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FLASH INFOS #132

Sous la loupe : Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée / Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers / A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms

Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée
Le matin, le 2 décembre 2022

Le 1er décembre, vers 18h15, deux personnes ont vu un migrant voler avec un parapente au-dessus de la haute barrière ultra-sécurisée séparant l’enclave du Maroc et Melilla. Pour l’instant, ce migrant n’a pas encore été localisé par les autorités espagnoles. Sur cette frontière, il y a souvent des tentatives de passage de différentes manières, mais, selon le porte-parole de la préfecture de l’enclave, c’est la première fois qu’un migrant entre à Melilla en parapente.

Kristine Kostava
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers
RTS info, le 5 décembre 2022

Alireza, un jeune requérant d’asile afghan a mis fin à ses jours cette semaine au Foyer de l’Etoile à Genève, qui accueille des mineurs et jeunes adultes non accompagnés, après avoir appris le refus de sa demande d’asile et la décision de le renvoyer en Grèce. Ce jeune était arrivé en Suisse au printemps 2021, à l’âge de 17 ans, avec derrière lui un parcours migratoire traumatisant. Son entrée en Europe s’est faite via la Grèce, où il avait subi de terribles violences dans un camp de réfugiés, qui le décrivait comme un « trou noir ». Le corps médical a, déjà, averti les autorités fédérales que le jeune Afghan avait manifesté des intentions suicidaires.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms
Le Monde, le 29 novembre 2022

La ville de Montpellier a mené une expérience sans précédent pour intégrer les Roms. Elle les a évacué du bidonville de Celleneuve pour les établir dans un « village transitoire » constitué d’une série de bungalows équipés d’eau et d’électricité. Une cinquantaine de familles ont accepté ce transfert. L’objectif est de parvenir à une insertion professionnelle durable, afin de leur permettre par la suite de disposer d’un véritable logement.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




«Nous existons pour aider les migrants à faire usage de leurs droits»

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils
Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion. Photo: Voix d’Exils.

Interview de Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion

Le Centre Suisses-Immigrés de Sion est connu de tous les requérants d’asile du Valais. Créé en 1984, il est devenu, trente ans après, un lieu incontournable de réflexion et d’engagement autour de l’asile et de la migration. La rédaction valaisanne de Voix d’Exils est allée à la rencontre de Mme Françoise Jacquemettaz, l’une des fondatrices du Centre. Interview.

Voix d’Exils : Comment le Centre Suisses-Immigrés est-il né ?

Mme Françoise Jacquemettaz : Le Centre est né sur les ruines de l’initiative populaire «être solidaires», votée en 1981, dont l’objectif était d’abolir le statut de saisonnier et qui a été très largement rejetée par le peuple suisse. Nous étions quelques-uns à nous être engagés et nous nous sommes demandés comment nous pouvions réagir. Nous sommes partis de la demande de migrants, avant tout des travailleurs étrangers, qui exprimaient le besoin de disposer de cours de français. Nous avons commencé comme cela, de façon spontanée. Jamais je n’aurais pensé que nous serions toujours là 30 ans après !

Que trouve-t-on concrètement au Centre Suisses-Immigrés ?

En plus des cours de français, nous avons rapidement saisi la nécessité d’organiser une permanence juridique et sociale pour aider les migrants à comprendre les différents documents qu’ils reçoivent, comme les contrats de travail, d’assurance-maladie, les lettres administratives, etc. Notre offre s’est peu à peu étendue et, au fil des années, nous avons proposé également des cours de cuisine, de gym pour les femmes, d’informatique ou, encore, un accompagnement mère-enfant. Ce dernier projet reste d’actualité et il implique la maman dans le processus scolaire de son enfant. Fondamentalement, nous existons pour aider les migrants à faire usage de leurs droits. Nous rédigeons des recours, constituons des dossiers de demande de regroupement familial et – c’est très important pour moi – si nous ne pouvons rien faire, nous prenons toujours le temps d’expliquer pourquoi.

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils

Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion . Photo: Voix d’Exil

Avez-vous une approche particulière ?

Nous cherchons à favoriser l’intégration, en accordant une attention toute particulière aux femmes et aux enfants. Comme nous avons souvent une relation privilégiée avec les personnes qui viennent vers nous, nous pouvons nous permettre de dire certaines choses. Prenons deux exemples pour illustrer le propos. Si des parents songent à s’opposer aux cours de piscine pour leur fille, nous leur ferions réfléchir au fait que l’enfant serait stigmatisée vis-à-vis de ses camarades. Si une famille demande l’asile en raison des problèmes politiques du père, nous lui ferions comprendre que la femme et les enfants ont également des droits et, qu’en Suisse, les droits existent pour tous.

Quel bilan faites-vous après trente ans d’engagement ?

En ce qui concerne l’asile, le bilan est désastreux. C’est de la paranoïa. Il faut arrêter de prendre des mesures urgentes qui ne servent à rien. On a créé le statut de NEM (Non entrée en matière) pour que les personnes déboutées quittent la Suisse. Résultat: elles ne sont pas parties. Il faudrait aussi modifier le statut d’admission provisoire. Nous voyons aujourd’hui des jeunes de la deuxième génération, nés en Suisse, bloquées par ce permis au rabais. La récente interdiction de déposer une demande d’asile dans une ambassade nous pose de gros problèmes, par exemple pour les Syriens qui cherchent à rejoindre des membres de leur famille en Suisse. Au début de la crise, la Suisse a très brièvement accordé des visas facilités aux Syriens. Je trouve qu’il y a une hypocrisie du discours parce qu’actuellement, dans les faits, la situation est très difficile. Même si nous savons que nos demandes sont vouées à l’échec, nous intervenons pour montrer que nous ne sommes pas d’accords. C’est la même chose avec les transferts Dublin organisés vers l’Italie ou le renvoi des Roms dans les pays de l’Est. On fait comme si tout allait bien, alors qu’on sait pertinemment qu’ils sont ostracisés chez eux.

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de toutes ces années ?

Rien n’égale le sentiment d’accomplissement que l’on ressent quand on obtient l’asile pour quelqu’un après avoir fait un recours. Ce moment où on se dit qu’on a pu faire reconnaître des motifs d’asile.

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils

Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion. Photo: Voix d’Exils

A contrario, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?

Il y a une chose que je trouve particulièrement inacceptable: c’est l’organisation de renvois sous la contrainte dans les cas de familles avec enfants. Je suis en colère lorsque des personnes viennent me dire, navrées : «ce matin, dans notre immeuble, la police est venue à 3 heures du matin, on a retrouvé des affaires d’enfants dans la cage d’escalier». Il faut que ces personnes témoignent, qu’elles écrivent dans les journaux. On a, en Suisse, une chose qui s’appelle la liberté d’expression. Il faut en faire usage. On voit que la mise en question de l’autorité reste toujours quelque chose de difficile et je pense que si personne ne dit rien, cela va malheureusement continuer.

Comment voyez-vous l’avenir du Centre Suisses-Immigrés ?

Je souhaite que le Centre Suisses-Immigrés puisse longtemps poursuivre son action dans le même esprit. Notre équipe est très motivée et ne compte pas ses heures. Ce qui me préoccupe, c’est que les gens sont persuadés que nous avons le pouvoir de faire la pluie et le beau temps à Berne, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

On a vu au cours de ces années que des choses très importantes ont été révélées pour la première fois au Centre Suisses-Immigrés ; elles n’avaient pas été dites ailleurs, ni lors de l’audition d’asile, ni confiées aux assistants sociaux. C’est pourquoi, nous avons dans nos projets l’idée de créer un espace d’écoute, où les personnes auraient l’occasion de parler à bâtons rompus, en toute confidentialité.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Infos

Centre Suisses-Immigrés

Rue de l’Industrie 10
CP 280
1951 Sion

E-mail csivs@bluewin.ch

Téléphone 027 323 12 16

Horaires:

Lundi : 14h – 18h
Mardi : 14h – 18h
Mercredi : 18h – 21h
Jeudi : 14h – 18h




« Comprendre les trajectoires individuelles et la régulation politique des problèmes d’exclusion »

Une famille vivant dans le squat. Photo: Nasser Tafferant

Des chercheurs du Pôle de recherche national suisse LIVES ont analysé et retracé l’histoire d’un squat urbain peuplé de migrants situé dans la région lausannoise. Cette recherche a donné lieu en parallèle à une exposition. Pour mieux comprendre les enjeux sociaux et politiques du phénomène étudié, nous avons interviewé M. Nasser Tafferant, chercheur au Pôle national de recherche LIVES et membre de l’équipe ayant investigué sur le squat.

Au plus fort de l’hiver, durant les premiers mois de l’année 2012 jusqu’à l’expulsion de ses habitants par les autorités en avril, une équipe du Pôle de recherche LIVES « surmonter la vulnérabilité : Perspective du parcours de vie » a mené une enquête en investiguant sur les cercles de relations amicales, familiales et de couples des habitants du squat des jardins familiaux de Vidy à Lausanne en Suisse. Cette recherche avait pour objectif de mieux comprendre les trajectoires des migrants vivant dans ces cabanons de fortune et les modes de régulation politique des problèmes d’exclusion sociale. L’enquête a, en parallèle, donné lieu à une exposition intitulée « LIVING THE SQUAT, Countdown of an Expulsion », qui s’est tenue à l’Université de Genève du 15 au 29 juin 2012 et à la Haute école de travail social et de santé de Lausanne du 1er octobre au 1er novembre 2012. Elle visait à montrer au public la vie matérielle et sociale du squat à l’approche de son évacuation, tout en retraçant les parcours de vie de ses habitants à la croisée de deux regards : celui du chercheur et celui du photographe.

Voix d’Exils : Vous avez présenté une exposition intitulée « Living the squat » à Lausanne, en octobre dernier. Son sujet était la vie des migrants qui ont squatté les jardins familiaux de Vidy de janvier à avril 2012. Pouvez-vous nous dire quel était l’objectif de cette exposition ?

M. Nasser Tafferant : L’objectif de cette exposition a été de rapporter des éléments d’information concernant l’expérience vécue par certains migrants d’un squat à ciel ouvert, sous le regard des passants ordinaires, à proximité du quartier de la Bourdonnette. Il importe de signaler que nos observations ne portaient pas exclusivement sur les Roms, mais aussi sur d’autres individus en provenance de pays d’Europe et d’Amérique latine et du Sud (ces derniers migrants ayant d’abord transité par l’Espagne). Cela a son importance, puisque la stigmatisation des Roms était, entre autres formes, consécutive aux effets d’annonce de certains médias locaux qui associaient systématiquement les mots « squat » et « Roms » dans quelques articles, encourageant, par-là, certains lecteurs anonymes à rendre public un discours anti-Roms.

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La récupération. Photo: Nasser Tafferant

L’exposition rend compte de hétérogénéité des parcours de vie et de l’épreuve commune d’un squat urbain. Nous avons passé quatre mois – de janvier à avril 2012 – sur le terrain parmi les migrants et quelques suisses cohabitant dans les jardins familiaux de Vidy – du collectif de la Bourdache – jusqu’à leur expulsion définitive. Notre approche se voulait compréhensive, c’est-à-dire que nous voulions saisir les interprétations personnelles et collectives des (més)aventures au quotidien dans et hors du squat. Nous avons mobilisé des techniques sociologiques de recueil d’information en procédant, avec leur accord, à l’enregistrement de témoignages, à des observations distancées et en situation de vie dans les jardins. Nous avons, en outre, pris plusieurs photos témoignant des modalités d’ancrage dans le squat, d’une part, par la façon d’occuper et d’aménager les cabanons, d’autre part, par les formes de sociabilité (liens de famille, de couple, de camaraderie propices à l’entraide, mais aussi rapports de méfiance et, parfois, de tension virulente).

Enfin, l’affaire des jardins familiaux de Vidy ayant fait grand bruit au gré des circonstances liées aux mesures d’expulsion, nous avons porté notre attention sur la manière dont le squat des jardins familiaux de Vidy a été traité politiquement, médiatiquement et perçu par quelques riverains.

Pour quelle raison vous êtes-vous intéressé à ce mode de vie ?

Avant tout, je ferai preuve de prudence avec l’expression « mode de vie », qui ne colle pas du tout à la réalité des destinées individuelles et familiales des migrants que nous avons rencontrés dans le squat. Autrement dit, les habitants des cabanons ne mènent pas une vie de squatteur. C’est le squat qui s’est imposé à eux, par chance d’abord, puisque les cabanons étaient inhabités, par stratégie de survie ensuite, à l’approche des saisons d’automne et d’hiver qui furent rigoureuses. Il a fallu aux habitants beaucoup d’audace, d’inventivité, de confiance en soi et d’entraide pour faire l’expérience du squat dans ces conditions. Certains ont enduré cette épreuve jusqu’à leur expulsion définitive (soit presque une année passée dans les jardins familiaux), d’autres ont pris la route un matin, sans jamais revenir sur leurs pas, en quête d’une situation moins inconfortable ailleurs en Suisse ou à l’étranger. Comprendre leur sensibilité, la manière dont se dessinent les trajectoires, la régulation politique des problèmes d’exclusion sociale…, ce sont là des thèmes qui intéressent chacun des membres de l’équipe ayant participé à cette étude (Raul Burgos Paredes, Emmanuelle Marendaz Colle, et moi-même*) et, par extension, les équipes du Pôle de recherche nationale Lives – « Surmonter la vulnérabilité : perspective du parcours de vie » dont nous sommes membres.

L’exposition a-t-elle suscité une prise de conscience auprès du public et auprès des politiques qui l’ont vue ?

Si nous nous intéressons aux personnes ayant effectué le déplacement pour voir l’exposition – les riverains, les anciens occupants des jardins familiaux, les chercheurs et les étudiants intéressés par la question –, alors je réponds oui. Car l’exposition montre clairement comment, à plusieurs reprises, le traitement politique de l’expulsion du squat a été dysfonctionnel. Concernant la réception de l’exposition par les acteurs politiques, je ne peux faire de commentaires, ne les ayant pas rencontrés, aussi bien dans les moments de vernissage que lors des visites guidées. Il faut aussi dire que l’exposition n’a pas fait l’objet d’une grande visibilité. En 2012 il y a eu deux installations, une à l’Université de Genève, une autre à l’EESP de Lausanne. Nous espérons que 2013 sera propice à une plus grande visibilité.

Que sont devenus les migrants avec lesquels vous avez été en contact pour votre étude ?

La destruction du squat. Photo: Hugues Siegenthaler

La destruction du squat. Photo: Nasser Tafferant.

Entre janvier et avril 2012, nous avions tissé des liens étroits avec une quinzaine d’individus. Au cours de cette période, certains ont pris la route vers l’étranger soit pour retrouver leur ville d’origine ainsi que leur famille – Roumanie, Espagne –, soit pour bénéficier d’un dispositif d’accueil plus efficace, des actions de solidarité (notamment associatives) et nourrir l’espoir de gagner plus d’argent – dans ce cas la France était une piste privilégiée. S’agissant des personnes qui sont restées jusqu’au terme de l’avis d’expulsion, la perspective de certains a été de se maintenir à Lausanne sans qu’aucune mesure tangible de relogement ne leur soit proposée. Nous avons donc perdu leur trace pour l’ensemble, et avons croisé une personne en situation d’errance urbaine et de mendicité au centre ville.

Parmi les migrants, il y a une majorité de Roms. Quelles sont les structures d’accueil officielles accueillant les Roms pendant la saison hivernale ?

Les structures d’accueil officielles renvoient à celles déjà existantes, lesquelles proposent leurs services aux plus démunis. On peut citer le Sleep-in qui offre un gîte pour la nuit, la Soupe populaire qui offre le repas du soir et le Point d’eau qui permet de laver son linge et de faire sa toilette. Au cours de l’hiver 2012, les occupants des jardins familiaux ont notamment eu recours à la Soupe populaire et au Point d’eau. Ils ont cependant affiché une réticence à se rendre au Sleep-in, préférant le confort relatif des cabanons et un entre soi plus rassurant. Il existe, enfin, l’association de solidarité Opre Rrom, dont le siège se trouve à Lausanne, et qui œuvre à assister les Roms dans leurs combats quotidien contre l’exclusion et leur quête de reconnaissance. Ces acteurs associatifs ont suivi de près l’affaire des jardins familiaux de Vidy, manifestant un soutien indéfectible.

En tant que chercheur, avez-vous des pistes à suggérer pour améliorer les conditions de vie des Roms, améliorer leur image au sein de la population et permettre ainsi d’éviter leur exclusion ?

Aussi modeste que fut notre travail de terrain, notre objectif a été de sensibiliser les citoyens à la question du traitement politique des Roms et des migrants qui ont occupé les jardins familiaux de Vidy. Porter un regard différent, tendre l’oreille, se rendre sur place, s’informer auprès d’associations vouées à accompagner ces communautés laissées pour compte, ce sont là des touches d’attention qui contribuent à briser les jugements de valeur et à faire un grand pas. Je peux citer le cas d’un riverain qui m’avait accueilli à son domicile pour témoigner de la situation du squat dans les jardins familiaux de Vidy. La vue de son balcon donnait sur les cabanons. La proximité des occupants le dérangeait et, comme bon nombre de ses voisins, il perdait patience face à l’expulsion qui tardait à venir. Les choses prirent une nouvelle tournure lorsque la municipalité autorisa les occupants du squat à y passer l’hiver. La personne décida alors de changer de perspective sur la situation de ces voisins d’en bas. Depuis sa fenêtre, il prit le temps de bien les observer. La présence d’enfants dans le froid cinglant de l’hiver le heurta péniblement. Il prit alors la décision d’aller à la rencontre d’une famille et de leur faire don de vêtements chauds, de couvertures et de denrées alimentaires. La famille le remercia chaleureusement et ils finirent par tisser des liens, multipliant les rencontres, les deux parties pouvant communiquer en espagnol. Son jugement devint ainsi plus objectif au fil des semaines. Ce n’était plus la présence des squatteurs qui le gênait, mais les conditions dans lesquelles ils étaient maintenus ici, livrés à eux-mêmes, dans l’indifférence de tous. Il tint alors les décideurs politiques pour responsables de cette situation, il ne fut pas le seul d’ailleurs, d’autres riverains ont manifesté leur désarroi. Certes, l’homme en question souhaitait voir les occupants des cabanons quitter les lieux à la venue du printemps, mais dans le respect de leur dignité. C’est sans doute là un exemple manifeste de compréhension et de sagesse, dans la limite de moyens d’action de chacun.

*Au sein du pôle de recherche NCCR LIVES, Raul Burgos est doctorant, Emmanuelle Marendaz Colle est conseillère en communication, tandis que Nasser Tafferant est post-doc senior.

Lamin

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Un cycle de conférences sur le thème de la vulnérabilité dans les parcours de vie est organisé par le Pôle de recherche national LIVES et l’Institut d’études démographiques et du parcours de vie de l’Université de Genève les jeudis du 21 février au 23 mai 2013.

Ces conférences sont ouvertes au public et l’entrée libre.

Pour en savoir plus, cliquez ici