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«L’asile, c’est fou»

Lucienne Serex. Photo: Voix d'Exils

Lucienne Serex. Photo: Voix d’Exils

«L’asile, c’est fou» est un projet qui a été mis en place par l’Eglise réformée évangélique du Joran lors de l’ouverture du centre d’accueil de Perreux dans le Canton de Neuchâtel. L’objectif qu’il poursuit est d’endiguer le repli identitaire de la population que pourrait susciter l’arrivée de ses nouveaux voisins requérants d’asile. Rencontre avec Lucienne Serex, coordinatrice du projet.

La paroisse du Joran regroupe quatre Communes du Canton de Neuchâtel, à savoir : Boudry, Bevaix, Cortaillod et Saint-Aubin et l’idée du projet «L’asile c’est fou» est partie des appréhensions des habitants de ces communes envers les requérants d’asile lors de l’ouverture, en janvier 2012, du Centre d’accueil de Perreux dans la commune de Boudry. C’est donc pour apaiser ces craintes que la paroisse du Joran a jugé utile de mettre en place ce projet qui donne la parole aux requérants d’asile, afin qu’ils puissent partager les histoires et leurs parcours de vie avant d’arriver en Suisse.

Aux origines du projet

Lucienne Serex se souvient très bien du moment fondateur du projet : «l’idée de base est née quand j’ai déménagé à Bevaix. L’un des sujets évoqué avec mes nouveaux voisins était leur peur d’habiter à proximité d’un centre pour requérants d’asile. Du coup, l’idée m’est venue d’en parler à ma paroisse afin de transmettre un message d’apaisement, mais également des informations qui manque trop souvent: l’histoire personnelle des requérants d’asile et le pourquoi de leur venue en Suisse. Ainsi est né le projet Requer’ensemble, au sein duquel se place celui de «l’asile, c’est fou». Quant aux objectifs du projet, ils sont très clairs : « je voudrais que les gens, quels que soient leurs bords politiques, aient moins peur des requérants d’asile, qu’ils comprennent que les droits de l’humain priment sur le confort et le repli identitaire.»

Un projet mené par les jeunes de la paroisse

«L’asile, c’est fou» est un projet qui est mené par les jeunes de la paroisse du Joran. Il se concrétisera sous la forme d’un film, d’un clip et d’un journal. Le film sera projeté dans les paroisses et les communes, le clip sera diffusé via les réseaux sociaux tel que Facebook, et le journal sera vendu par les jeunes de la paroisse du Joran.

A la question de savoir pourquoi avoir baptisé le projet «L’asile, c’est fou», la coordonnatrice nous révèle que ce titre a plusieurs significations. D’abord, le lieu qui abrite le Centre d’accueil de Perreux est un ancien hôpital psychiatrique, qu’on appelait autrefois «l’asile des fous». Ensuite, il s’agit de susciter l’émotion au sein de la population autochtone en l’aidant à concevoir à quel point c’est terrible (fou!) ce que les requérants d’asile vivent avant leur arrivée en Suisse. Enfin, ce titre vise aussi à ajouter une touche d’humour, car l’humour est plus communicatif que qu’un discours sérieux : «on voulait placer dans le projet quelques touches humoristiques afin de réveiller les spectateurs, de briser leur a priori», conclut-elle.

Paul Kiesse

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils