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Revue de presse #61

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Italie : plus de 1’400 personnes migrantes sont arrivées à Lampedusa / Fouille des portables des requérants d’asile approuvée par le Conseil national / Le SEM sous pression suite à des révélations chocs

Italie : plus de 1’400 personnes migrantes sont arrivées à Lampedusa

RTS, le 10 mai 2021

Selon les médias italiens, plus de 1’400 personnes migrantes de différentes nationalités sont arrivées entre le 8 et le 9 mai sur l’île de Lampedusa. Des centaines d’autres seraient en proie à des difficultés au large de Malte. Par ailleurs, le week-end passé également, les autorités siciliennes ont renouvelé l’interdiction empêchant toute intervention en mer du navire de sauvetage Sea-Watch 4 qui s’était retrouvé bloqué à Palerme pendent six mois en raison de « normes sécuritaires ». Pour les membres de l’ONG allemande, l’inspection entreprise par les autorités a été une manière détournée de bloquer le navire pour l’empêcher de porter secours aux personnes migrantes se trouvant à la dérive en mer.

Fouilles des portables des requérants d’asile approuvée par le Conseil National

RTS, le 4 mai 2021

Le 4 mai, le Conseil national a approuvé, avec une large majorité, un projet permettant aux autorités de saisir et fouiller les téléphones portables des personnes en procédure d’asile afin d’établir leur identité. Actuellement, dans la majorité des cas, il n’est pas possible de définir avec certitude l’identité des principaux concerné.e.s qui, pour la plupart du temps, entrent en Suisse sans papiers, mais avec un portable. Cette procédure est déjà en vigueur dans certains pays européens, dont l’Allemagne et les Pays-Bas. Par ailleurs, la faisabilité du projet a été testée durant 6 mois au sein de deux centres fédéraux pour personnes en procédure d’asile. Toutefois, les partis de gauche ont manifesté une forte opposition. Ils dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux et soulignent que le nombre de demandes d’asile en Suisse ne montre pas une situation de surcharge qui nécessiterait de telles mesures. A cet effet, Karin Keller-Sutter – la conseillère fédérale en charge du Département de justice et police – a soutenu que le projet respecte le principe de la proportionnalité ainsi que la protection des données des personnes.

En 2018, notre rédaction a consacré deux articles à cette question de la fouille des téléphones portables des personnes requérantes d’asile :

Le SEM sous pression suite à des révélations chocs

RTS, le 6 mai 2021

Suite aux révélations faites par la RTS et la SRF, quant aux violences et abus commis dans les centres fédéraux pour personnes en procédure d’asile, Mario Gattiker – le secrétaire d’État aux migrations – s’est montré déterminé à éclaircir l’affaire en ouvrant une enquête externe. Pour le moment, un audit interne est également en cours et le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a fait suspendre 14 employé.e.s des sociétés privées en charge de la gestion des centres fédéraux. Le SEM est désormais sous pression, ce d’autant plus que le monde politique s’intéresse maintenant de près aux dysfonctionnements de ces centres. En effet, des interpellations ont été déposées au Parlement fédéral et une commission de surveillance du Conseil national a ouvert une enquête.

Pour rappel, selon l’enquête de la RTS, de la Rundschau et de la Wochenzeintung, plusieurs centres fédéraux d’asile sont concernés par des cas de mauvais traitements et d’usage abusif de la force contre des personnes en procédure d’asile, notamment à Boudry (Neuchâtel). En outre, des rapports ont parfois été truqués par les agents de sécurité pour couvrir leurs méfaits.

La rédaction de voix d’Exils




Revue de presse #15

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : L’Albanie peine à nourrir les migrants / La Grèce vide les camps situés sur ses îles / La Suisse étudie la possibilité d’accéder aux portables des requérants

Albanie: les migrants crient famine

Infomigrants.net, le 29.05.2020

Toujours plus de migrants séjournant dans des structures d’accueil albanaises gérées par l’État sont réduits à faire la manche pour trouver de quoi manger. Le magazine Balkan Insight, qui a mené l’enquête, cite le cas de Khaled, originaire de Palestine. Hébergé dans le centre de Babrru, près de la capitale, le jeune homme témoigne de la galère vécue au quotidien par lui-même et ses compagnons d’infortune confrontés à une grave pénurie alimentaire.

Surpopulation, nourriture rare et de mauvaise qualité, assistance médicale défaillante… le camp de Babrru manque de tout. Ce printemps, il a refoulé des migrants, malgré le froid, sous prétexte de mesures de confinement dues à la pandémie de Covid-19.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) décrit l’Albanie comme un pays de transit pour beaucoup de migrants qui espèrent rejoindre l’Italie ou les pays riches du nord de l’Europe. Mais, avec la fermeture progressive de la route des Balkans, de plus en plus de migrants ont fini par se retrouver bloqués en Albanie.

Le HCR, qui soutient les initiatives du gouvernement albanais pour aider les migrants, relève que le centre de Babrru a été construit à l’origine pour 180 personnes avant d’augmenter sa capacité de 200 places en 2018 sous la pression des arrivées. Mais, d’après des témoignages, le centre serait gravement surpeuplé et échapperait au contrôle des autorités. Certains migrants affirment que ce sont des gangs qui font la loi, volent de la nourriture et agressent les résidents. L’identité de ces gangs reste floue, mais il pourrait s’agir de migrants qui vivent depuis un certain temps dans le centre, plutôt que de gangs qui viendraient de l’extérieur.

Grèce : transfert de 14 000 migrants des îles vers le continent

Rtbf, le 04.06.2020

Depuis le début de l’année, les autorités grecques ont transféré près de 14’000 personnes des camps de migrants surpeuplés situés sur les îles vers la Grèce continentale. De source officielle, ces transferts ont permis de réduire la population migrante des îles de la mer Égée – Lesbos, Chios, Samos, Leros et Kos -, de 42 000 à 32 247 personnes au mois de mars dernier. Malgré ces départs, le nombre de migrants encore hébergés dans les camps situés sur les îles dépasse largement leur capacité d’accueil.

Les autorités grecques ont, par ailleurs, accéléré le traitement des demandes d’asile, faisant passer le nombre de dossiers en cours de 126’000 en début d’année, à moins de 100’000.

Le pays a également renforcé la sécurité le long de ses frontières terrestres et maritimes avec la Turquie. Depuis le début de la pandémie Covid-19, des centaines de migrants embarquées dans des bateaux ont été refoulés par les garde-côtes et la marine et seulement 125 traversées ont été enregistrées.

Le fait que la Grèce autorise le passage à un nombre fortement réduit de migrants a été vertement critiqué par les organisations internationales de protection des droits de l’Homme.

 

Suisse : est-il légitime de fouiller les téléphones des requérants ?

Le Matin, 04.06.2020

Un projet de loi prévoit de permettre aux autorités d’accéder aux smartphones, tablettes ou ordinateurs portables des requérants d’asile, dans le but d’établir leur identité et/ou leur nationalité.

Pour l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), ce projet est contestable tant du point de vue de l’État de droit que de la protection des données. Les requérants ont déjà l’obligation légale de collaborer à la procédure et peuvent – s’ils y consentent – mettre à disposition leurs données à des fins de preuves. Les y obliger est disproportionné.

Sans compter qu’une telle disposition laisserait supposer que les demandeurs d’asile sont des criminels potentiels. À l’inverse, les contrôles des autorités qui consultent les données privées de ces personnes ne seraient, quant à eux, soumis à aucun contrôle judiciaire.

La plateforme d’information asile.ch rappelle qu’une expérience menée en Allemagne durant 18 mois sur les téléphones des requérant a montré peu d’efficacité. Les données récoltées n’ont apporté aucune information utilisable dans 64% des situations. Elles ont permis de confirmer l’identité des personnes dans 34% des cas et de la réfuter dans 2% des cas seulement.

De manière générale, les cantons se montrent divisés sur le projet de loi : Genève le soutient du bout des lèvres ; Neuchâtel s’y oppose et Fribourg l’approuve.

Du côté des partis, le PS et les Verts rejettent catégoriquement ce développement du droit d’asile. A droite, le PLR reconnaît une atteinte à la sphère privée « acceptable et proportionnée ». Il salue une facilitation et une crédibilité renforcée de l’asile dans son ensemble. Un avis partagé par le PDC.

Oumalkaire / Voix d‘Exils




Comment protéger ses données ?

Julien Clavel.

Les enjeux de la surveillance des données personnelles et les outils technologiques qui existent pour les protéger

Lors de l’émission de Radio Django du 19 septembre 2018, les enjeux juridiques de l’initiative parlementaire de l’UDC qui permettrait aux autorités de fouiller les téléphones portables des requérants d’asile pour établir leur identité ont été analysés. Pour poursuivre la réflexion, il s’agit de s’interroger sur les enjeux de la surveillance des données personnelles et de s’intéresser aux outils technologiques qui existent pour les protéger. C’est le sujet (version express) proposé par Voix d’Exils lors du Grand Direct de Radio Django du 16 octobre 2018.

Notre invité :

Julien Clavel travaille dans le web depuis plus de 15 ans. Il a donc été rapidement confronté aux défis de la sécurité de l’information, d’abord dans un cadre professionnel, puis au niveau personnel. Actuellement homme à tout faire en ligne pour un grand syndicat suisse, il est aussi consultant en sécurité numérique individuelle.

Ecoutez l’interview intégrale de Julien Clavel « Comment protéger ses données? » (partie 2 du sujet)

Réécoutez l’émission du 19 septembre 2018 « Fouiller le téléphone portable des requérants d’asile: bientôt légal? » (partie 1 du sujet)