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Revue de presse #23

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : jeunes de France et d’Afrique mobilisés contre le Covid-19 / En Tunisie, l’égalité est un vœu pieux / Le Canada régularise 1000 migrants « anges gardiens »

Des jeunes se mobilisent contre le Covid-19 à travers le monde

Jeuneafrique.com, le 12.08.2020

Des jeunes bénévoles de ONE, l’ONG dirigée par l’ancienne ministre française Najat Vallaud-Belkacem, luttent contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, particulièrement en Afrique.

Originaires du Sénégal, de Gambie, de Tunisie et de France, ils se sont également mobilisés pour contribuer à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Au Sénégal, par exemple, ils ont réalisé des campagnes de sensibilisation sur les gestes à adopter et ont aussi distribué des masques, du gel antiseptique ainsi que de l’eau de javel gratuitement dans les quartiers et les lieux publics.

En France et en Tunisie, la mobilisation des jeunes s’est traduite par de multiples actions : des étudiants ont réfléchi à des innovations techniques dans le secteur médico-social, d’autres ont fait des dons aux organisations caritatives, d’autres encore ont fait les courses pour les aînés.

Des Sénégalais, aux études en Chine, ont été parmi les premiers à alerter sur la gravité de la maladie. Leur plaidoyer pour la fermeture des frontières sénégalaises ont été diffusés sur internet, avant même que cela ne devienne un débat national. Dans un pays où l’âge médian de la population est de 18 ans, cette mobilisation a démontré, selon eux, le pouvoir catalyseur des réseaux sociaux et de l’engagement en ligne. « Notre génération dispose d’un outil puissant pour influencer les décisions, et nous l’avons bien compris », soulignent–ils.

Alors que la deuxième vague de coronavirus se profile, les militants de ONE demandent aux États de soutenir les jeunes dans leurs engagements et de les inclure dans leurs prises de décisions, en particulier en période de crise.

L’égalité des sexes a du plomb dans l’aile en Tunisie

Jeuneafrique.com, le 13.08.2020

Tous les 13 août depuis 1956, jour de l’indépendance tunisienne, le temps se fige dans le pays. Parmi les premières décisions prises par Habib Bourguiba, président de la Tunisie libérée, la promulgation du Code du statut personnel (CSP) est encore dans tous les esprits. Il s’agissait d’une première dans le monde arabe, qui faisait accéder les Tunisiennes à des droits et devoirs plus étendus.

Mais, dans les faits, les féministes observent que les textes de lois ne suffisent pas à changer les mentalités. Elles regrettent que l’égalité légalement accordés aux Tunisiennes soit un vœu pieux que personne ne songe à faire appliquer. Malgré une émancipation de façade, beaucoup de femmes préfèrent rester sous la tutelle d’un chef de famille et sont nombreuses à continuer d’élever leurs fils comme des enfants rois.

64 ans après la libération de la Tunisie, les mêmes tiraillements empêchent l’évolution des femmes dans une société qui veut une chose et son contraire : la modernité, la liberté et l’émancipation mais aussi le respect et l’application du conservatisme le plus rétrograde.

Un millier d’« anges gardiens » régularisés au Canada

voaafrique.com, le 14.08.2020

En mai dernier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait salué le « travail héroïque » des demandeurs d’asile actifs en pleine pandémie dans les milieux de la santé. Il avait promis de réfléchir à un programme de régularisation. Le chef du gouvernement québécois François Legault, les avait même qualifiés d’ « anges gardiens ». Finalement, c’est le ministre de l’immigration qui vient d’annoncer la régularisation prochaine des migrants concernés pour les remercier d’avoir aidé à soigner des malades du Coronavirus.

Cette mesure concernera seulement les infirmiers et les aides-soignants ayant travaillé dans des établissements de santé, des maisons de retraite ou à domicile. Ils pourront demander la résidence permanente pour eux-mêmes et leur famille à condition d’avoir déposé leur demande avant mars 2020, et cela même si leur demande d’asile a été rejetée.

A l’échelle du Canada, cette mesure de régularisation devrait concerner un millier de personnes au maximum.

Oumalkaire / Voix d’Exils




Revue de presse #9

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Covid-19, les Africaines en première ligne / Asile, une Suisse peu généreuse / Surpeuplé, un camp grec part en fumée / La Grèce ouvre des hôtels aux migrants

Covid-19, sensibiliser les Africaines

Jeune Afrique, 27 avril 2020

En Afrique, les systèmes de santé fonctionnent en grande partie grâce au travail invisible et gratuit des femmes. Il en va de même pour l’économie, dont l’essentiel repose sur leurs solides épaules puisqu’elles assurent 60% de l’agriculture vivrière. Une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. Sur les marchés locaux, ces mêmes femmes constituent la majorité des marchands et des clients.

Or, de par leur rôle central, les Africaines sont tout particulièrement menacées par le Covid-19. D’autant que, malgré l’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans beaucoup de pays du continent, le respect des mesures de prévention pose problème.

Faute d’actions de sensibilisation qui leur seraient spécifiquement destinées, les femmes pourraient bien devenir, malgré elles, les vecteurs par excellence du Covid-19. La communication sur ce fléau doit absolument progresser car, dûment informées, les Africaines ont le pouvoir de contenir la propagation du virus.

22 MNA accueillis en Suisse ? Ce n’est pas assez !

asile.ch, 28 avril 2020

La Suisse entend renforcer son soutien à la Grèce dans le domaine de l’asile. Elle va financer des projets humanitaires, fournir des tentes et des lits pour les camps de réfugiés, envoyer des garde-frontières en renfort et accueillir vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) pour autant qu’ils aient de la famille en Suisse.

Alors que la communication officielle et certains médias saluent l’élan de solidarité suisse, Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du CSP Genève, se montre plus critique. Selon lui, le nombre de migrants auxquels la Suisse a décidé d’ouvrir ses portes est insignifiant face à la multitude de migrants bloqués en Grèce – parmi lesquels 5000 MNA – dans des conditions catastrophiques sur les plans sanitaire et humain.

Accueillir des requérants d’asile mineurs là où ils ont des proches qui peuvent s’occuper d’eux n’est pas un acte de générosité, rappelle Aldo Brina, mais la simple application du cadre légal en vigueur prévu par le Règlement Dublin.

Moralité ? Au vu des besoins, la Suisse peut et doit faire plus.

Camp de réfugiés grec en flammes

RTBF, 14 avril

Le camp de migrants surpeuplé de Vathy, situé sur l’île grecque de Samos, fermera avant la fin de l’année, a promis le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarakis, après une inspection des lieux. Les migrants devraient être transférés dans un autre camp, situé à sept kilomètres de là.

Cette annonce survient après que des luttes entre migrants africains et afghans ont donné lieu à des incendies qui ont ravagé Vathy pendant deux jours, détruisant des tentes, des huttes et des maisons en préfabriqué. C’est du moins la version donnée par des organisations humanitaires.

La police, qui a interpellé 22 migrants, a une autre explication. Selon elle, des migrants ont bouté le feu au camp dans l’intention de forcer le gouvernement à les ramener sur le continent.

Quoi qu’il en soit, la situation est assurément explosive dans un camp qui abrite 6800 migrants, soit dix fois plus que sa capacité maximale.

Des migrants hébergés dans des hôtels en Grèce

RTBF, 14 avril 

Des politiciens et des ONG demandaient avec insistance mais en vain que les camps de migrants grecs soient complètement vidés étant donné leur surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables. Covid-19 oblige, des mesures ont enfin été prises. Quelque 1000 réfugiés vulnérables en provenance des camps de Lesbos et d’autres îles grecques ont été transférés provisoirement dans des hôtels désertés par les touristes.

Cette opération a été rendue possible grâce aux efforts concertés du HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés), de l’Organisation internationale pour les migrations, du gouvernement grec et de la Commission européenne.

Selon la Grèce, près de 10’000 migrants auraient déjà fait le voyage du camp à l’hôtel lors des trois premiers mois de l’année.

En vertu de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, les migrants peuvent être renvoyés en Turquie uniquement depuis les îles.

Oumalkaire / Voix d’Exils




Revue de presse #8

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Ramadan impacté par le Covid-19 / Famine annoncée en Afrique de l’Ouest / Secours Catholique français en mode combat / Migrations fatales en Méditerranée

Ramadan 2020, les lieux saints désertés

Jeune Afrique avec AFP, 21 avril 2020

Alors que le 23 avril a commencé la période de ramadan si chère à la religion musulmane, les fidèles d’Afrique et du Moyen-Orient pleurent leurs lieux saints fermés et leurs rituels bousculés.

Pour contenir la propagation du virus, les autorités saoudiennes ont suspendu la omra, le petit pèlerinage à la Mecque et à Médine. A Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam qui abrite la mosquée d’Al-Aqsa, le Grand Mufti a annoncé des restrictions similaires.

Covid-19 oblige, cette année le mois sacré se déroulera dans une ambiance inédite : pas de voyages dans les villes saintes, pas de prière nocturne à la mosquée, pas de grands rassemblements pour les grands repas du soir et pas de veillées jusque tard dans la nuit rassemblant familles élargies, amis et voisins.

La pandémie ne se contente pas de toucher les rites religieux et sociaux, elle affecte également les échanges commerciaux qui sont normalement florissants en période de ramadan. Cette année, les commerçants vont souffrir de la frilosité des acheteurs qui veulent avant tout se procurer des masques, des gants et du désinfectant.

Les nombreux fidèles (2,5 millions en 2019) qui s’étaient organisés pour le hadj, le grand pèlerinage de juillet prochain, doivent aussi déchanter. Riyad leur a demandé de suspendre leurs préparatifs de voyage à La Mecque.

 

L’Afrique de l’Ouest affamée

Le Temps, 21 avril


Les ONG tirent la sonnette d’alarme. Selon leurs prévisions, 50 millions de personnes sont menacées par la faim en Afrique de l’Ouest.

La combinaison de l’insécurité dans certaines zones, la fermeture des frontières, la sécheresse, le couvre-feu et le confinement dû à la pandémie du coronavirus, engendre d’une part la pénurie de certains produits alimentaires et la hausse du prix des denrées disponibles.

D’autre part, alors que débute la saison agricole, l’accès aux semences et aux engrais nécessaires est devenu un casse tête pour les agriculteurs dont les produits contribuent à 30,5% de l’économie des États et constitue la plus grande source de revenus et de moyens d’existence pour 70% à 80% de la population, principalement pour les femmes.

 

Le Secours Catholique mobilisé à Calais

Vatican News, 17 avril 2020

En France, 92 associations et collectifs ont saisi les Nations Unies pour plaider la cause des sans-abris et des plus précarisés en ces temps de pandémie.

Parmi elles, le Secours Catholique qui depuis 20 ans vient en aide aux plus nécessiteux, a dû fermer les portes de ses refuges de jour et limiter ses activités. Ses membres sont néanmoins restés en « contact distancié » avec eux, et leur procurent des couvertures collectées auprès de la population, des chèques services pour répondre aux besoins de première nécessité ainsi que des possibilités de recharger les téléphones portables, pour leur permettre de garder le contact avec leurs familles restées au pays ou d’appeler les urgences en cas de besoin.

Les équipes du Secours Catholique sont particulièrement mobilisées dans les villes de Calais et de Grande-Synthe qui comptent, à elles seules, plus de 1700 migrants originaires essentiellement du Soudan, d’Érythrée ou de Syrie et qui survivent dans des conditions inacceptables.

 

Morts en Méditerranée, à Pâques

Le Monde avec AFP, 13 avril 2020

Sea-Watch International et United4Rescue, deux ONG allemandes, ont dénoncé l’indifférence et la passivité de l’Europe face aux signaux d’alerte lancés en Méditerranée le week-end de Pâques par une embarcation pneumatique en difficulté. Faute de secours, l’embarcation a chaviré, emportant des dizaines de vie au large de l’île de Malte.

Bien que les ports de Malte et d’Italie soient fermés aux migrants en raison de la pandémie, les autorités maltaises ont tout de même secouru un bateau avec 67 migrants et une centaine d’autres ont été accueillis au sud de la Sicile.

Dans un contexte de crise sanitaire, l’autorité de la protection civile italienne a annoncé la création d’une structure de mise en quarantaine des migrants, soit sur la terre ferme soit sur des bateaux, avant que « les procédures habituelles » ne soient appliquées. 156 passagers sauvés par le navire humanitaire Alan-Kurdi seront les premiers bénéficiaires du processus habituel après être passés dans cette nouvelle structure.

Marie-Cécile / Voix d’Exils




La revue de presse #7

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Le dérapage raciste de deux experts français / Les autorités sanitaires britanniques saluent le travail des étrangers / Face au Covid 19, les Algériens se montrent solidaires et créatifs

Non, les Africains ne sont pas des cobayes !

Jeune Afrique, 4 mars 2020

Invités sur le plateau de LCI le 2 avril 2020, Camille Locht, directeur de recherche de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin ont créé la polémique…

Un des experts demande : « Est-ce qu’on ne devrait pas faire une étude sur le coronavirus en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme on l’a fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida. Chez les prostituées, on a essayé des choses parce qu’on savait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas. » L’autre expert lui répond : « Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique ».

Cet échange pour le moins douteux a suscité une vague d’indignation sur l’ensemble du continent africain. Petit échantillonnage des commentaires postés sur les réseaux sociaux : « Covid 19 – Nous ne sommes pas des rats de labo » – « Covid 19 – #Testez chez vous »- « Covid 19 – Faut-il rappeler que le dénuement africain n’est pas un fait de nature, mais résulte notamment d’un pillage continu ? »

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été saisi par l’association SOS Racisme. Un collectif d’avocats africains menace de faire de même. Quant aux deux experts incriminés, ils ont fait leur mea culpa et se sont excusés. Pas sûr que cela suffise pour éteindre l’incendie qu’ils ont allumé…

 

La Grande-Bretagne rend hommage au personnel de santé étranger

The Guardian, 6 mars 2020

Dans les hôpitaux britanniques, il aura fallu que le Covid-19 frappe des médecins nés ailleurs ou nés de parents immigrés, qui se sont portés volontaires ou officient normalement, pour que ces derniers obtiennent une certaine reconnaissance de la part des autorités.

Accusés jusqu’ici d’être «des immigrants qui n’apportent rien aux institutions et en retirent tout », les docteurs non européens du National Health Service (NHS), étaient à la merci, entre autres difficultés, d’un processus administratif complexe et onéreux pour le renouvellement de leur visa. Un seul maillon venait à manquer dans le processus et c’était la débâcle, ils se retrouvaient sans emploi.

Pourtant, les docteurs El-Hawrani, El Tayar, Alfa Saadu et Habib Zaidi, tous morts « sur le champ de bataille Covid19 » faisaient partie des 44 % du personnel médical qui est BAME (Black, Asian & Minority Ethnies – Noirs, Asiatiques et Ethnies Minoritaires). Quant à Areema Nasreen, infirmière urgentiste également décédée, elle faisait partie des infirmiers-ères et des sages-femmes dont un sur cinq est BAME, alors que dans certaines régions comme Londres, quatre sur dix le sont.

Au vu de l’apport essentiel des travailleurs étrangers dans le domaine de la santé en ces temps de pandémie, la machine administrative s’est adoucie. Le gouvernement a ainsi décidé de renouveler automatiquement le visa de tous les infirmiers, médecins, ambulanciers et professionnels de la santé, et cela pour une année et sans frais.

Le secrétaire à la santé, Matt Hancock, qui avait insinué que NHS était « le National Health Service et non le International Health Service», a salué les membres du personnel du NHS qui ont péri du coronavirus comme des «personnes venues dans ce pays pour faire la différence ». Un bel hommage, rendu malheureusement post mortem.

 

En Algérie, des actions solidaires pour résister au coronavirus

Le Monde Afrique, 6 mars 2020

Le confinement a été officiellement décrété et il n’est plus possible de travailler à moins d’être employé dans la santé ou tout autre domaine essentiel. Alors, les Algériens se mobilisent.

A Bejaïa, à 200km d’Alger. Fahim Ziani, 49 ans, propriétaire d’une salle de fête a une idée de génie : sur Facebook, il annonce qu’il met sa salle à disposition des sans abri. Élus locaux, bénévoles, protection civile, particuliers, tous relaient l’information et forment une chaîne de solidarité pour accueillir les premiers sans-abris. Sous l’avalanche de dons reçus, ils sont obligés d’en réorienter une partie vers les associations d’entraide.

A Oran, deuxième ville du pays. Plusieurs initiatives de solidarité naissent spontanément : on y fabrique des protections pour le personnel soignant, on collecte des aliments pour les ménages les plus touchés économiquement, on confectionne des repas pour les hôpitaux, on fait des spots de sensibilisation. Provisoirement, les oppositions politiques sont reléguées dans les tiroirs.

A Baba Ali, en périphérie sud de la capitale. Ryadh Brahimi, entrepreneur de 39 ans et une trentaine de ses employés sont confinés dans les locaux de la Global Algerian Technology. En réponse à un appel d’offres du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour un respirateur artificiel, ils se mettent « gracieusement » à l’œuvre, car dit-il « Nous avons compris que les procédures allaient nous faire perdre du temps et nous avons prévenu que nous étions prêts à commencer tout de suite. »

Avec l’aide des universitaires, des médecins et de la diaspora, les ingénieurs parviennent à sortir un prototype en deux semaines. « C’est une machine de guerre, pas un respirateur de la qualité de ceux produits par des multinationales avec des années d’expériencesMais si ça permet de sauver une vie, on aura réussi. »

Marie-Cécile / Voix d’Exils




La revue de presse #5

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: migrations en Afrique/ voix de femmes tunisiennes noires/ un plan d’urgence migration en Tunisie ->

Des millions d’Africains émigrent sur leur propre continent

Jeune Afrique, 26 février 2020

On le sait, le périple des migrant.e.s africain.e.s en quête d’un avenir meilleur les conduit souvent en Europe. Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont aussi très nombreux à migrer sans quitter le continent africain. De la Somalie au Kenya, du Soudan à l’Ouganda, fuyant les conflits et les catastrophes, des millions d’entre eux se déplacent en quête de nouvelles opportunités. Ils s’installent, temporairement ou pour toujours, dans les pays voisins, ou alors ils se déplacent à l’intérieur des frontières de leur propre pays.

Cette dernière décennie, ces migrations de grande ampleur ont atteint un niveau alarmant selon le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) qui note qu’en 2018, près de 70 % des cas de déplacements mondiaux causés par les conflits et les violences à travers le monde – soit 7,5 millions – ont eu lieu en Afrique. Ces déplacements sont également suscités par le fort taux d’urbanisation du continent, les inégalités socio-économiques, ainsi que par des aléas climatiques toujours plus intenses qui réduisent les moyens de subsistance des communautés.

Pour faire face, trente pays africains ont ratifié la Convention de Kampala, qui a fêté ses dix ans fin 2019. Elle est le seul instrument juridiquement contraignant au monde qui exige des gouvernements signataires de garantir protection et assistance aux personnes déplacées.

L’espoir réside aujourd’hui dans la capacité des gouvernements africains à reconnaître l’urgence de la question et à s’associer aux organisations internationales pour combiner savoir local, accès au terrain et expertise technique.

La voix des femmes tunisiennes noires

Jeune Afrique, 28 février 2020

Docteure en géographie sociale, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques, la Tunisienne Maha Abdelhamid ne manque ni de courage ni d’esprit combatif. Le 23 janvier dernier, elle a lancé avec l’aide de six compatriotes le groupe de réflexion « Voix des femmes tunisiennes noires ».

Maha Abdelhamid a d’abord fait ses gammes en 2012 au sein de l’association ADAM pour l’égalité et le développement. Pionnière de la dénonciation des discriminations contre les noirs dans le pays, elle est devenue membre du Comité pour le respect des libertés et droits de l’homme en Tunisie. Installée en France depuis 2013, elle poursuit sa mobilisation pour son pays d’origine sur les réseaux sociaux et au travers de ses recherches.

Son objectif : faire reconnaître par la société tunisienne la pluralité de sa population. Petite précision, son groupe de femmes ne tient pas à exclure les hommes, mais plutôt à créer une nouvelle dynamique dans la sphère des femmes tunisiennes où les femmes noires ne sont pas représentées. Ou alors seulement comme des victimes.

Tunisie, un plan d’urgence pour l’accueil des migrants

Jeune Afrique, 10 janvier 2020

La Tunisie a déjà accueilli près d’un million de Libyen.ne.s au début de la guerre civile en 2011. Suite à une nouvelle escalade militaire en Libye, elle se prépare à recevoir prochainement une nouvelle vague de personnes fuyant les combats. Les autorités tunisiennes ont donc prévu un plan d’urgence pensé conjointement avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Croissant rouge. Ce plan sera activé si le nombre d’arrivées atteint, à la frontière, 300 personnes par jour ou 2’000 personnes par semaine.

Prévu pour la prise en charge de 25’000 personnes, dont 12 000 Libyen.ne.s, un nouveau camp sera si nécessaire installé rapidement dans la région de Bir El Fatnassiya. Pour faciliter le traitement des dossiers, il sera divisé en trois parties : les Libyens d’un côté, les demandeurs d’asile et les réfugiés de l’autre, et enfin les migrants.

Mais ce projet a un prix. Rien que l’installation de l’eau potable et des services nécessaires devrait coûter des millions de dollars. Des dépenses difficiles à assumer pour la Tunisie qui est exsangue économiquement. C’est pourquoi, les organisations internationales impliquées se tourneront vers l’aide de l’Union européenne (UE) et de donateurs internationaux.

La Tunisie a averti qu’elle refusait de servir de « hotspot » (sous-traitance de l’accueil) à l’UE pour les migrants qui rêvent d’Europe et qui sont présents en nombre et dans des conditions extrêmement difficiles en Libye. Si le temporaire venait à durer, des solutions de réinstallation dans un pays tiers ou les retours volontaires pourraient être envisagés. La Tunisie en appelle à la communauté internationale et aux pays européens qui ont fermé leurs frontières maritimes pour qu’ils se montrent solidaires.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils