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Miracle

Source: pixabay.com

Un poème de Masar Hoti

Notre rédacteur Masar Hoti vous propose de découvrir son poème intitulé « Miracle ». Une version en albanais – langue natale de l’auteur – est également disponible ci-dessous après la version française.

 

MIRCALE

Yeux dans les yeux, IVRESSE

Cœurs entrelacés, MIEL

Voyage vers la destination des chevaliers VITAUX

Cible de roses FRUCTUEUSES

Point terrestre dans l’évolution COSMIQUE

Un monde miséricordieux CHARGÉ

Avec une joie INDESCRIPTIBLE

Une vie qui apportera LA VIE

Un nouveau VOYAGE

Un MONDE

Qui recevra et DONNERA

Un voyage temporaire FACTURÉ

Vraiment des MIRACLES

 

MREKULLI

Syri dret syrit  DEHJE

Ledhatime zemrash MJALT

Rrugetim drejt cakut e kalorseve JETIK ,

Cak i  trendafilave  FRYTEDHENSE

Nje pike dheu ne evolucion KOSMIK

Nje bote  meshiruse e NGARKUAR

Me  gezim te  PA PERSHKRUAR

Nje jete qe do te sjell JETE

Nje udhetim i ri ,nje BOTE

Qe do te merre dhe do te JEP

Nje udhtim i perkoheshem me LLOGARI

Vertet MREKULLI

 

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« Pour la première fois, nous avons senti que nous n’étions pas en exil »

Colonne dans la neige. Photo: Samir Murad / Voix d’Exils.

Vacances inoubliables à Bourg Saint-Pierre en Valais

A la fin du mois de décembre 2019, un groupe de réfugiés a pu passer quelques jours de vacances à Bourg St-Pierre, en plein cœur de la montagne valaisanne, à l’invitation d’Anne-Laure Gausseron, responsable du Groupe œcuménique d’accompagnement des réfugiés à Martigny: le GOAR. Une immersion bouleversante dans la beauté de la montagne.

Ma famille et moi sommes en Suisse depuis plus de deux ans. C’était nos premières vacances. Nous avons passé des moments inoubliables à Bourg Saint-Pierre. Pour la première fois, nous avons ressenti la beauté et l’originalité de la nature suisse.

La chance d’oublier que vous êtes un migrant

Pour la première fois, bien que temporairement, nous avons senti que nous n’étions pas en exil. Nous avons rencontré des familles migrantes, originaires de divers pays : l’Erythrée, l’Afghanistan, l’Irak, le Cameroun, la Syrie et des citoyens suisses. Nous avons communiqué entre nous en français, langue que nous ne maîtrisons pas encore parfaitement. Nous avons découvert la cuisine, la musique et la culture de différents pays, dont celle de la Suisse. Nous avons parlé, ri, et dansé. Dehors, il y avait un vrai hiver. Il neigeait. Nous avons fait des batailles de boules de neige dans une joie illimitée. Ce fut une occasion de se rencontrer, de partager. Pendant ces quelques jours, nous avons oublié que nous étions des migrants, nous avons oublié les problèmes qui ont ruiné nos vies dans nos pays.
A mon avis, de tels projets sont particulièrement bénéfiques pour aider les migrants à apprendre le français et à s’intégrer en Suisse.

L’art de voler

Pour la première fois de ma vie, j’ai fait du ski. Je voudrais remercier mon professeur, Monsieur Tounet, car grâce à lui, j’ai adoré le ski.

Le ski n’est pas seulement amusant. Le ski, c’est l’expression de la confiance en soi d’une personne et sa tentative courageuse de voler. Dès la création du monde, l’homme a souhaité voler. Ce désir irrésistible s’est manifesté diversement, depuis le rêve des tapis volants jusqu’aux avions. Le ski est la capacité d’un individu à voler. Vous volez, vous réalisez vos rêves et vous montrez au monde ce qu’est la liberté.

Le ski, c’est l’esprit des montagnards.

Maintenant, j’ai un petit rêve: acheter du matériel de ski et voler avec mon fils en oubliant tout.

Voler, voler, voler droit devant, sans regarder en arrière…

Et aller dans le monde de nos rêves…

Samir Murad
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

« L’hospitalité c’est comme respirer: c’est vital! », article publié dans Voix d’Exils le 14 octobre 2019.

 

 




« Mon handicap est devenu une opportunité au lieu d’un obstacle »

Mamadi Diallo (au centre)sur scène. Photo: Grégoire Tafelmacher.

Participer à la création d’une pièce puis la jouer: la plus belle expérience de ma vie !

Mamadi Diallo, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, a participé à la dernière création d’Angélica Liddell « Una costilla sabre la mesa : Madre » au théâtre de Vidy à Lausanne.

Depuis trois ans, je suis formateur bénévole à Palabres, une association lausannoise à but non lucratif qui œuvre auprès de personnes migrantes en situation de précarité économique et/ou psychosociale.

L’année dernière, La Marmite, qui se définit comme une université populaire et nomade de la culture, a pris contact avec Palabres. La Marmite collabore avec une association différente chaque année afin de réunir un groupe de personnes autour d’une thématique à développer ensemble. Ces groupes sont ensuite accompagnés dans leur travail par deux médiatrices. J’ai eu la chance de faire partie du groupe de Palabres et je suis resté en contact avec une des médiatrices, Anouk Schumacher, chargée de médiation culturelle au Théâtre Vidy-Lausanne.

« Una costilla sobre la mesa: Madre ». Une pièce d’Angélica Liddell. Photo: Théâtre de Vidy.

Etre acteur pour une grande metteuses en scène d’Europe

En janvier de cette année, Anouk m’appelle pour me dire que la compagnie de théâtre d’Angélica Liddell est à la recherche de figurants malvoyants pour sa dernière création : « Una costilla sabre la mesa : Madre ». Anouk me demande si je suis intéressé par cette expérience. Je ne connaissais pas Angélica Liddell, mais j’avais toujours eu envie de monter sur scène pour ressentir les émotions que peuvent connaître les acteurs face au public. Alors, j’ai tout de suite accepté la proposition et tenté ma chance.

Anouk m’a mis en contact avec Valentin Augsburger, l’attaché au développement des publics et à la communication du théâtre de Vidy. Valentin était chargé du recrutement des figurants pour la compagnie d’Angélica Liddell. C’est donc à lui que j’ai transmis une photo et un texte qui fais part de ma motivation à faire partie de cette aventure. En attendant la réponse, j’en ai profité pour parler à des amis qui connaissaient déjà Angélica Liddell et ses créations. J’ai alors compris qu’elle est une grande metteuse en scène européenne, connue pour ses œuvres fortes qui sont toujours en lien avec l’intime et le cosmique. Après quelques recherches, j’ai été stupéfait par ses œuvres et j’ai compris que le fait de jouer sur scène avec elle serait rien d’autre qu’un grand honneur, si je venais à être choisi.

Un mois plus tard, je reçois une décision me confirmant que je répondais au profil recherché. J’ai sauté de joie, c’était une occasion inespérée de monter sur scène.

« Una costilla sobre la mesa: Madre ». Une pièce d’Angélica Liddell. Photo: Théâtre de Vidy.

Jouer de son handicap

Une semaine avant les répétitions, tous les figurants et acteurs ont été invités à faire connaissance et à rencontrer Angélica qui nous a expliqué nos rôles respectifs.

Cette première rencontre, toutes les répétitions et les 7 représentations du spectacle ont eu lieu dans le nouveau Pavillon de Vidy, une magnifique structure en bois dont la salle est peinte en noir avec des gradins modulables en velours rouge et qui peut accueillir jusqu’à 250 spectateurs.

A notre entrée dans la salle, Angélica était présente, prête à nous accueillir ! Elle était remarquablement sympathique et admirable ! Connaissant un peu son vécu douloureux, j’avoue avoir été surpris par une personnalité si ouverte.

Une fois installée, Angélica nous raconte le pourquoi de ce spectacle et ce qu’il représente pour elle. Elle venait de perdre sa mère avec laquelle elle n’avait pas eu de bons rapports durant sa jeunesse. Mais avant le décès de sa mère, Angelica avait renoué des liens avec elle. Elle nous précise aussi que sa mère n’avait jamais vu aucun de ses spectacles et que pour lui rendre hommage : « je fais un spectacle auquel elle aurait voulu assister ». Comment ne pas admirer une telle intégrité ? Ensuite, elle explique à chacun des figurants son rôle respectif. C’est là que je me suis dit : « Enfin, mon handicap devient un atout ! ». Nous étions trois non-voyants à jouer le rôle de malvoyants qui voient au-delà du visible et qui sont les messagers des dieux de l’Olympe. On retrouve souvent de tels personnages dans les tragédies grecques et dans le théâtre classique.

« Una costilla sobre la mesa: Madre ». Une pièce d’Angélica Liddell. Photo: Théâtre de Vidy.

« Un grand défi et une certaine crainte »

Angélica nous explique que lors d’un des deux passages sur scène, nous devions symboliquement toucher le ventre d’une femme enceinte. Cette interprétation représentait un grand défi pour moi et une certaine crainte aussi, je dois le dire. Mais le contact avec la troupe a été immédiatement excellent. Grâce à cela, j’ai pu m’ouvrir aux autres figurants. J’avais une certaine réticence parce que je n’avais encore jamais touché le ventre d’une femme enceinte, je ne savais pas comment j’allais réagir sur scène. C’est vrai que pour ce rôle très particulier, les deux femmes enceintes, figurantes comme nous, nous ont donné en toute confiance la possibilité de toucher leur ventre et de transmettre ainsi une intense émotion aux spectateurs, puisqu’il s’agissait de parler de vie et de maternité qui sont des éléments essentiels dans toutes les mises en scène d’Angélica Liddell. Dans ce spectacle elle parle à la fois de sa mère, de la moitié de l’humanité, c’est-à-dire toutes les femmes mais aussi de sa souffrance intime, celle ne pas avoir pu vivre l’expérience de la maternité.

Malgré mes craintes devant les défis de cette mise en scène exigeante, j’avoue que je n’ai pas eu de difficulté à jouer mon rôle, grâce au respect et à la confiance dont la troupe d’Angelica Liddell qui nous entourait à chaque instant.

C’est une extraordinaire chance qui s’est offerte à moi, j’en avais rêvé si souvent et, de plus, mon handicap devenait une opportunité et non plus un obstacle. J’étais sur la scène du théâtre de Vidy, figurant dans la nouvelle création d’une importante metteuse en scène européenne et une incroyable actrice, oui c’est vraiment la plus belle expérience de ma vie!

 

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




La peur et le bonheur

Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Un premier accouchement en Suisse riche en émotions

Je m’appelle Kokob, je viens d’Erythrée. Je vis en Suisse depuis bientôt trois ans ; j’y ai rejoint mon mari qui dispose d’un droit de séjour. Ma propre situation administrative est encore incertaine. En 2016, j’ai donné le jour à notre premier enfant, une petite fille, à l’hôpital cantonal de Sion.

C’était la première fois que je vivais l’expérience de la grossesse et de l’accouchement et en plus je n’avais pas de papiers ! Cette situation m’a fait vivre des émotions très fortes : j’étais tellement préoccupée avec ma procédure, chaque jour j’attendais avec espoir une réponse qui ne venait pas ! J’étais surtout inquiète que mon stress puisse affecter mon enfant. Quand j’ai dû me rendre à l’hôpital, j’étais remplie de peur. Mais au moment où l’infirmière m’a prise en charge,  le poids des soucis s’est envolé. Après, tout s’est bien passé, je me suis sentie en sécurité et heureuse. Ma fille Maria est venue au monde et nous a remplis de joie.

C’est le soin et l’amour que j’ai reçu à l’hôpital qui me font écrire ce témoignage.

J’aimerais vraiment prendre le temps de remercier du plus profond de mon cœur tous les médecins et les infirmiers de l’hôpital du Valais à Sion qui ont changé ma peur en bonheur ; je le fais aussi au nom des autres femmes enceintes qui ont accouché à l’hôpital valaisan.

Aujourd’hui, ma fille a presque deux ans ; je n’ai toujours pas de régularisation de séjour. Je l’attends tous les jours avec plein de chagrin dans mon cœur, sachant qu’il est question de la sauvegarde de ma famille, construite avec amour en compagnie de mon mari. Mais nous gardons espoir en regardant grandir dans la confiance notre petite fille.

Kokob Mebrahtu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils