1

Faciliter l’intégration professionnelle des personnes migrantes

Vivre ensemble publie une brochure destinée aux employeurs

L’association genevoise Vivre Ensemble qui est spécialisée dans l’information sur l’asile, a publié en novembre 2022 une brochure intitulée « Réfugié⋅es & emploi. Au-delà des idées reçues ». Cette brochure, qui s’adresse principalement aux employeurs, « vise à clarifier les démarches et droits à l’emploi en fonction des statuts et à déconstruire certaines idées reçues quant aux compétences et expériences des personnes concernées. Renata Cabrales, membre de la rédaction de Voix d’Exils, a mené une interview de Sophie Malka, coordinatrice de l’association, afin de vous faire découvrir le projet.

Sophie Malka.

Consultez ici la brochure « Réfugié⋅es & emploi. Au-delà des idées reçues »

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La Suisse, pays riche ou pauvre?

Source: pixabay.com. Image sous licence libre Pixabay License.

Cliché ou réalité? La richesse d’un pays comme la Suisse intrigue. Un rédacteur de Voix d’Exils mène l’enquête

Il y a le cliché persistant du banquier Suisse qui compte ses pièces d’or à l’abri des regards indiscrets, mais qu’en est-il des faits? Est-ce un mythe ou une réalité? Pour une personne étrangère, il est pour le moins surprenant d’entendre des citoyennes et citoyens suisses se plaindre en ces termes: « La Suisse n’est pas un pays riche, nous sommes pauvres! ». Mais cette affirmation est-elle réellement infondée?

La Suisse est-elle riche? C’est une question qui, loin des apparentes évidences et des convictions ancrées dans l’imaginaire populaire, est pourtant difficile à trancher sans une analyse objective et argumentée. Tentons d’y répondre dans les limites des quelques lignes proposées ci-dessous.

Pour commencer, partons de la définition du Larousse. « Riche », adjectif :

  1. Qui a de la fortune, des biens importants. Exemple : « Une riche héritière ».
  2. Se dit d’une collectivité dont la situation financière ou économique est « prospère ».

Alors, la population suisse est-elle fortunée? Sa situation économique est-elle prospère ? Interrogeons les principaux concernés : les Suissesses et Suisses eux-mêmes !

Selon un graphique (reproduit ci-dessous) issu d’un sondage de l’institut DemoSCOPE publié en 2013 dans Bilan, un magazine économique bimensuel suisse, 94% des Suissesses et Suisses estiment qu’ils vivent dans un pays riche.

Par ailleurs, selon le même sondage, seuls 36 % de la population suisse considéreraient être riches en possédant moins d’un million de francs de fortune (voir le graphique ci-dessous):

Notons, enfin, qu’environ un demi-million de la population suisse a une fortune supérieure à un million de francs; et que 1% des plus riches possèdent environ 40 à 50% de la richesse totale de la Suisse.

Partant des indications ci-dessus, il n’est pas surprenant que beaucoup de Suissesses et Suisses se considèrent comme pauvres dans un pays pourtant considéré comme étant riche.

Pour compléter cette analyse, il faut aussi envisager la richesse au niveau macroéconomique, c’est-à-dire en considérant les mécanismes de production des richesses au niveau des États ou des organisations internationales. Dans cette optique, qu’est-ce qu’un pays riche ?

Dans l’absolu, « être riche » ne veut rien dire. C’est une question de rapport entre différentes situations ; on est riche par rapport à quelqu’un ou à quelque chose. C’est là qu’entrent en scène les indicateurs usuels : Produit Intérieur Brut (PIB), Revenu par habitant, Indice de Développement Humain (IDH) etc.

Au moment de la rédaction de cet article, il est bientôt l’heure de « souper » comme on dit en Suisse pour le dîner. J’ai donc retenu un indicateur qui se mange : l’Indice Big Mac qui permet de mesurer la parité du pouvoir d’achat entre les pays en étudiant le prix du fameux hamburger de chez McDonald’s. Nul suspens, selon le classement réalisé par le site The Economist, la Suisse arrive en tête juste devant la Norvège et le Danemark avec le prix de 7.54 US $.

Bref, les Suisses sont-ils riches comme Crésus ? Pour les huit millions de Suissesses et de Suisses disposant d’une fortune inférieure à 1 million de francs suisse, non ! Pour les autres : Oui !

Phil,

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 

 




FLASH INFOS #81

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Réhabilitation d’un athlète réfugié diffamé / La Pologne se barricade / « La jungle » de Calais immortalisée par un photographe

Réhabilitation d’un athlète réfugié diffamé

asile.ch  le 07.10.2021

Le Comptoir des médias assure une veille médiatique sur les questions d’asile et de migration. Cette fois, le Comptoir des médias a porté son attention sur un article qui présente un athlète éthiopien qui a quitté son pays d’origine et qui est réfugié en Suisse depuis 20 ans. Son nom est Tolossa Chengere. Pour lui, comme pour tous les autres réfugiés, c’était très difficile de s’adapter : apprendre une nouvelle langue, ses diplômes qui ne sont pas reconnus, être très loin de sa famille. Son sport, la course à pieds, la beaucoup aidé à s’intégrer.

En juillet 2021, un article qui parle de Tolossa a été publié dans différents titres de Tamedia par Kurt Pelda, un journaliste de la cellule enquête de Tamedia. « Athle.ch », le site d’information romand sur l’athlétisme a réagi à l’article de Kurt Pelda dans un commentaire qui décrit une réalité très différente, puisque ses auteurs connaissent Tolossa Chengere depuis vingt ans.

Selon le Comptoir des médias, l’article de Kurt Pelda avait comme pour but de traquer Tolossa Chengere. Mais Kurt Pelda avait tort d’avoir des doutes sur l’honnêteté de cet athlète réfugié en lui prêtant des mauvaises intentions. Selon le Comptoir des médias, cet article de Kurt Pelda contribue à renforcer les préjugés sur la population issue de l’asile.

L’article « Tolossa Chengere lynché publiquement par un « journaliste d’investigation » » a été publié le 24 juillet 2021 sur le site Athle.ch

Anahit

 

La Pologne se barricade

Franceinfo, le 17.10.2021

Jeudi 14 octobre, le parlement polonais a approuvé un amendement à la loi sur les étrangers qui légalise le refoulement des personnes migrantes pratiqué à la frontière de l’Union européenne, entre la Pologne et la Biélorussie, pour les pousser à retourner en Biélorussie. Cet amendement autorise aussi le gouvernement à construire un mur frontalier dont la réalisation est estimée à 353 millions d’euros. Cette décision a eu pour conséquence que des milliers de manifestant.e.s se se sont réunis à Varsovie, la capitale, et dans plusieurs autres villes polonaises pour dénoncer les refoulements des personnes migrantes. Depuis cet été, 7 personnes ont perdu la vie à cette frontière. Le régime biélorusse est accusé par l’Union Européenne d’organiser ce flux migratoire en représaille de ses sanctions consécutives à la répression de l’opposition biélorusse.

Rachid Boukhemis

 

« La jungle » de Calais immortalisée par un photographe

Human right watch, le 12.10.2021

Les autorités françaises ont démantelé il y a 5 ans un grand camp de réfugiés appelé « la jungle » et ont envoyé des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants dans des centres d’accueil dans tous les pays. Mais, en raison du fait que cette région est la porte d’entrée de l’Angleterre, les personnes migrantes sont revenues presque immédiatement dans la région.

Abdul Sabur est un photographe de 29 ans qui est né alors que sa mère fuyait l’Afghanistan pour se rendre au Pakistan. Il a passé une grande partie de son enfance au Pakistan où il a appris l’anglais. À son retour en Afghanistan, il a travaillé comme interprète de l’OTAN jusqu’à ce qu’il soit menacé par les talibans. Il fuit alors l’Afghanistan pour se rendre en France, dépose une demande d’asile, et s’installe à Calais où il passe beaucoup de temps. Il a pris des photos de la vie quotidienne dans les camps ainsi que dans les camps près du Grand Sinte, où les gens subissent des expulsions massives et du harcèlement par la police.

Zara

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le racisme ordinaire

Pixabay licence.

Un des nombreux visages du racisme

Construit sur des préjugés, le racisme ordinaire se présente comme un ensemble de discriminations répétées qui peuvent sembler insignifiantes ou banales à celles et ceux qui en sont les auteurs. Il s’avère, par contre, extrêmement blessant pour celles et ceux qui en sont les victimes. Cette analyse vous est proposée par notre rédactrice Marie-Cécile Inarukundo pour s’associer à La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale d’aujourd’hui, point d’orgue de la Semaine d’actions contre le racisme lausannoise qui a pour thème cette année  « Les mécanismes du racisme  »

L’article que nous vous proposons vise à mettre en lumière comment le racisme ordinaire se manifeste en pensée, en action, par la parole, et de manière plus ou moins consciente. Il met en perspective ce « poison social » à travers des témoignages explicites et poignants d’hommes et de femmes qui ont en commun de le subir et d’en souffrir.

Les épreuves du bus et de l’ascenseur

« Il est insupportable pour celui qui le subit. Invisible pour celui qui le fait subir», souligne Kareen Guiock, journaliste, née d’un père guadeloupéen et d’une mère martiniquaise, à propos du racisme ordinaire dans le cadre d’un entretien accordé pour Madame Figaro.

C’est une forme de ségrégation qui ne se perçoit pas directement, puisqu’elle ne s’accompagne pas forcément de mots ou d’actions. Mais elle fouette quand même la personne concernée, comme le raconte à Voix d’Exils Magdalena Nduwimana, requérante d’asile Burundaise : « Tu es là dans un bus bondé, où même une place debout est un rêve… Tu es assise près de la fenêtre, la place à côté de toi et celles d’en face sont vides ! Pourquoi ? Parce que, après avoir balayé le wagon du regard, beaucoup préfèrent rester debout. Parfois, il y en a un qui se jette à l’eau et vient s’asseoir à côté ou en face de toi. Alors, et seulement alors, d’autres osent s’aventurer ! Le côté positif ? C’est que quand les autres passagers préfèrent rester debout, tu as autant d’espace qu’en première classe pour un billet de deuxième ! »

Jonathan Gasana, d’origine rwandaise, commercial dans les assurances, dans le cadre d’un témoignage diffusé sur la Radio Télévision Suisse (RTS) fait remarquer, « [ qu’] en Suisse, c’est subtil, ce sont les petits gestes, les petites remarques comme quand on est dans un ascenseur et que les gens s’accrochent à leur sac, ou quand on y entre et que certains sortent. » Alors que les gestes, peut-être inconscients, sont visibles, les pensées, celles qui poussent certains à mettre leur sac en sécurité à l’approche d’un autre individu ou à ne pas prendre la seule place assise libre dans un train bondé, sont invisibles mais pas moins blessantes pour autant.

Des plaisanteries faussement légères

« J’ai une formation d’infirmière et je travaillais comme stagiaire avec une sage-femme. Nous avions une patiente prête à accoucher, qui devait subir une césarienne, témoigne pour Voix d’Exils Meserete Sélassié, Éthiopienne. On l’a préparée pour l’emmener dans la salle d’opération. Arrivées dans la salle des soins intensifs, la dame qui y travaillait s’est exclamée en me voyant « Voyons, voyons, cette fois-ci, on t’a achetée pour combien en Afrique ? » Tout le monde était choqué et gêné. Ses collègues l’ont interpellée et elle a répondu en riant que c’était une blague. Personnellement, je bouillais, mais je n’ai pas réagi, car il y avait 5 patientes dans la salle en plus de nous. »

Les plaisanteries de ce type, qui peuvent être perçues comme anodines et banales par la personne qui les prononce, font explicitement référence au passé colonial des pays occidentaux, aux ancêtres des personnes victimes de cette forme de racisme et au statut réducteur d’esclave. Par conséquent, le ressenti ne peut être compris de manière semblable entre les personnes qui font des blagues racistes et celles qui en sont les cibles. A titre de comparaison, qui oserait « pour rire », lâcher une blague saignante à une personne qui a perdu un proche dans un attentat terroriste ou à quelqu’un dont la famille a été décimée durant la Shoah ?

Être noir et professeur, oui c’est possible !

« Moi, j’avoue, quand je croise une personne noire en bas de mon boulot, mon premier réflexe, c’est de penser qu’elle vient consulter une de nos permanences juridiques ou sociales. Pas qu’elle est peut-être la patronne de la société informatique qui vient réparer notre réseau ou une journaliste qui vient couvrir une conférence de presse » reconnaît Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile au CSP Genève, dans le cadre d’une réflexion personnelle.

Il semblerait que les raccourcis objectivés par Monsieur Brina sont – inconsciemment – utilisés par d’autres. Le racisme ordinaire touche beaucoup plus de personnes qu’on ne le pense, et même celles et ceux qui sont au sommet de l’échelle socio-professionnelle.

L’éminent chirurgien et Professeur Mitiku Belachew, originaire d’Éthiopie et ayant la nationalité belge, partage sur la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF), une expérience vécue alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence : « Je monte sur le podium préparé dans la salle de conférence et on se met à m’interpeller « Monsieur, Monsieur, nous n’avons pas de problème technique ! », pensant que je viens régler les micros… J’ai l’habitude, alors je souris et je réponds « Je viens donner ma conférence » ».

Le Professeur Belachew ne le précise pas dans son témoignage, mais on peut imaginer qu’il ne portait pas une salopette de manutention en arrivant dans la salle, mais plutôt un costume ou une blouse de travail. Malgré cela, son interpellation est automatique, spontanée et probablement sans aucune mauvaise intention. Presque un réflexe de Pavlov : on voit une personne, on constate qu’elle est de peau sombre, on la catégorise. Les cases sont prédéfinies. On ne va pas au-delà, on n’y réfléchit pas. Oui, il n’y a sûrement aucune mauvaise intention derrière l’interpellation du Professeur Belachew, mais l’expression du préjugé réducteur et raciste selon lequel un homme de couleur, présent dans une salle où vont se réunir des scientifiques, ne peut être qu’un réparateur.

Le « coupable » est blanc, mais l’ « accusé » est noir

« Le préjugé s’appuie sur une observation biaisée de la réalité, il repose notamment sur la construction de stéréotypes et l’identification de boucs émissaires », affirme Jérôme Jamin, Professeur de science politique à l’Université de Liège dans « Racisme ordinaire : entre préjugés, stéréotypes et boucs émissaires »

L’émission Infrarouge, diffusée le 10 juin 2020 sur la RTS, raconte l’histoire de Jonathan Gasana qui est de sortie avec un ami valaisan de pure souche. Une voiture de police passe. Son ami, imite le bruit de la sirène d’une voiture de police qui passe à côté d’eux. La voiture s’arrête, un policier, visiblement en colère, en sort, se dirige vers Jonathan et l’apostrophe : « Est-ce que tu as besoin d’aide, est-ce que tu veux que je t’apprenne à chanter ? » De fait, le policier ne pose pas de questions. C’est jugé d’avance. Il va de soi qu’entre les deux hommes, celui qui chahute les policiers dans la rue est forcément le plus basané, le Suisse venu d’ailleurs. Car Jonathan a un passeport suisse depuis son plus jeune âge. Pour le policier, il n’est pas inscrit sur le visage de Jonathan qu’il est suisse et qu’il s’agit peut-être d’un homme, d’un époux, d’un étudiant, d’un frère ou d’un père exemplaire. Cette histoire fait également écho aux contrôles au faciès qui pourraient à eux seuls donner lieu à un article entier.

Faire reconnaître ses compétences ? Le parcours du combattant…

« L’expression « discrimination raciale » vise toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie publique », lit-on dans l’article 1.1 de la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale

Meserete Sélassié, permis B, raconte à Voix d’Exils les difficultés qu’elle a rencontrées pour faire reconnaître en Suisse le diplôme d’infirmière qu’elle a obtenu dans son pays : « Ça m’a pris du temps pour convaincre mon assistante sociale du Centre social d’intégration des réfugiés (CSIR) de commencer cette démarche. Elle résistait et me disait de faire le premier travail qui me tomberait sous la main. Moi, je lui répondais que j’avais plusieurs années d’expérience en tant qu’infirmière et que je ne voulais pas changer de métier. Elle insistait pour que je laisse tomber mes démarches pour obtenir l’équivalence, en prétextant que c’était compliqué et que ça coûtait cher. Après 6 mois sans parvenir à nous mettre d’accord, elle m’a envoyé au CICR où j’ai été suivie par une assistante sociale qui a soutenu mon idée. Et c’est avec elle que j’ai enfin pu commencer les démarches. »

Gagner la confiance, pas si simple…

« Le caractère systémique et institutionnalisé du racisme lui permet de continuer à opérer; il culmine par des violences policières et par des processus de ségrégation, de discrimination et d’exclusion », souligne Ibrahima Guissé, sociologue, dans le cadre d’un article du journal Le Courrier.

A la fin de procédures administratives, l’infirmière Meserete Sélassié reçoit une lettre de confirmation de son stage à la maternité, qui précise les dates, le service attribué et la personne de contact. Quand la cheffe de service apprend que Meserete est là pour un stage, elle crie littéralement « Noooon ! Qui vous a donné la place de stage ? » Surprise, Meserete lui montre la lettre de convocation. Mais la cheffe reste sur ses positions, il n’y a pas de place, pas de programme, et absolument rien ne peut être fait pour Meserete. Elle lui fait clairement comprendre qu’elle devra se débrouiller et se soumettre au bon vouloir des praticiennes. Aucune indication ne lui est donnée ni sur le fonctionnement, ni sur les horaires, les pauses, etc. Abasourdie, mais bien décidée à faire son stage, Meserete passe ses journées à demander aux sages-femmes qui veut bien d’elle, et parfois elle s’occupe comme elle peut parce qu’aucune n’est disponible. Pendant ce temps, les stagiaires françaises, portugaises et suissesses mènent bon train leur expérience. « Même si elles ne le disaient pas verbalement, les sages-femmes avaient du mal à m’accepter dans leurs équipes et à me faire confiance », soupire Meserete.

Les exemples mentionnés dans cet article mettent en lumière les expressions du racisme ordinaire. Bien que d’un autre âge, ce phénomène est tellement ancré dans la culture individuelle ou sociétale que, parfois, ceux qui dénigrent, discriminent, excluent, se méfient, ou se moquent de leurs semblables au prétexte que leur peau a davantage de pigments foncés, n’ont même pas conscience d’être des racistes ordinaires.

Marie-Cécile Inarukundo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

Lire l’article « La semaine d’actions contre le racisme débute aujourd’hui » paru dans Voix d’Exils le 15 mars 2021.

 




Nos différences sont une grande richesse

 

Masar Hoti. Photo: Ahmed Mohammed / Voix d’Exils.

Réflexion

Nos différences, les façons de les aborder aujourd’hui comme dans le futur, l’influence positive du pouvoir de l’amour : tels sont les sujets abordés dans cette réflexion proposée par Masar Hoti, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Grâce à son besoin d’existence et aux biens naturels, l’être humain a eu l’opportunité d’explorer le monde. Depuis toujours, l’humanité est en lutte constante avec la nature pour assurer son existence. Grâce à ses besoins, elle a toujours été dans l’observation de la nature et de ses biens. Par conséquent, lors de cette observation, les gens ont été exposés à des choses sur lesquelles ils n’avaient aucune connaissance, des choses appartenant au monde végétal, animal et aquatique.

Ce manque de connaissances a également influencé sur la mauvaise méthode d’observation et sur la mauvaise approche des biens que la nature nous offre. Ne pas savoir les choses a causé des préjugés qui ont amené une grande peur. Par conséquent, nous avons eu une mauvaise approche. Nous approchons et abordons encore aujourd’hui de manière irrespectueuse et sauvage les biens que la nature nous offre.

Pour cela, nous sommes arrivés à la situation actuelle dans laquelle de nombreuses espèces du monde animal, aquatique et végétal sont en voie d’extinction. L’extinction de ces biens naturels, ce déséquilibre de l’écosystème a pour conséquence ce grand changement climatique que nous connaissons. Peut-être que ce changement climatique a également affecté l’émergence de diverses maladies, dont certaines sont mortelles et auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui.

Je pense que sur cette planète, tout ce qui existe à commencer par nous, les humains, mais aussi les animaux, les plantes et le monde sous-marin a son rôle et son importance. Je pense que l’univers est UN, et tout ce qui y est créé a sa place, sa valeur et une fonction très importante dans le processus existentiel, évolutif et écologique. Tout ce qui compose l’univers est existentiellement, merveilleusement, parfaitement et nécessairement lié.

Je pense que c’est la même chose pour nous et pour les différences entre nous, qu’elles concernent nos pensées, notre sexe, notre développement humain, notre couleur de peau, notre langue, notre origine, notre culture, nos traditions, nos coutumes, etc. Je pense que ces différences sont existentielles. Celles-ci nous rendent beaucoup plus intéressants, plus beaux, nous permettent d’aller de l’avant et de nous développer davantage.

En raison de nos mauvaises approches de nous-mêmes et des autres espèces qui nous entourent nous avons fait des erreurs. Ces erreurs sont dues au fait que nous nous sommes concentrés sur la vision des différences entre nous de l’extérieur (surface) et non de l’intérieur (contenu).

Je pense donc que la coexistence entre nous est nécessaire mais pour en jouir il faut se concentrer sur la fonction et non sur la surface. Je pense que c’est seulement lorsque nous regardons les choses dans leur essence que nous pouvons goûter leurs fruits.

La coexistence entre les peuples est comme un trésor

Les différences entre nous sont des choses essentielles pour notre existence. Avec elles, le monde est beaucoup plus beau, plus intéressant et il est toujours en évolution constante. Mais ce qui est essentiel, c’est que le monde est toujours en circulation peu importe s’il progresse ou s’il régresse. Je pense que cela est très important, très intéressant, essentiel et vital pour notre existence.

Imaginez un instant que nous vivions sans nos différences. Le monde dans lequel nous vivons serait-il intéressant ? Si nous avions, par exemple, toutes et tous la même apparence, les mêmes pensées, les mêmes goûts, les mêmes désirs, la même langue, la même intelligence, le monde se serait-il développé tel qu’il est aujourd’hui ?  Moi, personnellement, je ne le pense pas.

Je pense que les êtres humains sont comme les fleurs : leur beauté se cache dans leurs variétés et leurs parfums. Imaginez qu’il n’y ait qu’un seul type de fleur et qu’elle n’ait qu’un seul parfum, serait-elle aussi belle et intéressante qu’elle l’est aujourd’hui ? Je ne le crois pas.

Le constat est pareil avec des personnes ayant des différences de pensées, de cultures, de traditions, d’idéologies, et parlant des langues différentes. N’est-ce pas un miracle merveilleux ?

Je pense que nous avons mal compris ces différences entre nous ! Au cours des siècles, nous avons eu diverses guerres et haines qui ont causé des régressions intellectuelles et économiques.

Certaines des différences entre nous sont dues aux systèmes que nous avons traversés. Nous avons également des différences entre nous en raison de notre passé héréditaire. Je pense ici à l’héritage légué par nos ancêtres se rapportant aux traditions, coutumes, habitudes, légendes, folklores, modes de vie etc. Ces différences sont enrichissantes car elles nous donnent une excellente occasion de profiter des traditions, de l’éducation et des cultures de l’autre. Elles nous permettent ainsi de nous compléter et de nous développer davantage. Malgré toutes les différences que nous avons, nous sommes essentiellement pareils au niveau des choses existentielles et essentielles. A partir de l’anatomie du squelette jusqu’aux cellules, tissus, organes, etc. nous sommes pareils. Ce qui est également vital à comprendre, c’est que nous ressentons toutes et tous les mêmes choses, ce indépendamment de notre couleur de peau, de notre langue, de nos origines. Par exemple, la tyrannie, la douleur, la haine, la liberté, l’amour, la joie etc.

La coexistence entre les peuples de différentes couleurs, traditions, cultures, ayant des coutumes et parlant des langues différentes est comme un trésor composé de différents diamants et d’or. Les différences que nous avons sont celles qui nous attirent et nous développent, car tout ce qui nous distingue comble aussi les lacunes que nous avons. Les différences nous attirent, nous complètent, nous unissent.

Avez-vous vu comment les parties d’un aimant aux pôles opposés se rejoignent et créent une partie plus forte, plus stable et plus grande ?

L’homme est une valeur pour l’homme

Tout le problème, comme je l’ai dit au début, est de savoir comment nous comprenons les choses et comment nous les abordons.

Pour commencer à profiter des choses de grande utilité mentionnées ci-dessus, nous devons d’abord éliminer les préjugés et commencer à aborder les choses avec connaissance et amour, en particulier les choses qui nous distinguent. La source de tout mal est la haine, comme l’amour est la source de tout bien.

Nous avons donc vraiment besoin d’éduquer les futures générations avec amour et non avec haine. Tout cela, je pense, dépend de nous : est-ce que nous voulons aborder les choses comme le philosophe anglais Thomas Hobbes qui affirmait que « l’homme est un loup pour l’homme »? Ou voulons-nous changer d’approche ? Cela voudrait dire qu’il faudrait commencer à aborder les choses avec amour.

Je pense que nous ne devons pas penser que « l’homme est un loup pour l’homme ». Néanmoins, bien sûr que si nous regardons l’homme de cette façon cela pourrait devenir vrai. Je pense cependant que nous devrions regarder les choses d’une autre manière et commencez à penser que « L’homme est une valeur pour l’homme ». Cela pourrait conduire notre être vers la paix, la prospérité et un développement plus rapide et plus grand.

Le remède ici est l’amour. La seule force qui éradique la haine est la force sacrée de l’amour. Je pense que c’est la graine qui devrait être semée et cultivée dans les générations à venir. Peut-être que la haine terrestre ne nous permet pas d’admirer la beauté du ciel.

La Suisse: un exemple pour le monde

Lorsque je suis arrivé en Suisse, j’ai vu un très bon exemple de coexistence dont je souhaiterais vous faire part. En effet, j’ai vu la société Suisse coexister à merveille avec des personnes des couleurs et de langues différentes venant du monde entier. Il y avait des milliers des personnes hébergées en tant que demandeuses d’asile ou réfugiées.

L’État suisse comme une mère au grand cœur les abrite, les nourrit et les guérit. Elle essaie de les intégrer dans la société avec différents programmes d’intégrations comme des cours de langues ou divers autres modules qui leur permettent de potentiellement trouver un métier ou d’intégrer un apprentissage par la suite. Cela donne également la possibilité d’étudier à celles et ceux qui souhaitent étudier.

A travers mon article, je voudrais donc remercier du fond du cœur l’Etat suisse pour son humanité. Cet Etat est un très bon exemple pour le monde entier sur la façon d’aborder les choses qui nous enrichissent.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils