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Bevel ON

Anna Bielientsova / Bevel On

Une association qui favorise l’intégration des personnes réfugiées ukrainiennes en Suisse

Avec le début de la guerre en Ukraine en février 2022, près de 8 millions de personnes réfugiées ukrainiennes ont demandé l’asile dans le monde entier. En réponse à cet appel, l’association suisse Bevel ON a pris l’initiative d’aider l’intégration et le placement professionnel de cette population en situation de vulnérabilité.

Suite à la prolongation du statut S des personnes ukrainiennes, le Conseil fédéral a également précisé que 40 % des personnes réfugiées ukrainiennes devraient être employées d’ici fin 2024. Ainsi, les valeurs de l’association Bevel ON ont pour but de coïncider avec la vision étatique de l’intégration continue des professionnels déplacés en Suisse.

Éducation et accompagnement professionnel

Bevel ON affirme son rôle dans l’intégration en proposant des programmes éducatifs novateurs pour les professionnels ukrainiens. Les séminaires, axés sur le rétablissement de la confiance en soi, de la motivation professionnelle, le développement de l’employabilité, de l’entrepreneuriat et de la maîtrise du réseautage, sont des éléments fondamentaux du programme. La participation des Ukrainiens et des Ukrainiennes à ces formations est gratuite, avec un encadrement assuré par des mentors et des coachs de haut niveau.

 

Interview d’Inna Malaia

Présidente de Bevel ON, Directrice du programme et formatrice en leadership

 

Voix d’Exils : En quoi le travail contribue au processus d’intégration des personnes réfugiées ?

Le travail constitue un élément essentiel pour aider les personnes réfugiées à s’adapter à une nouvelle vie. Chaque personne employée devient le fondement d’une intégration réussie dans une nouvelle société d’accueil. C’est pourquoi Bevel ON encourage fortement le renforcement des efforts de soutien à l’éducation et à l’intégration professionnelle, croyant en la puissance transformative du travail pour créer des opportunités, promouvoir une vie épanouissante, alléger les systèmes sociaux et valoriser le rôle des stages et du bénévolat dans la facilitation de l’intégration et de l’emploi.

Pouvez-vous nous donner un aperçu du programme Bevel ON et de son impact sur l’intégration des personnes réfugiées ukrainiennes en Suisse ?

Inna Malaia : Depuis le printemps 2022, notre programme de formation a déjà connu trois éditions couronnées de succès et nous sommes actuellement à la fin de la quatrième. Plus de 180 participants et participantes ont réussi à le terminer et les résultats sont encourageants. Plus de la moitié d’entre eux ont trouvé un emploi, un stage, ont participé à des activités de bénévolat ou ont entamé des études en Suisse.

Comment le programme Bevel ON fait pour garantir le succès de l’intégration de ses participant.e.s ?

Bevel ON a établi des partenariats avec de nombreuses organisations, associations communautaires et établissements éducatifs afin de trouver de nouvelles voies d’intégration et de formation pour les professionnels déplacés de l’Ukraine. Nous organisons également des forums et des rencontres en collaboration avec des entreprises internationales, favorisant ainsi l’échange d’informations, l’expansion de notre réseau et la recherche de solutions collaboratives. Nos coaches et mentors sont des professionnels avec beaucoup d’expérience qui partagent des connaissances exceptionnelles sur la Suisse et qui fournissent une assistance dans la planification de carrières et la réorientation professionnelle.

Enfin, comment Bevel ON envisage l’avenir et quel message souhaitez-vous transmettre à celles et ceux qui cherchent un soutien et un nouveau départ ?

Bevel ON n’est pas simplement une initiative éducative, c’est une force motrice pour le changement et de nouvelles opportunités. Aujourd’hui, avec environ 66’000 personnes réfugiées ukrainiennes en Suisse, nous percevons en chaque individu un nouveau potentiel pour une histoire réussie. De plus, nous adoptons une approche unique dans notre collaboration avec des professionnels déplacés anglophones à travers toute la Suisse et certains pays voisins tels que la France, l’Allemagne, l’Autriche et Malte. Nous regardons l’avenir avec optimisme, rempli de perspectives lumineuses et d’unité. Notre message est simple : le soutien est là et chaque personne a le potentiel de créer un nouvel espace pour elle-même et de contribuer positivement à la société.

Natalia Gorbachenko

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Plus d’informations:

Visiter le site internet de Bevel ON




La Fête des Couleurs

Joëlle Saugy, coordinatrice de La Fête des Couleurs. Photo: Elvana Tufa.

C’est ce week-end à Aigle!

La Fête des Couleurs a vu le jour en 2001 dans le quartier des Planchettes à Aigle. Au fil des années, cette fête est devenue un véritable festival lors duquel des personnes, des cultures et des milieux de tous horizons se réunissent pour faire la fête, pour célébrer leur différence et leur singularité et, en même temps, leurs valeurs communes. La prochaine édition aura lieu ce week-end: les 30 juin et 1er juillet. Pour en parler, nous avons reçu Joëlle Saugy, coordinatrice de La Fête des Couleurs.

Consultez le programme ici

Elvana Tufa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




«Diver’cité»

Photo: Elvana Tufa / Voix d’Exils.

Une fête qui renforce les liens humains depuis 1983

«Diver’cité » est une belle collaboration entre l’EVAM et le groupe d’appui aux réfugiés de Bex (GAR), dont l’édition 2022 s’est tenue à Bex le 19 août dernier. En organisant une journée festive et rassembleuse, le GAR continue de soutenir les habitants et les habitantes du Foyer EVAM de Bex, et ce depuis 1983 !

De nos jours, la vie est difficile pour tout le monde. Mais elle peut être encore plus difficile lorsque vous êtes une personne exilée, et encore davantage lorsque vous n’avez pas de permis et que vous attendez que votre statut soit décidé. C’est presque insupportable. C’est ce que doivent ressentir la plupart des personnes exilées comme moi : exerçant momentanément leur patience, ils et elles doivent faire face à la vie, aux dilemmes et à la stagnation dans un pays étranger, faisant face à des sentiments et des approches différentes. Nous prenons pour acquis la haine, l’indifférence et le mépris de certains et certaines, de beaucoup, en fait, mais nous nous réjouissons du soutien, des sourires et de l’attention de beaucoup d’autres.

Nous venons peut-être, à coup sûr, de milieux, de cultures, de traditions, de pays ou même de continents différents. Mais nous sommes là, une multitude de tout cela dans un petit pays auquel nous avons demandé de la protection et du soutien, une protection et un soutien qui souvent ne viennent pas de l’État, mais des personnes que nous avons en face de nous, à nos côtés. Les vrais qui se mettent à notre place, qui essaient de voir la réalité de notre point de vue et vous pouvez dire qu’il n’y a que de la bonté et de la sympathie dans leur regard et leur approche – au maximum même quelques blagues -, juste comme le dit Raymond Queneau; et je suis entièrement d’accord avec lui, des exercices de style, mais pas de bureaucratie, pas la moindre trace de celle-ci.

Il y a quelques semaines, j’ai croisé Madame Christine Blatti, responsable du foyer EVAM de Bex, qui m’a invité à la fête annuelle de la Fête des Réfugiés  « Diver’cité ». J’étais heureuse d’y aller et de faire la fête avec eux d’une part, mais d’autre part, j’avais un peu de retenue de retourner dans le foyer où moi et ma famille avons vécu pendant quelques mois. Surtout à cause des tristes souvenirs et du sentiment d’être perdu et de n’appartenir à rien : à cela s’ajoutent la pandémie, le confinement et les restrictions que non seulement nous, mais aussi tous les gens, avons dû affronter pendant ces temps difficiles.

Une fête créée en 1983

J’ai eu l’occasion de rencontrer Madame Christine Blatti lors des célébrations où elle s’occupait des derniers arrangements et de la coordination, alors que dans le jardin un très beau concert avait déjà commencé. Elle a été très gentille de prendre un peu de temps pour me raconter les origines de cette fête et comment elle s’est développée et transformée au fil des années.

« Au départ, c’était la fête des réfugiés qui a eu lieu pour la première fois en 1983, au mois de juin. Mais, au fil des années, le concept a changé, s’est développé et s’est transformé. Elle s’est d’abord tenue dans le centre-ville, mais avec le temps, le lieu a également changé ». Cette fête, qui s’appelle désormais Diver’cité, s’organise en étroite collaboration avec le Groupe d’appui aux réfugiés de Bex (GAR). Ce groupe existe depuis 1983 et son but est d’offrir réconfort et aisance aux personnes exilées établies au Foyer de Bex. Grâce à l’engagement des deux organisations, elle est devenue depuis plusieurs années une tradition. « Le but de cette fête est en effet de rassembler les gens, de les amener à se connaître. Manger ensemble, échanger leurs histoires et leurs expériences entre eux, leur donner la chance de venir s’exprimer, de partager que ce soit la nourriture, les cultures et les traditions ou leur expérience et leur parcours en tant que personnes exilées. Beaucoup d’entre eux ne connaissent pas très bien le français, mais cela ne les empêche pas d’interagir. Le but est de se sentir bien, de créer de la confiance et d’abandonner tout jugement et toute peur », conclut Madame Blatti.

J’entends en fond sonore une musique énergique et je m’approche du jardin où les musiciens jouent pour les personnes qui se sont déjà rassemblées. Il y a des enfants qui dansent et chantent, une playlist de belles chansons dont certaines que j’ai pu chantonner en compagnie de Monsieur Pierre Ryter, un des bénévoles présent, mais aussi pour les randonnées et les autres activités que le GAR organise pendant les vacances d’été pour les personnes du foyer. Plus tard, pendant le dîner, nous sommes venus écouter de la musique érythréenne jouée par un habitant du foyer. Juste au-dessus de l’endroit où se tenaient les musiciens, je pouvais voir le balcon des chambres où ma famille et moi avons séjourné il y a deux ans : je me souviens, comme dans un film, de mon mari écrivant dans un cahier quelques poèmes après de nombreux mois traumatisants dans les camps. Mais juste après ces quelques poèmes, il a arrêté d’un coup. « Je suis plus dans un voyage épique maintenant », dit-il, faisant référence à son long roman qu’il est en train d’écrire.

Une main pour vous aider à vous relever

Anne Catherine Rohrbach est la présidente du GAR, l’association qui fêtera l’année prochaine son quarantième anniversaire. Très humble, aimante et attentionnée, c’est dans sa nature d’aider, de réconforter et de s’intéresser à tous les nouveaux arrivants et, en fait, à toutes les personnes exilées. Elle m’explique un peu le but du GAR qui est de mettre les gens en contact, de faire et de réaliser des activités liées aux personnes exilées avec les personnes séjournant ou ayant séjourné au Foyer EVAM de Bex en favorisant leurs relations avec la population de Bex et de la région, d’échanger un peu les idées, de respirer un air différent pendant leur parcours difficile. Outre le soutien moral et psychologique, ils proposent aussi d’autres activités, comme les cours de français, le vestiaire – vêtements et jouets distribués aux personnes exilées -, l’atelier de couture pour les adultes, l’atelier de peinture pour les enfants, et aussi les casse-croûtes, c’est-à-dire que toutes les deux semaines, des bénévoles viennent dans le hall de l’EVAM pour parler aux personnes du foyer et répondre à leurs questions, ou leur donner un coup de main.

A part Anne Catherine, dont j’ai appris à connaître l’aide et le soutien affectueux, je rencontre beaucoup d’autres personnes que j’ai connues lors de mon attribution au canton de Vaud. J’ai eu le plaisir d’être présentée à Monsieur le syndic, Alberto Cherubini, qui est également président de la Commission culturelle communale (culture, un mot que j’affectionne beaucoup), le secrétaire général de la commune, Monsieur Alain Michel, dont l’humour et l’attention dans l’écoute étaient très impressionnants, d’autres bénévoles, tels que Messieurs Pierre Ryter et René-Luc Thévoz, professeur d’accueil de certains de mes enfants (grand professeur, grand bénévole motivant), Tamara, employée auparavant au bureau des finances du foyer Bex et à qui je faisais appel pour toutes sortes de questions et des problèmes que je n’arrivais pas à résoudre moi-même et, enfin, ma chère première assistante sociale Amélie Pistorius. En tant que famille, nous avons été assistés par elle pendant notre séjour au foyer et je n’ai que les meilleures impressions et les meilleurs souvenirs d’elle : en tant que professionnelle – faisant son travail au mieux et se surpassant parfois – en tant que personne, emphatique avec les personnes traversant un chemin difficile, des choix difficiles et ayant moins de possibilités et de chances d’être et de se sentir inclues. Nous célébrons ici le fait d’être différents, mais égaux, d’être des personnes exilées, mais de rester des humains quand même. Ce qui, on nous le rappelle, n’est pas vrai du tout quand on se trouve devant un bureau ou un guichet d’une quelconque autorité étatique.

J’ai tellement apprécié mon après-midi ici que je ne me suis pas rendu compte qu’il était honteusement tard, après de longues conversations avec Amélie, Tamara, Pierre et d’autres invités. Pour moi, Diver’cité est une offre complète : prendre un cours de français dans la nature (une fois que je lance mon mécanisme parlant, c’est comme le courant de la conscience, mais avec beaucoup de fautes grammaticales), la cuisine traditionnelle du monde entier (et comment la raclette suisse pourrait-elle manquer ?), faire la connaissance de nouvelles personnes (dans une nuit d’été pluvieuse pas si romantique que ça).

Oui, j’ai définitivement passé une très belle journée qui s’est terminée de la manière la plus parfaite qui soit ; ma sœur m’avait fait une énorme surprise : elle avait fait un long chemin avec sa famille pour nous rendre visite. Je ne pouvais pas mieux terminer une belle après-midi comme ça.

 

Elvana Zaimi Tufa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« J’ai commencé à m’adapter lorsque je me suis fait des amis suisses »

 

L’amour du sport: fil rouge de ma vie

Je suis née à Asmara, en Erythrée, et je vis en Suisse depuis six ans. Au début, c’était vraiment difficile de m’installer dans ce nouveau pays. Heureusement, après quelque temps, j’ai commencé à m’adapter, surtout à partir du moment où je me suis fait des amis suisses.

J’ai toujours adoré le sport. En Erythrée, j’étais acrobate, j’ai aussi fait de la grimpe. Toute petite, je faisais peur à ma grand-mère, qui m’élevait, en grimpant au sommet des arbres. Ma petite fille de six ans me ressemble beaucoup et bouge tout le temps !

Mes amis suisses m’ont invitée à faire du sport avec eux : j’ai fait de la grimpe dans les Alpes valaisannes (mon sport préféré !) et du basket. Ils m’ont aussi fait découvrir les sports d’hiver, totalement inconnus chez nous. Je me sens comblée de les avoir rencontrés !

J’ai fait du ski pour la première fois de ma vie. Ça m’a apporté le bonheur de glisser sur la neige en regardant la nature de tous les côtés. Ça m’a beaucoup aidée à oublier les choses difficiles de mon passé. Ce sport, même s’il est un peu dangereux, m’a montré le côté positif de la neige alors qu’avant je n’en voyais que le côté négatif : dès que la neige commençait à tomber, je préférais rester enfermée à la maison, à cause du froid, comme une prisonnière. 

Glisser sur la neige ça me met la tête ailleurs. 

En quittant mon pays, j’ai changé de climat, de langue. J’ai aussi construit de nouvelles relations et la vie, au passage, m’a appris plein de choses que je n’aurais jamais pu imaginer. 

Tigisti GEBREZGHI

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




« Pour moi, une langue étrangère sonne comme une musique »

Photo: Hajar / rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

La magie de la traduction et le charme des langues étrangères

Il y a celles et ceux qui pensent qu’apprendre une langue étrangère c’est de l’ordre de l’impossible. Il y a aussi celles et ceux qui pensent que n’importe qui peut traduire ou encore enseigner une langue étrangère… il suffit juste de maîtriser au moins deux langues et c’est parti. Et enfin, il y a encore celles et ceux qui trouvent que l’apprentissage d’une langue étrangère est très ennuyant. Mais heureusement, ce n’est pas du tout le cas de Valéry Martseniuk qui est rédacteur à Voix d’Exils ! Car pour Valéry, les langues étrangères sont à la fois une passion, un hobby, sa musique préférée, son amour et même… une sorte d’art!

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils