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FLASH INFOS #84

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Dix migrants Syriens débarquent sur une plage Corse à bord d’un voilier / Un nouveau traité Europe-Afrique sur l’immigration / Une diminution inédite des flux migratoires

Dix migrants syriens débarquent sur une plage corse à bord d’un voilier

lematin.ch, le 03.11.2021

Dans la nuit du 2 au 3 novembre, un voilier transportant à son bord six femmes – dont une enceinte de sept mois – deux hommes et deux enfants en bas âge a accosté sur la plage de Porto-Vecchio en Corse à la suite d’une panne. Ces derniers étaient accompagnés d’un skipper allemand qui déclare les avoir récupérés dans un port de Turquie sans contrepartie financière.

Une fois à quai, la préfecture de la région, les services de la municipalité, les médecins ainsi que les gendarmes ont pris en charge les personnes réfugiées. Aujourd’hui, ils sont toutes et tous en bonne santé et logé.e.s dans un hôtel de la région. Selon Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio, c’est « un geste d’humanité indispensable et naturel ». Il est à noter que les débarquement de personnes migrantes sont extrêmement rares dans cette région.

Annaelle

Contributrice externe à la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Un nouveau traité Europe-Afrique sur l’immigration

Le Monde, le 27.10.2021

En raison d’une pression migratoire de plus en plus forte ces dernières années, Emmanuel Macron a annoncé, le 26 octobre dernier, vouloir œuvrer à la signature d’un nouveau traité Europe-Afrique sur l’immigration, dès sa prise de fonction à la tête de la présidence de l’Union européenne en janvier 2022. Le président de la République française dit vouloir améliorer l’intégration des personnes migrantes, y compris pour les personnes qui sont là depuis longtemps, tout en essayant de prévenir les nouvelles arrivées qui s’avèrent lourdes en termes politiques et administratifs pour les États européens. En cause, une grande partie des réfugiés ne sont pas éligibles à l’asile.

Emmanuel Macron souhaite également accélérer l’examen et l’adoption du « pacte global pour la migration » qui demeure en stand-by depuis sa présentation par la Commission européenne il y a un an de cela. Il souhaite trouver un consensus autour de ce pacte en assurant un « filtrage » aux frontières extérieures et un « contrôle rigoureux » comme « condition de solidarité ».

Justine

Contributrice externe à la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Une diminution inédite des flux migratoires

24 Heures, le 04.11.2021

La publication du rapport annuel de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à la fin du mois dernier a permis de mesurer l’impact de la pandémie du Covid-19 sur l’immigration. Selon les statistiques, les flux migratoires auraient diminué de 30% durant l’année écoulée. Parallèlement, cette situation sanitaire particulière mettrait fin à une décennie d’amélioration du statut des immigrés sur le marché du travail en affectant négativement leur intégration. Cet impact pourrait avoir de graves conséquences sur la cohésion sociale et économique. Les perspectives des migrations internationales en 2021 indiquées par l’OCDE anticipent néanmoins une nouvelle hausse de la migration à venir, en lien avec la stabilisation de la situation sanitaire.

Erika Alcivar

Contributrice externe à la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Nous remercions chaleureusement les étudiant.e.s de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) pour leurs contributions à cette édition n°83 du Flash INFOS qui ont été réalisées à l’occasion d’un atelier dispensé par la rédaction vaudoise de Voix d’Exils entre octobre et novembre 2021.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




La situation en Gambie se dénoue

Auteure: Amanda Lucidon / White House. Domaine public.

Auteure: Amanda Lucidon / White House.
Domaine public.

 Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir et s’exile en Guinée Equatoriale

Après plusieurs tractations entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), certains présidents de l’Afrique de l’Ouest et le désormais ancien président gambien Yahya Jammeh, ce dernier a enfin mis les voiles en direction de la Guinée-Equatoriale qui a accepté son exil.

L’Assemblée nationale avait, le 17 janvier 2017 dernier, accepté l’état d’urgence demandé par Jammeh permettant à l’homme fort de Gambie de rester encore 3 mois au pouvoir en tant que Président. Mais, cette résolution n’a eu aucun succès. En effet, l’Union Africaine, l’Union Européenne et l’ONU ont demandé au Président sortant d’accepter sa défaite à la présidentielle de décembre 2016 qui a consacré son rival, Adama Barrow. La CEDEAO lui a dès lors donné un ultimatum le vendredi 20 janvier, faute de quoi, des forces armées issues de cinq pays de la région, déjà positionnées sur le territoire gambien, passeraient à l’action.

Jammeh cède le pouvoir

Après une longue journée de médiation le vendredi 20 janvier avec les chefs d’Etats mauritanien et guinéen, Yahya Jammeh marqué par la peur d’être isolé, a finalement accepté de quitter le pouvoir sous certaines conditions. Il a émis le souhait de rester dans son pays : option qui a été refusée. À cela s’ajoute une demande de garantie de sécurité pour lui, sa famille et son entourage composé de cadres et de fonctionnaires qui l’ont accompagné durant son mandat, mais aussi de soldats qui lui sont restés fidèles.

L’exile de Yahya Jammeh

Yahya Jammeh a finalement quitté la Gambie le samedi 21 janvier 2017 au soir en direction de la Guinée-Conakry pour s’exiler en Guinée Equatoriale. Quant au nouveau Président gambien Adama Barrow, nouvellement élu, il a fait son investiture et prêté serment depuis l’ambassade de Gambie à Dakar au Sénégal.

Lamine, Niangu et Désiré

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Commentaire

Le tableau actuel de l’Afrique n’est pas totalement sombre. En effet, les actions de la CEDEAO ont permis ces dernières années d’y résoudre des crises politiques, à l’image de l’intervention d’une de ses missions pour le maintien de la paix: l’ECOMOG au Libéria. Les évènements en Gambie posent toutefois des questions quant à la situation en Afrique de l’Est, dans les pays des Grands Lacs, en Afrique centrale, mais aussi en Afrique de l’Ouest. En se référant à ce qui est arrivé au Burkina Faso pour Blaise Compaoré ou en Côte d’Ivoire pour Laurent Gbagbo, il est légitime de s’interroger sur le rôle de l’Unité africaine,  dont l’objectif et de promouvoir la démocratie, la paix et les droits de l‘homme sur le continent africain.

Lamine et Niangu

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Principales sources :

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/17/le-president-sortant-decrete-l-etat-d-urgence-en-gambie_5064336_3212.html

http://www.rfi.fr/afrique/20170123-gambie-yahya-jammeh-demenage-palais-quittant-banjul




Edito. Fillon versus Copé : des relents de la crise ivoirienne à l’UMP ?

Fillon et Copé côte à côte. Photo: UMP (CC BY-NC-ND 2.0)

François Fillon et Jean-François Copé côte à côte (de gauche à droite). Photo: UMP (CC BY-NC-ND 2.0)

« On pourrait ironiser lourdement sur les invraisemblables irrégularités de ce scrutin, auprès de quoi le congrès socialiste de Reims semble être une partie de bridge entre gentlemen, et le duel Gbagbo-Ouattara une votation de canton suisse », écrit Alexis Brézet, rédacteur en chef du journal Le Figaro, dans son édito du 21 novembre passé. Un journal pourtant réputé être de droite. Comme quoi, l’UMP (l’Union pour un mouvement populaire) est devenue la risée du monde politique.

A l’instar de la crise ivoirienne de décembre 2010 à avril 2011, le parti de la droite française s’est retrouvé avec deux candidats qui se disputent la présidence depuis quatre semaines après les élections. Un parallèle qui intrigue. Voici donc deux des éminents anciens membres du gouvernement français qui avaient mis à pied d’œuvre l’armée française pour aller « pacifier » la Côte d’Ivoire – un pays souverain – au nom de la démocratie. Il y a à peine deux ans de cela. Un pays africain requerrait-il aussi une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour une intervention armée en France ? Certes, certains diront qu’il ne s’agit en rien d’une élection présidentielle, d’un État et, qu’à ce titre, tout parallèle serait scabreux… Pourtant, d’autres diront que, contrairement à Gbagbo, Fillon a préféré ne pas sacrifier tout le monde pour ses intérêts personnels… Et que le « problème » de l’élection de l’UMP est déjà réglé. Que Copé n’a jamais été au gouvernement sous Sarkozy.

Mais, nous conviendrons qu’il s’agit tout de même dans les deux cas de conflits post-électoraux. En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo demandait un recomptage des voix. En France, François Fillon demande aussi un recomptage des voix. Le recomptage des voix fut refusé à Laurent Gbagbo. Le recomptage des voix fut également refusé à François Fillon.

Incroyable ironie du sort, car François Fillon était le Premier ministre français pendant le conflit post-électoral en Côte d’Ivoire! Avait-il qualité, en tant que chef du gouvernement français en 2011, de venir résoudre un conflit post-électoral en Côte d’Ivoire en faisant intervenir l’armée française? A présent que lui-même a du mal à accepter le résultat des urnes dans son propre pays : la France, la grande « donneuse de leçons » ? Quelles « leçons » doivent tirer les Ivoiriens en particulier et les Africains en général ? Où sont passés les discours sur la démocratie et tout le tralala au moment même où Fillon est en train de remettre aussi en doute la transparence de la Cocoe, la Commission de contrôle des opérations électorales de l’UMP ? Est-il vrai que la dictature est aussi l’art de faire appliquer aux autres des lois et pratiques qui ne doivent jamais s’appliquer à soi-même?

FBradley Roland,

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils