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FLASH INFOS #108

Photo: manhai / Flickr

Sous la loupe: Certain·e·s réfugié·e·s ukrainien·ne·s rentrent au pays / Les réfugié·e·s ukrainien·ne·s sont prêt·e·s à prendre des jobs en dehors de leurs domaines de compétences / Berlin: des familles afghanes expulsées pour faire place à des réfugié·e·s ukrainien·ne·s



Certain·e·s réfugié·e·s ukrainien·ne·s rentrent au pays 

RTS, le 27.04.2022

Alors que certain·e·s réfugié·e·s ukrainien·ne·s commencent à rentrer dans leur pays, la Suisse a annoncé vouloir s’assurer que ces derniers pourront effectuer leur retour en toute sécurité. Pour le moment, le permis S est valable une année et il est possible de le renouveler chaque année durant 5 ans si la guerre devait se poursuivre. La Secrétaire d’Etat aux migrations Christine Schraner Burgener espère néanmoins qu’une solution pourra être trouvée avant ce terme.

Selon le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), 600’000 exilé·e·s ukrainien·ne·s seraient déjà de retour au pays.

Karthik Neelamagen

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Les réfugié·e·s ukrainien·ne·s sont prêt·e·s à prendre des jobs en dehors de leurs domaines de compétences

RTS, le 20.04.2022

Plus de 37’000 réfugié·e·s ukrainien·ne·s sont enregistré·e·s aujourd’hui en Suisse. Trois quarts sont des femmes, dont l’âge moyen est d’environ 36 ans. Selon une recherche menée par l’entreprise Job Cloud, celles-ci seraient très qualifiées. En effet, la majorité d’entre elles possède un diplôme d’une université ou d’une haute école.

Si certaines ont déjà trouvé un emploi, la plupart sont contraintes d’accepter des postes qui ne correspondent pas à ce qu’elles effectuaient dans leur pays d’origine.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Berlin: des familles afghanes expulsées pour faire place à des réfugié·e·s ukrainien·ne·s

The Independent, le 27.04.2022

L’Allemagne aurait déplacé des réfugié·e·s afghan·e·s pour faire place à des Ukrainien·ne·s fuyant l’invasion russe. Cependant, le gouvernement allemand a justifié la situation en disant que les Afghan·e·s étaient expulsés des « centres d’arrivées » prévus pour « des séjours de courte durée ».

Des activistes en faveur des droits humains ont toutefois affirmé qu’un nombre considérable de réfugiés avaient été expulsés du logement dans lequel ils vivaient depuis des années et que, par ailleurs, les expulsions n’ont délibérément pas été rendues publiques. Ce qui est préoccupant pour les membres du Conseil des réfugiés de Berlin, c’est le fait que certaines personnes qui vivaient dans leur maison depuis des années ont été exclues des structures sociales, ainsi que des enfants qui ont été envoyés très loin de leur école.

Il est à noter que Berlin a été la destination principale pour des dizaines de milliers de réfugié·e·s ukrainien·ne·s ; soit environ 7’500 arrivant·e·s à la gare tous les jours, depuis le début de la guerre.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« On n’a pas besoin d’aller mourir sur les routes et les mers pour trouver le bonheur »

 

Photo: Jane Bonvin Nsubuga.

Interview de « Jane la Nomade » 

C’est à la veille de son départ pour Kampala, capitale de son pays d’origine – l’Ouganda – que Voix d’Exils a rencontré Mme Jane Bonvin Nsubuga. Elle est très impatiente de retrouver les pensionnaires du Centre Communautaire Intégré « Nankya » qui signifie « celle qui se lève tôt » en Baganda, langue maternelle de sa région.

Voix d’Exils : Qui est Madame Jane Bonvin Nsubuga ?

Jane Bonvin Nsubuga : Je suis Jane Bonvin Nsubuga. Originaire d’Ouganda, Bonvin par mon mariage il y a 26 ans. Avec ma famille, nous résidons à Crans-Montana en Valais.

Madame, en Afrique, derrière un nom, il y a une légende. Que signifie votre nom : Nsubuga ?

(Rires) Nsubuga signifie en Baganda (dialecte parlé en Ouganda) veut dire « nomades qui viennent d’en haut ». Mais aujourd’hui nous sommes sédentaires, installés sur les rives du Lac Victoria.

Et Nankya, « celle qui se lève tôt », dites-nous d’où vous vient toute cette énergie tant l’Afrique est réputée pour être indolente, paresseuse….toujours en retard.

(Sérieuse) J’ajouterai même voleuse et mauvaise odeur. C’est juste une opinion négative. Personnellement, je ne vois pas pourquoi nous sommes traités de paresseux. J’ai toujours vu les enfants, les femmes et les hommes au travail. Les champs, la recherche de l’eau, le bétail. Il y’a toujours quelqu’un d’occupé. Depuis toute petite je suis active et c’est ce que je veux transmettre autour de moi.

Etant bien intégrée en Suisse et à l’abri du besoin qu’est-ce qui vous a poussée à regarder du côté de l’Afrique ?

Se contenter du confort Suisse nous enferme dans ce que je nomme la « sécurité-insécurisante ». Cependant, l’ingéniosité des Helvètes à trouver des solutions à leurs problèmes existentiels peut être utile à nos pays d’origine. C’est aussi ça ma démarche, compte tenu de toutes les richesses dont regorge mon continent tant sur le plan humain que naturel.

Venons-en à votre projet. Pourriez-vous nous le présenter ?

En 2005, j’ai eu l’idée de faire construire une école ici afin d’éviter aux enfants de moins de six ans de parcourir de longues distances à pieds ou entassés sur des mototaxis. Plus grave encore, les préserver des dangers liés au trafic d’enfants. Voilà en peu de mots ce qui m’a motivée.

Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Justement, comment fonctionne votre centre ?

Nous sommes installés dans le domaine familial. J’ai commencé avec des moyens personnels, c’est à dire mon salaire. Aujourd’hui, je suis soutenue par des bienfaiteurs grâce à une association mise en place pour porter le projet. Nous avons deux salles de classe, des chambres à coucher pour nos enseignants, une cuisine et des toilettes sèches.

Dans le cadre de l’enseignement proprement dit, le centre dispense des cours selon le programme officiel et, en plus, nous donnons des cours pratiques sur la connaissance de la terre et de la nature.

Vous accueillez des enfants de moins de six ans n’est-ce pas trop jeune pour ce type d’activité ?

Pour avoir travaillé comme bénévole dans les milieux de l’asile, j’ai appris que la valeur humaine commence par la conscience de ses origines et des valeurs de son environnement de vie. Il n’y a pas un âge pour cela. Connaître d’où on vient et qui l’on est nous amène à savoir ce que l’on a et à s’y attacher. On n’a pas besoin d’aller mourir sur les routes et les mers pour trouver le bonheur. Souvent, il est à portée de main. Voilà à peu près le profil des enfants qui repartiront de notre centre après leur scolarité.

Oui, mais qu’en pensent les parents ?

Nous avons une demande supérieure à notre capacité d’accueil. Un quota est imposé à un enfant par famille. Nous avons aujourd’hui quarante enfants inscrits sur nonante candidats au départ.

Votre regard sur cette œuvre ?

Je la vois dans le temps. Vous savez, tous les enfants accueillis ici n’ont pas toujours de quoi payer leur scolarité. Tenant compte du contexte de pauvreté, les frais de scolarité sont fixés à environ huit francs suisse par trimestre. Je pense à la mise en place d’un programme de financement par parrainage des élèves issus des familles démunies. Chacun doit avoir une chance de réussir dans la vie…

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Informations

Pour contacter l’association Nankya

éjnomade@bluewin.ch

Imm. Prestige 2

Route de Tsarbouye 2

3963 Crans-Montana

Tel: +41 79 648 13 54




600’000 Syriens rentrent en Syrie

le long tunnel symbolisant le retour de l’exil vers un horizon inconnu (license creative commons, CC0 1.0 universel)

600’000 Syriens déplacés sont rentrés chez eux pour retrouver leur habitat, ou ce qu’il en reste

Qu’est-ce qui pousse des personnes déplacées, arrachées de force à leur terre d’origine, à rentrer chez elles, alors que la guerre sévit encore et que ruines et désolation les attendent ?

Entre janvier et juillet 2017, environ 600 000 réfugiés Syriens déplacés sont rentrés chez eux, indique un rapport publié par l’Organisation internationale pour les migrations (l’OIM). Selon le rapport, 93% des rapatriés ont été déplacés à l’intérieur du pays et les 7% restants sont revenus de Turquie, du Liban, de la Jordanie et d’Irak. Les chiffres estimés montrent les éléments suivants :

405 420 personnes sont retournés au gouvernorat d’Alep.

27 620 au gouvernorat d’Idleb

75 209 au gouvernorat de Hama

45 300 au gouvernorat d’Ar-Raqqa

21 346 au gouvernorat rural de Damas

27 861 à d’autres gouvernorats

D’autre part, il y a toujours un pourcentage élevé de déplacements. Au cours du premier semestre de l’année 2017, environ 800 000 personnes ont été déplacées pour la deuxième ou troisième fois. Cependant, cette tendance, selon le rapport, ne peut être considérée dans le cadre d’une solution durable dans le pays.

Source : https://www.iom.int/fr/news/plus-de-600-000-syriens-deplaces-sont-rentres-chez-eux-dans-les-sept-premiers-mois-de-2017

Commentaire

« Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. » Jean-Paul Sartre

Je ne sais pas si cette nouvelle est encourageante, mais en tant que Syrien, je sais avec certitude que les Syriens, en particulier les réfugiés, déplacés à l’intérieur et à l’extérieur, sont fatigués de ce cercle vicieux, de cette guerre qui est entrée dans sa septième année et qui a dévasté tout aspect humain. Ils ont perdu confiance en tout et tout le monde.

Trahis par la communauté internationale, abusés par les politiciens et les passeurs et exploités par la propagande sale de la guerre de toutes les parties belligérantes, ces Syriens, fiers et ingénieux, préfèrent vivre ou mourir dans les ruines de leurs maisons démolies plutôt que de supporter plus d’humiliation et d’exploitation.

Hayrenik Dono

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils