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Flash Infos #189

Sous la loupe : Les personnes migrantes victimes de violences mieux protégées / Le renforcement de la coopération mondiale est essentiel pour répondre aux migrations provoquées par le changement climatique / Au Royaume-Uni, le coût de l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda passe mal 

Nos sources : 

Les étrangères victimes de violences en voie d’être régularisées

20minutes, le 28 février 2024

Le renforcement de la coopération mondiale est essentiel pour répondre aux migrations provoquées par le changement climatique.

OIM, le 26 février 2024

Au Royaume-Uni, le coût de l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda passe mal

Rfi, le 1 mars 2024

Ce podcast a été réalisé par : 

Zana Mohammed et Vishnu Nagalingam, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction.




Fragments du début de la guerre en Ukraine

Arrivée des troupes russes dans Kharkiv, le 27 février 2022. Capture d’écran réalisée à partir d’une vidéo extraite du photoreportage ci-dessous de Natalia Rafalska.

Deux ans de guerre en Ukraine #3

Le 24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Cela fait donc deux ans que la guerre a éclaté. Voix d’Exils a décidé de publier une série d’articles autour de cet événement marquant. Dans cette nouvelle publication, Liana Grybanova, rédactrice à Voix d’Exils originaire d’Ukraine, revient sur les premiers jours de la guerre à travers des témoignages de personnes ayant vécu ces événements et un photoreportage de Natalia Rafalska.

Le 24 février 2022, j’ai été réveillée à 5 heures du matin par un appel de ma voisine. D’habitude, elle ne se réveille pas avant l’heure du petit-déjeuner. Elle m’a dit que trois mots : « Ils bombardent Kharkiv ! ». En un instant, c’était clair: ce que nous ne voulions pas croire était en train d’arriver! En effet, nous ne pouvions pas imaginer que nous pourrions être attaqués un jour par nos frères et sœurs Russes, celles et ceux que nous considérions comme les plus proches par la culture, par l’esprit, par notre passé soviétique commun. C’est ainsi que malgré tous les avertissements que nous ne voulions pas entendre, la guerre avait soudainement commencé. Et le choc était accentué par l’incrédulité et l’incompréhension de ce qui se passait. Mais il fallait néanmoins réagir très vite!

J’ai donc décidé d’appeler ma mère. J’ai essayé de trouver les mots justes pour ne pas l’inquiéter. Mais ce n’était pas la peine: la liaison téléphonique était défaillante car elle ne pouvait pas supporter la vague d’appels qui étaient passés en même temps. Mon mari et moi on vivait alors dans la banlieue de Kiev et nous avons alors décidé de nous rendre en ville. La première chose que nous avons vu c’est une file d’attente de plusieurs kilomètres aux stations d’essence. À 8 heures du matin, il y avait également d’énormes files d’attente dans les magasins d’alimentation, les distributeurs de billets et les pharmacies. En même temps, il était surprenant de voir à quel point les gens restaient calmes, attendaient leur tour et étaient le plus souvent silencieux. Les gens achetaient de la nourriture, des médicaments, des allumettes, des bougies et du ruban adhésif pour sceller leurs fenêtres.

Le compte à rebours de la guerre s’était enclenché et il fallait dorénavant vivre avec !

Porte d’entrée de la maison Liana Grybanova. Au début de la guerre, les Ukrainiens mettaient du ruban adhésif sur les fenêtres pour faire en sorte qu’en cas de bombardements, l’onde de choc ne brise pas le verre. Photo: Liana Grybanova le 24.02.2022.

« Non seulement les événements et les modes de vie ont changé, mais nous avons nous-mêmes changé intérieurement »

Le 24 février 2022, nous avons franchi une ligne de démarcation, une ligne rouge, au-delà de laquelle il ne nous est aujourd’hui plus possible de vivre comme avant. Non seulement les événements et les modes de vie ont changé, mais nous avons nous-mêmes changé intérieurement. Beaucoup de gens ont commencé à aider davantage les autres, à les comprendre, à faire du bénévolat.  D’autres, au contraire, ont commencé à utiliser le malheur commun à des fins égoïstes. La guerre a divisé la vie entre l’avant et l’après, les gens ont été sommés de choisir leur camp et les personnes se sont concentrées sur les valeurs les plus importantes: la paix, la famille, l’amour et la vie.

Une de mes amies, écrivaine et directrice d’un théâtre à Kiev, m’a dit qu’elle n’aurait jamais imaginé qu’elle enverrait à l’un de ses acteurs non pas un scénario pour une nouvelle pièce de théâtre, mais des colis au front. Une autre de mes amies, directrice d’une clinique privée, attend, quant à elle, que sa fille de 19 ans revienne du champ de bataille.

Nous sommes devenus différents, peut-être plus forts. Mais chaque jour de cette guerre, qui dure depuis deux ans maintenant, renforce notre certitude qu’il n’y a rien qui la justifie.

Liana Grybanova

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

« Notre hôtel est situé dans un endroit magnifique au bord du lac. Mais au début, les Ukrainiens ne pouvaient pas apprécier cette beauté »

Ludmila, originaire d’Ukraine, installée à Estavayer-le-Lac en Suisse

Je vis en Suisse depuis 13 ans. Lorsque j’ai appris que les villes Ukrainiennes avaient été bombardées et attaquées par les roquettes russes le 24 février 2022, j’ai été choquée car ma sœur, sa famille ainsi que ma mère étaient sur place. Heureusement, ils ont pu quitter Kiev et venir en Suisse dès les premiers jours de l’invasion russe. Je les ai tous accueillis chez moi.

Mais j’ai réalisé que je pouvais faire plus en aidant d’autres Ukrainiens et Ukrainiennes aussi. Travaillant comme réceptionniste à l’hôtel SeePark, situé à Morat, j’ai proposé aux gérants de l’hôtel d’accueillir des réfugiés Ukrainiens. L’hôtel appartient à une société dont les propriétaires vivent en Europe occidentale et ont des origines Russes. Non seulement ils ont accepté, mais ils ont aussi mis en place toutes les conditions d’hébergement pour accueillir les réfugiés. Les responsables de l’hôtel sont allés personnellement chercher les gens à la gare. Ils ont installé une cuisine provisoire sur le toit de l’hôtel dans une pièce donnant sur le lac. Les autres chambres disposaient de lits supplémentaires pour accueillir les familles avec enfants.

Notre hôtel est situé dans un endroit magnifique au bord du lac. Mais au début, les Ukrainiens et Ukrainiennes ne pouvaient pas apprécier cette beauté. Les enfants pleuraient tout le temps et les femmes s’inquiétaient pour leurs maris restés en Ukraine.

Propos recueillis par L.G.

 

Les premiers jours de la guerre

Un photoreportage de Natalia Rafalska

Réfugiée Ukrainienne actuellement en année préparatoire à l’Université de Lausanne, Natalia Rafalska livre son témoignage qu’elle accompagne de photos qui retracent les premiers jours de la guerre telle qu’elle les a vécus.   

Nous vivions à Kharkiv. Cette ville a été l’une des premières à être bombardée par l’armée russe. Lorsqu’on a entendu les première détonations, nous avons appelé nos connaissances qui vivent en périphérie de la ville. Ils nous ont dit que des soldats russes étaient déjà dans la ville…. sous leurs fenêtres!

La prise de conscience d’un terrible désastre, d’une catastrophe, nous a fait agir rapidement et clairement. Nous avons rassemblé des documents, de l’eau et des rations sèches. Je travaillais alors dans l’un des magasins d’une grande chaîne de produits laitiers fermiers. Les rames du métro circulaient encore durant la matinée et j’ai pu me rendre au travail. Mes jambes tremblaient de peur, mais nous devions travailler car les gens avaient besoin de nourriture, de produits laitiers pour leurs familles.

La première nuit, mon mari et moi avons dormi sur le sol d’une station de métro. Les rames avaient cessé de circuler et les gens utilisaient les stations pour s’abriter des bombardements. Le matin, mon mari est rentré à la maison parce que notre chat était seul. Quant à moi, je suis retournée au travail.

Pendant les neuf jours qui ont suivi, je suis allée travailler et j’ai dormi dans l’abri antiatomique le plus proche. Je n’avais rien d’autre qu’un petit sac à dos et un tapis de yoga pour m’allonger. Il faisait terriblement froid. J’étais émue aux larmes lorsque des inconnus partageaient avec moi un bol de soupe chaude, une couverture ou un vieux manteau. Ils m’ont aidée en silence, sans attendre de remerciements.

Les habitants et habitantes de l’abri, unis par le malheur qui leur est soudainement tombé dessus – la guerre – sont devenus une grande famille. J’ai pu ensuite quitter notre refuge pour rentrer chez moi pendant une courte période et je suis finalement partie pour rejoindre la Suisse.

Vidéo envoyée à Natalia Rafalska et datée du 27.02.2022, 7 heures ou 8h du matin. Traduction des échanges: « Les gars ils réfléchissent à l’endroit où aller. Ils tournent à nouveau. Ils doivent être en train de réfléchir à l’endroit où aller. Le voilà assis dans la voiture, prêt. Il y a deux personnes sur le toit de chaque voiture. Bâtards, pourquoi, pourquoi ? Ici, ils se sont promenés le long du 335 rue Shevchenko, dans le quartier de Lower Shishkovka, Saperca. C’est une matinée amusante. Je suis rentré juste à temps ».

Un engin blindé des défenseurs de la ville touché par les forces spéciales russes lors des combats. Photo prise le 27.02.2022.


Un véhicule blindé tigré des forces spéciales russes détruit par les défenseurs de la ville. Photo prise le 27.02.2022.


L’école numéro 134 à Kharkiv après une bataille entre l’unité spéciale du MUU Kraken, les combattants de la brigade 92, l’unité de volontaires Freikor, l’unité de police de la ville et les forces spéciales russes. Photo prise le 27.02.2022.


« Peaches », le chat de Natalia, attend de monter dans un bus pour quitter Kharkiv. Photo prise le 06.03 2022.


Bus à la gare d’Oujgorod au poste de douane à la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie. Il est inscrit sur la bande lumineuse « Navire de guerre russe, va te faire foutre ! ». Cette phrase a été prononcée par un militaire Ukrainien sur l’île des serpents le 24.02.2022, alors qu’un navire russe le sommait de se rendre sinon il allait bombarder sa position. Au début de la guerre, tous les Ukrainiens connaissaient cette phrase qui était devenue un slogan de ralliement. Photo prise le 08.03.2022.


Natalia Rafalska, ici à un passage piétons entre Oujgorod (Ukraine) et Vyšné Nemecké (Slovaquie). Photo prise le 08.03.2022.

La guerre en quelques chiffres 

En 2 ans de guerre, plus de 14 millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes ont été contraints de fuir leur foyer à un certain moment. Cela équivaut à presque un tiers de la population du pays. 

Eurostar rapporte que 4.2 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine ont été enregistrés pour une protection temporaire ou des mécanismes similaires dans l’Union Européenne.

Selon l’agence des Nations Unies pour les Réfugiés, plus de 8 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine ont été enregistrés à travers l’Europe.

Environ 17,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence en Ukraine.

Plus de 5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.

La mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine a indiqué qu’à la fin du mois de novembre 2023, au moins 10’000 civils avaient été tués depuis le début de l’invasion armée de l’Ukraine par la Russie. Quelque 18’000 personnes ont été blessées selon les données disponibles. Les chiffres peuvent être considérablement plus élevés. 

L.G.

Les autres articles de la série « Deux ans de guerre en Ukraine »




Flash Infos #176

Sous la loupe : L’Australie accueille les personnes migrantes climatiques des îles Tuvalu / Amériques : Les personnes migrantes qui traversent la jungle du Darién sont exposées à des risques d’abus. / Les personnes déplacées de Gaza souffrent du froid et de la faim

Nos sources:

Avant la submersion des iles Tuvalu, l’Australie s’ouvre aux migrants climatiques

France24, le 11 novembre 2023

 

Amériques : Les migrants qui traversent la jungle du Darién sont exposés au risque d’abus.

HRW, le 9 Novembre 2023

 

Les déplacés de Gaza dans la poussière, le froid et la faim

Libération:  Le 12 Novembre, 2023

 

Réalisation du Flash Info #176

A la technique : Tsering et Malcolm Bohnet 

Au micro : Elvana Tufa et Natalia Gorbachenko

A la production : Alix Kaneza, Arienne-Maria Medici, Julia Ryzhuk et Malcolm Bohnet




GUERRE EN UKRAINE

Auteur: Mathias Reding. Source: pexels.com.

La Suisse renouvelle son engagement envers les personnes réfugiées ukrainiennes et leur intégration

La Confédération helvétique continuera à offrir une protection spéciale aux réfugiés ukrainiens et Ukrainiennes jusqu’à mars 2025. Cette décision a été confirmée par le Conseil fédéral lors de sa réunion de mercredi, le 1er novembre. Elle est importante car elle témoigne de la reconnaissance de la situation instable en Ukraine et de la nécessité de continuer à soutenir les personnes réfugiées ukrainiennes dans le pays.

Le statut S a été introduit en Suisse en mars 2022 en réponse à l’agression russe en Ukraine et assure une protection temporaire aux personnes confrontées à une menace sérieuse. 

Cependant, l’intégration des personnes réfugiées ukrainiennes dans la société suisse reste une préoccupation majeure. Cela concerne notamment la recherche d’emploi et l’atteinte de l’indépendance financière.

L’intégration sur le marché du travail est un élément clé de l’adaptation réussie des personnes réfugiées. Le gouvernement suisse s’est fixé un objectif ambitieux : d’ici la fin de 2024, 40 % des femmes et des hommes relevant du statut S devront avoir un emploi.

Les défis de l’intégration

Les personnes réfugiées sont également confrontées à des défis liés à la barrière linguistique, à l’adaptation socioculturelle et à l’accès à l’éducation. Les programmes d’intégration jouent un rôle essentiel dans la résolution de ces problèmes, en leur fournissant non seulement des compétences professionnelles, mais aussi une connaissance de la culture et de la langue locales. De nombreux Ukrainiens et Ukrainiennes participent activement à de tels programmes.

Il est important de souligner que l’ensemble du processus d’intégration, y compris l’apprentissage de la langue et l’adaptation aux normes sociales, dépend de la motivation et des capacités de chaque individu.

Espoir en l’avenir

La Suisse continue de soutenir les personnes réfugiées ukrainiennes, tout en reconnaissant l’importance cruciale de leur intégration et en leur offrant l’opportunité de devenir une partie intégrante de la société suisse et d’acquérir leur indépendance financière.

Natalia Gorbachenko

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils  

Ma reconnaissance envers la Suisse

En tant que personne réfugiée ayant fui la guerre en Ukraine, je tiens à exprimer ma sincère gratitude envers la Suisse pour sa décision de continuer à offrir une protection spéciale aux personnes réfugiées ukrainiennes. Cela m’a permis de trouver un nouvel équilibre émotionnel, de poursuivre mon apprentissage de la langue française, de progresser dans mon processus d’intégration, d’obtenir un emploi grâce auquel je peux développer mon potentiel et partager mon expérience. Cette opportunité est un véritable soutien pour nous, personnes réfugié.e.s, et nous donne la chance d’espérer un avenir meilleur.

N.G.

 




FLASH INFOS #163

Sous la loupe : Berne cherche 1200 places d’hébergement d’urgence / Migrant.e.s bloqué.e.s, la Tunisie et la Libye trouvent un accord / Droit de vote pour les migrant.e.s dans le Canton de Vaud

Nos sources:

Berne cherche 1200 places d’hébergement d’urgence

RTS Info, le 11 août 2023

Migrants bloqués, la Tunisie et la Libye trouvent un accord

Le Monde, le 10 août 2023

Droit de vote pour les migrants dans le Canton de Vaud

Le Temps, Le 09 Aout 2023