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FLASH INFOS #151

Sous la loupe : Six policiers en procès pour l’homicide de Mike Ben Peter à Lausanne / Paris : démantèlement d’un campement de plus de 300 personnes migrantes / L’appli pour demander l’asile: nouveau cauchemar des personnes migrantes

Nos sources:

Six policiers en procès pour l’homicide de Mike Ben Peter à Lausanne

Le Matin, le 15 mai 2023

 

Paris : démantèlement d’un campement de plus de 300 migrants

Info Migrants, le 11 mai 2023

 

L’appli pour demander l’asile, nouveau cauchemar des migrants

Le Matin, le 11 mai 2023




« Pour moi, le fil de l’espoir est rompu… »

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Le parcours chaotique d’un requérant d’asile algérien en Suisse

Après avoir été victime de nombreuses tentatives de meurtre, de menaces verbales et morales, Rachid Boukhemis, 60 ans, décide de quitter l’Algérie pour retrouver la paix et la sérénité dans un pays démocratique. Ce professeur d’arabe laisse derrière lui sa famille, ses amis et ses biens.

Plein d’espoirs en une vie meilleure lors de son arrivée à Vallorbe, fin 2017, il va rapidement déchanter. Considéré comme cas Dublin pour être passé par la France sur le chemin de l’exil, il recevra une réponse négative à la demande d’asile qu’il a déposée en Suisse. Son rêve s’effondre et vire au cauchemar lorsque, un matin d’été, les forces de police viennent l’arrêter à son domicile pour le renvoyer en France. Il sera brutalisé et brièvement emprisonné avant d’être relâché complètement traumatisé. Rachid Boukhemis est l’un des rédacteurs de Voix d’Exils, à ce titre il a voulu témoigner de son douloureux parcours sur notre site.

« Hébergé dans un premier temps au centre d’enregistrement de Vallorbe, j’ai ensuite été envoyé dans le foyer de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) de Bex, dans le canton de Vaud. Ensuite, j’ai reçu une décision négative de la part du Secrétariat d’État aux migrations et j’ai été transféré au foyer d’aide d’urgence d’Ecublens.

En état de choc

Le 17 août 2018, à cinq heures du matin, alors que j’étais endormi, j’ai entendu une clé tourner dans la serrure. Le gardien du foyer est entré dans la chambre et, en me montrant du doigt, il a dit aux deux policiers qui l’accompagnaient: « C’est celui-là ! ». Je me suis assis sur mon lit en me frottant les yeux.

Un policier m’a demandé de m’habiller et d’emporter avec moi les médicaments que je prenais. J’ai obéi aux ordres. On m’a mis des menottes aux poignets. C’était la première fois que je voyais ces bracelets en fer d’aussi près…

J’ai été emmené au poste de police de Bussigny où j’ai tout d’abord été fouillé et forcé à me déshabiller. C’était la première fois que je me retrouvais complètement nu devant des étrangers.

Puis j’ai été placé en cellule, comme si j’étais un criminel. Je suis resté silencieux, j’étais en état de choc. Après deux heures environ, la porte de ma cellule s’est ouverte et on m’a demandé de monter à l’étage pour prendre mes empreintes digitales.

Suite à cela, j’ai été conduit à l’aéroport de Genève où je devais prendre un avion à destination de Nantes, en France, conformément à la procédure Dublin.

Quand est arrivé le moment d’embarquer, j’ai refusé de monter à bord. Le policier qui m’avait mené à la porte d’embarquement a alors commencé à me frapper jusqu’à ce que mon sang coule. La femme qui nous accompagnait, probablement une employée de l’aéroport, a réagi et a demandé au policier d’arrêter. Le capitaine de l’avion a, quant à lui, fermé la porte de l’avion et a dit qu’il ne m’emmènerait pas dans son vol. Pendant que nous descendions l’escalier qui nous avait menés à la porte d’embarquement, le policier continuait de me frapper.

Prisonnier sans culpabilité

Suite à cela, deux autres policiers m’ont emmené à la prison de Champ-Dollon à Genève. Pour dissimuler les violences commises contre moi, le responsable de la prison m’a demandé de me laver pour enlever les traces de sang. Sentant la fièvre monter, je me trouvais dans un état d’horreur, d’étonnement et de douleur. En réalité, j’étais un prisonnier sans culpabilité.

Vers 14h30, le gardien m’a informé que la prison avait reçu un ordre de libération immédiate. Une fois relâché, j’ai marché à pieds jusqu’à l’hôpital de Nyon où je suis resté jusqu’au matin. J’ai été examiné par un médecin qui a produit un certificat médical dans lequel il a confirmé que je présentais de multiples lésions, hématomes et plaies sur tout le corps. Certificat que j’ai transmis à la rédaction de Voix d’Exils.

De retour à Lausanne, j’ai contacté un avocat. Il m’a dit que le dépôt d’une plainte contre le policier me coûterait au minimum 4’000 francs suisses, et que cela ne me garantissait pas de gagner le procès, car un policier équivaut à deux témoins. J’ai alors décidé d’abandonner l’idée de porter plainte parce que je n’avais pas d’argent.

Je suis à ce jour pleinement conscient des conditions de vie sans espoir qu’endurent les réfugiés et du traitement brutal qui leur est réservé.

Pour moi, désormais, le fil de l’espoir est rompu. »

 

Rachid Boukhamis

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Des aides pour les victimes de violence

Suite au témoignage de notre rédacteur, la rédaction a contacté plusieurs institutions pour savoir auprès de qui et comment les victimes de violences peuvent obtenir une aide.

·  Selon nos interlocuteurs et interlocutrices du Service d’Aide Juridique aux Exilé-e-s (le SAJE) et du Centre Social Protestant (le CSP), la médiatisation et/ou l’ouverture d’une procédure judiciaire sont les principaux chemins que peuvent emprunter les personnes requérantes d’asile si elles se retrouvent dans une situation similaire à celle vécue par Rachid. Par conséquent, les tarifs habituels pratiqués par les avocats s’appliquent et la somme annoncée par notre rédacteur bien qu’élevée est exacte.

·   Les centres LAVI, conformément à la Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions, aident les personnes victimes de violences physiques, sexuelles ou psychiques. Leurs interventions se situant à l’intersection des domaines juridique, psychologique et social. Ces centres proposent un soutien aux victimes ainsi que l’octroi de prestations financières (dont les honoraires d’avocat), en fonction de l’atteinte subie. On peut faire appel à ces centres dans les cantons romands, soit à Genève, Vaud, Fribourg, Valais, Neuchâtel et Jura.

·  Que l’on soit résident ou de passage à Genève, on peut, en cas de différend avec la police cantonale ou les polices municipales, faire appel à l’organe de médiation police (l’OMP). A noter que le recours à la violence physique n’est pas considéré comme un différend. Ainsi, si des violences physiques ont eu lieu, l’OMP invite à dénoncer les faits ou à porter plainte auprès des autorités compétentes.

Jovan Mircetic

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




Harcèlement sexuel dans l’espace public

Photo: Ahmad Mohammad / Voix d’Exils

Le ras-le-bol des femmes d’ici et d’ailleurs

Hors de leur foyer, les jeunes Iraniennes courent le risque de se faire lourdement draguer, insulter, voire agresser par des hommes qui règnent en maîtres dans l’espace public. Leurs comportements déplacés et violents pèsent sur la liberté de mouvement des femmes et leur équilibre psychique. Moins touchée, la Suisse n’est pourtant pas épargnée par ce phénomène. Notre rédactrice iranienne Zahra raconte.

En Iran, les hommes se sentent supérieurs aux femmes. Ils nous embêtent soi-disant pour rire et pour le plaisir. Ils prétendent que ce qu’ils appellent des « taquineries » sont un moyen de communiquer avec nous et que nous aimons être taquinées. De notre point de vue, c’est complètement faux ! Les hommes n’ont rien à gagner avec des comportements sexuellement agressifs et des paroles déplacées. Mais ils ne nous écoutent pas ! Pour eux, la parole des femmes ne compte pas. Pour illustrer cette réalité, je vais vous raconter trois situations vécues par des amies et par moi-même.

Zahra, 15 ans, victime d’un violent attouchement dans la rue

J’habitais la ville iranienne de Sardasht. C’était la fin de l’année scolaire et, après avoir passé un examen, je rentrais à la maison à pied en compagnie d’une camarade. Nous étions deux adolescentes sans histoires et complices qui papotent tout en marchant. Alors qu’on traversait une ruelle, deux garçons à moto nous ont dépassées et le passager m’a frappée sur les fesses. Cet acte à la fois sexuel et violent m’a profondément choquée. Après, j’en ai longtemps tremblé de peur.

En arrivant chez moi, je n’ai pas osé parler avec mes parents de ce qui m’était arrivé. Je n’avais rien fait et pourtant je me sentais coupable. J’avais peur qu’ils se fâchent et me grondent… C’était inutile aussi de dénoncer ces violences à la police. En Iran, la police prend généralement le parti des agresseurs: « Si tu t’étais bien comportée et si tes habits t’avaient couverte décemment le corps, alors il ne te serait rien arrivé… », voilà la réaction habituelle.

On attendrait de la police qu’elle se montre compréhensive, qu’elle soutienne les femmes qui portent plainte, qu’elle dise que les hommes qui les harcèlent sont des malades, qu’ils n’ont pas d’éducation, mais la plupart des policiers ne valent pas mieux que les harceleurs.

Personnellement, je n’avais rien à me reprocher, je n’étais pas provocante du tout, j’étais habillée avec une longue robe et je portais le voile. Cela n’a pas empêché un inconnu de se sentir autorisé à me donner une fessée. Après cet épisode, je me suis sentie très vulnérable. A chaque fois que je sortais dans la rue, je regardais autour de moi pour m’assurer que je n’allais pas à nouveau me faire agresser.

Farzaneh, 25 ans, victime d’un rodéo-drague sur l’autoroute

Les hommes de mon pays se font un plaisir de harceler aussi les femmes qui conduisent. Il y a quelques temps, mon amie Farzaneh, qui habite dans la ville d’Ouromiye, avait pris sa voiture pour se rendre au travail.

En entrant sur l’autoroute, elle s’est aperçue qu’un homme la suivait. Il se comportait comme s’il était fou : pendant tout le trajet, il se déplaçait à sa hauteur sur la piste de dépassement, lui faisait de grands gestes obscènes et puis revenait derrière elle en la collant pare-chocs contre pare-chocs, il allumait et éteignait ses phares, il la klaxonnait…

Au début, elle a juste pensé que c’était une mauvaise plaisanterie sans importance, puis le comportement et les gestes de cet homme lui ont vraiment fait peur. Elle s’est sentie en danger. En sortant de l’autoroute près de son travail, elle a pensé qu’il allait laisser tomber. En fait, il l’avait suivie discrètement dans les ruelles et lorsqu’elle s’est garée, elle l’a vu surgir devant sa voiture.

A ce moment-là, elle s’est sentie impuissante, elle ne savait pas comment réagir. Et puis, elle s’est reprise, elle a fait marche arrière et elle est partie. Cette fois, l’homme ne l’a pas suivie. Il avait probablement atteint son objectif : lui faire peur et lui montrer qu’il était le plus fort…

Mon amie n’a même pas pensé à noter la plaque de la voiture de cet homme pour le dénoncer à la police. De toute façon, ça n’aurait probablement servi à rien.

Bafrin, 22 ans, victime de gestes déplacés dans un taxi

Alors qu’elle rentrait à la maison en taxi, Bafrin, étudiante à l’université de Khoy a vécu une mésaventure particulièrement stressante.

C’était le début des vacances scolaires et, après 6 heures de bus elle était enfin arrivée à la gare principale. Elle avait encore un peu de chemin à faire et elle a opté pour le taxi. Il était 19h, il faisait déjà sombre en cette fin d’après-midi d’automne et elle ne voulait pas marcher seule dans la rue. Elle pensait être en sécurité à l’arrière du taxi dans lequel elle était montée. Mais lorsque le chauffeur a démarré, il a commencé à lui caresser la jambe et lui a proposé des relations sexuelles.

Heureusement, Bafrin n’a pas perdu tous ses moyens. Elle a eu le réflexe d’appeler discrètement son père et de mettre sur haut-parleur sa conversation avec le chauffeur sans que ce dernier ne s’en rende compte.

Le père, qui entendait tout ce qui se disait dans le taxi, a compris que sa fille était en danger. Il a pris sa voiture et sur la base des indications que sa fille lui donnait indirectement, – elle citait les lieux par lesquels le taxi passait -, il a pu les retrouver.

Quand le chauffeur de taxi s’est rendu compte qu’il était suivi, il a aussitôt fait descendre Bafrin. Mais son père avait eu le temps de noter le numéro de plaque et il a porté plainte au commissariat au nom de sa fille. D’homme à hommes, le courant est passé. La police a pris la situation de ce père outragé au sérieux. Elle a arrêté le chauffeur et l’a emprisonné en attente de sa comparution devant le juge.

Lors de son jugement, il a prétendu qu’il était innocent, mais le père de Bafrin qui avait enregistré la discussion dans le taxi a pu prouver le contraire. Comme le chauffeur avait menti, il a été frappé en plein tribunal devant Bafrin… Pour elle, cette pénible expérience suivie par des actes de violence jusque dans un tribunal ont été très traumatisantes. Elle n’est plus jamais montée seule dans un taxi.

En Suisse aussi…

En parlant autour de moi de cet article sur le harcèlement dans l’espace public vécu par mes compatriotes, j’ai réalisé que cette problématique dépassait le cadre de mon pays. A Lausanne, mon amie Julie a, elle aussi, été victime de harcèlement. Elle a accepté de témoigner d’un épisode qui l’a durablement marquée.

Julie, 18 ans, victime d’un harceleur au petit matin

Après avoir fait la fête à Lausanne, Julie descendait seule la rue très pentue du Petit-Chêne en direction de la gare. A un moment, elle a senti une présence derrière elle. Elle s’est retournée, elle a vu un homme et s’est demandée avec un début d’inquiétude s’il avait l’intention de la draguer. Elle a continué sa route en se disant qu’elle se faisait un film dans sa tête et qu’elle ne risquait rien.

A cette heure avancée – il devait être près de 3 heures du matin – le seul souhait de Julie était de pouvoir prendre son train sans être molestée et de rentrer à la maison.

Mais, en continuant son chemin, elle a compris que cet inconnu la suivait réellement. Il s’était rapproché d’elle et lui faisait des propositions sexuelles. Elle avait beau lui répondre qu’elle n’était pas intéressée en espérant qu’il allait laisser tomber, il insistait.

Plus elle avançait, et plus il se rapprochait. Elle accélérait, il faisait de même. Ils étaient seuls dans la rue. Elle avait tellement peur qu’elle s’est mise à courir jusqu’à la gare pour rejoindre un endroit avec du passage et des personnes qui pourraient éventuellement l’aider.

Arrivée à la gare, elle avait constaté que l’individu ne la suivait plus. Aujourd’hui encore, elle se souvient du tremblement de ses mains et de son cœur battant. Pour trouver du réconfort, elle avait appelé un ami qui était avec elle en ville ce soir-là. Elle avait besoin de lui raconter sa mésaventure et de lui demander de la rejoindre au plus vite afin d’être rassurée.

Zahra Ahmadyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

EyesUp: une application pour lutter contre le harcèlement

Le harcèlement sexuel s’invite partout : dans la rue, dans le bus, en soirée, mais également à la salle de sport ou au travail. Et ses victimes sont nombreuses. A titre d’exemple, 72 % des jeunes Lausannoises ont été confrontées, au moins une fois, à un épisode de harcèlement de rue au cours des 12 derniers mois.

La plupart du temps, pour les femmes harcelées, il est impossible de réagir sans se mettre en danger. Elles baissent les yeux, rasent les murs, accélèrent le pas et tentent d’oublier au plus vite ces pénibles moments… D’où des sentiments d’injustice, de colère et d’impuissance.

Pour aider les femmes à relever la tête, un groupe de bénévoles Lausannois a mis au point EyesUp: une application pour smartphones qui permet de signaler les comportements déplacés à caractère sexuel, tout en restant anonyme. Plus largement, l’objectif de EyesUp est de documenter, sur la base des signalements reçus, le phénomène du harcèlement pour que les pouvoirs publics réalisent son niveau de gravité et prennent des mesures pour en libérer les femmes.

Sur son site, EyesUp regroupe des ressources pour soutenir, informer et sensibiliser. Elle rassemble des articles de vulgarisation scientifique, des fiches d’informations, des astuces ainsi qu’un recueil des associations actives dans les domaines pouvant toucher au harcèlement sexuel.

Z.A

Pour aller plus loin :

Consultez le site internet de Eyesup:

eyesup – l application contre le harcèlement (eyesupapp.ch)

 

 




Revue de presse #30

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

L’actualité internationale de la migration

Sous la loupe : France, un agent de la Police aux Frontières au tribunal / Chypre, expulsion de demandeurs d’asile libanais / Slovénie, plus de 100 clandestins interpellés à la frontière Schengen / Suisse, les travailleurs étrangers sont bénéfiques pour l’économie et les sciences. 

France: un agent de la Police aux Frontières devant la justice

Mediapart, le 28 septembre 2020

Suite à la plainte d’un militant engagé dans le soutien aux migrants, la justice a épinglé un agent de la Police aux Frontières (PAF) de Montgenèvre (frontière entre la France et l’Italie).

Le fonctionnaire qui occupait un poste en haute montagne installé sur la route, souvent enneigée, qu’empruntent à pied les migrants venant d’Italie, sera jugé au tribunal correctionnel pour « blessure involontaire par imprudence ».

Un juge d’instruction a décidé que les agissements du fonctionnaire en question, un soir de 2017 alors que quelques militants s’étaient rassemblés devant le poste-frontière pour contester la reconduite de migrants en voiture vers l’Italie, méritaient un procès.

Selon le résumé du magistrat, le policer, qui n’avait pas suffisamment écarté son véhicule, avait roulé sur le pied d’un manifestant.

Rappelons que, depuis des années, exilés et militants dénoncent les pratiques locales des forces de l’ordre, vécues comme du « harcèlement ».

Chypre : expulsion de demandeurs d’asile libanais

Human Right Watch, le 29 septembre 2020.

Au cours de la première semaine de septembre 2020, les garde-côtes chypriotes ont expulsé plus de 200 migrants en provenance du Liban sans leur donner la possibilité de déposer des demandes d’asile, a déclaré l’ONG Human Rights Watch.

Nombre d’entre eux ont déclaré avoir été menacés par les garde-côtes chypriotes grecs et turcs, dont les navires les ont encerclés à grande vitesse, submergeant leurs embarcations et, dans un cas au moins, les ont abandonnés en mer sans carburant ni nourriture. Selon les principaux concernés, leurs demandes d’asile ont été ignorées et, dans certains cas, des agents de la police maritime chypriote grecque les ont violentés.

« Que des ressortissants libanais se joignent désormais aux réfugiés syriens pour fuir par voie maritime le Liban et demander l’asile dans l’Union européenne est révélateur de la gravité de la crise à laquelle ce pays est confronté », a constaté le directeur de la division Droits des réfugiés et migrants à Human Rights Watch. Selon l’ONG, la Commission européenne devrait faire pression sur le gouvernement chypriote pour qu’il respecte le droit de demander l’asile et le principe de non-refoulement – qui consiste à ne pas refouler des personnes dans un lieu où elles pourraient être menacées de mort et de privation de liberté parmi d’autres atteintes graves – conformément au droit européen et international.

Slovénie : hausse des clandestins interpellés à la frontière Schengen

Le Figaro, le 28 septembre 2020.

La Slovénie enregistre une nette hausse du nombre des franchissements irréguliers après leur entrée dans l’espace Schengen depuis la Croatie.

«Un total de 113 migrants illégaux ont été appréhendés le dimanche 27 septembre en différents lieux près de la ville d’Ilirska Bistrica», a déclaré une porte-parole de la police slovène. Il est rare qu’autant de personnes soient appréhendées en même temps.

Au cours des huit premiers mois de 2020, un total de 10223 franchissements irréguliers de la frontière Schengen ont été enregistrés, un chiffre en augmentation de 3,3 % par rapport à la même période de l’année dernière.

Selon la police slovène, la plupart des clandestins sont originaires du Pakistan et du Bangladesh et seront probablement renvoyés en Croatie.

Suisse : les travailleurs étrangers sont nécessaires à la place économique et scientifique

24 Heures, le 27 septembre 2020.

Les Suisses tiennent à leurs relations avec l’Union européenne (UE). L’initiative pour une immigration modérée de l’UDC a été rejetée dimanche 27 septembre par 61,7% des votants. Cette dernière demandait à ce que la Suisse règle de manière autonome son immigration.

Le camp des vainqueurs s’est montré satisfait par la netteté du résultat. Pour la quatrième fois, les Suisses ont repoussé une attaque contre ses bonnes relations avec l’Europe, a réagi Opération Libero, mouvement politique engagé en faveur d’une Suisse ouverte et progressiste.

Lors de la campagne, l’UDC avait joué sur les craintes des travailleurs jeunes et plus âgés d’être mis hors jeu par des étrangers payés moins chers.

Les opposants ont au contraire souligné que la libre circulation était bénéfique à la place économique et scientifique suisse. Selon eux, les entreprises helvétiques ont besoin de travailleurs étrangers et le commerce est fondamentalement lié à l’Europe.

Après ce «non» clair, le Conseil fédéral va pouvoir se pencher à nouveau sur l’accord-cadre avec l’Union européenne.

Valéry Martseniuk / Voix d’Exils




Revue de presse #21

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: 2000 euros pour quitter la Grèce / Traversées records de la Manche / La Suisse discutera la réforme de la politique européenne d’asile et de migrations / Levée de l’immunité parlementaire pour Matteo Salvini

La Grèce distribue 2000 euros aux migrants pour les inciter au retour

valeursactuelles.com, le 02.08.2020

Depuis fin juillet, la Grèce propose 2000 euros aux migrants situés sur les îles du territoire pour les inciter à rentrer dans leur pays d’origine. Cette incitation s’inscrit dans le programme de retour et de réintégration volontaire de l’Union européenne.

Environ 5000 demandeurs d’asile peuvent bénéficier de cette prime. Pour la toucher, ils doivent prouver qu’ils sont arrivés sur les îles de Leros, Samos, Lesbos, Kos, ou Chios cette année.

Ce programme avait été initialement présenté en mars, mais la crise du COVID-19 n’avait pas permis de le poursuivre.

 

Les tentatives de traversée de la Manche s’accélèrent ces derniers jours

infomigrants.net, le 31.07.2020

Selon la BBC, jeudi 30 juillet, plus de 200 migrants sont arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche à bord d’une vingtaine de petites embarcations depuis les côtes françaises.

La préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord, indique que le même jour, 20 migrants, dont cinq mineurs, qui tentaient de rejoindre l’Angleterre dont deux personnes à bord d’un paddle ont été secourus au large d’Escalles (Pas-de-Calais). Tous s’en sortent sains et saufs.

La préfecture signale que jeudi en fin d’après-midi, cinq autres migrants ont été secourus au large de Calais. Pris en charge par le patrouilleur des garde-côtes de la douane.

Vendredi 31 juillet matin, trois nouvelles opérations ont été lancées pour porter secours à trois autres embarcations de migrants. 

Depuis le 1er janvier, au moins 624 migrants ont été interceptés par les autorités françaises après avoir tenté de traverser la Manche à l’aide d’embarcations de fortune ou à la nage, selon un décompte de l’AFP.

De son côté, la BBC a dénombré que plus de 3’400 migrants sont parvenus à rejoindre le Royaume-Uni cette année, sans compter les arrivées de jeudi.

 

La Suisse participera aux discussions européennes sur la politique d’asile

Radio Télévision Suisse (RTS), le 28.07. 2020

La Suisse pourra participer aux discussions sur la réforme de la politique européenne d’asile et de migrations.

Lors d’une rencontre avec M. Horst Seehofer, le ministre allemand de l’intérieur, ce mardi à Berlin, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, responsable du département fédéral de justice et police (DFJP) a placé de grands espoirs dans la présidence allemande de l’Union européenne.

Berne et Berlin sont d’accord sur tous les points et la conseillère fédérale a dit faire confiance à l’Allemagne dans ses efforts pour arriver à un accord au niveau européen.

Quant au ministre Horst Seehofer, il évoque cinq points qui nécessitent de trouver un accord:

  1. une meilleure collaboration avec les pays d’origine des migrants et des réfugiés;
  2. un meilleur soutien aux pays de transit;
  3. des procédures communes de rapatriement par l’agence de défense des frontières Frontex;
  4. l’ouverture de voies légales d’immigration, par exemple en octroyant davantage de permis de travail;
  5. une protection renforcée des frontières extérieures.

 

Le Sénat italien lève l’immunité de Matteo Salvini : vers un nouveau procès pour blocage de migrants

Le Monde avec Agence France Presse (AFP), le 30.07.2020

Matteo Salvini, ancien ministre de l’intérieur italien, pourra être convoqué à un deuxième procès pour avoir bloqué des migrants en mer.

Le Sénat italien – la chambre haute du parlement – a voté, jeudi 30 juillet, la levée de l’immunité parlementaire du chef de la Ligue (parti d’extrême droite), ouvrant ainsi la voie à son renvoi en justice dans une affaire l’impliquant lorsqu’il était au gouvernement.

Dans une première procédure, M. Salvini est accusé par le tribunal de Palerme, en Sicile, de séquestration de personnes pour avoir refusé en août 2019, en sa qualité de ministre de l’intérieur, d’autoriser le débarquement de 80 migrants à bord du navire humanitaire Open-Arms, bloqué au large de la Sicile.

L’obstacle de l’immunité levé, Matteo Salvini, encourt jusqu’à quinze années de prison dans cette affaire, si la procédure judiciaire va à son terme.

De son côté, M. Salvini a réagi en affirmant: « Je suis fier d’avoir défendu l’Italie et je le referai ».

Dans cette seconde nouvelle procédure, il lui est reproché d’avoir bloqué en juillet 2019, durant plusieurs jours, 116 migrants à bord du Gregoretti, un navire des gardes-côtes.

Dans les deux dossiers, la Ligue avait tenté de se dédouaner en affirmant que le blocage des navires était une décision collective du gouvernement, et donc impliquant également la responsabilité du premier ministre Giuseppe Conte.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils