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FLASH INFOS #130

Sous la loupe : « C’est juste de l’hypocrisie » la contre-leçon de morale de Gianni Infantino à l’Europe / Les kurdes commémorent « 100 ans de souffrances » à Lausanne / A Madrid, Lakook Casa Arabe, un restaurant solidaire tenu par des personnes réfugiées

« C’est juste de l’hypocrisie » la contre-leçon de morale de Gianni Infantino à l’Europe
Le Temps, le 19 novembre 2022

A la veille de l’ouverture de la Coupe du monde 2022, dans une conférence de presse à Doha, Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football association (FIFA) a dénoncé « l’hypocrisie » des voix qui se sont levées contre son organisation à cause des Qataris, accusés de maltraiter les travailleurs migrants sur les chantiers de la Coupe du Monde de football au Qatar. Il a mis en avant ses origines italiennes pour assurer se sentir proche des personnes migrantes venues travailler à Doha.

Dhondup Tsering BANJETSANG
Membre de la rédaction vaudoise de Voix dExils

Les kurdes commémorent « 100 ans de souffrances » à Lausanne
Le matin, le 21 novembre 2022

Le 24 novembre, les membres du Centre démocratique kurde de Suisse, de l’association Lajîn de Vaud et du Centre culturel du Kurdistan de Lausanne se sont réunis sur la place de la Riponne à Lausanne pour annoncer une série de manifestations qui se tiendront jusqu’au 24 juillet 2023 qui comémorera le 100ème anniversaire de la signature du Traité de Lausanne qui a causé la séparation du peuple kurde entre quatre États (Turquie, Irak, Iran et Syrie).

Dhondup Tsering BANJETSANG
Membre de la rédaction vaudoise de Voix dExils

A Madrid: Lakook Casa Arabe, un restaurant solidaire tenu par des personnes réfugiées
Info migrants, le 18 novembre 2022

Situé en plein centre de Madrid, La Casa Arabe, l’équivalent de l’Institut du monde Arabe en Espagne, a mis une partie de son bâtiment à disposition pour un restaurant saisonnier solidaire – Lakook Casa Arabe – qui est tenu par des personnes réfugiées. Ouvert durant le printemps et l’été, il permet de donner une opportunité d’emploi à des personnes aux parcours migratoire difficiles.

Dhondup Tsering BANJETSANG
Membre de la rédaction vaudoise de Voix dExils

 




Derrière la porte

 

Source: unsplash.com

Quand une relation toxique pousse à l’exil

Ce témoignage est une histoire vraie confiée par la victime d’un homme violent à notre rédactrice.

Des loups déguisés en moutons se promènent dans la rue, affichant leur plus beau sourire.

« Ils seront toujours des maris parfaits devant les autres,

auront la conversation la plus intéressante,

vos proches vous diront que c’est le meilleur qui puisse vous arriver,

ils sont très attentionnés avec les amis et surtout avec les amis en commun ».

La rencontre

C’était durant une session d’exercices de gym, soudain j’ai levé les yeux et il était là. Je l’ai observé, il m’a semblé être un homme charmant, il avait un corps spectaculaire sculpté par les exercices. Il m’a souri et j’ai ressenti une grande émotion… C’est ainsi que notre histoire commença.

Les jours suivants furent merveilleux, pleins de petites attentions, les lettres d’amour ne manquaient pas. Nous avons mangé le monde à chaque fois que nous étions ensemble.

Je suis tombée très rapidement enceinte de ma première fille et nous avons décidé de nous marier. Nous nous aimions vraiment beaucoup, ma grossesse se passait bien, tout se passait bien. Les problèmes ont commencé un mois après la naissance de notre fille.

L’enfer commence

Quand notre bébé avait un mois, nous sommes allés un soir assister à un concours de beauté qui avait lieu dans la ville ; toute la famille s’était déplacée. Il s’est éloigné un moment pour aller retrouver des amis et son ex-petite amie, puis est revenu vers moi et m’a dit : « Rentre à la maison avec ma mère, je ne peux pas te ramener ». Sa mère, en l’entendant, s’est fâchée et a exigé que ce soit lui qui me ramène à la maison avec le bébé car il était tard. C’est cette nuit-là que j’ai appris qui j’avais vraiment épousé…  

Sur le chemin du retour, j’ai reçu des insultes, des coups, des coups de pied. J’ai essayé de protéger notre fille qui était toute petite et fragile. Le lendemain, il m’a demandé pardon en me disant qu’il ne savait pas ce qu’il avait bu, qu’il avait perdu le contrôle; bref, il a donné mille excuses qui sont devenues ensuite récurrentes après de nouveaux abus. Après, tout revenait toujours à la normale. Nous avons eu un autre fils mais cela n’a rien changé : le monstre s’était réveillé et ne voulait plus se rendormir.

J’ai vécu cet enfer pendant plus de quinze ans, avec des infidélités, des abus psychologiques et physiques. Quand nous étions avec des amis ou de la famille, il était l’homme merveilleux avec ce sourire charmant que je connaissais. Mais quand la porte se refermait derrière nous, mes enfants et moi vivions un film d’horreur que personne n’aimerait voir. Et chaque fois que je demandais de l’aide à ma famille, on me répondait toujours que pour garder un foyer, je devais apprendre à être tolérante.

Echapper au monstre

Il m’a fallu beaucoup de temps pour avoir le courage de m’enfuir avec mes enfants et de nous protéger. Ce matin-là, alors qu’il était parti travailler, j’ai fait le plein de courage, j’ai emballé des vêtements, j’ai amassé de l’argent, sans rien dire à personne, j’ai ouvert le portail et je suis partie. J’ai pris un taxi vers une destination inconnue, j’ai approché une organisation de protection des femmes qui m’a offert tout le soutien dont j’avais besoin pour continuer ma vie avec mes enfants en toute tranquillité.

Après quelque temps, j’ai contacté ma famille proche pour prendre des nouvelles et aussi faire savoir que nous allions bien. Mais, oh surprise ! Ils m’ont reproché d’avoir abandonné l’homme le plus merveilleux, la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie, et ils ont fini par me dire que j’étais une mauvaise femme.

C’est la dernière fois que j’ai eu des nouvelles de ma famille. Aujourd’hui, je vis en paix, sous un autre nom, dans une autre ville. Mes enfants sont heureux et c’est tout ce qui devrait m’importer, que nous ne soyons plus derrière la porte, sans défense.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




« Personne n’est illégal »

La cortège de la manifestation du 1er octobre à Berne

Répondant à l’appel du Collectif des sans papiers, plus de 4000 personnes ont manifesté le 1er octobre dernier, à Berne, pour demander la régularisation des sans papiers.

De nombreuses associations de défense des migrants, des syndicats et des partis se sont rassemblés sur la place de la Schützenmatte à Berne le 1er octobre dernier. Au cri de « personne n’est illégal », ils ont marché jusqu’à proximité Palais fédéral pour demander la régularisation des sans papiers.

Maria Folleco

Maria Folleco, du Collectif des sans papiers fribourgeois, a souligné que la crise économique attise le sentiment de rejet des immigrés et que le gouvernement se désintéresse des sans papiers: « Certains politiciens disent que les migrants ne travaillent pas et que les sans papiers commettent des délits. C’est une fausse déclaration ! On est ici, on travaille, on pleure, on rit, on danse et on chante avec nos amis suisses. Nous croyons qu’on peut vivre ensemble ».

« Stop à l’hypocrisie »

Les manifestants et les orateurs de la journée ont critiqué « l’hypocrisie » qui caractérise la politique suisse à l’égard des sans papiers, utilisés comme main d’œuvre, d’une part, et niés dans leurs droits fondamentaux, d’autre part.

Selon le Collectif des sans papiers, les politiques migratoires de ces dernières décennies sont un échec. Elles n’ont produit que la clandestinité et la précarité pour des dizaines de milliers de personnes. Il s’agirait maintenant, selon lui, de reconnaître cette réalité et de changer de cap, dans l’intérêt des migrants eux-mêmes, mais également dans celui de l’ensemble de la société. Ce d’autant plus que la troisième génération de sans papiers – qui sera socialisée et scolarisée en Suisse – s’annonce actuellement. Une pétition à été signée dans ce sens. Les manifestants  ont également hué les affiches de l’Union Démocratique du Centre (UDC) faisant la promotion de son initiative qui vise à endiguer « l’immigration de masse ». Les militants ont eu beaucoup de succès auprès des passants avec leurs bannières colorées et leur enthousiasme contagieux.

Après les discours du syndicat Unia, du Parti socialiste et de SolidaritéS, les manifestants ont marché en direction du Palais fédéral, mais la police leur a bloqué l’accès à la rue les y menant. Pour protester contre cette interdiction, les manifestants se sont alors assis quelques minutes dans la rue avant de retourner à la Schützenmatte, où la manifestation s’est terminée dans la joie et la bonne humeur.

Niangu NGINAMAU et Oruc GUNES

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils