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Mes souvenirs d’étoiles me reviennent

Dasdemir Mehmet Can / Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

La vie est éphémère

Je viens de très loin et mon histoire est très longue ; elle s’est déroulée en plusieurs étapes. Elle a commencé en Mauritanie, dans mon village natal, celui de mes ancêtres. Je garde, profondément enfouis dans ma mémoire, des souvenirs d’étoiles dans le ciel. C’est grâce à elles que je reste fasciné par la splendeur du ciel et de la nature. C’est pour cela que mon amour est très fort à l’aube. J’aime tellement poser mon regard sur le début du lever du soleil, avant son élévation dans le ciel, avant qu’il ne soit au zénith. J’aime aussi poser mon regard sur le début du coucher du soleil jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue, dans une boule rougeâtre à l’horizon.

J’adore vraiment ces moments quand, la nuit, ces souvenirs d’étoiles me reviennent. La première fois que j’ai vu les étoiles autour de la lune dans le ciel, j’avais trois ans et j’étais attaché avec un pagne sur le dos de ma Maman. Repose en paix Maman, paix à ton âme. C’est grâce à toi Maman et à ces étoiles autour de la lune cette nuit-là dans le ciel que ces souvenirs sont restés gravés dans ma mémoire.

Elle reste pour moi inoubliable, cette nuit, elle a créé en moi un amour profond pour les étoiles et la nature. Ceci m’a permis de me remémorer et de retenir point par point le temps et les différentes étapes de ma vie, de l’enfance jusqu’à aujourd’hui. C’est grâce à cette observation que j’ai appris que, dans ce monde, la vie dure seulement le temps de différentes étapes, que ce soit la vie humaine ou celle de la nature. Tout change, d’un moment à l’autre, d’une manière ou d’une autre. Ce qui passe change et ne reviendra pas. Dans ce monde, rien n’existe qui ne finira pas un jour mais, seul, haut dans les cieux, existe ce qui n’a pas de début ni de fin.

Kerim

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils 




La Mère jungle

Une légende colombienne #6

Voici la sixième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable du pays d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice. 

La légende de la Mère Jungle est une histoire profondément ancrée dans la tradition orale de l’Amazonie colombienne et d’une partie des plaines orientales. La légende raconte que les paysans et les bûcherons qui l’ont vu disent qu’elle est une dame corpulente et élégante, vêtue de feuilles fraîches et de mousse verte. La Mère Jungle est généralement représentée comme une femme forte et belle, mi-femme et mi-montagne, avec un chapeau couvert de feuilles vertes et de plumes qui ne laisse pas voir son visage.

Certains et certaines prétendent entendre ses cris et ses sifflements lors des nuits sombres et orageuses. Elle vit loin du bruit de la civilisation dans des endroits enchevêtrés avec des arbres feuillus et dans des forêts chaudes en compagnie d’animaux sauvages.

Les paysans disent que lorsque Mère Jungle se baigne dans les sources des rivières, celles-ci deviennent boueuses et débordent. Elle provoque aussi aussi des inondations et de fortes tempêtes dont résulte de terribles dégâts.

La légende de la Mère Jungle peut servir d’avertissement pour notre époque car les êtres humains détruisent la planète au point de créer un important réchauffement climatique ce qui montre que la Mère Jungle ou la Terre Mère est furieuse contre toute l’humanité.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La Colombie


Harith Ekneligoda
/ Voix d’Exils.

 Un pays diabolisé et pourtant digne d’admiration

Je viens de Colombie et l’amour de ma terre, cet amour inaliénable, m’amène à écrire un peu sur la réalité de mon pays.

En tant que Colombienne, je connais la situation réelle dans mon pays. Le conflit armé, très difficile à expliquer en un court texte, l’a sévèrement mutilé. La corruption et la violence se vivent au quotidien. Je pense que, comme dans beaucoup d’autres pays, il y a du bon et du mauvais, des gens bien et des gens moins bien. A cause de ces gens moins bien, je dois vivre aujourd’hui loin de ma patrie, mais la Colombie reste une terre merveilleuse, très riche.

La Colombie se situe à l’extrême Nord de l’Amérique du Sud. Elle compte environ 51 millions d’habitants et sa langue est l’espagnol.

Les hommes et les femmes colombien.ne.s sont très créatifs et sont toujours à la pointe de l’innovation. Dans le pays, de grandes entreprises ont été développées dans les domaines de la technologie, des affaires, de la médecine et des télécommunications. Il y a d’excellents sportifs et artistes, entre autres.

La Colombie est un pays privilégié, c’est le seul pays d’Amérique du Sud à avoir accès à deux étendues d’eau. Sa position géographique lui permet d’avoir accès à l’océan Pacifique et à la mer des Caraïbes. Il possède de belles plages touristiques, Cartagena, Santa Marta, parmi tant d’autres. Il y a également des montagnes enneigées telles que Cucui, la Sierra Nevada de Santa Marta et le Nevado del Ruiz. Dans le Sud, on trouve des forêts tropicales, les montagnes des Andes et des plantations de café et dans la vallée du Cauca, la canne à sucre à partir de laquelle le gaz, l’alcool et le carburant sont produits. La Colombie est aussi l’un des plus grands pays producteur de sucre, de riz, de pommes de terre et de maïs. Il y a  plus de 350 variétés de fruits, ce qui fait que vous pouvez déguster un fruit différent chaque jour de l’année, sans vous répéter!

Parmi les richesses naturelles de la Colombie figurent l’or, l’argent, les émeraudes, le pétrole et le charbon.

La Colombie compte plus de 1800 espèces d’oiseaux, 470 mammifères, 520 reptiles et plus de 750 amphibiens. Côté flore, 10% des espèces végétales mondiales poussent en Colombie.

En quittant le sujet des chiffres de la richesse de la Colombie, je peux aussi vous dire que nous sommes des gens très heureux, amoureux de toutes sortes de musiques et de la danses, surtout la salsa. Chez nous, l’art et la poésie occupent une place très importante. Les Colombiennes et Colombiens sont des gens très sympathiques et solidaires: ils ont toujours le sourire pour vous accueillir, les maisons sont ouvertes pour la visite d’un ami à tout moment sans avoir à prendre rendez-vous. Nous aimons les belles surprises.

C’est un pays chaleureux dans tous les sens du terme, c’est ma chère Colombie.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




Mon expérience de la sobriété

Source: unsplash.com.

« En un jour, j’ai perdu mon poste prestigieux, ma liberté et toutes mes richesses »

Le concept de sobriété peut être brièvement défini comme la frugalité et le contentement avec peu. Il y a cinq ans, j’avais toutes sortes de richesses comme: une maison, une voiture de fonction avec un chauffeur privé, un gardien, un domestique, un salaire élevé. Ces opportunités me semblaient normales et nécessaires. J’essayais d’accéder à une position plus élevée pour avoir encore plus d’opportunités. Cependant, après un événement politique national qui s’est produit dans mon pays, j’ai été licencié et je me suis retrouvé du jour au lendemain en détention. En un seul jour, j’ai perdu: mon emploi, mon poste si prestigieux, ma liberté et toutes les richesses que je viens de mentionner.

La principale chose que je veux vous dire ici est la suivante: J’ai essayé de m’allonger sur une planche sans oreiller dans la salle de détention où j’ai passé 4 jours. Bien que j’aie été habitué à de nombreuses bénédictions, je me suis satisfait de pain sec. J’ai appris à vivre simplement pendant un an et demi de vie carcérale. Je me suis aperçu qu’une petite armoire et quelques vêtements me suffisaient. Je n’avais pas besoin de repas variés. Un petit repas simple me suffisait. J’ai réalisé qu’il était possible de vivre sans téléphone portable, sans ordinateur et sans Internet. J’ai appris que bon nombre des objectifs et des préoccupations que j’avais poursuivis dans la vie étaient inutiles.

« Pour être heureux, il suffit d’être libre, optimiste et plein d’espoir »

Ce changement radical dans ma vie m’a fait réaliser l’importance d’appliquer le concept de sobriété dans ma vie. Après ma sortie de prison, j’ai voulu poursuivre mon habitude de me contenter de peu, ou de vivre avec juste ce qu’il faut. J’ai demandé à ma femme de m’acheter un vieux téléphone non intelligent, sans connexion Internet. J’ai essayé de convaincre ma femme qu’il était possible d’être heureux de cette façon. En fait, j’ai réalisé que pour être heureux, il suffit d’être libre, optimiste et plein d’espoir. Et maintenant, j’essaie de vivre cette vie humble et sobre en Suisse. Par exemple, je n’achète pas tout ce qui n’est pas un besoin essentiel, je suis plus sélectif. Au lieu d’acheter une voiture, je préfère marcher ou prendre mon vélo. J’essaie de manger moins et de dormir peu. J’essaie d’explorer et de découvrir de nouveaux lieux et contempler la beauté de la nature.

Je m’inspire aussi des enseignements de ma religion à ce sujet. Notre Prophète (sav) a loué et encouragé la sobriété, qui est l’un des principes les plus importants des valeurs morales islamiques. Le Prophète Muhammed (as) a déclaré que peu importe la quantité de biens qu’une personne possède, la vraie richesse est la sobriété (Bukhari, Rikak, 15), et a aussi déclaré que toute la bonté du monde a été donnée à une personne qui est : à l’abri du mal de son âme, saine dans son corps et qui a de la nourriture quotidienne. (Tirmidhi, Zuhd, 34).

Ramazan Atan

Contributeur externe de Voix d’Exils

Ramazan Atan est une personne Turque réfugiée en Suisse depuis presque un an.




Et si on désapprenait tout pour redevenir des enfants!

Daniel Esteban Léon Campo, fils de Marta Campo, rédactrice à Voix d’Exils/Photo prise, depuis 7 ans, au bord d’une piscine.

 Le monde sera plus juste.

À quoi ressemblerait notre monde et notre société s’ils étaient dirigés par des enfants ? C’est la question à laquelle essaye de répondre notre rédactrice Martha Campo au travers de cet article qui nous invite à la réflexion.

«Avant d’apprendre à lire aux enfants, vous devez les aider à apprendre ce que sont l’amour et la vérité» (Mahatma Gandhi).

Un peu en désaccord avec la phrase du Mahatma Gandhi, je dirais que les enfants sont amour et vérité et que ce sont les adultes qui finissent par corrompre leur esprit, leur cœur, leurs actions. Je ne sais pas quand cette simplicité, cette innocence, cette gentillesse, cette façon sincère d’agir et de parler que les enfants amènent avec eux à la naissance se perd et si les comportements des enfants changent en fonction de l’environnement qui les entoure, de ce qu’ils entendent et de ce qu’ils voient.

Suivez-moi dans un rêve : et si le monde était gouverné par des enfants, c’est-à-dire par des personnes qui auraient conservé le cœur et l’esprit d’un enfant ?

Imaginons un ministère de la santé : avec la sensibilité d’un enfant, son empathie pour les autres, on ne regarderait pas combien coûte un traitement ou si le malade y a droit ou pas en fonction de son assurance ; on ne regarderait qu’une seule chose : qui a besoin d’aide, à qui il faut sauver la vie et on ne lésinerait sur rien pour le faire.

Imaginons maintenant les ministères de l’environnement et de l’agriculture :  nous savons que les enfants aiment la nature, la terre, ils adorent jouer dans la boue, ils sèment, ils pleurent quand un petit ver ou une fourmi meurt sous une chaussure humaine. Ils ne sont pas des consommateurs, ce sont des amoureux de la récupération et du recyclage, ils transforment tout ce qu’ils trouvent, ce sont des créateurs… donc, avec eux, pas de problèmes de pollution ou de contamination !

Que diriez-vous d’un pays gouverné par le cœur d’un enfant, avec des lois justes, de la solidarité et beaucoup d’amour pour le peuple ? Il n’y aurait pas besoin de réformes puisque l’équité, l’égalité, la justice et le bien-être seraient présents depuis le début. Dans ce monde, le bonheur du peuple serait le premier objectif et l’être humain la priorité.

Dans ce monde dirigé avec le cœur d’un enfant, il pourrait y avoir des disputes mais toujours la réconciliation, les haines n’existeraient pas, le câlin serait donné sans regarder la race, la couleur, le milieu social, la nationalité, l’âge ou le genre, tout le monde se tiendrait ensemble, chacun se soucierait de l’autre, donnant et recevant tour à tour. Tout sortirait de la simplicité, de l’innocence, de la vérité, du naturel avec lequel nous sommes nés.

Nous devrions y penser pour construire un monde plus juste.

Martha Campo Millan, membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils