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Revue de presse #9

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Covid-19, les Africaines en première ligne / Asile, une Suisse peu généreuse / Surpeuplé, un camp grec part en fumée / La Grèce ouvre des hôtels aux migrants

Covid-19, sensibiliser les Africaines

Jeune Afrique, 27 avril 2020

En Afrique, les systèmes de santé fonctionnent en grande partie grâce au travail invisible et gratuit des femmes. Il en va de même pour l’économie, dont l’essentiel repose sur leurs solides épaules puisqu’elles assurent 60% de l’agriculture vivrière. Une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. Sur les marchés locaux, ces mêmes femmes constituent la majorité des marchands et des clients.

Or, de par leur rôle central, les Africaines sont tout particulièrement menacées par le Covid-19. D’autant que, malgré l’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans beaucoup de pays du continent, le respect des mesures de prévention pose problème.

Faute d’actions de sensibilisation qui leur seraient spécifiquement destinées, les femmes pourraient bien devenir, malgré elles, les vecteurs par excellence du Covid-19. La communication sur ce fléau doit absolument progresser car, dûment informées, les Africaines ont le pouvoir de contenir la propagation du virus.

22 MNA accueillis en Suisse ? Ce n’est pas assez !

asile.ch, 28 avril 2020

La Suisse entend renforcer son soutien à la Grèce dans le domaine de l’asile. Elle va financer des projets humanitaires, fournir des tentes et des lits pour les camps de réfugiés, envoyer des garde-frontières en renfort et accueillir vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) pour autant qu’ils aient de la famille en Suisse.

Alors que la communication officielle et certains médias saluent l’élan de solidarité suisse, Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du CSP Genève, se montre plus critique. Selon lui, le nombre de migrants auxquels la Suisse a décidé d’ouvrir ses portes est insignifiant face à la multitude de migrants bloqués en Grèce – parmi lesquels 5000 MNA – dans des conditions catastrophiques sur les plans sanitaire et humain.

Accueillir des requérants d’asile mineurs là où ils ont des proches qui peuvent s’occuper d’eux n’est pas un acte de générosité, rappelle Aldo Brina, mais la simple application du cadre légal en vigueur prévu par le Règlement Dublin.

Moralité ? Au vu des besoins, la Suisse peut et doit faire plus.

Camp de réfugiés grec en flammes

RTBF, 14 avril

Le camp de migrants surpeuplé de Vathy, situé sur l’île grecque de Samos, fermera avant la fin de l’année, a promis le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarakis, après une inspection des lieux. Les migrants devraient être transférés dans un autre camp, situé à sept kilomètres de là.

Cette annonce survient après que des luttes entre migrants africains et afghans ont donné lieu à des incendies qui ont ravagé Vathy pendant deux jours, détruisant des tentes, des huttes et des maisons en préfabriqué. C’est du moins la version donnée par des organisations humanitaires.

La police, qui a interpellé 22 migrants, a une autre explication. Selon elle, des migrants ont bouté le feu au camp dans l’intention de forcer le gouvernement à les ramener sur le continent.

Quoi qu’il en soit, la situation est assurément explosive dans un camp qui abrite 6800 migrants, soit dix fois plus que sa capacité maximale.

Des migrants hébergés dans des hôtels en Grèce

RTBF, 14 avril 

Des politiciens et des ONG demandaient avec insistance mais en vain que les camps de migrants grecs soient complètement vidés étant donné leur surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables. Covid-19 oblige, des mesures ont enfin été prises. Quelque 1000 réfugiés vulnérables en provenance des camps de Lesbos et d’autres îles grecques ont été transférés provisoirement dans des hôtels désertés par les touristes.

Cette opération a été rendue possible grâce aux efforts concertés du HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés), de l’Organisation internationale pour les migrations, du gouvernement grec et de la Commission européenne.

Selon la Grèce, près de 10’000 migrants auraient déjà fait le voyage du camp à l’hôtel lors des trois premiers mois de l’année.

En vertu de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, les migrants peuvent être renvoyés en Turquie uniquement depuis les îles.

Oumalkaire / Voix d’Exils




« Crise » des réfugié.e.s

Auteur: jamboo7809 / pixabay.com.

Et si la solution dépendait de notre regard ?

Depuis des années, la question des réfugiés occupe largement le débat public. L’opinion publique est extrêmement divisée sur ce sujet.

Les uns considèrent les réfugiés comme une menace. Dans leur discours, les réfugiés détruisent la culture du pays d’accueil, volent les emplois des autochtones, amènent la criminalité et le terrorisme au sein de la population. Le migrant est celui qui vient parasiter la prospérité locale. En conséquence, on le rejette ; seul, il ne peut pas donner de contribution à son pays d’accueil. Ce scénario est triste car il ne fait que des perdants.

Cependant il n’y a pas moins de personnes qui ont une attitude positive vis-à-vis des réfugiés. Ces gens jugent nécessaire de porter assistance à tout être humain dont la vie est en danger. Ils estiment que la Suisse peut faire encore plus d’efforts pour leur prise en charge. Fondamentalement, ils sont convaincus que les réfugiés sont une richesse, tant sur le plan culturel qu’économique, qu’ils ne demandent qu’à s’intégrer pour participer au développement du pays d’accueil. Ce deuxième scénario, à l’exact inverse du premier, permet un épanouissement de tous.

Nous avons toutes et tous, individuellement, la responsabilité de faire un choix entre ces deux avenirs possibles.

Pour faire le bon choix, je propose un exercice imparable : que chacun considère le réfugié comme une partie de lui-même. Le regard porté sur lui changera instantanément. La peur s’évanouira et il deviendra tout naturel de l’accueillir et de lui faire une place.

Kodzovi A.

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 

 




Etre jugé d’avance

Auteur: Askal Hailu

Le problème des clichés sociaux

Voici deux boucles d’oreilles : l’une est neuve et l’autre est cassée. A cause du bijou cassé, la paire sera éliminée. Que peut-on reprocher à la boucle d’oreille intacte ? Rien, hormis le fait d’être la « partenaire » de la boucle cassée.

Nous vivons tous quelque chose de similaire. Peu importe ce que nous souhaitons, nous ne sommes pas considérés comme des personnes singulières et uniques. Le jugement social fait des généralités et des catégories. On parle, par exemple, des Éthiopiens, des réfugiés, des Noirs, des Blancs, des femmes, des hommes, des Arabes, des Suisses.

Que nous sachions pourquoi ou non, que nous agissions ou pas, nous sommes jugés pour ce qu’ont fait d’autres. Parce que nous venons de la même région, les gens présument que nous « sommes les mêmes » et agissons de la même façon.

Si un des nôtres refuse de s’intégrer, même si nous n’approuvons pas son comportement, nous sommes blâmés et nous perdons la confiance du public.

À la suite de l’échec de quelques réfugiés, tous les réfugiés à venir ne devraient pas être sous-estimés ni insultés.

Chaque personne est un ambassadeur de son pays quand il vit dans un pays d’accueil.

Tout ce qu’il fait peut être nuisible ou bénéfique pour son peuple et contribuera à son image au sein de la population.

Il est de notre devoir de créer une bonne image de nous et de détruire les mauvais jugements basés sur des raccourcis. Nous devons ainsi nous employer à faire le bien, en respectant la loi, et en travaillant dur.

Dans tous les pays il y a des bons et des mauvais. Aucun peuple n’est parfait! Tous devraient s’en tenir aux mêmes valeurs : respect, confiance, politesse, entraide et empathie.

Askal Hailu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




Enfants migrants et risques psychologiques

Photo: Eddietaz/ Voix d’Exils

Rencontre avec Bernard Hunziker, psychologue au Service Universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHUV

Lorsqu’on parle de migration, on parle souvent de personnes adultes, de mineurs non accompagnés, mais très rarement des enfants migrants accompagnants leurs parents migrants. Quels sont les problèmes psychologiques que ces enfants qui ont grandi dans un pays d’accueil sans connaître leur pays d’origine peuvent rencontrer ? Pour en parler, nous accueillons Bernard Hunziker, psychologue et responsable pour les MNA au Service Universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHUV. Une interview menée par Anush lors du Grand Direct de Radio Django du 16 mai 2018 à écouter ici.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photos de l’événement signées Eddietaz / Voix d’Exils

Photo: Eddietaz/ Voix d’Exils

 

Photo: Eddietaz/ Voix d’Exils

 

Photo: Eddietaz/ Voix d’Exils

 

Photo: Eddietaz/ Voix d’Exils

 




« Le bénévolat permet d’utiliser ses compétences et d’en acquérir de nouvelles »

Ed Yourdon (CC BY-NC-SA 2.0)

Ed Yourdon
(CC BY-NC-SA 2.0)

Arrivé en Suisse en 2001, Ewal, originaire de la République Démocratique du Congo (RDC), a déjà un âge respectable : 64 ans, ce qui lui complique la tâche pour trouver un emploi. Afin d’éviter de sombrer dans la solitude et l’oisiveté, il décide de s’investir bénévolement dans plusieurs associations. Aujourd’hui, détenteur d’un permis B, Ewal nous explique les bienfaits du bénévolat.

Voix d’Exils: quel métier exerciez-vous dans votre pays ?

Ewal: J’avais une forte envie de devenir un scientifique. C’est un projet qui sommeillait en moi. A la fin de mes études, en sciences naturelles (biologie) à l’Université Lovanium de Kinshasa, actuelle Université de Kinshasa, j’ai travaillé pendant une courte durée comme chercheur, tout en préparant un diplôme en hautes études en gestion d’entreprises. Comme dans des pays comme le miens la recherche ne paie pas, j’ai abandonné ce secteur d’activité pour intégrer un projet dans le domaine de la formation professionnelle pour adultes qui bénéficiait de l’appui d’experts suisses et français dans le cadre de la coopération entre le Bureau International du Travail (BIT) et le gouvernement congolais. J’y ai évolué pendant deux décennies dans plusieurs fonctions, notamment celles de chef du service d’organisation de la formation et du travail et celle de responsable des ressources humaines. En même temps, le soir, j’étais professeur dans le cadre de la formation continue.

Quels types d’activités faites-vous en tant que bénévole?

Actuellement, je suis engagé dans des activités bénévoles au sein de la Croix Rouge vaudoise pour venir en aide aux personnes âgées. Comme membre du comité de gestion, je participe à la vérification des comptes de la paroisse de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) de Curtilles-Lucens. En ma qualité de président de l’Association des Amis de SOLIDEV, basée en Suisse, je sers de relais entre celle-ci et l’ONG SOLIDEV qui œuvre en RDC dans les domaines de la formation et de l’éducation. Depuis juillet 2012, le SOLIDEV gère, à Kinshasa, un centre médical pour fournir des soins de base à la population locale. Je suis également membre d’un chœur mixte, ce qui me permet de rester en contact avec la population locale. Au sein d’une association, je dispense des cours de français aux migrants, adolescents ou adultes en quête d’emplois ou de formation, habitant Lausanne et ses environs.

Racontez-nous vos débuts de bénévole et ce qui vous a donné l’envie de vous investir bénévolement ?

Le marché du travail est pratiquement inaccessible aux étrangers et aux Suisses à l’âge de la retraite. A mon arrivée en Suisse, en 2001, je faisais déjà partie de cette catégorie et il était déjà illusoire pour moi de trouver un emploi. Je ne pouvais pas sombrer dans l’oisiveté et la solitude. Je voulais aussi faire bénéficier de mon expérience acquise en RDC aux autres requérants d’asile dans le besoin, créer et étendre les liens sociaux utiles à mon intégration dans le pays d’accueil et découvrir la culture des autres. Ce sont là quelques raisons bien significatives qui m’avaient poussé à me lancer dans le bénévolat. Porté par l’amitié avec les autres membres de l’Evam, les circonstances m’ont conduit à m’investir dans des programmes d’occupation dans le cadre desquels je fournissais des prestations telles que l’enseignement et l’encadrement des mineurs.

Cela représente-il beaucoup de temps ?

Oui, de 2002 à ce jour, ce parcours représente : 8 ans et demi environ à l’Evam, 10 ans à la Croix-Rouge vaudoise, 12 ans de chant comme choriste, 4 ans d’enseignement du français au Forum des étrangères et des étrangers de Lausanne (FEEL), 7 ans comme membre du comité de gestion de la paroisse, 6 ans environ comme aide de cuisine à Cabès. Tout ce que je viens de citer représente beaucoup de temps.

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour servir comme bénévole ?

Une personne qui accepte d’œuvrer comme bénévole devrait faire preuve de droiture dans les actes qu’elle pose, d’intégrité, de gentillesse, d’humilité, de bonne humeur, de sérieux, de ponctualité, d’ouverture, de capacité à s’intégrer et d’une grande civilité.

Quelle est la place du bénévole au sein d’une équipe ?

Une personne bénévole au sein d’une équipe devrait être solidaire avec les autres membres. Elle devrait les aider à s’insérer dans l’équipe et à connaître son fonctionnement.

Que vous a apporté et vous apporte encore le bénévolat ?

De la satisfaction morale et une expérience enrichissante. L’activité bénévole est très valorisante. Cependant, dans cette civilisation matérialiste, le bénévolat pourrait procurer de grosses frustrations car on n’y gagne rien sur le plan financier. Il faut donc faire très attention !

Quels sont les côtés moins agréables, moins sympathiques?

Il arrive parfois que la personne qu’on voudrait aider refuse l’aide ou adopte une attitude bizarre au vu de la couleur de la peau du bénévole.

Recommanderiez-vous le bénévolat aux requérants d’asile?

Bien sûr que oui. Il permet à la fois d’exploiter les compétences antérieures et d’en acquérir de nouvelles. Malgré son côté parfois désagréable, les expériences acquises dans ce cadre sont placées sur un pied d’égalité avec les activités professionnelles. Ce serait bien de minimiser le côté moins sympathique et de savoir « faire avec », car l’ activité bénévole devrait être considérée aussi dans le sens d’une reconnaissance envers le pays d’accueil.

Peut-on être bénévole à tout âge ? Si oui, à quelle condition ?

Comme dans toute activité humaine, la santé joue un rôle important. Si la santé le permet et si l’on a envie de continuer à le faire, il faut continuer, sinon il faut s’arrêter.

Propos receuillis par:

Timaj

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Contact

Pour tout renseignement ou pour trouver une activité bénévole dans le canton de Vaud, veuillez prendre contact avec Bénévolat Vaud, centre de compétences pour la vie associative

Bénévolat-Vaud

Av. Ruchonnet 1

1003 Lausanne

Tél. 021 313 24 00

Ouvert du lundi au vendredi, de 9h00 à 13h30