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FLASH INFOS #103

Photo: Voix d’Exils

Sous la loupe: En Suisse, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s peuvent utiliser les transports publics gratuitement / Des solutions pour enseigner le français aux mineur·e·s ukrainien·ne·s / Vingt exilé·e·s indonésien·ne·s secourues en mer après un naufrage

En Suisse, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s peuvent utiliser les transports publics gratuitement 

Le Matin, le 22.03.2022

En Suisse, depuis le lundi 21 mars, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s  ont la possibilité de voyager avec tous les transports publics gratuitement en 2ème classe et ce en présentant leur permis S en guise de titre de transport.

L’abonnement est valide jusqu’au 31 mai au moins selon l’Alliance SwissPass. Cette décision a été prise pour faciliter les déplacements des réfugié·e·s ukrainien·ne·s ainsi que pour simplifier la distribution des titres de transports qui, jusqu’à présent, étaient remis individuellement à chaque réfugié·e.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Des solutions pour enseigner le français aux mineur·e·s ukrainien·ne·s

Tribune de Genève, le 18.03.2022

En raison du conflit russo-ukrainien qui sévit depuis maintenant plusieurs semaines, les associations Le Petit Escabeau et Les Enfants du Parc, qui proposent une aide scolaire aux jeunes migrant·e·s depuis plusieurs années, recherchent des bénévoles pour soutenir les enfants réfugiés ukrainien·ne·s.

Les cours sont dispensés dans différents lieux. Tandis que Les Enfants du Parc disposent de locaux à Plainpalais et à La Jonction, Le Petit Escabeau propose une aide scolaire au domicile de l’enfant. Cette dernière souhaite par ailleurs prolonger ses actions en intervenant au sein de l’école même où le bénévole peut aider l’enfant directement en classe.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Vingt exilé·e·s indonésien·ne·s secouru·e·s en mer après un naufrage

20 Minutes, le 21.03.2022

Un bateau de pêche en bois transportant environ nonante Indonésien·nes a chaviré, samedi 19 mars dernier, au large de Tanjung Api, une côte de l’île de Sumatra. L’embarcation se dirigeait en direction de la Malaisie en empruntant une route peu surveillée.

Vingt-six des nonante passager·ères ont été porté·e·s disparu·e·s après le naufrage avant d’être retrouvé·e·s lundi dernier après deux jours passés en mer. Deux personnes exilées qui se trouvaient à bord du bateau n’ont pas survécu.

En tant que pays riche, la Malaisie est une destination choisie par de nombreux et nombreuses exilé·e·s issu·e·s de régions plus démunies d’Asie. C’est notamment le cas de l’Indonésie où le manque de travail pousse la population à s’engager régulièrement dans des traversées en mer.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Du lac d’Ourmia au lac Léman

Le lac d’Ourmia. Auteur: Aliasghar Fotovat / unspash.com.

Le grand voyage d’une goutte d’eau


Ça fait quelque temps que plusieurs questions tournent dans ma tête ! Et tous les jours j’y pense. Où est ma patrie ? Que signifie avoir des racines ? Avec qui doit-on être solidaire ?

Avant, quand j’étais dans ma patrie… Non, non ! Maintenant, je ne suis plus sûre que c’était ma patrie… Mais oui, je suis sûre que c’était ma patrie natale ! À ce moment-là, je ne réfléchissais pas comme ça. Parce que ça me semblait évident. Mais maintenant, j’ai beaucoup de doutes. Permettez-moi de vous raconter mon histoire…

Elle commence le jour où j’ai été obligée de quitter ma famille, mes amis et tous mes proches. Avant ça, tout était calme. On vivait ensemble dans le lac d’Ourmia, en Iran. Et les oiseaux migrateurs venaient chaque année. Comme les flamants roses étaient beaux !

Le savez-vous ? Ce lac est en train de s’assécher. La salinité de l’eau augmente de jour en jour et il n’y a plus d’oiseaux migrateurs.

Ce jour-là, il faisait vraiment chaud. La chaleur était extrêmement gênante. A un point presque intolérable. Et finalement, nous sommes montées vers le ciel. Je n’étais pas seule. Il y avait beaucoup d’autres gouttes avec moi. Après un trajet de quelques jours, nous nous sommes trouvées prises dans un nuage gris. J’ai eu très peur. D’en haut, je pouvais voir encore le lac, mais je n’arrivais plus à distinguer mes proches.
Le vent a commencé à souffler, et nous nous sommes éloignées de plus en plus. Il y avait beaucoup de monde, nous étions serrées comme des sardines. J’ai rencontré des gens que je n’avais jamais rencontrés auparavant. Bien que je sois sûre que nous ne venions pas toutes du même endroit, nous étions toutes pareilles.

Le vent nous poussait chaque jour un peu plus loin. Après trois mois de voyage, un jour un peu spécial est arrivé. Le vent ne soufflait plus. Nous nous sentions toutes fatiguées et lourdes. D’en haut, nous pouvions voir les hautes montagnes enneigées des Alpes. La goutte à côté de moi était très calme. Nous voyagions ensemble depuis plusieurs jours, mais je ne la connaissais pas bien. Je me disais que ses proches devaient aussi lui manquer. Il était temps d’atterrir. La goutte voisine et moi, nous avons atterri ensemble. Mais, quand nous sommes arrivées sur terre, elle est tombée sur l’autre versant de la montagne. Elle a glissé vers une autre rivière et nous avons a été séparées. Ça fait longtemps que je n’ai aucune nouvelle sur ce qu’elle est devenue et je pense souvent à elle.

J’ai continué mon chemin, j’ai glissé sur plusieurs roches et je suis passée à côté de plusieurs arbres dans la forêt. Tout le monde était gentil avec moi.

Aujourd’hui, je suis au calme dans un petit lac qui n’est pas loin du lac Léman, en Suisse. Mais je sais que ce ne sera pas la fin de mon voyage. Je me demande toujours : qu’est-ce que ça signifie avoir des racines ? Quelle sera ma destination ? Où se trouve ma patrie ? Est-ce que ce sont les lacs, les rivières, les mers ? Ou peut-être nous retrouverons-nous toutes un jour dans l’océan, et que j’y reverrai la goutte calme et triste ?

Ahmadirad Salahaddin
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils