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« C’était une opportunité unique pour faire connaître ma vie de requérante d’asile »

 

Afkar (deuxième depuis la gauche) est membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils. Elle partage son vécu au micro de l’émission Caravane FM / RTS. Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

 

L’émission « Caravane FM » de la RTS est passée au foyer valaisan « Le Temps de Vivre »

A l’heure des discours passionnés sur la crise migratoire, Caravane FM, à son habitude, a choisi l’immersion. C’est au foyer « Le Temps de Vivre », situé aux Mayens-de-Chamoson dans le canton du Valais, que Lionel Fresard et Jean-Francois Michelet, les deux animateurs de l’émission, ont garé leur caravane, du 28 au 30 août 2019. Leur but : partager le quotidien des hommes, des femmes et des enfants qui un jour ont tout quitté, leur donner la parole et recueillir leurs histoires de vies.

Aux commandes de leur radio locale éphémère, les deux complices de l’information sociale ont tendu leur micro aux résidents. Loin de tout voyeurisme, la magie du respect et de la dignité a fait le reste, avec, au final, une production riche en paroles, musiques et émotions.

Afkar, membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, y a participé :

« En me tendant le micro, Caravane FM a en quelques sorte valorisé mon existence en tant que personne humaine. J’ajoute qu’elle s’est ralliée à Voix d’Exils, de la plus belle des manières, en me donnant un champ d’expression plus élargi. Témoigner au micro d’une émission qui sera diffusée à la télévision suisse est une occasion rare. C’était une opportunité unique pour moi de faire connaître et partager mes expériences personnelles ainsi que ma vie de requérante d’asile »

Rendez-vous le mercredi 20 novembre 2019 à 20h10, sur RTS la première pour suivre cinquante-deux minutes d’une réalité humaine pas toujours connue.

Afkar et Bin

Membres de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

A vos agendas:

Rendez-vous le mercredi 20 novembre 2019 à 20h10 sur RTS la première 

L’émission de la RTS « Caravane FM » au foyer valaisan « le Temps de Vivre ». Photo: la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.




Interview de Pascal Rebetez

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Au Salon du livre romand

Pascal Rebetez est né dans le Jura. Il vit aujourd’hui en Valais et à Genève où se trouve les Editions d’autre part qu’il codirige avec Jasmine Liardet, sa compagne.

Depuis plus de 20 ans, les Éditions d’autre part publient de beaux ouvrages, toujours imprimés en Suisse et qui célèbrent les auteurs romands.

Pascal Rebetez est aussi un homme de médias, d’abord à Radio Fréquence Jura et, jusqu’en 2016, à la Radio Télévision Suisse. Il est l’auteur de récits poétiques, de pièces de théâtre. En 2017, il publie un livre très personnel intitulé « Poids lourd » aux Éditions d’autre part.

Dans « Poids lourd » Pascal Rebetez, à la faveur d’un périple en Australie, revient sur les étapes de sa vie, ses voyages, ses amis, sa famille. Le poids des ans et des kilos, c’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer son clan : « Ma conscience sociale et historique s’est formée au fil des expériences libertaires, mais aussi par la lecture et le récit des inégalités dont ceux de mon clan ont pâti, parce qu’ils étaient du petit peuple, du mauvais côté de la croissance… »

Le dernier chapitre du livre commence par cette phrase : « Dernière nuit australe avant longtemps, parce que la vie qui reste est courte et que je ne veux plus perdre ma route dans les destinations. L’Australie qui est un pays neuf, abrite une majorité de vieux. Les jeunes sont asiatiques ».

Voilà qui résume parfaitement le récit, à la fois voyage de l’intime et regard critique sur l’Australie d’aujourd’hui.

Marie-France Hamou

Interview de Pascal Rebetez

 

Photos de l’interview

 

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 




Archives « perdues » : affaire classée ?

CC0 Domain public.

Retournement dans l’affaire de « la P-26 » : l’armée secrète suisse

Le Projet 26 (P-26) est une armée secrète suisse. Créée en 1979, sans l’aval du parlement et financée par des fonds publics, elle est dissoute en 1990 à grand fracas. La P-26 avait officiellement pour mission d’organiser une résistance en cas d’invasion soviétique lors de la guerre froide. Dans le journal le Courrier du 30 janvier dernier, un article est paru dont le titre est : « Documents définitivement perdus ». Ces documents concernaient l’organisation P-26.

Durant toutes ses années de fonctionnement – de 1979 à 1990 – l’organisation secrète est restée ultra cachée. Elle compte 400 recrues sélectionnées parmi des personnes d’âge mûr et inconnues du public, dont la carrière et l’attitude inspirent la plus grande confiance. Chaque identité est rigoureusement vérifiée par les polices fédérale et cantonale afin d’être certain qu’aucune d’entre elle ne cause de dommages.

Ces hommes et ces femmes reçoivent des formations les initiant à la clandestinité, au sabotage, à la transmission secrète de documents et aux actions de propagande coup de poing. Ils disposent de lingots d’or pour corrompre l’ennemi, utilisent des cagoules lors des exercices pour ne pas se reconnaître entre eux et s’appellent par des noms de code. Des containers d’armes spécialement conçues pour le sabotage sont stockés dans différents endroits du pays. Rien n’est distribué aux recrues et aucune d’entre elles ne dispose d’arme à domicile. Personne ne doit soupçonner leur double vie, pas même les personnes de leur entourage.

La P-26 est organisée sur le modèle des cellules « stay-behind ». Ces dernières suivent les règles très strictes de la clandestinité et sont généralement dispersées sur tout le territoire d’un pays sous forme de petits groupes d’intervention. La P-26 avait donc implanté ses petites organisations dans quarante régions dans toute la Suisse.

Martin Matter, journaliste et écrivain, complète cette explication en mentionnant qu’il y avait une « Région A » active et une autre, dormante, appelée « Région B ». En cas de guerre, si la région A était détruite, la région B pouvait entrer en fonction immédiatement. (RTS, Temps présent 21.12.2017).

Une cascade de scandales

En février 1990, la presse révèle l’existence de la P-26 : une armée secrète dont seuls quelques conseillers nationaux et membres de l’administration fédérale ont connaissance. L’organisation est alors présentée comme illégale et criminelle. Elle révèle également l’identité de son chef : Efrem Cattelan – nom de code « Rico » – lors d’une conférence de presse couverte par tous les médias du pays. Efrem Cattelan parle pour la première fois devant la nation en tant que chef de la P-26. L’homme assume son engagement et ses conséquences. Il affirme : « Je me suis engagé avec conviction, sachant que cela implique une double vie. Cela n’a pas été facile à supporter. J’ai dû dissimuler mon activité professionnelle à mes parents et à mes proches. C’était pénible. ». (RTS, Temps présent 21.12.2017).

Mais un document interne de la P-26 jette le trouble. Il explique les motifs qui permettent à l’organisation d’entrer en action, et parmi ces motifs « un bouleversement politique intérieur par chantage, subversion et/ou autres activités comparables ». Durant une entrevue avec Efrem Cattelan, un journaliste lui demande : « l’une de vos fonctions, a-t-on dit, était de mettre hors d’état de nuire des ennemis venant de l’intérieur du pays. À qui pensiez-vous ? ». Efrem Cattelan rétorque que les membres de la P-26 n’étaient pas entraînés à se battre contre une menace intérieure, mais contre une potentielle occupation partielle ou complète extérieure à la Suisse. (RTS, Temps présent 21.12.2017).

En mars 1990, le parlement décide de nommer une commission d’enquête pour faire éclater la vérité sur la P-26. Le tout nouveau chef du département fédéral de la défense – M. Kaspar Villiger – se retrouve sous le feu des critiques. Car à part le nom du chef de la P-26, aucun autre nom du commando n’a pour le moment été divulgué. Les pressions s’intensifient afin que les identités soient publiées.

En décembre 1990, le rapport de la commission d’enquête est publié. Il provoque alors un débat de deux jours au parlement.

« Des citoyens encore plus citoyens que les citoyens » ?

Durant cette période de débat, Jacques-Simon Eggly, parlementaire fédéral à cette époque, témoigne au micro de Temps Présent : « Il y avait Villiger qui était au banc du gouvernement et je lui ai dit : Monsieur le conseiller fédéral, on parle de scandale parce que peut-être que cette P-26 aurait dû reposer sur une base légale un peu plus claire. Parce que peut-être, vous-même en tant que ministre de la défense, vous auriez dû être davantage au courant. Parce que peut-être, tout cela a été fait de manière un peu trop légère au regard des garanties juridiques. Parce que peut-être au point où nous en étions vers la fin de la guerre froide, la légitimité même, la justification pouvait être je dirais discutée. Mais enfin ! Ceux qui sont maintenant montrés du doigt, que vous laissez être montrés du doigt, ce sont des gens qui se sont engagés parce qu’ils étaient prêts à défendre notre patrie, notre territoire, notre démocratie, nos valeurs jusqu’au sacrifice de leur vie. Donc, plus encore que d’autres, c’était des citoyens encore plus citoyens que les citoyens. » (RTS, Temps présent 21.12.2017).

La commission d’enquête reconnaît volontiers dans son rapport les motivations honorables des membres de la P-26. Mais elle pose un sévère jugement d’ensemble : « Une organisation secrète, équipée d’armes et d’explosifs représente en soi, indépendamment de ses membres (…), une menace virtuelle pour l’ordre constitutionnel, du moment que les autorités politiques n’en ont pas le contrôle effectif. ».

Une organisation proche de l’extrême-droite ?

Alors que le scandale fait rage, on découvre en Italie, l’existence d’une organisation semblable : Gladio (Glaive en français). Elle est suspectée d’accueillir des membres liés à l’extrême droite et d’avoir joué un rôle majeur dans l’attentat terroriste de la gare de Bologne du 2 août 1980. L’explosion de la bombe fait 85 morts et plus de 200 blessés. La P-26 est suspectée de nourrir des liaisons avec Gladio ainsi qu’avec d’autres organismes européens de ce genre. Ces liaisons auraient de graves conséquences sur le principe de neutralité de la Suisse.

En conséquence, Kaspar Villiger, chef du département militaire, confie l’enquête au juge d’instruction neuchâtelois Pierre Cornu afin de vérifier ces allégations. Après sept mois de recherches approfondies, M. Cornu confirme dans son rapport que la P-26 n’entretient aucun lien avec de telles organisations. Il souligne cependant qu’elle entretient des relations avec la Grande-Bretage dans le cadre de cours et d’exercices militaires. La neutralité suisse n’a pas été affectée par ces contacts avec les britanniques. Le juge Cornu est formel sur ce point.

Aujourd’hui, le rapport du juge d’instruction neuchâtelois est encore classé secret défense bien qu’une version censurée du rapport Cornu soit publique. Malheureusement, le grand public apprenait en janvier 2019 que les annexes du rapport ont été définitivement égarées. Est-ce que les sept classeurs et vingt dossiers ont été « perdus » au moment de la transmission d’un chef du Département fédéral de la défense à l’autre, de la remise aux archives ou d’une autre manière encore ? La réponse n’existe pas. Ainsi, seule la levée de la période de classification secret défense du rapport original, qui interviendra en 2041, permettra de répondre aux questions qui subsistent, ou peut-être même d’en créer de nouvelles.

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




L’image des migrants dans les médias

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Était au menu des 16ème Assises de l’immigration

Les 16ème Assises de l’immigration organisées par la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), se sont tenues le 29 septembre 2018 dans le Collège du Lac à Villeneuve dans le canton de Vaud. Retour sur cet événement dédié cette année au thème de l’image des migrants dans les médias et au dialogue entre la société civile et les médias.

Cette rencontre annuelle a réuni des professionnels des médias, des représentants des associations oeuvrant dans le domaine de la migration, des citoyennes et citoyens et des élus. La rencontre s’est donc ouverte tôt le matin à 8h30 par une allocution de Monsieur Nicolas Rouge, Président de la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), suivie par celle de Madame Annick Morier-Genoud, Municipale de la commune de Villeneuve.

Plus de 100 personnes présentes

Cette 16ème édition des Assises de l’immigration, qui s’est tenue à quelques encablures de la capitale vaudoise, a réuni un peu plus de 100 personnes venues des quatre coins de la Romandie pour s’informer et débattre de la question de la représentation des personnes migrantes dans les médias et de leur perception par la société. Au fil des années, cette rencontre a pris de l’importance tant pour les politiques, les medias que pour la société civile. De nombreux représentants du monde associatif et de l’information ont fait le déplacement pour se retrouver tous autour d’une même table et pour parler le même langage.

L’initiative a marqué la bonne volonté de tous les participants de changer un état de fait, et de ne pas se contenter d’une simple rencontre entre medias et participants. A savoir, le message véhiculé par les medias à propos des requérants d’asiles et l’image aléatoire de ces derniers aux yeux de la société suisse entière. Les intervenants ont tous mis l’accent sur la nécessité de bien scruter l’information, de veiller à bien la transmettre et surtout de bien choisir la terminologie qui fait mouche !

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

L’enjeu des mots

L’association genevoise « Vivre ensemble » a présenté aux participants et aux participantes de la rencontre son opus consacré à la terminologie et aux mots usités par les journalistes. Madame Giada de Coulon, représentante de ladite association, a souligné dans son discours l’importance du vocabulaire employé dans la rédaction d’articles touchant au domaine de l’asile qui peuvent parfois menés à des malentendus.

Le Docteur Iseni  Bashkim, Directeur de la plateforme Albinfo.ch a pour sa part présenté aux participants son programme « Albinfo.ch » qui consiste « à développer perspectives de manière positive pour les migrants, à identifier les nouveaux acteurs émergents issue de la migration, et à changer la perception de la population vis-à-vis des migrants et enfin à sensibiliser les journalistes pour améliorer le climat social migratoire ».

Pour sa part Dominique Von Burg, Président du Conseil suisse de la presse, a bien rappelé lors de son intervention l’existence de la déclaration des devoirs et des droits des journalistes suisses, ainsi que la nécessité du respect par les journalistes du code déontologique de la profession. Et de souligner le rôle de la presse en tant qu’organe d’information, de sensibilisation et de faiseur d’opinions.

Bien au-devant du conseil qu’il préside, Monsieur Dominique Von Burg a réitéré le fait que le Conseil suisse de la presse protège les minorités du risque discriminatoire et de la généralisation abusive! Il précise que si un média cite les nationalités, il doit le faire également pour les ressortissants suisses!

Des ateliers de réflexion

Après la pause et la dégustation de quelques gâteaux et boissons fraîches lors du buffet mis en place pour la circonstance dans le hall de l’entrée principale, les participants se sont départagés en trois groupes afin de débattre le sujet : « quelle place pour la parole des migrants dans les médias ? » avec des journalistes venus en renfort pour animer ces ateliers. Parmi ces professionnels, de la presse écrite, de la radio et de la télévision, on cite la présence de Messieurs, Florian Barbey, rédacteur en chef de « Radio Chablais », Laurent Dufour, chef rubrique suisse de « la Radio Télévision Suisse (RTS) », Luis Lema, journaliste au « Temps », Valérie Passello, journaliste « Le Régional », Nicolae Schiau, journaliste et chef d’antenne de Couleur 3.

Les participantes et participants ont souvent souligné les limites des médias dans ce domaine de la migration. A notre avis, la place dans les médias pour chaque parole dépend aussi de la demande de s’exprimer. Une solution serait la création de médias destinés à la parole des migrants par les organisations actives dans le domaine de la migration.

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Remise du Prix du Milieu du Monde

Une généreuse récompense au menu du programme pour l’attribution du « Prix du Milieu du Monde », qui consacre des initiatives exemplaires en faveur de l’intégration des personnes migrantes. Doté d’un montant de Cinq milles francs suisse, le prix a été remis à l’issue des Assises par Nicolas Rochat Fernandez, président du Jury, député et deuxième vice-président au Grand Conseil vaudois, à deux lauréats : le centre socioculturel de l’arrondissement scolaire de Rolle pour son projet de fresque intitulé « La différence fait la beauté de ce monde » et l’association vaudoise « Couleur Respaix » – qui et entraîne une équipe de football pour jeunes requérants d’asile mineurs non accompagnés. Pour terminer, Amina Benkais-Benbrahim, déléguée cantonale à l’intégration a clôturé l’événement en synthétisant les principaux points soulevés lors de la rencontre.

Epilogue

L’évènement a suscité un vrai dialogue entre les professionnels et les participants. Une belle occasion de débattre tous ensemble et de cerner la problématique afin de déterminer les lacunes dont chacun et chacune est responsable à son niveau et qui peuvent être améliorées. La rencontre a bien mis en exergue la volonté de l’ensemble des participants de faire, ensemble à l’occasion de cette journée, une évaluation concrète et bien réelle de l’image que renvoient les medias sur des requérants d’asiles.

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils