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Grève des femmes

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Une migrante du Burundi nous raconte son 14 juin

Vendredi 14 juin, le ton de LA journée de la grève est donné à la gare de Bex : une dame d’âge mûr, coiffée et maquillée avec grand soin, vêtue d’une jupe et d’une veste de couleur violette assorties d’une légère écharpe bleuâtre, fait les cent pas sur le quai d’un pas ferme et sûr. Elle est d’une élégance juste époustouflante. A quel rendez-vous matinal peut-elle bien se rendre? Suis-je bête ? A Lausanne of course !!!

Par Marie-Cécile Inarukundo

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

Groupes de discussion à l’EVAM

A 10h30 j’entre dans le hall des bureaux EVAM près de Vidy où quelques femmes en pleine discussion s’affairent à distribuer les dépliants et les autocollants de la manifestation. Une réunion va avoir lieu dans quelques instants dans le restaurant du rez-de-chaussée. Elles portent des habits aux couleurs du jour.

Autour d’un café, de petits groupes de femmes se forment dans le rire. Cadres et non cadres, bénéficiaires de l’EVAM, elles relèvent à tour-de-rôle les « nœuds-clés » de leur vécu : le « sexisme » des hommes qui se cache parfois sous l’humour ; le poids du vocabulaire ordurier utilisé au quotidien, même par les plus jeunes (comme par exemple le mot « putain ! ») ; le plafond de verre qui relègue les femmes au second plan dans les milieux professionnels ; etc.

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Je suis personnellement interpellée par les paroles d’une des intervenantes qui traduit, à mon avis, le quotidien de la majorité d’entre nous. Elle pointe du doigt « la double journée de la femme », lorsque, aux heures de travail de bureau s’ajoutent une quarantaine d’heures supplémentaires hebdomadaire à s’occuper des tâches ménagères et du soin aux enfants. Pendant que l’homme, lui, sa journée de travail terminée, se prélasse sur le canapé et zappe gentiment entre son portable et la télé, en attendant de se coucher. Et parfois, en criant par-dessus le bruit des enfants qui jouent, lance : « C’est l’heure d’aller au lit ! A l’intention de la femme, bien sûr ! »

Au cœur de l’action

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

En début d’après-midi, départ pour Lausanne, un des lieux de rassemblement. Sur la place Saint-François et dans les rues adjacentes, les jeunes filles, les femmes adultes et les plus âgées sont plutôt détendues et de bonne humeur. Elles sont blanches, bronzées, franchement brunes et même carrément noires. Portent les cheveux longs ou courts, des mèches colorées, le voile… Aujourd’hui, elles ne se croisent pas dans une totale indifférence. Elles se regardent dans les yeux et s’envoient des sourires, des coups d’œil complices, font des commentaires sur le contenu des pancartes, rient ensemble. Il y a beaucoup de bébés aussi et de femmes enceintes.

Dans une moindre mesure, mais présents aussi, on peut voir des hommes venus les soutenir.

« Non à la violence », « Je ne suis pas un objet », « Je ne veux plus rentrer de soirée en flippant », « Fortes, Fières et en Colère » sont quelques-uns des slogans qui expriment le ras-le-bol et qui accompagnent les revendications d’égalité de salaire et de considération au travail. Il y a plein de discours et la foule rose et mauve entonne des chansons.

Les leçons du jour 

Plus les heures passent, plus les femmes arrivent en nombre. Sûrement du travail, pour celles qui n’ont pas pu libérer leur journée. Elles viennent aussi d’autres villes du canton. La gare de Lausanne n’en finit plus de voir passer des grappes de femmes qui vont former un magnifique cortège sillonnant les rues jusqu’au grand rassemblement au « QG » du canton : la Place Saint François.

Dans le train du retour qui me ramène chez moi, je repense à ce que j’ai vécu et découvert dans le courant de cette journée très spéciale. L’anatomie très précise de deux parties très intimes de la femme en 3D et la démonstration de deux bonnes prises d’auto-défense en cas d’agression…

Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est que les femmes aient pris leur temps pour préparer cette grève qui s’est déroulée dans la plus parfaite sérénité et qui a réuni entre 40’000 et 60’000 personnes rien qu’à Lausanne. Du jamais vu. Elles ont ainsi assuré le succès de leur entreprise à l’échelle du pays. Mon sentiment est que les destinataires de leurs messages ne devraient pas prendre leurs revendications à la légère. Ne dit-on pas : « ce que femme veut, Dieu le veut » ?

Je souris en repensant au message musclé de la dernière pancarte que j’ai lue juste avant de partir :

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Marie-Cécile Inarukundo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Photoreportage d’Eddietaz, photographe de Voix d’Exils

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.