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Faire face

Miguel Bruna / Flickr.com

L’égalité des sexes comme partie intégrante de la solution aux nombreux défis contemporains

Les inégalités, le manque d’opportunités et la surcharge de travail sont des problèmes familiers pour les femmes du monde entier, depuis des décennies. Et voici qu’à la lutte menée pour accéder à une vie digne, s’ajoute maintenant le défi de faire face à une pandémie. Nous sommes dans une phase sans précédent et personne ne sait ce qui va se passer. Nous regardons l’avenir avec un mélange de peur et d’incertitude. L’inattendu, l’impensable nous atteignent de toute part.

C’est comme si un tsunami était arrivé, dévastant tout ce que nous avions créé, bousculant notre façon de vivre, d’apprécier le partage, de travailler. Tous nos sens ont reçu un impact inquiétant : il n’y a plus de goût, il n’y a plus d’odeurs, nous ne pouvons plus apprécier le goût d’un bon vin ni la nourriture la plus exquise. L’air magnifique qui entrait dans nos poumons pour y engouffrer la vie, voilà qu’il passe à peine à travers les masques qui couvrent nos visages pour éviter de nous infecter. Notre regard finit par être contaminé par les images d’actualité de millions de morts dans les différents pays, nos oreilles n’entendent plus qu’un écho répétitif qui dit : « COVID-19, tests, nouvelles mesures, mise en quarantaine, infections, décès, contagions, mutations »… et ne parlons pas du contact physique, de l’accolade ou de l’étreinte, celle dont on dit tant qu’elle guérit les blessures, réconforte, encourage… C’est devenu interdit, les bises ont été remplacées par un petit geste et la poignée de main par une touche du coude.

Oui, tout cela ressemble à un film d’horreur ou de science-fiction. Mais ce n’est pas la plus grande horreur encore. La plus grande horreur est vécue par les femmes. Les mesures de confinement – y compris le télétravail – exacerbent les tensions sur les charges domestiques, la sécurité, la santé, l’argent et augmentent le risque de violence domestique.

Nous devons éviter tout type de régression. Il est temps d’être ambitieux et d’assumer l’égalité des sexes comme partie intégrante de la solution aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés en termes de sécurité, de santé, de climat, d’économie et de droits humains fondamentaux.

Mais, surtout, le plus important est que nous ayons une intelligence suffisante dans la sphère collective et personnelle pour tirer des leçons de chaque situation, ainsi qu’un optimisme que nous ne pouvons pas perdre.

Les crises font ressortir le meilleur de chaque individu. La vie d’aujourd’hui exige vraiment 100% de nos capacités, de notre talent, de notre générosité. Nous avons connu un changement vertigineux, relevé un énorme défi pour maintenir l’activité professionnelle, la famille au milieu de la peur. Notre responsabilité dorénavant est de minimiser l’impact négatif de cette pandémie. Nous devons le faire même face à un avenir incertain, car l’avenir n’est pas écrit, nous sommes celles et ceux qui allons le construire chaque jour. Nous devons nous confronter à nous-mêmes. Que sommes-nous capables d’offrir? Que sommes-nous capables de surmonter? Que sommes-nous capables de transformer? Que sommes-nous capables de reconstruire? Comment pouvons-nous nous réinventer pour continuer? Comment pouvons-nous être utiles aux autres ainsi qu’à nous-mêmes?

Vraiment, c’est ce que la vie exige de nous actuellement. Nous ne pouvons pas abandonner nos luttes, nous devons continuer ; nous avons le droit de nous sentir tristes, fatigué.e.s et parfois même vaincu.e.s. Nous pouvons nous reposer mais, chaque jour, nous devons nous lever et reconstruire, qu’importe si nous sommes à nouveau un peu brisés à la fin de la journée. Il faut voir l’opportunité de chaque nouveau jour, car cette opportunité est la nôtre et nous avons un pouvoir sur elle.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Bertrand Teyou : un écrivain et activiste Camerounais actuellement incarcéré en Suisse

Bertrand Teyou. Photo de profil Facebook.

Bertrand Teyou. Photo de profil Facebook.

Bertrand Teyou est un écrivain et un activiste Camerounais connu pour son opposition acharnée à l’actuel président du Cameroun Paul Biya. L’été dernier, il a déposé une plainte contre Paul Biya à la Cour européenne des droits de l’Homme pour l’avoir jeté en prison et confisqué ses livres. Il a également déposé une plainte pénale en juillet dernier auprès du Ministère public du canton de Genève. Et, il y a à peine trois semaines, l’activiste a signé une lettre au nom du collectif « Cameroun libre », envoyée au gouvernement suisse – le Conseil Fédéral – demandant purement et simplement l’expulsion de l’actuel chef d’Etat Camerounais de la Suisse, pays où il séjourne très régulièrement. Aujourd’hui, Bertrand Teyou est emprisonné en Suisse.

Bertrand Teyou, ce Camerounais de 43 ans, avait fait la une des journaux Camerounais et internationaux suite à son arrestation et son emprisonnement en novembre 2010, pour avoir «osé» critiqué la première dame de la République du Cameroun, Chantal Biya, dans son livre intitulé «La Belle de la République bananière: de la rue au Palais». Condamné à deux ans d’emprisonnement ferme pour «outrage à personnalité», entre autres, il avait finalement été libéré six mois plus tard, en demandant «des excuses à la première dame du Cameroun pour l’offense causée par son œuvre», et en payant la somme de 2 millions de francs CFA (environs 4000 francs suisses), selon le quotidien Camerounais Mutations.

«Quand j’ai été emprisonné, COLIBERTE – un collectif regroupant des écrivains du monde entier – a alerté des ONG et Il y a eu une mobilisation énergique pour ma libération. Amnesty International a reconnu que j’étais un prisonnier d’opinion. J’ai été surpris par les courriers et par la détermination à défendre le droit à la liberté d’expression. Et j’ai été libéré après 6 mois. Cela a été une grande victoire et une gifle au tyran. Déclarer, dénoncer et reconnaître la réalité de la situation met en évidence la dictature. Et si on met en évidence cette dictature, on peut la démanteler». Martelait encore l’activiste l’été dernier à Genève, des propos rapportés par le site amnesty.ch.

Après sa libération, Bertrand Teyou avait pris la route de l’exil, atterrissant dans un premier temps au Mexique où, dit-il lors d’un entretien accordé au site d’Amnesty International le 18 juin 2012, il avait été contacté par ICORN International, une organisation qui s’occupe, par le biais de résidences d’écriture, d’écrivains en danger dans leur pays. L’organisation lui avait proposé d’écrire son histoire en résidant à Mexico City. Comme il se trouvait qu’il y avait une place de résidence disponible, Mexico City était alors devenu sa résidence d’écriture en septembre 2011.

«Paul Biya, pire que Hitler»

Arrivé en Suisse en 2012, il s’était notamment engagé avec d’autres Camerounais de la diaspora à «dénoncer ici en Europe, la dictature et le règne de la terreur qui sévit au Cameroun». Lui qui disait de Paul Biya qu’il est «plus dangereux qu’un monstre et même pire que Hitler», s’était donné pour «défi» de faire expulser Paul Biya de la Suisse. Car, selon lui et ses acolytes, il est inadmissible que le président Camerounais trouve le moyen de passer du bon temps sur les bords du lac Léman, en dilapidant l’argent d’un pays dévasté par son régime de terreur et d’horreur. « Paul Biya vit en véritable prince choyé à Genève, ville où fut conçu le « Mein Kampf» camerounais (« Pour le libéralisme communautaire ») », édité et publié en 1987 par l’éditeur Pierre-Marcel Favre à Lausanne en Suisse. Il y a plus ou moins trois semaines, ce lauréat du prix Hellman/Hammett 2012, envoyait une lettre au Conseil Fédéral à Berne, en qualité de porte-parole du collectif «Cameroun libre», dans laquelle il demande aux autorités helvétiques d’expulser Paul Biya de Suisse.

Bertrand Teyou « disparaît de la circulation »

Depuis plusieurs jours, ses acolytes n’arrivent plus à entrer en contact avec lui. La rédaction vaudoise a retrouvé sa trace et nous apprenons qu’il est actuellement emprisonné à la prison de Martigny d’où, aux dernières nouvelles, il a été transféré dans un hôpital, à priori suite à une grève de la faim. Il vient d’être interviewé par Amnesty International et nous allons l’interviewer à notre tour d’ici quelques minutes pour mieux connaître les raisons de sa détention.

Affaire à suivre.

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils