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Revue de presse #30

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

L’actualité internationale de la migration

Sous la loupe : France, un agent de la Police aux Frontières au tribunal / Chypre, expulsion de demandeurs d’asile libanais / Slovénie, plus de 100 clandestins interpellés à la frontière Schengen / Suisse, les travailleurs étrangers sont bénéfiques pour l’économie et les sciences. 

France: un agent de la Police aux Frontières devant la justice

Mediapart, le 28 septembre 2020

Suite à la plainte d’un militant engagé dans le soutien aux migrants, la justice a épinglé un agent de la Police aux Frontières (PAF) de Montgenèvre (frontière entre la France et l’Italie).

Le fonctionnaire qui occupait un poste en haute montagne installé sur la route, souvent enneigée, qu’empruntent à pied les migrants venant d’Italie, sera jugé au tribunal correctionnel pour « blessure involontaire par imprudence ».

Un juge d’instruction a décidé que les agissements du fonctionnaire en question, un soir de 2017 alors que quelques militants s’étaient rassemblés devant le poste-frontière pour contester la reconduite de migrants en voiture vers l’Italie, méritaient un procès.

Selon le résumé du magistrat, le policer, qui n’avait pas suffisamment écarté son véhicule, avait roulé sur le pied d’un manifestant.

Rappelons que, depuis des années, exilés et militants dénoncent les pratiques locales des forces de l’ordre, vécues comme du « harcèlement ».

Chypre : expulsion de demandeurs d’asile libanais

Human Right Watch, le 29 septembre 2020.

Au cours de la première semaine de septembre 2020, les garde-côtes chypriotes ont expulsé plus de 200 migrants en provenance du Liban sans leur donner la possibilité de déposer des demandes d’asile, a déclaré l’ONG Human Rights Watch.

Nombre d’entre eux ont déclaré avoir été menacés par les garde-côtes chypriotes grecs et turcs, dont les navires les ont encerclés à grande vitesse, submergeant leurs embarcations et, dans un cas au moins, les ont abandonnés en mer sans carburant ni nourriture. Selon les principaux concernés, leurs demandes d’asile ont été ignorées et, dans certains cas, des agents de la police maritime chypriote grecque les ont violentés.

« Que des ressortissants libanais se joignent désormais aux réfugiés syriens pour fuir par voie maritime le Liban et demander l’asile dans l’Union européenne est révélateur de la gravité de la crise à laquelle ce pays est confronté », a constaté le directeur de la division Droits des réfugiés et migrants à Human Rights Watch. Selon l’ONG, la Commission européenne devrait faire pression sur le gouvernement chypriote pour qu’il respecte le droit de demander l’asile et le principe de non-refoulement – qui consiste à ne pas refouler des personnes dans un lieu où elles pourraient être menacées de mort et de privation de liberté parmi d’autres atteintes graves – conformément au droit européen et international.

Slovénie : hausse des clandestins interpellés à la frontière Schengen

Le Figaro, le 28 septembre 2020.

La Slovénie enregistre une nette hausse du nombre des franchissements irréguliers après leur entrée dans l’espace Schengen depuis la Croatie.

«Un total de 113 migrants illégaux ont été appréhendés le dimanche 27 septembre en différents lieux près de la ville d’Ilirska Bistrica», a déclaré une porte-parole de la police slovène. Il est rare qu’autant de personnes soient appréhendées en même temps.

Au cours des huit premiers mois de 2020, un total de 10223 franchissements irréguliers de la frontière Schengen ont été enregistrés, un chiffre en augmentation de 3,3 % par rapport à la même période de l’année dernière.

Selon la police slovène, la plupart des clandestins sont originaires du Pakistan et du Bangladesh et seront probablement renvoyés en Croatie.

Suisse : les travailleurs étrangers sont nécessaires à la place économique et scientifique

24 Heures, le 27 septembre 2020.

Les Suisses tiennent à leurs relations avec l’Union européenne (UE). L’initiative pour une immigration modérée de l’UDC a été rejetée dimanche 27 septembre par 61,7% des votants. Cette dernière demandait à ce que la Suisse règle de manière autonome son immigration.

Le camp des vainqueurs s’est montré satisfait par la netteté du résultat. Pour la quatrième fois, les Suisses ont repoussé une attaque contre ses bonnes relations avec l’Europe, a réagi Opération Libero, mouvement politique engagé en faveur d’une Suisse ouverte et progressiste.

Lors de la campagne, l’UDC avait joué sur les craintes des travailleurs jeunes et plus âgés d’être mis hors jeu par des étrangers payés moins chers.

Les opposants ont au contraire souligné que la libre circulation était bénéfique à la place économique et scientifique suisse. Selon eux, les entreprises helvétiques ont besoin de travailleurs étrangers et le commerce est fondamentalement lié à l’Europe.

Après ce «non» clair, le Conseil fédéral va pouvoir se pencher à nouveau sur l’accord-cadre avec l’Union européenne.

Valéry Martseniuk / Voix d’Exils




La revue de presse #4

La revue de presse: la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe: les champions de la naturalisation / bilan de l’opération Papyrus / des expulsions coûteuses ->

Les Russes, champions de la naturalisation en Suisse

Swissinfo.ch, 20 février 2020

Le passeport rouge à croix blanche serait plus attractif pour les résidents venus de loin que pour les Européens. La Commission fédérale des migrations (CFM) et l’Université de Genève ont publié récemment des chiffres détaillés sur la naturalisation qui montrent que 10,3% des Russes vivant en Suisse ont été naturalisés entre 2011 et 2017, ce qui les place en pole position.
« Les personnes qui se lancent dans une procédure comptent s’établir dans le pays sur le long terme et participer à la vie politique », explique Philippe Wanner, professeur ordinaire à l’Institut de démographie et socio économie de l’Université de Genève, et co-auteur de l’étude.
Parmi les autres ressortissants étrangers qui présentent un taux de naturalisation élevé, on compte 6,01% d’Irakiens et 3,16% de Sri lankais – l’un des groupes de migrants les plus importants de Suisse. « Ce sont des populations qui n’ont pas l’envie ou la possibilité de rentrer dans leur pays d’origine pour des raisons politiques. Pour ces personnes, la naturalisation peut aussi être un signe de reconnaissance envers le pays qui les a accueillies. »

Genève régularise des milliers de sans papiers

Le Courrier, 21 février 2020.

L’ « opération Papyrus », visant à régulariser un nombre important de personnes sans permis de séjour vivant à Genève depuis des années, a été un succès. Lancée en 2017, « Papyrus » a permis la régularisation de 2390 personnes à Genève. Parmi elles, on compte 437 familles (676 parents et 727 enfants), ainsi que 24 couples sans progéniture et 939 célibataires.
Seuls 47 dossiers ont été refusés à cause de l’important tri des candidatures ayant été fait en amont. Quelques cas de tentatives de fraude ont été dénoncés à la justice, mais elles sont restées «l’exception». Alors que 744 dossiers sont encore à l’étude, la démarche ne devrait cependant pas être renouvelée.
Sans surprise: 74% des dossiers concernaient des personnes travaillant dans le domaine de l’économie domestique, à des postes majoritairement occupés par des femmes. 7% concernaient le bâtiment et 4% l’hôtellerie et la restauration.

Des expulsions qui coûtent cher à la France

Mediapart, 24 février 2020

Ces derniers mois, les vols charters français à destination de l’Albanie et de la Géorgie se sont multipliés, avec l’appui de l’agence européenne de garde-frontières: Frontex.
Depuis l’été dernier, Frontex a été mobilisée à six reprises pour renvoyer des demandeurs d’asile vers Tirana, en Albanie, ou Tbilissi, en Géorgie, des pays considérés comme « sûrs » et dont les ressortissants – qui représentent les deuxième et troisième contingents de demandeurs d’asile en France – sont accusés de détourner la procédure d’asile pour des raisons économiques.
A titre d’exemple, le site d’information français Mediapart, cite le vol du Boeing 737 parti le 28 juin dernier de Toulouse en direction de la Géorgie, et qui a coûté 103 784 euros (environ 110 500 francs suisses). Un prix très élevé qui s’explique par la présence de 48 «escorteurs» de diverses nationalités (notamment des policiers et des interprètes), accompagnant sept adultes et six enfants renvoyés vers Tbilissi, alors que 90 personnes devaient initialement faire le voyage. Un authentique fiasco.
Même si l’agence Frontex prend en charge une partie du coût des vols charters, les expulsions coûtent très cher à la France qui a déboursé presque un demi-milliard d’euros en 2018.

Valmar / Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

A propos de l’opération Papyrus: « Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois », article publié dans Voix d’Exils le 30.03.2017.




La revue de presse #2

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Au plus près de l’actualité internationale de la migration

Discrimination à l’embauche des candidats d’origine maghrébine

Mediapart, 27 janvier 2020

Dans le cadre d’une étude demandée par le gouvernement français, deux types de candidats fictifs ont postulé auprès de grandes entreprises françaises. Les candidats « de référence » portaient des prénoms et des noms «franco-français» comme Julien Legrand ou Emilie Petit, tandis que les candidats «test» étaient affublés de patronymes « maghrébins » comme Hicham Kaidi ou Jamila Benchargui.
Les résultats de l’étude sont sans appel :
• Il existe une discrimination significative à l’encontre des candidats français présumés d’origine maghrébine.
• Ces candidats reçoivent près de 20 % de réponses en moins que les candidats dits de référence.
• Plus l’entreprise est grande (et plus elle reçoit de postulations), plus la discrimination est forte.

Vivre dans le centre d’accueil de Lesbos, en Grèce : cauchemardesque !

Le Courrier, 27 janvier 2020

Dans son dernier ouvrage, Jean Ziegler raconte sa visite dans le plus grand centre d’accueil de réfugiés de la mer Égée. Âgé de 85 ans, le sociologue suisse a effectué des missions pour les Nations Unies en tant que rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation et a assisté à bien de tragédies. Mais au retour de son voyage pour le Conseil des droits de l’homme dans le camp de réfugiés de Lesbos, en mai 2019, ce qu’il a vu l’a d’abord rendu muet.
Puis, il a décidé de briser ce qu’il appelle la «conspiration du silence» en publiant le livre « Lesbos, la honte de l’Europe », qui vient de paraître aux éditions du Seuil. Dans un langage simple et sensible, Jean Ziegler pose l’être humain au centre de son propos. Il dénonce les conditions de vie dantesques des réfugiés de Lesbos qui sont logés dans une ancienne caserne prévue pour 6400 personnes, mais qui en abrite de fait 18 000. A la surpopulation s’ajoutent le manque d’eau, de chauffage et d’électricité. Quant à l’accès à la nourriture, il n’est pas garanti, les plats servis sont avariés et insuffisants. Les droits à la dignité et à la santé sont également défaillants, les sanitaires rarissimes et nauséabonds. Des immondices entourent le camp, entraînant des invasions de rats et la gale. Enfin, les droits de l’enfant sont bafoués. Privés d’éducation, les mineurs sont souvent non accompagnés. Livrés aux violences des adultes – notamment sexuelles – ils souffrent fréquemment de troubles psychologiques et de traumatismes sévères, sans aucun suivi.
Le livre de Jean Ziegler est à la fois un témoignage poignant de première main, une analyse sans appel de la politique migratoire européenne, ainsi qu’une invitation à « l’insurrection des consciences et, espérons-le, à l’insurrection tout court ».

Kosovar, il a fait fortune en Suisse et soutient de jeunes talents au Kosovo

24 heures, 26 janvier 2020

Depuis la fin de la guerre au Kosovo, plus de 35 000 Kosovars qui habitaient en Suisse sont rentrés au pays. L’un d’eux, Vllaznim Xhiha, qui a grandi à Zurich avant de faire fortune au Tessin, se distingue par son investissement dans le soutien aux jeunes talents. Né en 1952, il est passé par les bancs de l’école zurichoise, puis a étudié à l’EPFZ. En 1993, il a lancé « Newave », une petite entreprise spécialisée dans les appareils d’approvisionnement en électricité sans interruption. Entreprise qu’il a revendue en 2012 pour 170 millions de francs. Après 25 ans d’exil, Vllaznim Xhiha a décidé de retourner au Kosovo et d’y créer la fondation « Bonevet », un nom qui signifie « Do it yourself » ou Fais-le toi même. Son objectif: offrir une formation en programmation, électronique et mécanique à des enfants et à des adolescents.

Plus de 200 migrants secourus en Méditerranée

24 heures, 26 janvier 2020

Quelques 223 migrants secourus en Méditerranée, dont des femmes enceintes et des enfants, se trouvaient dimanche 26 janvier à bord du navire humanitaire Ocean Viking en attente d’un port sûr où débarquer. Le sauvetage le plus récent s’est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche dans la zone de secours et de recherches (SAR) de Malte. 72 migrants, qui se trouvaient à bord d’une embarcation surpeuplée, ont pu être secourus.

Valmar / Voix d’Exils




Sarkozy guillotiné ?

Une guillotine. Source: http://www.flickr.com/creativecommons/

Après cinq années passées au sommet de l’Etat français, Nicolas Sarkozy a été battu hier aux élections présidentielles par le socialiste François Hollande. Apparu quelques minutes seulement au palais de la mutualité à Paris après l’annonce par les médias français de sa défaite, il s’est montré très ému et a notamment affirmé qu’il redeviendra « un citoyen comme les autres ». Tout porte à croire qu’il prendra ses distances avec la politique. Or, c’est la justice qui risque fort bien de le rattraper aujourd’hui !


/wiki/Jacques_Chirac »>Jacques Chirac
, président de la République Française pendant 12 ans de 1995 à 2007, avait été condamné
à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris le jeudi 15 décembre 2011, pour une affaire d’emplois fictifs à la ville de Paris qui remonte au début des années 1990, alors qu’il était maire de la capitale. Protégé pendant son séjour à l’Elysée par une généreuse immunité de fonction, ce politicien de 79 ans, considéré par certains spécialistes de la politique intérieur française comme « le maître du pot-de-vin politique », avait donc été jugé plus de quinze ans après les faits. Il est le premier et le seul ancien président de la République Française condamné en correctionnelle. Mais ce palmarès, pour le reste peu glorieux, risque fort bien de s’enrichir avec la probable arrivée de Nicolas Sarkozy dans la liste.

Des ambitions communes et un destin partagé

Car plutôt que de mettre fin au problème de financement illicite, les condamnations de Chirac ont simplement exposé comment la corruption, le détournement de fonds publics, l’abus de confiance, la prise illégale d’intérêt, le trafic d’influence étaient devenus des institutions en France. Et Sarkozy, le successeur de Chirac au sommet de l’Etat, aurait même fait pire. Son goût effréné pour le luxe lui aurait sans doute joué des sales tours. Et à voir l’allure que prend la tournure des événements, il est « mal barré », car sa chute de hier soir marque peut-être le début d’un long calvaire qui le conduira probablement du palais de l’Elysée à la prison de la santé à Paris, si la justice venait à prendre au sérieux les nombreuses chefs d’inculpation qui pèsent sur lui. Pire, Sarkozy risque fort de tomber comme Louis XVI (Roi de France de 1774 à 1791) exécuté le 21 janvier 1793 par la guillotine, sur la place de la Révolution à Paris. En effet, il serait impliqué dans plusieurs scandales politico-judiciaires et, avec sa défaite au second tour des élections présidentielles hier ainsi que la perte de l’immunité juridique qui s’en suivra, le futur ex- président français Nicolas Sarkozy pourrait être confronté à toute une série de procès.

Sarkozy éclaboussé par « l’affaire Karachi »

Le nom du président sortant apparaît notamment dans « l’affaire Karachi », où il est accusé de corruption. Pendant sept ans, Al-Qaïda avait été soupçonnée d’être derrière l’attentat du 8 mai 2002 à Karachi, au Pakistan, contre des employés de la Direction des constructions navales (DCN), qui avait fait 14 morts, dont 11 Français. Mais depuis 2009, c’est la thèse d’un règlement de comptes lié au non-versement de commissions par l’Etat français qui est privilégiée. Cette enquête a mis au jour des mécanismes occultes qui pourraient avoir financé illégalement la campagne d’Edouard Balladur aux élections présidentielles françaises en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole. En 1994, lors de la signature des contrats avec le Pakistan, Nicolas Sarkozy occupait le poste de ministre du Budget. C’est à ce titre qu’il aurait validé la création d’une société offshore luxembourgeoise par laquelle auraient transité les fameuses rétro-commissions, selon plusieurs journaux français.  Les journaux qui ajoutent avec un brin de malice que pendant la campagne de Balladur, Sarkozy n’aurait pas été qu’un simple porte-parole. Mais, selon les précisions de l’Elysée en septembre 2011, (sur le site web de la présidence française) Nicolas Sarkozy « n’a jamais dirigé la campagne d’Edouard Balladur » et n’a « jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne ». Dans cette affaire, plusieurs proches de Sarkozy ont été mis en examen. D’autres ont été condamnés à des peines avec sursis, comme Thierry Gaudet, condamné jeudi passé, le 3 mai 2012, à dix-mois de prison avec sursis pour malversations financières.

Le colonel Kadhafi, mécène de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007 ?

Un document daté du 10 décembre 2006, publié par Mediapart (un site web d’information français) samedi 28 avril, indique que le régime Kadhafi aurait débloqué une somme de 50 millions d’euros pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007. La note ne précise pas si le financement a effectivement eu lieu. Nicolas Sarkozy, qui a qualifié ces soupçons de « grotesques » sur Bfm tv, a annoncé qu’il allait porter plainte contre Mediapart. Tant qu’il sera président, Nicolas Sarkozy ne risque rien juridiquement. Comme …Chirac, cité plus haut. Son immunité l’empêche d’être mis en cause et interdit aux juges d’enquêter sur lui nommément concernant des actes extérieurs à sa fonction. L’article 67 de la Constitution française, modifié en février 2007 par….. Jacques Chirac, précise que le président de la République « ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ». En cas de réélection, Nicolas Sarkozy aurait donc pu être crédité d’un sursis de cinq années supplémentaires avant de se risquer de comparaître devant les tribunaux français, comme l’avait déjà fait Chirac lors de sa réélection….Hélas pour lui, l’histoire ne s’est pas répétée !

Les liasses de Liliane Bettencourt

Eric Woerth, trésorier de l’UMP et de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007, avait rendu visite à l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt en 2007. L’ancienne comptable de la milliardaire affirme que le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, aujourd’hui en prison, lui avait demandé 150’000 euros en liquide pour les remettre à Eric Woerth. Une somme largement supérieure aux dons autorisés dans le cadre d’une campagne électorale. L’ex-comptable des Bettencourt a aussi affirmé qu’un témoin avait vu Nicolas Sarkozy en personne recevoir de l’argent. Le témoin en question, une ex-infirmière de Liliane Bettencourt, avait démenti.

Selon L’Express, (journal français) du 28 mars, « derrière le nom de Woerth, c’est celui de Nicolas Sarkozy qui s’inscrit en filigrane ». Mais « pour être inquiété, il faudrait toutefois qu’Eric Woerth cite nommément le chef de l’Etat dans cette affaire ». Ce qui est toutefois peu probable car « Eric Woerth jouera le rôle de fusible », assure à l’hebdomadaire Christian Eckert, vice-président du groupe PS à l’Assemblée. A moins que les juges d’instruction parviennent à prouver que Nicolas Sarkozy a lui-même reçu de l’argent.

Sarkozy parviendra-t-il à se soustraire à la justice ?

A voir toutes ces affaires en cours, sans compter d’autres qui s’en suivront probablement, l’ont peut se demander comment Sarkozy parviendra à se faufiler entre les mailles du filet de la justice française. Eva Joly, ancienne juge d’instruction anti-corruption, connue notamment pour avoir « jeté » l’ancien tout-puissant PDG d’ELF, Loïk Lefloch Prigent, en prison, aujourd’hui convertie en ex candidate politique des verts aux élections présidentielles, avait déjà donné le ton pendant la campagne en organisant notamment un « Sarko-Tour », qui consistait à emmener des journalistes dans un bus pour visiter les biens de Sarkozy, ce qui visait à étayer ses soupçons de malversations. Aujourd’hui, avec l’élection de François Hollande à la présidence française, Eva Joly risque fort bien de prendre les commandes du ministère de la justice et de vouloir « finir le boulot ».

Sarkozy n’a pas été réélu comme c’était le cas pour Jacques Chirac, il va donc probablement perdre son immunité. Mais il pourra toujours recourir à d’autres échappatoires s’il n’arrive pas à prouver son innocence dans les différentes affaires en cours. Par exemple, il pourrait s’inspirer encore une fois de… Chirac par exemple en « tombant gravement malade » pour échapper à la justice. Personne ne veut, ni ne peut contester la maladie de Monsieur Chirac, faute de véritables preuves. Il faut cependant admettre qu’il existe un épais brouillard sur sa maladie. Souffrant officiellement « d’Anosognosie » selon le site français ladepeche.fr, un mot bien barbare pour définir la maladie de l’ancien président, dont l’une des caractéristiques est l’amnésie et qui semble avoir été taillée sur mesure afin de lui éviter de répondre de ses actes devant les tribunaux.

Sarkozy pourrait toujours emprunter le yacht ou le Falcon de son ami milliardaire Vincent Bolloré, comme il l’avait fait au lendemain de son élection à la présidence française en Mai 2007, pour fêter sa victoire ! Avec la différence que cette fois-ci, il utiliserait son yacht, non pas pour fêter une autre victoire, mais pour prendre le large : cap sur le golfe de Guinée, destination ?… Le Cameroun, où il pourrait déposer une demande d’asile politique au pays de son autre ami, le dictateur Paul Biya.

En tous cas, le pire pour Sarkozy serait d’affronter la justice française et de risquer le destin similaire et peu enviable de Louis XVI et sa femme Marie-Antoinette (pour la petite histoire elle était aussi glamour que Carla Bruni, l’actuelle première dame de France). Tous les deux ont fini guillotinés! Sarkozy a peut-être commencé sa marche funeste vers l’échafaud de la justice hier soir. Mais nous ne savons toujours pas si Carla Bruni subira le même sort que Marie-Antoinette. Wait and see.

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Il y a cinquante ans, plus de 300 Algériens étaient tués à Paris

Durant le mois d’octobre dernier, de nombreuses associations de défense des migrants, des syndicats et des partis politiques ont manifesté à Paris pour célébrer le 50ème anniversaire de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 qui fut appelée par le Front de Libération Nationale algérien (FLN). Retour sur un épisode sensible de l’histoire française contemporaine.

Le 17 octobre dernier, des manifestants se sont rassemblés sur le lieu du massacre à la Gare Saint-Charles. Ils scandaient « Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples : c’est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne. ».

Une manifestation réprimée dans le sang

Pour mémoire, il y a cinquante ans, plus de 300 Algériens étaient tués dans la « Bataille de Paris » qui opposait le FLN – lequel visait alors à contrôler toute la population algérienne vivant dans la région parisienne – à la police parisienne menée par le préfet Papon. Le soir du 17 octobre 1961, plus de 30 000 Français musulmans d’Algérie se rassemblèrent. Hommes, femmes, enfants, ils  étaient là pour protester, à l’appel de la Fédération de France du FLN, contre un couvre-feu nocturne qui leur était imposé depuis le 5 octobre.  Les organisateurs avaient vivement conseillé aux manifestants de rester calmes et dignes en cas de provocation de la police.

Le Général de Gaulle, alors le chef de l’État, avait donné carte blanche à Maurice Papon pour interdire la manifestation. Et la répression de  la police fut extrêmement féroce. Personne à ce jour n’a pas pu faire un bilan définitif de cette nuit tragique. Les autorités dénombrèrent 3 morts contre plus de 300 selon certains historiens. A cela s’ajoute que plus de 500 personnes auraient été renvoyées en Algérie.

Campagne de signatures

A l’occasion de cette commémoration, le site français d’information Mediapart a publié 17 textes d’écrivains (lire le texte de Kateb Yacine ci-dessous) remémorant la répression sanglante de la manifestation des Algériens. Un épisode qui a également inspiré de nombreux films dont certains ont été réalisés en partenariat avec l’association au Nom de la Mémoire : « Octobre à Paris », de Jaques Panijel, « Ici on noie les Algériens », de Yasmina Adi, « Le silence du fleuve », de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis.

L’association Au Nom de la Mémoire et le site d’information Mediapart ont lancé une campagne de signatures et ont publié une pétition sur internet pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris. « La répression policière de cette protestation non violente est une des pages les plus sombres de notre histoire », peut-on lire sur le site. « Longtemps dissimulée à l’opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort. Le massacre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire. En partenariat avec l’association  Au Nom de la Mémoire, Mediapart lance, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, cet appel pour « une nouvelle fraternité franco-algérienne. ».

Oruce Gunes

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Pour signer la pétition: http://blogs.mediapart.fr/edition/17-octobre-1961/article/121011/appel-pour-la-reconnaissance-officielle-de-la-tragedie-d

Pour voir la vidéo: https://streamingmoviesright.com/fr/film/ici-on-noie-les-algeriens-17-octobre-1961/

Pour en savoir plus: http://www.17octobre61.org

« Dans la gueule du loup » de  Kateb Yacine

Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance
Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?

Extrait de Kateb Yacine Mémoire d’une communauté, éditions Actualité de l’immigration, Amicale des Algériens en Europe, Montreuil, 1987.