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Une révolte méconnue

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Un jour, j’ai dû fuir le Baloutchistan

Une terre natale au bout du monde, que l’on abandonne le cœur déchiré car il le faut… Un rédacteur de Voix d’Exils, originaire du Baloutchistan, revient sur les raisons de son exil.

Le Baloutchistan est l’une des quatre provinces du Pakistan. Située dans le Sud-Ouest, c’est la plus étendue du pays, avec une superficie de 347 190 kilomètres carrés, soit 44 % du territoire ; c’est également la moins peuplée ; elle est bordée au Nord par l’Afghanistan et au Nord-Ouest par l’Iran.

Riche et misérable à la fois

Le Baloutchistan est riche en ressources naturelles : on y trouve du gaz, du cuivre et de l’or ; par contre, c’est la province la moins connectée à Internet. Toutes les ressources sont détournées vers d’autres régions du Pakistan, en particulier le Pendjab. Alors que 46 pour cent du gaz du Pakistan provient du district de Dera Bugti, la population du Baloutchistan se chauffe et cuisine encore au bois, y compris dans le Dera Bugti.

Chaque fois que les Baloutches ont demandé un plus grand partage et revendiqué la propriété de leurs ressources, les autorités pakistanaises ont répondu en faisant appel à l’armée. Plusieurs opérations militaires se sont succédées au Baloutchistan. La cinquième, la plus intense et la plus meurtrière, a commencé en 2005.

L’escalade de la violence

La tension s’est élevée au cours de la nuit du 2 janvier 2005, lorsqu’une femme médecin, Shazia Khalid, fut agressée par un officier de l’armée à Sui, Dera Bugti, sur le site de l’usine de gaz naturel propriété du gouvernement ; elle rapporte avoir été étranglée, menacée, battue et violée à plusieurs reprises. Sévèrement blessée, elle réussit à se libérer et à appeler au secours une infirmière qui se trouvait dans l’hôpital voisin.

Cette affaire a déclenché la colère de la tribu Bugti et a enflammé le Baloutchistan, désorganisant la distribution du gaz dans une large partie du pays, particulièrement au Pendjab, et ceci durant plusieurs semaines. Plus de 10’000 soldats furent mobilisés pour réprimer la rébellion.

Lorsque le Président du Pakistan, Pervez Musharraf, chef de l’armée, déclara à la télévision nationale que l’officier de l’armée accusé n’était pas coupable, la colère a encore augmenté au sein de la population Bugti. Le chef de la tribu, Nawab Akbar Khan Bugti, a dit qu’il considérait l’agression  de Madame Shazia Khalid comme une atteinte directe à l’honneur de sa nation. Nawab Akbar Khan Bugti est le président du plus grand parti politique baloutche, le Jamhoori watan (JWP); il a été élu et a servi en tant que ministre d’État de l’Intérieur, gouverneur et premier ministre du Baloutchistan.

Le 17 mars 2005, l’armée pakistanaise attaqua directement la maison de Nawab Akbar Khan Bugti, faisant 71 morts, dont beaucoup de femmes et d’enfants de la communauté hindoue, lorsqu’une roquette s’écrasa sur le temple dans lequel ils s’étaient réfugiés; plus de cent personnes furent blessées.

La ville de Dera Bugti se transforma en un champ de bataille. Nawab Akbar Khan Bugti fut forcé de quitter sa maison pour gagner les montagnes, à l’âge de 79 ans. Il fut tué plus tard, le 26 août, au cours d’une opération de l’armée ordonnée par le Président Musharraf.

Les villages baloutches bombardés

La colère et l’insécurité s’intensifièrent encore parmi la population baloutche, qui commença à réclamer son indépendance. L’Etat pakistanais lança des opérations militaires pour écraser la révolte, bombardant les villages baloutches au moyen d’avions et d’hélicoptères, faisant des milliers de victimes et blessant des centaines de milliers d’autres personnes.

Des centaines de milliers de personnes cherchèrent un abri dans les provinces voisines, comme le Pendjab et le Sind, ou s’enfuirent jusqu’en Afghanistan. Après 2009, l’inter-services-intelligence Pakistanais (ISI) entreprit des actions connues sous l’appellation de « kill and dump » littéralement « tuer et jeter ».

Des personnes, principalement des activistes politiques, furent enlevées et torturés. Leurs cadavres en décomposition furent jetés sur le bord des routes, pour que la population abandonne l’idée d’indépendance.

Le chemin de l’exil

Des milliers d’activistes politiques baloutches sont toujours détenus dans les prisons pakistanaises où ils sont torturés, laissés sans procès depuis des années. A force de vivre dans l’insécurité et la peur, de plus en plus de Baloutches se sont sentis obligés de quitter leur pays ; ils se sont mis à prendre le chemin de l’Afghanistan ou de l’Europe. Je suis l’un d’eux.

Bugti Jamal Khan

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils    




Malgré tout, je vais continuer à me battre!

Auteur: Moaz Sabbagh

Auteur: Moaz Sabbagh

 

Un périple d’Afghanistan jusqu’en Suisse

J’hésite à raconter mon histoire, tant il est difficile de parler de la réalité de ma vie si douloureuse. Mais cela pourrait être une leçon intéressante pour celles et ceux qui rêvent de venir en Europe, même s’ils sont confrontés à de réelles menaces dans leur pays. 

J’ai vécu la pire expérience de ma vie le jour où deux de mes enfants ont été pris au piège dans leur école lors d’une attaque terroriste à Kaboul. J’ai reçu un appel me disant que mes enfants étaient en danger et il m’a été extrêmement difficile d’arriver jusqu’à eux. Une fois récupérés, nous sommes rentrés à la maison ; mes enfants étaient tellement choqués qu’ils ont refusé de retourner à l’école pendant plusieurs jours.

Nos vies en danger

Afin de mettre notre famille en sécurité, ma femme est partie avec nos enfants chez sa mère, au Pakistan. Puis j’ai voulu les rejoindre et les ramener en ce jour du 16 octobre 2015, un jour qui a marqué ma vie à jamais. En effet, comme c’était un voyage risqué, j’ai pris un taxi collectif, sans arme et sans documents. À un moment donné, le chauffeur a reçu un appel et a donné sa position à son interlocuteur: c’était une embuscade. J’ai pensé mourir ce jour-là. Le chauffeur, étant complice, fut libéré. Mes ravisseurs m’ont frappé, malgré mes supplications, et m’ont laissé pour mort. Je me suis réveillé avec mes vêtements souillés de sang et le nez cassé. J’ai pu rentrer avec l’aide des habitants de la région. Je ne me suis pas plaint auprès des autorités car la suite m’était déjà connue: « Nous vous avons donné un droit de port d’arme, vous pouvez vous défendre et protéger votre famille » même s’ils savent que ceux qui se font prendre avec une arme par les Talibans se font tuer immédiatement.

Les préparatifs

J’ai décidé de quitter le pays mais je n’avais pas grand-chose. Le peu de biens que j’avais, je l’ai bradé. Avec l’argent reçu j’ai réglé mes dettes. Je voulais utiliser le reste de cette somme pour acquérir un visa turc pour toute la famille, mais je n’en ai finalement obtenu que trois : pour ma femme, mon plus jeune enfant et moi. Ce fut une décision très difficile à prendre mais j’ai dû laisser mes deux enfants plus âgés à ma belle-mère. C’était la seule alternative possible.

La fuite

En octobre 2015, nous avons quitté le pays, sans avoir averti ma mère, car je ne voulais pas la mettre en danger ni la bouleverser. Nous sommes partis pour la Turquie. Nous avons risqué la mort en venant en Grèce dans un petit bateau en caoutchouc transportant plus de cinquante personnes, mais nous n’avions pas le choix. Plus tard, nous avons pris le train pour la Hongrie, un pays dangereux pour les demandeurs d’asile. Je redécouvrais une Europe différente de celle que je connaissais à travers les voyages officiels et les protocoles diplomatiques.

La Suisse

J’ai décidé de venir en Suisse à cause de sa réputation de neutralité et de démocratie: presque le ciel sur la terre. Arrivés à Buchs en train, nous avons été envoyés à Glaubenberg, près de Lucerne et de là nous avons été transférés au CEP de Vallorbe. Une semaine plus tard, nous avons passé notre première audition. La femme qui nous a écoutés s’est montrée très compréhensive et nous a promis de relayer notre requête de regroupement familial à qui de droit.

L’arrivée en Valais

Le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) a décidé de nous envoyer à St-Gingolph, dans le Canton du Valais. Mon épouse, déjà déprimée, s’isolait car elle pensait beaucoup à nos enfants. Je suis allé voir une conseillère juridique pour trouver une solution au problème de mes enfants. Je suis tombé de haut car sa première question a été: « Qui vous a conseillé de venir en Suisse ? Vous devriez savoir que la Suisse accorde difficilement l’asile ; vous risquez aussi d’avoir une décision Dublin ». Je suis sorti bouleversé de son bureau. J’ai pensé qu’il valait mieux me mettre au travail plutôt que de rester dans ma chambre et j’ai demandé une occupation. J’ai commencé par la cuisine, même si je suis une personne diplômée, avec 8 ans d’expérience professionnelle au niveau national et international.

Des démarches sans résultat

Les multiples démarches auprès de la Croix-Rouge, de l’OIM, du HCR et de l’ambassade Suisse à Islamabad pour faire venir mes enfants restent vaines et cette incertitude pèse sur nous au point qu’il nous semble vivre comme des étrangers sous le même toit. J’ai pensé rentrer au pays, mais cela signifiait, pour moi, un suicide. J’ai finalement renoncé. J’essaie de survivre mais cette souffrance me consume. Comment résister aux cris de mon fils qui dans ses cauchemars appelle son frère et sa sœur? Au téléphone, mes deux enfants pensent que je les ai trahis et refusent de me parler. Je suis à bout d’explications.

Je suis une personne désespérée sur cette Terre : j’ai perdu ma dignité, mon statut social, ma fierté, ma richesse, mes amis et mes parents. Je voudrais dire à mes enfants: «Pardon, je n’ai pas réussi à sauver notre famille et à vous emmener avec moi». Je place mon seul espoir en Allah. Je me sens faible et je suis fatigué de donner le change en société, en me forçant à sourire. Mais malgré tout, je vais continuer à me battre et j’espère que nous trouverons une solution à tous nos problèmes.

Kakar Mohammad Tariq

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




L’histoire de Wahid venu d’Afghanistan (1/2)

Source: http://pierzo.blogspot.com/2009_11_01_archive.html

Partie 1/2

Bonjour, je m’appelle Wahid (nom d’emprunt). A l’âge de 10 ans, mon père a eu un cancer et est mort deux ans plus tard. Toutes les difficultés ont alors commencé pour moi et le reste de ma famille. Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants, j’ai un frère et deux sœurs. Avec mon frère, mes sœurs, ma mère et ma grand-mère nous vivions tous sous le même toit.

Dès 12 ans j’ai été forcé à travailler

Pour ramener de l’argent à la maison, dès 12 ans j’ai gardé des moutons et des chèvres. J’ai aussi travaillé au service de personnes riches. Comme j’étais petit je ne pouvais pas faire d’autres travaux. Mes frères et mes sœurs pouvaient ainsi aller à l’école, mais moi je ne pouvais pas. Dès l’âge de 15 ans, j’ai fait de la manutention jusqu’à l’âge de 19 ans. Ce travail était bien pour moi, ma famille était contente, mes frères et mes sœurs pouvaient continuer à apprendre.

Un jour, un accident est arrivé

Un jour, je déchargeais des poutres d’un camion et un accident est arrivé. Une poutre est tombée sur mon collègue Rmzdym et il est mort. Ce n’était pas ma faute. Je suis alors rentré à la maison et j’étais très mal, très triste. Je ne savais pas quoi faire. Mon frère m’a dit : « le frère de Rmzdym, s’appelle Javid et il te cherche! ». Je me demandais ce qu’il voulait de moi. Ne sachant quoi faire, je suis allé prendre conseil chez mon ami Hysa qui est pour moi comme un frère. Hysa m’a dit : « Wahid, il faut que tu partes, Javid te cherche, il te menace de mort, on ne peut pas aller voir la police car ils ne feront rien, ils ne vont pas te protéger ».

Pendant deux nuits, je me suis caché dans la maison de Hysa. Lorsqu’il se rendait au travail en ville, il entendait que ça n’allait pas mieux pour moi. Je devais partir mais je n’avais pas d’argent. Hysa m’a alors prêté une somme, m’a fourni du carburant et m’a mis en contact avec l’un de ses amis qui était chauffeur. Le lendemain, à 4 heures du matin, j’ai quitté ma ville, ma famille, j’étais très triste.

On est parti pour Kandahar où on est resté deux jours et deux nuits. J’ai téléphoné à Hysa et les nouvelles n’étaient pas bonnes. Il m’a dit : « ne reviens pas sinon ils te tueront, si tu veux parler avec la famille de Javid, il faudra attendre très longtemps ».

Fuir au Pakistan

J’ai alors pris la décision de partir plus loin, au Pakistan où j’espérais trouver un travail. 5 jours plus tard, j’ai heureusement trouvé un emploi dans un restaurant car je n’avais plus d’argent, je dormais dans la rue, je ne mangeais plus. Le travail dans le restaurant ne payait pas beaucoup, je n’arrivais pas à vivre et à rembourser Hysa. Puis il m’a conseillé de me rendre en Iran, il pensait que j’y trouverais de meilleures conditions pour vivre et travailler. De plus, il avait un frère qui vivait là-bas.

Partir en Iran

Une semaine plus tard, je partais pour l’Iran. Je me suis rendu chez le frère de Hysa qui m’a donné de l’argent pour payer les passeurs qui m’avaient accompagné. Je suis resté une semaine chez lui, jusqu’à ce qu’il me trouve un travail. Il travaillait dans une usine de découpage de pierres et, peu de temps après, j’ai pu le rejoindre. Trois mois plus tard, la police iranienne m’a attrapé lors d’un contrôle, car je n’avais pas de passeport. Elle me demandait de l’argent pour me libérer. J’ai payé la police par l’intermédiaire du frère de Hysa et je suis sorti. Je suis alors retourné travailler à l’usine et 6 mois plus tard, la police est revenue pour me demander à nouveau de l’argent. Je me suis dit alors que ça ne finirait jamais…

Histoire à suivre dans quelques jours

Histoire de vie racontée par :

Fardudin

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils





Le bonheur après la souffrance


 

En Afghanistan

Farzana et Rahmat se connaissent par lien familial depuis leur plus tendre enfance. Ils sont cousin et cousine. Selon les coutumes en vigueur dans certaines ethnies en Afghanistan, les familles, dès l’enfance, décident du futur époux ou de la future épouse de leurs enfants.

Quand l’enfant devient adulte, en âge de comprendre, peut survenir le problème de l’acceptation ou du refus de la décision paternelle.

Ce fût le cas pour Farzana et Rahmat qui s’étaient jurés de se marier un jour car ils s’aimaient depuis toujours.

Ils avaient respectivement 18 et 21 ans quand ils apprirent que le père de Farzana lui avait choisi un époux en la personne d’un homme de 50 ans son aîné mais très riche.

La date du mariage était déjà prévue. Quelques jours avant, Farzana dû se rendre au magasin avec son futur mari pour faire des achats. Elle réussit à lui fausser compagnie et appela Rahmat à son secours. Ce dernier est venu la chercher puis ils se sont cachés chez un ami pendant un mois et demi, tout en organisant leur fuite hors du pays. C’était en 2005.

Petite précision : le papa de Farzana étant décédé quand elle était petite, sa mère s’était remariée et c’est son beau-père qui avait organisé ce mariage propre à leurs coutumes.

Rahmat continue à vivre normalement, à travailler en tant que carrossier, à voir sa famille et rejoint chaque soir Farzana.

Après un mois et demi, ils quittent l’Afghanistan en voiture pour le Pakistan sans difficulté. Ils n’ont pas de passeports. Mais, avec un peu d’argent, ils réussissent à passer le contrôle de la frontière !

Au Pakistan

Rahmat s’était déjà rendu à Pechawar, ville du Pakistan, quelques années auparavant seul. Donc, il connaissait déjà un peu la région.

Ils se sont rendus dans une agence pour trouver un appartement. Beaucoup d’Afghans vivent dans ce pays. Ils ont rencontré quelques personnes dont un monsieur qui y vivait depuis longtemps. Parlant très bien leur langue et travaillant aussi comme carrossier, il a proposé à Rahmat de venir travailler avec lui pour le même patron.

Durant quatre ans, ils vivent tranquilles et fondent une famille. Ils ont deux enfants. Pourtant, un jour, tout bascule. La mère de Farzana étant décédée, son beau-père et le « mari abandonné » paient des individus pour se rendre au Pakistan. Ils surveillent Rahmat pour découvrir l’endroit où il travaille, mais surtout pour savoir où ils vivent. Il semblerait que parmi les Afghans qui vivaient autour d’eux, certains devaient connaître la famille de Rahmat et de Farzana et c’est ainsi qu’ils auraient retrouvé leur trace.

Ces hommes se sont présentés à la porte de leur appartement, à la nuit tombante, ont agressé Rahmat qui s’est défendu du mieux qu’il a pu. Pendant ce temps Farzana se cachait avec les enfants. Vu les cris qui résonnaient, les autres habitants de l’immeuble ont volé à leur secours et appelé la police. Du coup, ces hommes ont pris la fuite. Pour le reste de la nuit, une voisine a caché la famille chez elle. Elle leur conseillera de se rendre dans une autre ville où les passeports sont faciles à falsifier pour pouvoir quitter le pays au plus vite.

Ils pensent rejoindre la Suisse car ils ont de la famille qui vit là depuis plus de 10 ans, mais sans savoir dans quelle ville elle réside.

Afin de pouvoir fuir le Pakistan et surtout payer leur passage, ils vont se défaire de tous leurs biens : meubles, voiture et bijoux. Le prix de leur liberté s’élève à 30’000 dollars. Impressionnant !

La personne qui leur fait les faux documents d’identité leur conseille de ne pas voyager ensemble, et suggère que Farzana parte en premier avec les enfants.

Le voyage est organisé par « l’homme aux passeports » (le passeur). Toutes les informations leur sont données y compris quoi faire au moment d’éventuels contrôles policiers.

En Turquie et en Grèce

Première étape, la Turquie, pays de transit. Farzana y atterrira avec ses deux enfants. Suivra une marche de huit heures en direction de la frontière « Turquie-Grèce ». Durant le chemin, juste après la frontière, la police grecque les découvrira ainsi que toutes les personnes ayant fait le même voyage. On prendra leurs empreintes et au matin ils seront libres et en possession d’un document les autorisant à vivre en Grèce pendant un mois. Farzana y restera six mois et rejoindra la Suisse en voiture, passant par les Balkans. Après trois jours de voyage très pénibles, en particulier pour les enfants, ils arriveront au Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe. Jusque là, Farzana n’aura aucune nouvelle de son mari.

Rahmat, quant à lui, quittera le Pakistan environ une semaine après Farzana. Il arrivera en Turquie, y restera un mois, puis passera la frontière et rejoindra la Grèce par bateau. Il continuera à pied puis en voiture lorsqu’il rencontrera, lui aussi, la police grecque…même scénario que pour Farzana. Il restera environ sept mois en Grèce et quittera ce pays à bord d’un camion avec d’autres personnes dans la même situation que lui.

Le voyage durera environ trois jours jusqu’en Italie, puis se poursuivra en voiture jusqu’à Vallorbe.

En Suisse

Après deux semaines à Vallorbe, Farzana sera transférée dans le canton de Neuchâtel, au centre de 1er accueil de Fontainemelon. Elle y arrivera complètement désespérée, n’ayant toujours aucune nouvelle de son mari, pensant qu’il a été tué par sa famille.

Rahmat devra attendre 14 jours pour sa première audition à Vallorbe et découvrir enfin que sa femme et leurs deux enfants se trouvent à Fontainemelon où il les rejoindra quelques jours plus tard.

Pour conclure, c’est avec une vive émotion que j’ai partagé la joie de leurs retrouvailles en compagnie de tout le personnel d’encadrement du centre de 1er accueil.

Ce bonheur qui ne tenait qu’à un fil…

Au milieu de tellement d’autres drames, une belle histoire qui se termine bien.

Arezu

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils