’article publiée sur l’intranet de l’EVAM




Les horizons cathodiques s’ouvrent au foyer de Sainte-Croix

La nouvelle télé est arrivée. Photo: Javkhlan Tumurbaatar

En février 2011, les 120 résidents du foyer de Sainte-Croix de l’EVAM étaient heureux d’accueillir un téléviseur à écran plat dans l’ancien vestiaire du Centre.

L’arrivée du petit écran était l’événement que tout le monde attendait depuis des mois au foyer de Sainte-Croix. Étant moi-même une résidente vivant dans ce foyer, j’ai pu constater les effets bénéfiques de cette nouvelle installation.

Des programmes accessibles pour les petits et les grands

Depuis que l’écran plat a été installé, les petits enfants ont la chance de pouvoir regarder les dessins animés comme les autres enfants de leur âge. Une mère me confie que depuis que son fils regarde les dessins animés à la télé, ceci lui permet d’échanger sur les aventures de ses héros préférés avec ses camarades de classe.  La télé serait en ce sens, pour les enfants, un moyen de s’intégrer à l’école parmi d’autres comme de jouer à des jeux. Les adultes, quant à eux, y passent du temps surtout pour suivre l’actualité sportive et politique. Cette télévision arrive à point nommé avec les événements qui se passent actuellement dans le monde arabe et en Afrique, car la moitié des résidents du foyer est justement originaire d’Afrique. A l’heure du télé-journal, ceux-ci se rassemblent dans le vestibule pour s’informer sur les derniers événements qui se sont déroulés dans leur pays d’origine, là où ils ont laissés leurs familles et leurs proches.

L’accès à l’information : une nécessité

Il est bon ici de rappeler que l’installation d’une télévision reliée au câble permet de visionner de nombreuses chaînes et de suivre les programmes en plusieurs langues étrangères comme en anglais ou en arabe. Le fait de pouvoir accéder à des programmes multilingues était très attendu par les requérants d’asile du foyer de Sainte-Croix, puisque la plupart d’entre eux ne maîtrise pas encore le français. Ainsi, le fait de pouvoir aujourd’hui visionner des films et des séries télévisées, même s’ils sont en français, va aider les requérants d’une part, à oublier un peu leurs problèmes quotidiens et d’autre part, à surtout améliorer leur niveau de français et en particulier leur expression orale ; ce qui représente en soi un autre effet bénéfique de l’installation.  La TV est un média ordinaire pour beaucoup de familles et de personnes vivant au foyer. Dans leur pays d’origine, elle leur permettait notamment de s’informer au quotidien sur le cours des événements. On comprend alors qu’il leur est inhabituel d’être privé de la télé, ou même carrément insupportable, pour la plupart des résidents, de ne pas pouvoir regarder les nouvelles, sachant que leur accès à internet est relativement limité. Le manque d’information rend encore plus difficile le chemin de l’exil, car les requérants sont alors non seulement éloignés de leur pays d’origine, mais en plus coupés de l’information qui leur permet de maintenir un lien avec leurs racines et de mieux comprendre cette nouvelle réalité qui les entoure à présent.

Javkhlan TUMURBAATAR

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils