1

FLASH INFOS #106

Photo: Josh Zackary / Flickr

Sous la loupe : Interrogations autour des différences de traitement entre les populations réfugiées / Genève: le Pavillon 1 de Palexpo aménagé pour les réfugié·e·s ukrainiennes / Nouvel accord entre l’Espagne et le Maroc: une hausse des expulsions est attendue



Interrogations autour des différences de traitement entre les populations réfugiées

RTS, le 11.05.2022

Alors que la Suisse accueille désormais plus de 20’000 réfugié·e·s ukrainien·ne·s, des sentiments d’inégalité et d’injustice commencent à être exprimés de la part des autres population réfugiées.

C’est notamment le cas de Mahdi Ziayi, un réfugié afghan, qui a rencontré beaucoup de difficultés pour accéder au monde du travail suisse en raison de son statut. Il ajoute que lorsqu’il est arrivé en Suisse, il dû payer son abonnement de transports publics, à l’inverse des réfugiés ukrainiens qui obtiennent rapidement un permis S leur permettant de travailler et de voyager gratuitement.

Pour ces différentes raisons, Eliane Engler, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), appelle à un traitement égalitaire de toutes les personnes réfugiées.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Genève: Le Pavillon 1 de Palexpo aménagé pour les réfugié·e·s ukrainien·ne·s

Le Courrier, le 12.04.2022

Ce nouveau centre d’accueil situé dans le complexe de Palexpo aura une capacité d’accueil de 400 personnes, pouvant aller jusqu’à 500 si nécessaire. Construit en seulement cinq jours avec l’aide de l’armée et de la protection civile, ce système d’abri d’urgence a ouvert le 10 avril dernier.

L’espace dispose de jeux pour enfants, d’une garderie, de douches, d’une laverie, d’une infirmerie, et d’autres services. Même les animaux de compagnie ont un lieu d’accueil privilégié. Pour la directrice du refuge, Isabelle Barra, il faut donner vie au lieu qui est pour le moment encore relativement vide.

Il est important de garder à l’esprit que bien qu’à ce jour 950 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été placés dans le canton de Genève par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), près de 1’500 personnes supplémentaires sont attendues d’ici le mois d’août prochain.

Renata Cabrales 

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Nouvel accord entre l’Espagne et le Maroc : une hausse des expulsions est attendue

infomigrants.net, le 11.04.2022

Lors d’une réunion récente entre les deux pays, les relations entre le gouvernement espagnol et la monarchie marocaine ont changé. L’un des accords entre les deux gouvernements est de résoudre la situation migratoire en créant de nouvelles routes aériennes entre les îles Canaries, Agadir et Casablanca pour faciliter l’expulsion des citoyen·ne·s sans papiers. Madrid cherche ainsi à « assurer la coopération » du Maroc dans le contrôle de l’immigration clandestine.

Selon les données du Système européen de surveillance des frontières (Eurosur), citées par El País, en 2021, « environ 31% des près de 42’000 immigrés arrivés irrégulièrement en Espagne étaient marocains ».

Renata Cabrales 

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #31

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : l’ex-ministre de l’Intérieur italien jugé pour avoir empêché le débarquement de migrants / Manifestation contre la construction d’un centre de renvoi à Genève / Des juristes évaluent le système d’asile suisse / Une Suissesse emprisonnée en Biélorussie suite à une manifestation.

L’ex-ministre de l’Intérieur italien jugé pour avoir empêché le débarquement de migrants

La Tribune de Genève, le 03 octobre 2020

L’ex-ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a été convoqué devant un tribunal sicilien pour avoir empêché le débarquement de migrants sauvés en mer. Il est poursuivi pour « abus de pouvoir et séquestration de personnes » car il aurait bloqué pendant l’été 2019 et durant plusieurs jours 116 migrants à bord d’un navire des garde-côtes italiens. A cet effet, les sénateurs italiens ont levé son immunité parlementaire et il encourt jusqu’à 15 ans de prison.

Sur l’île qui a vu prospérer l’organisation criminelle « Cosa Nostra » et où arrivent chaque année par la mer des milliers de migrants partis d’Afrique du Nord, le principal concerné a soutenu que la justice se substitue à la voix populaire et qu’il préférerait que les juges se consacrent à capturer les mafieux et les délinquants.

En outre, Salvini a convoqué ses troupes à Catane pour trois jours de rencontres et manifestations au cours desquels il veut démontrer avoir le soutien populaire. De nombreux élus nationaux et locaux de son parti ainsi que des alliés d’autres partis de droite ont annoncé leur présence.

L’ancien ministre de l’Intérieur risque également d’affronter un procès similaire à Palerme, où il aurait bloqué pendant plusieurs jours, à la mi-août 2019, le bateau humanitaire «Open Arms» devant l’île de Lampedusa.

 

Manifestation contre la construction d’un centre de renvoi de requérants d’asile à Genève

Radio Lac, le 5 octobre 2020.

La construction d’un centre de renvoi de requérants d’asile déboutés à Genève ne fait pas l’unanimité auprès de la population genevoise. A cet effet, 750 personnes ont défilé dans les rues de la commune du Grand-Saconnex (GE). L’appel à manifester avait été lancé par une vingtaine d’organisations.

Les autorisations pour la construction du centre de renvoi ont été données et le terrain, situé à côté de l’aéroport, a été défriché, a souligné un des manifestants. A l’endroit prévu, un bâtiment doit voir le jour en 2022. Il aura une capacité d’accueil de 250 places et disposera de 50 places destinées à de la détention administrative. Pour les manifestants, ce projet est imaginé comme un vaste complexe carcéral de renvoi. Selon eux, les règles qui seront en vigueur dans le centre seront infantilisantes. Il sera interdit d’y recevoir des visites et tout sera pensé pour que les requérants d’asile ne se mêlent pas à la population. Outre les conditions de vie dans ces établissements, les manifestants ont également dénoncé les actes de brutalité qui auraient été commis sur des requérants. D’autres centres de renvoi similaires ont déjà été ouverts ailleurs en Suisse à Fribourg, Neuchâtel, ou encore Zürich.

 

Des juristes évaluent le système d’asile suisse

Le Temps, Le 7 octobre 2020

L’afflux de requérants d’asile n’a pas été aussi modéré depuis des années. Pourtant, selon le rapport d’une coalition de juristes indépendants pour le droit de l’asile, le travail du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) serait « médiocre ». Entrée en vigueur en mars 2019, l’accélération des procédures du nouveau système pousserait le SEM, les professionnels de la santé et les organisations d’aide aux demandeurs d’asile à bâcler leur travail, au risque de renvoyer des personnes fragiles dans les pays qu’elles avaient fui pour leur survie.

En début d’année, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) tirait déjà la sonnette d’alarme. Selon cette dernière, les autorités mettent davantage l’accent sur la vitesse de la procédure que sur les principes de qualité et d’équité. Un constat renforcé par le rapport de la coalition de juriste.

Basée sur les chiffres relatifs à la première année depuis l’entrée en vigueur du nouveau système ainsi que sur l’analyse de 75 cas, le rapport fournit une critique sur le fonctionnement de la procédure actuelle qui contiendrait un grand nombre de problèmes. Un première problème est que le temps de recours est jugé trop bref. En effet, après une procédure accélérée, le nouveau système accorde sept jours (contre trente auparavant) pour s’opposer à la décision du SEM. Un deuxième problème réside dans le grand nombre de requérants aiguillés vers une procédure accélérée malgré la complexité de leur cas. Le rapport accuse également l’administration de ne pas toujours respecter les délais de traitement et de mettre les représentants juridiques dans des situations intenables. Finalement, le rapport dénonce la pression mise sur les médecins, qui rédigeraient régulièrement des rapports cruciaux à la hâte.

 

Une Suissesse emprisonnée en Biélorussie après avoir pris part à une manifestation

Le Matin, Le 8 octobre 2020

Le 9 août, suite à un scrutin controversé, le Président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, a été réélu avec 80,2% des voix pour un sixième mandat. Depuis, le pays est plongé dans un certain chaos et des manifestations sévèrement réprimées par les forces de l’ordre se multiplient. Chaque samedi, des milliers de femmes défilent pacifiquement pour réclamer le départ de l’homme fort du pays.

Une Suissesse de Saint-Gall, originaire de Biélorussie, s’est rendue dans la capitale du pays pour rejoindre un de ces défilés. Le 19 septembre, lors d’une manifestation, des hommes cagoulés ont essayé de saisir deux manifestantes pour les mener vers un fourgon. Les autres femmes se sont mises à crier et la Suissesse a tenté de démasquer l’un des hommes cagoulés.

La quinquagénaire a ensuite été interpellée puis a disparu de la circulation. Néanmoins, grâce à une avocate qui a été sa codétenue, ses proches savent désormais qu’elle se trouve dans la prison d’Okrestina dans la capitale du pays. Selon l’avocate, les conditions de vie en prison sont inhumaines : pas d’eau chaude, une douche par semaine, nourriture et eau infectes, cellules surpeuplées, sans ventilation, puanteur abjecte, lumière jour et nuit, pas de promenade autorisée, aucune hygiène intime possible pour les femmes.

Dernièrement, un procureur a annoncé à la Suissesse qu’elle était poursuivie pour «résistance à un représentant des forces de l’ordre». Elle risque jusqu’à deux ans de prison. Compte tenu de ses origines et malgré sa nationalité suisse, la justice considère la prisonnière comme une citoyenne biélorusse.

Valéry Martseniuk / Voix d’Exils




Revue de presse #15

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : L’Albanie peine à nourrir les migrants / La Grèce vide les camps situés sur ses îles / La Suisse étudie la possibilité d’accéder aux portables des requérants

Albanie: les migrants crient famine

Infomigrants.net, le 29.05.2020

Toujours plus de migrants séjournant dans des structures d’accueil albanaises gérées par l’État sont réduits à faire la manche pour trouver de quoi manger. Le magazine Balkan Insight, qui a mené l’enquête, cite le cas de Khaled, originaire de Palestine. Hébergé dans le centre de Babrru, près de la capitale, le jeune homme témoigne de la galère vécue au quotidien par lui-même et ses compagnons d’infortune confrontés à une grave pénurie alimentaire.

Surpopulation, nourriture rare et de mauvaise qualité, assistance médicale défaillante… le camp de Babrru manque de tout. Ce printemps, il a refoulé des migrants, malgré le froid, sous prétexte de mesures de confinement dues à la pandémie de Covid-19.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) décrit l’Albanie comme un pays de transit pour beaucoup de migrants qui espèrent rejoindre l’Italie ou les pays riches du nord de l’Europe. Mais, avec la fermeture progressive de la route des Balkans, de plus en plus de migrants ont fini par se retrouver bloqués en Albanie.

Le HCR, qui soutient les initiatives du gouvernement albanais pour aider les migrants, relève que le centre de Babrru a été construit à l’origine pour 180 personnes avant d’augmenter sa capacité de 200 places en 2018 sous la pression des arrivées. Mais, d’après des témoignages, le centre serait gravement surpeuplé et échapperait au contrôle des autorités. Certains migrants affirment que ce sont des gangs qui font la loi, volent de la nourriture et agressent les résidents. L’identité de ces gangs reste floue, mais il pourrait s’agir de migrants qui vivent depuis un certain temps dans le centre, plutôt que de gangs qui viendraient de l’extérieur.

Grèce : transfert de 14 000 migrants des îles vers le continent

Rtbf, le 04.06.2020

Depuis le début de l’année, les autorités grecques ont transféré près de 14’000 personnes des camps de migrants surpeuplés situés sur les îles vers la Grèce continentale. De source officielle, ces transferts ont permis de réduire la population migrante des îles de la mer Égée – Lesbos, Chios, Samos, Leros et Kos -, de 42 000 à 32 247 personnes au mois de mars dernier. Malgré ces départs, le nombre de migrants encore hébergés dans les camps situés sur les îles dépasse largement leur capacité d’accueil.

Les autorités grecques ont, par ailleurs, accéléré le traitement des demandes d’asile, faisant passer le nombre de dossiers en cours de 126’000 en début d’année, à moins de 100’000.

Le pays a également renforcé la sécurité le long de ses frontières terrestres et maritimes avec la Turquie. Depuis le début de la pandémie Covid-19, des centaines de migrants embarquées dans des bateaux ont été refoulés par les garde-côtes et la marine et seulement 125 traversées ont été enregistrées.

Le fait que la Grèce autorise le passage à un nombre fortement réduit de migrants a été vertement critiqué par les organisations internationales de protection des droits de l’Homme.

 

Suisse : est-il légitime de fouiller les téléphones des requérants ?

Le Matin, 04.06.2020

Un projet de loi prévoit de permettre aux autorités d’accéder aux smartphones, tablettes ou ordinateurs portables des requérants d’asile, dans le but d’établir leur identité et/ou leur nationalité.

Pour l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), ce projet est contestable tant du point de vue de l’État de droit que de la protection des données. Les requérants ont déjà l’obligation légale de collaborer à la procédure et peuvent – s’ils y consentent – mettre à disposition leurs données à des fins de preuves. Les y obliger est disproportionné.

Sans compter qu’une telle disposition laisserait supposer que les demandeurs d’asile sont des criminels potentiels. À l’inverse, les contrôles des autorités qui consultent les données privées de ces personnes ne seraient, quant à eux, soumis à aucun contrôle judiciaire.

La plateforme d’information asile.ch rappelle qu’une expérience menée en Allemagne durant 18 mois sur les téléphones des requérant a montré peu d’efficacité. Les données récoltées n’ont apporté aucune information utilisable dans 64% des situations. Elles ont permis de confirmer l’identité des personnes dans 34% des cas et de la réfuter dans 2% des cas seulement.

De manière générale, les cantons se montrent divisés sur le projet de loi : Genève le soutient du bout des lèvres ; Neuchâtel s’y oppose et Fribourg l’approuve.

Du côté des partis, le PS et les Verts rejettent catégoriquement ce développement du droit d’asile. A droite, le PLR reconnaît une atteinte à la sphère privée « acceptable et proportionnée ». Il salue une facilitation et une crédibilité renforcée de l’asile dans son ensemble. Un avis partagé par le PDC.

Oumalkaire / Voix d‘Exils




Revue de presse #3

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Au plus près de l’actualité internationale de la migration

Sympathisante de l’État islamique, elle risque de perdre sa nationalité suisse

24 heures, 04 février 2020

Ce serait la deuxième fois, depuis la Seconde Guerre mondiale, qu’une personne de nationalité suisse se verrait privée de sa nationalité. Il reste à voir si la femme concernée a déposé un recours en temps voulu auprès d’une ambassade à l’étranger. Dans le cas contraire, le retrait de ses droits civils deviendra effectif en début de semaine prochaine (le 17 février). Âgée de 30 ans, celle qui possède également la nationalité française est originaire de Berolle, petite commune vaudoise.
Juridiquement, le SEM (Secrétariat d’Etat aux Migrations) peut retirer la nationalité suisse à une personne ayant la double nationalité si elle a causé un préjudice aux intérêts ou à la réputation de la Suisse et met la sécurité du pays en danger. Le site internet du Tages-Anzeiger rapportait début janvier que la femme est née et a grandi à Genève. Elle est partie en 2016 en Syrie dans les territoires sous contrôle de l’organisation Etat islamique (EI) avec ses deux filles aînées à l’insu des deux pères. A noter que le retrait du passeport suisse n’est possible que si la personne concernée possède une autre nationalité. Dans le cas contraire, la Suisse créerait des apatrides, ce qui est interdit par le droit international.

L’accélération de la nouvelle procédure d’asile aux dépens de la qualité ?

Le Temps, 03 février 2020

Depuis mars 2019, les procédures d’asile sont mises en œuvre de manière accélérée au sein de six principaux centres fédéraux. Quel est le premier bilan et les chiffres de l’asile ? Dans une interview accordée au Temps, Miriam Behrens, directrice de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) – organisation qui a soutenu la nouvelle procédure accélérée, également approuvée par la population en 2016 – constate des dysfonctionnements. Après dix mois d’application, le nouveau système en place, plus rapide que le précédent, ne garantit pas un traitement équitable des demandes. Miriam Behrens relève notamment que le taux de renvois est actuellement de 16,8%, alors qu’il n’était que de 4,8% avant la réforme. L’OSAR s’occupe de la protection juridique des requérants dans quatre des six régions d’asile de Suisse. Dans chacune d’entre elles, un recours sur trois a été admis ou renvoyé au SEM. Selon l’OSAR, cela démontre de graves problèmes de qualité dans la procédure d’asile.

Toujours moins de requérants d’asile choisissent la Suisse

24 heures, 31 janvier 2020

Le recul de la migration par la Méditerranée centrale explique en partie la diminution du nombre de requérants qui demandent l’asile en Suisse. Au total, 14 269 demandes ont été déposées en 2019, soit 6,5% de moins que l’année précédente. Il s’agit du niveau le plus bas depuis douze ans. Avec 2899 demandes, l’Erythrée est le principal pays de provenance des requérants d’asile.
Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a traité 19 140 demandes en première instance et accordé l’asile à 5551 personnes.
Le taux de reconnaissance de la qualité de réfugié est en augmentation. Il est passé de 25,9% en 2018 à 31,2% en 2019.
Les cas en suspens se sont élevés à 8377, soit 3217 de moins que l’année précédente.
Les départs volontaires en 2019 ont légèrement augmenté à 1631, contre 1613 en 2018. A l’inverse, 2985 personnes ont été rapatriées vers leur Etat d’origine, ou renvoyés vers un Etat tiers, soit 281 personnes de moins qu’en 2018. Les transferts dans un Etat Dublin ont aussi légèrement baissé, passant de 1560 à 1521.
Pour 2020, le SEM table sur environ 15 000 nouvelles demandes.

Valmar / Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

Révision de la loi sur l’asile, article publié le 10 janvier 2019 sur Voix d’Exils

Des procédures d’asile accélérées dès le 1er mars, article publié le 21 février 2019 sur Voix d’Exils




« Les requérants d’asile ont un autre visage »

Capture

« Héberger un migrant » et « Un village une famille »: des projets d’intégration novateurs!

Depuis avril 2015, les projets vaudois « Héberger un migrant » et « Un village une famille » sont menés en parallèle par l’EVAM. « Héberger un migrant » vise à placer une ou plusieurs personnes migrantes dans des familles a été lancé en avril 2015 dans le canton de Vaud et est entièrement piloté par l’EVAM depuis avril 2016. Quant à « Un village une famille », initié en 2015 par Nicolas Rouge, ancien municipal de la commune de Giez, propose d’accompagner un village vaudois dans l’accueil d’une famille migrante. 122 personnes migrantes vivant dans le Canton de Vaud bénéficient d’un logement grâce à ces deux projets en avril 2017.

Ces projets aspirent à favoriser l’intégration des requérants d’asile par leur apprentissage du français, la création d’un réseau etc. Le projet d’hébergement proposé au départ par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) est également présent dans les cantons d’Argovie, de Berne et  de Genève. Fribourg loge également des personnes migrantes chez des particuliers. Les systèmes d’hébergement sont toutefois différents entre les cantons. Le projet en terres vaudoises est mené par Cécile Joly, Véronique Diab-Vuadens et Jessica Bollman. Interview de Cécile Joly et Véronique Diab-Vuardens.

Voix d’Exils (VE): Quelle est l’origine du programme «Héberger un migrant» ?

Cécile Joly: Le projet vient à la base de l’OSAR, qui a lancé ce projet dans plusieurs cantons en Suisse, mais pas tous l’ont suivi. L’OSAR est basée à Berne et le projet devait être lancé à Genève et dans le canton de Vaud.

Il y avait quatre cantons concernés. Ils ont été très rapidement dépassés par les évènements parce qu’il y a eu énormément de demandes, suite à un reportage télévisé consacré au projet. L’OSAR n’a pas eu les moyens et les ressources suffisantes pour poursuivre et l’EVAM a proposé de reprendre le projet sur le Canton de Vaud.

VE: Comment se passe la sélection des familles? Comment l’EVAM choisit les deux parties du projet?

Cécile Joly: Au lancement de l’initiative, l’OSAR a eu beaucoup de retour de familles intéressées par l’accueil. Mais les familles doivent s’engager au moins pour 6 mois, avoir une chambre meublée à disposition et se trouver a proximité de transports en commun. Elles doivent en outre vouloir s’investir dans un échange avec les migrants.

À la suite de ce programme, il y a eu le projet « Un village, une famille » initié par Nicolas Rouge, à l’époque Municipal de la commune de Giez qui se trouve à côté d’Yverdon-les-Bains. Il a, en 2015, fait une interpellation politique au niveau du Canton de Vaud en certifiant que si chaque village du canton de Vaud hébergeait une famille de migrants, il serait possible d’en placer 16’000 en Suisse. Depuis le début de ce projet, il y a eu d’autres villages qui ont accueilli des familles.

Véronique Diab-Vuadens: En effet, l’idée c’est que dans une commune, quelqu’un se propose pour accueillir une famille. Un comité de soutien se met ensuite en place pour la soutenir dans son intégration, c’est pour ça qu’on fait deux projets en parallèle. En général, les familles prennent contact avec nous via le site internet de l’EVAM.

Cécile Joly: Les familles inscrites dans ces deux projets souhaitent aider les requérants d’asile et les réfugiés en les hébergeant, après avoir vu des reportages et les informations dans les médias sur la situation actuelle en Syrie, en Afghanistan, en Irak, en Erythrée etc. Mais l’idée ce n’est pas de gagner de l’argent.

VE: Quelles sont les conditions que doivent respecter les familles qui souhaitent accueillir des personnes migrantes ?

Véronique Diab-Vuadens: Pour accueillir les personnes migrantes, il y a deux critères principaux. Premièrement, celui d’avoir une chambre meublée à disposition dans sa maison. Par contre, ce n’est pas nécessaire d’avoir une salle de bain privative.

Cécile Joly: Le deuxième critère étant d’avoir envie d’accorder du temps à la personne : prendre les repas en commun, faire certaines activités ensemble et partager la vie de famille.

Véronique Diab-Vuadens: Oui, c’est-à-dire, entrer dans le projet d’intégration. Après, nous prenons contact avec ces familles, nous leur rendons visite et leur présentons le projet. Nous leur laissons ensuite du temps pour réfléchir, parce que c’est un projet de famille pour lequel tous les membres doivent être d’accord.

VE: Quelles sont les personnes prioritaires pouvant intégrer votre démarche ?

Véronique Diab-Vuadens: Aujourd’hui, nous plaçons dans les familles des personnes titulaires de livrets N et F. En cas de permis F, notre action s’adresse aux personnes de toutes nationalités confondues. Par contre, en cas de permis N, nous donnons la priorité aux Erythréens, aux Afghans, aux Irakiens et aux Syriens, qui ont de meilleures chances d’obtenir une admission provisoire ou un permis B.

VE: Est-ce que les personnes placées continuent à recevoir l’assistance ou sont-elles prises en charge par l’EVAM?

Cécile Joly: Comme elles sont toujours prises en charge par l’EVAM, elles perçoivent l’aide sociale. L’abonnement des transports publics pour aller aux cours de français est encore fourni et une assistante sociale est attribuée en fonction de la région. Les assistants sociaux restent plutôt présents au niveau administratif. De notre côté, nous faisons le suivi de la famille et du requérant d’asile pour voir si tout va bien, s’il a bien pris contact avec son assistant social, s’il va à ses cours etc. S’il y a quelque chose qui ne va pas, un conflit ou autre, nous pouvons intervenir avec un interprète communautaire, aller voir ce qu’il se passe et essayer de trouver des solutions comme, par exemple, faire des médiations et, si nécessaire, trouver un nouveau logement.

VE: Quelle est l’échéance du contrat?

Véronique Diab-Vuadens: Nous proposons des contrats de placement de six mois, renouvelables une fois. Le but étant l’intégration et l’autonomie, un an constitue une durée idéale, mais nous commençons par six mois. Le requérant d’asile peut aussi décider de continuer ou pas.

VE: Est-ce que ce sont surtout des jeunes hommes ou des familles qui demandent un placement?

Véronique Diab-Vuadens: Nous avons beaucoup de demandes de jeunes hommes, qui arrivent en nombre et qui logent en abri PC. Ils ont envie de sortir de là, car ils ont la motivation de s’intégrer. Il y a passablement de familles qui souhaitent partager le projet avec une jeune fille. Or, il y a moins de jeunes filles et elles sont plus réticentes à aller vivre chez des particuliers. Concernant le projet « un village, une famille » c’est toute une communauté qui accueille et met à disposition un appartement à une famille.

VE: Est-ce que vous avez un bon exemple?

Cécile Joly: Pour l’instant, il n’y a que des bons exemples et aucun requérant n’a quitté sa famille d’accueil. Nous avons aussi le cas d’une famille syrienne à Bougy-Villars, avec le père, la mère, quatre enfants mineurs et deux enfants majeurs. Ils sont logés dans le village et une association s’est créée autour d’eux pour leur rendre visite, accompagner les enfants à l’école etc. Le père de famille a appris à s’occuper des abeilles avec un membre de l’association qui a une ruche. Tout se passe bien et nous avons des échos très positifs. De plus, grâce au projet, les habitants du village se rencontrent ce qui crée des liens.

Véronique Diab-Vuadens: C’est un projet qui permet aux personnes migrantes de faciliter leur intégration, d’apprendre le français, mais pas seulement. Il va surtout leur permettre de retrouver un sentiment de sécurité et un cadre assez sécurisant pour recréer des relations de confiance avec les gens, ce qu’ils n’ont peut-être jamais eu dans leurs vies ou pas depuis très longtemps. Les requérants vont donc être aidés à se reconstruire et se construire un avenir ici ou ailleurs, ce qui est essentiel. C’est au niveau du comportement et en français que les progrès s’opèrent en premier. Les requérants d’asile que nous rencontrions souvent nous sollicitent moins et les visites médicales se font plus espacées. C’est la preuve que leur état de santé s’améliore.

Cécile Joly: Oui, nous voyons les requérants avec un autre visage : ils dorment la nuit, sont souriants, ont des traits détendus et sont bien physiquement.

Anush Oskan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Les résultats des projets Héberger un migrants et un village, une famille

Héberger un migrant : 86 migrants ont pu être placés à fin mars ; 22 familles d’accueil sont en attente de pouvoir accueillir un bénéficiaire de l’établissement

Un village/une famille : 36 bénéficiaires participent à ce projet, en collaboration avec des communes du Canton

Au total, 122 personnes bénéficient d’un logement grâce à ces deux projets en avril 2017 selon l’EVAM.

Héberger un migrant vécu par une famille d’accueil

Ecoutez le sujet réalisé par Voix d’Exils sur Radio Django en cliquant ici