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FLASH INFOS #111

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe: 100 millions de personnes déplacées de force dans le monde / Parlement européen : une pétition pour la protection des femmes migrantes / Une nouvelle stratégie pour immigrer aux États-Unis



100 millions de personnes déplacées de force dans le monde

Tribune de Genève, le 03.05.2022

Le nombre de personnes déracinées dans le monde à cause des guerres et des conflits sociaux a franchi pour la première fois la barre des 100 millions. Cette hausse est notamment liée à la guerre en Ukraine, selon l’agence des Nations Unies.

Vendredi dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi a déclaré que ce chiffre est inquiétant. Il souligne que ce phénomène doit être vu comme une alarme pour prévenir les conflits et faire attention aux causes qui poussent certaines personnes à se déplacer. Le HCR précise également que la situation s’est aggravée particulièrement à partir de la fin de l’année 2021. Le nombre de personnes déplacées dans le monde avait alors atteint 90 millions, en raison des conflits qui avaient lieu dans différents pays africains, ainsi qu’en Afghanistan.

Le Haut-Commissaire a également manifesté son désaccord avec les pays qui, sous prétexte de la pandémie de COVID-19, maintiennent toujours leurs frontières fermées aux personnes issues de la migration.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Parlement européen : une pétition pour la protection des femmes migrantes

InfoMigrants, le 19.05.2022

Mercredi 18 mai dernier, des représentantes de mouvements militants féministes européens ont déposé une pétition au Parlement européen. Cette pétition a été signée par 39’000 personnes dans plus de 18 pays, afin que les violences subies par les femmes sur la route de l’exil vers l’Europe soient prises en considération lors du traitement de leurs demandes d’asile.

De manière générale, la situation des femmes migrantes est plus compliquée que celles des hommes, et moins documentée.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Une nouvelle stratégie pour immigrer aux États-Unis

TV5 MONDE, le 21.05.2022

De nombreuses personnes migrantes d’Amérique du Sud tentent de rejoindre les Etats-Unis en raison des difficultés en lien avec la situation économique qui sévit dans leur pays, où les salaires ne permettent pas d’acheter quoique ce soit.

Toutefois, alors que depuis 2018 les exilé·e·s traversaient le Guatemala en groupes de centaines ou de milliers pour rejoindre l’Amérique du Nord, aujourd’hui, ils sont désormais divisés en plusieurs petits groupes pour se déplacer vers le Mexique afin d’éviter d’attirer l’attention de la police guatémaltèque. Le but de ces petits groupes est de se rendre aux Etats-Unis et d’y trouver un travail pour envoyer de l’argent à leur famille afin que ces derniers puissent ensuite les rejoindre. C’est notamment le cas de Gilberto Rodriguez qui a traversé des montagnes, des fleuves et des canyons accompagné uniquement de son chien.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Une visite inoubliable au musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève

Photos d’enfants morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils à été « saisie d’émotions »

Le 23 octobre 2019 était une journée particulière pour la rédaction vaudoise de Voix d’Exils vaudoise: c’était la sortie annuelle! Le point d’orgue de la journée était la visite du musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève . Pour retracer cette expérience, la rédaction a choisi de donner la parole à chaque rédacteur et chaque rédactrice.

Au sein de l’équipe, chaque rédacteur et chaque rédactrice avait déjà entendu parler de la Croix Rouge, mais personne n’avait jamais visité son musée à Genève. Alors, le matin du mercredi 23 octobre, départ en minibus de Lausanne en direction de Genève. Au menu de la journée: visite du musée, repas libanais et air frais au bord du Léman.

Les drapeaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Entrer dans le monde de la Croix Rouge

Le 17 février 1863, le Comité international de la Croix-Rouge (le CICR) a été créé par un groupe de cinq citoyens genevois à l’initiative de Henry Dunant, un homme d’affaire humaniste suisse. le CICR est l’une des plus anciennes et aussi l’une des plus grandes organisations humanitaires au monde.

Depuis les deux guerres mondiales et jusqu’à présent, la Croix Rouge continue à apporter son aide dans tous les coins dévastés du monde. De nombreuses personnes, victimes de guerres ou de sinistres causés par des catastrophes naturelles et même nucléaires, bénéficient de l’aide précieuse de cette grande institution.

Statue de Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Une expérience inoubliable

Les murs du musée font voyager le visiteur dans le temps. L’itinéraire de la visite est conçu d’une manière particulière et donne l’impression de voyager dans l’histoire de la Croix-Rouge. Le visiteur découvre d’abord la personnalité de Henri Dunant et est introduit aux missions de l’organisation.

On peut aussi être envahi par des sensations controversées vis-à-vis de la barbarie des personnes impliquées dans les conflits armés dévastateurs. Conflits qui, parfois, auraient pu être évités par la voie diplomatique.

Cette visite a procuré, à chacun, une forte sensation d’humilité, car plusieurs personnes bénévoles sont engagées à apporter de l’aide aux plus démunis.

Les membres de la rédaction sont pratiquement tous issus de pays en conflits ou de pays privés de liberté. La situation qu’a vécu chacun et chacune dans son pays l’a forcé à fuir loin de sa famille et sa mère patrie, en laissant tout derrière: les amis, les projets, les carrières, … Ayant pour la plupart été témoins de la guerre et de la barbarie, la visite du musée a réveillé pour beaucoup des souvenirs douloureux. Mais, en même temps, certains et certaines  se sont sentis privilégiés d’avoir une seconde chance en Suisse.

Devant le mur orné des photos d’enfants victimes du génocide rwandais, une des collègues a fondu en larmes. Une autre l’a serrée dans ses bras en essayant de la calmer, mais en vain.

Tout le monde a été énormément touché par les chambres de témoins: des espaces au sein desquels les visiteurs et visiteuses peuvent rencontrer des témoins virtuels. Chaque témoignage rappelle des moments forts de l’histoire de la Croix-Rouge et donne l’espoir de résoudre, un jour, les difficultés que rencontre l’humanité.

Chambre des témoins au musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

L’on peut aussi voir dans ce musée des extraits de lettres ou de notes échangées entre conjoints, entre parents et enfants, etc… et relayés par les collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge. Elles étaient inscrites parfois sur des feuillets du CICR, sur du papier à lettre et même sur des bouts de papier déchirés, qu’on pouvait deviner qu’elles avaient été réalisées à la hâte ou avec « les moyens du bord », suivant la situation des gens.

On peut aussi voir des objets fabriqués par des prisonniers et offerts aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites des prisons dans le monde entier.

La visite a duré deux bonnes heures et, à la fin, les rédacteurs et rédactrices qui le souhaitaient ont eu l’occasion de signer le livre d’or en notant quelques réflexions.

La découverte suivante s’est faite en « territoire libanais » au Parfum de Beyrouth, un restaurant très convivial dans le quartier genevois des Pâquis. Et cette fois pour le bonheur des papilles de toute l’équipe de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Pour clôturer notre sortie, nous avons fait une belle et joyeuse balade à pied au bord du lac Léman et sur la jetée des bains des Pâquis, ponctuée de séances de photos pour immortaliser le moment. Certaines de ces séances, faites dans une ambiance incroyablement joyeuse, tenaient pratiquement du shooting professionnel pour magazine de mode !

En conclusion, les commentaires individuels des membres de l’équipe suggéreront sûrement aux lecteurs de visiter ce magnifique musée du Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Un grand merci au musée de nous avoir offert cette visite et pour son accueil chaleureux.

La rédaction de Voix d’Exils

Témoignages

Damon : « J’en suis sorti assoiffé de voir notre planète en paix ».

« La visite du musée de la Croix Rouge de Genève a été pour moi la vitrine d’une sélection de vestiges des guerres contemporaines. Une vitrine assez riche et mondiale qui apporte à l’œil du public divers exemples des conséquences des catastrophes pour les femmes, les hommes et les enfants. Les terribles événements qui leur arrivent et qui les marquent jusqu’aux derniers jours de leur vie.

Grâce à la technologie holographique qui anime les victimes, le musée a bien réussi à minimiser la distance entre les témoins et les visiteurs, ce qui est vraiment touchant. Aussi, la reconstitution audio et/ou vidéo de scènes dramatiques permet aux gens de faire l’expérience des témoignages récoltés.

Et c’est là qu’on commence à se demander pourquoi la Suisse, le pays de la Croix Rouge et de la paix, a exporté pour  411,9 millions de francs de matériel de guerre en 2016. Pourquoi les plus grands exportateurs de matériel de guerre sont-ils les pays qui ne prennent pas part à ces guerres ?

Est-ce que la Croix Rouge et les droits de l’homme ne sont que de jolies vitrines qui feignent la sympathie ? Ou c’est juste que l’économie de ces pays défenseurs des droits de l’homme profite joliment des recettes de la vente d’armes de destruction massive et individuelle? Au fur et à mesure que j’avançais dans le musée, je me suis demandé jusqu’à quand on va continuer à produire du matériel de guerre malgré la conscience de ses méfaits».

Vitrines avec objets cofectionnés par des prisonniers. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Yazan: « Ça m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes … et la peur des mères de martyrs dans le monde »

« J’ai vu des vestiges auxquels je ne m’attendais pas, comme ceux de la première guerre mondiale qui m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes, les martyrs et la peur des mères de martyrs dans le monde. Il y avait un esprit dans cet endroit qui transmettait l’image sous tous les angles pour les visiteurs. Le musée nous a permis de voyager dans le passé pour le voir dans sa réalité ».

Fichier central. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Mamadi: « La visite du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! »

« La visite du musée du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! J’ai appris énormément de choses en une journée ! Les différents témoignages des victimes de guerres et des personnes luttant pour les droits de l’homme m’ont permis de mieux comprendre les valeurs et missions humanistes de la Croix-Rouge. De plus, le rire,  la bonne ambiance du groupe et le reste de la journée passé à découvrir la Ville de Genève ont fait de cette sortie un moment inoubliable. Un grand merci à Voix d’Exils pour ce beau souvenir ! ».

Clovis: « J’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité. Mais, je ne connaissais pas son histoire »

«La visite qu’on a effectuée au Musée du CICR a été, pour moi, une bonne expérience. Depuis longtemps j’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité ; que ce soit dans des zones de conflits ou lors des catastrophes naturelles. Mais, je ne connaissais pas l’histoire de la Croix Rouge, comment elle a été fondée, etc. Lors de cette visite, j’ai appris pas mal de choses à travers les témoignages et les différentes expositions. Mais aussi grâce aux explications données à travers l’audioguide ».

Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Oumalkaire: « Ça reste, pour moi un moment remarquable et mémorable ! »

«Notre sortie à Genève a été un moment agréable pour moi, puisque ça m’a permis de voir pour la première fois le musée de Croix-Rouge. C’était aussi la première fois, depuis que j’ai commencé mon activité à la rédaction de Voix d’Exils, qu’on sortait tous ensemble pour se détendre sans penser au travail.

Auparavant, je n’avais jamais visité un musée. Je ne savais pas si les musées sont tous pareils ou non, mais ce qui était impressionnant et qui avait attiré mon attention dans ce musée c’étaient les décors. L’animation des images et les fait que les personnages vous parlent les rend vraiment réels. J’ai eu l’impression que je les interviewais en direct.

Le côté gastronomique de notre sortie était tout aussi  inoubliable. J’ai pu déguster l’un des délicieux plats du Parfum de Beyrouth et je salive à chaque fois je m’en rappelle. Ça reste pour moi un moment remarquable et mémorable! ».

Chambre des témoins. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Marie-Cécile : « J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur terrain, je l’ai comprise dans son histoire »

« Mis à part le fait que le seul fait de tous nous retrouver en dehors des bureaux était une joyeuse découverte en soi, la visite du musée de la Croix Rouge était saisissante d’émotions ! La salle de la Liberté, en particulier, avec ses lourdes chaînes qui pendent du plafond et qu’il faut écarter de la main pour se frayer un chemin dans le bruit des mailles qui s’entrechoquent. Ou ce mur haut de presque six mètres de haut couvert de photos d’enfants aux grands yeux, morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre !!! Mais aussi, j’ai vu le rêve, l’espérance, la patience, la mélancolie et la beauté de cœurs qui pourtant devaient être bien lourds… comme dans ce beau bateau blanc ou ce service à thé turc, forgés dans le fer et offerts au personnel de la Croix Rouge en signe de sympathie ou en guise de remerciements.

J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur le terrain, je l’ai comprise dans son histoire. A la fin de la visite, j’étais riche d’une autre information de culture générale et d’une certitude: cette immense entité est partie de la générosité du cœur et la disponibilité pour autrui d’un homme: Henry Dunant. Et elle fait sûrement aujourd’hui le bonheur de ceux qui œuvrent pour elle avec leur cœur. »

Guetty : « Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR !»

« Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR. Je me suis aussi amusée au vrai sens du terme, en me prêtant à l’exercice ludique du sauvetage d’un village et de groupes de personnes face à la montée des eaux due à une inondation. Devant un mur avec des effets spéciaux, j’ai aussi pris plaisir à jouer comme une petite gamine avec des vagues lumineuses qui suivaient le mouvement de mes mains et qui symbolisent l’importance de chaque individu dans le changement du cours des événements qui l’entourent. »

Espace interactif. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Valery : « Ce qui m’a frappé le plus, ce sont des objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers ! »

« Moi, je suis un passionné de tourisme. J’adore découvrir des endroits, visiter des musées etc. Mais le musée de la Croix Rouge se démarque beaucoup des musées que j’ai visité par le passé. J’ai eu une impression bouleversante de cette visite du 23 octobre 2019. Ce qui m’a frappé le plus, ce sont les objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers et donnés aux collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Et puis, l’ambiance générale du musée était bouleversante et même mystérieuse. Le temps de la visite est passé trop vite et j’aurais préféré rester dans cette ambiance plus longtemps. Si j’avais pu, je l’aurais fait. Si j’ai l’occasion d’y retourner, j’y retournerai très volontiers! »

Objets créés par des prisonniers et donnés aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

 

 




Appartenances

Appartenances. Formation des professionnels. Photographie. Yves Leresche

Une association qui soutient les personnes et les familles migrantes en difficultés dans le canton de Vaud

Appartenances est une association qui intervient dans les domaines de la prévention et la promotion de la santé, des soins, la formation et l’intégration dans le but de favoriser l’autonomie et la qualité de vie des personnes migrantes.

L’association Appartenances a été créée en 1993, à Lausanne, par un groupe de médecins, psychologues, travailleuses et travailleurs sociaux, suite à la venue des refugiés qui fuyaient la guerre d’Ex-Yougoslavie. Appartenances est une association qui intervient dans les domaines de la prévention et la promotion de la santé, les soins, la formation et l’intégration dans le but de favoriser l’autonomie et la qualité de vie des personnes migrantes par la découverte et l’utilisation de leurs propres ressources. La grève des femmes de 1991 a aussi servi de source de motivation pour la création de l’association, puisqu’elle avait mis en avant la question des femmes migrantes. Actuellement, Appartenances compte 210 employés dont 140 interprètes communautaires et se focalise sur quatre grands secteurs : la Consultation Psychothérapeutique pour Migrants ; les espaces sociaux ; I ’interprétariat communautaire et la formation.

La Consultation Psychothérapeutique pour Migrants

La Consultation Psychothérapeutique pour Migrants s’adresse aux personnes qui sont victimes de violences de guerre, de tortures et d’autres traumatismes liés aux parcours migratoires. Et comme Appartenances n’est pas un service d’urgence, elle travaille notamment en collaboration avec la CHUV et l’USMi (Unité de Soins aux Migrants). Les consultations psychothérapeutiques sont dispensées sur les trois sites de l’Association à Lausanne, Vevey et Yverdon.

Appartenances reçoit environ 900 patients par année. La majorité possède les permis N et F. Une minorité ont un statut de réfugié avec un permis B ou détiennent un permis C.

« D’une manière générale, la santé psychique des personnes migrantes est fortement dépendante de leur situation administrative. Car lorsqu’un patient reçoit une décision négative à sa demande d’asile, son état de santé peut se dégrader, ce qui rend plus difficile la mission des médecins et des psychologues puisqu’ils ne peuvent rien faire sur la décision prise par l’administration » selon Appartenances.

Appartenances. Interprétariat communautaire. Consultation en trialogue. Photographie: Yves Leresche.

 

Les Espaces sociaux

Les Espaces sociaux, qui reçoivent un millier de personnes par année, comprennent d’abord les Espaces femmes à Lausanne, Yverdon et Vevey. Ces espaces permettant aux femmes migrantes de suivre des cours de français et de couture, de faire des rencontres afin qu’elles puissent accéder à une certaine autonomie. Leurs enfants en âge préscolaire sont aussi accueillis. Les Espaces sociaux comprennent aussi l’Espace Mozaïk où un accent particulier est mis sur les hommes migrants, eux aussi en situation de précarité sociale et/ou psychique.

Appartenances. Espace Mozaik. Atelier de français. Photographie: Yves Leresche.

L’interprétariat communautaire 

Ce secteur comprend 140 interprètes communautaires qui ont suivi des formations qualifiantes. Ces interprètes interviennent dans les domaines de la santé, du social et de l’éducation pour faciliter la compréhension au moyen de traductions orales qui tiennent compte des contextes socioculturels des professionnel-les et des migrant-es pour lesquels ils/elles interviennent. En 2018, Appartenances a servi 55’000 heures d’interprétariat.

 

La formation

Appartenances propose des formations pour les professionnel-le-s de la santé et du social dans le domaine des migrations, de l’interculturalité, du traumatisme etc.

En conclusion, Appartenances se définit comme « une organisation indispensable du réseau sanitaire et social qui travaille en bonne intelligence et en complémentarité avec les autorités et les services publics et fait pleinement partie du dispositif de soutien et d’accompagnement des personnes migrantes dans le canton de Vaud ».

Appartenances Centre Femmes. Cours de francais. Photographie: Yves Leresche.

 

Clovis Audry Miganda

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Infos

http://www.appartenances.ch/

 




La guerre s’éternise en Afghanistan

« Il n’y a pas de paix dans la fuite ! » Auteur: Rahmat GUL

Jeudi 31 août, le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis annonce l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Aux 11’000 militaires déjà présents s’ajouteraient 3900 soldats afin de « permettre aux forces afghanes de combattre plus efficacement ». Mais combattre quoi précisément ?

L’Afghanistan est un pays d’une grande importance stratégique, entouré par les pays d’Asie centrale, de l’Iran, du Pakistan et de la Chine. Il a été ravagé par la guerre durant près de quatre décennies. C’est une zone de convergence d’intérêt des superpuissances mondiales qui y interviennent pour leurs objectifs stratégiques. Les Russes l’ont d’abord envahi au début des années 1970, ce qui a causé 1,5 million de morts et 1,3 million de blessés et les Américains leur ont succédé avec leurs alliés et y ont « lutté » contre le terrorisme pendant les treize dernières années sans résultats tangibles.

Des espions étrangers érigés en gouvernants

Le seul moyen d’envahir un pays, c’est de corrompre les principales composantes de sa société: les communautés politiques, religieuses, sociales et économiques. L’Afghanistan est gangrené par les mêmes maux depuis plus de 40 ans. Les Russes ont établi et soutenu différents partis politiques et les ont ensuite utilisés pour gouverner le pays conformément à leurs intérêts. Pour les chasser, les Américains ont dû créer une armée de guerriers connue sous le nom de « guerriers gorilles », aussi appelés les Moujahidines. Les dirigeants religieux et les prédicateurs islamiques ont été repérés et choisis comme chefs des sept groupes armés qui se sont combattus. Ils ont été soutenus en permanence, directement ou indirectement, par les Américains et leurs alliés de l’OTAN dans le but de se faire une guerre dont l’objectif final leur est inconnu.

Une éducation qui se cherche

Sous la présidence de Sardar Mohammad Daud Khan, l’Afghanistan était très connu pour son rapide taux de croissance économique et son haut niveau d’éducation. Comme le système éducatif était capable d’absorber plus d’étudiants que les besoins de la population locale, les gens des pays voisins venaient à l’université de Kaboul pour suivre une  formation supérieure. Mais, malheureusement, avec les interventions des forces étrangères, le système s’est affaibli. À l’arrivée des Moujahidines, les écoles mixtes n’étaient plus autorisées. Les filles et les femmes allaient à l’école couvertes d’une burka. Avec le régime des Talibans, c’est devenu pire, la scolarisation des filles et des femmes a été totalement interdite. Depuis que Karzai a accédé au pouvoir, le système scolaire s’est beaucoup amélioré et maintenant 38% de la population a accès à l’enseignement secondaire et supérieur.

Absence d’état de droit et taux élevé de corruption

Dans un pays où coexistent 45 alliances étrangères soutenant le développement d’un pays en conflit, l’afflux de milliards de dollars pour une nation désespérée était indigeste. Ce qui rendait la plupart des membres du gouvernement, des députés, des dirigeants politiques, des juges, des responsables de la police peu motivés par la mise en œuvre et le soutien de l’Etat de droit. Tout en approuvant l’afflux en masse et en vrac de dollars, ils ont promu la culture de la corruption jusqu’à faire oublier aux Afghans la monnaie locale (l’Afghani). Par conséquence, les personnes qui ont eu accès à cette manne sont très vite devenues riches. Alors que les couches moyennes et pauvres n’ont eu d’autres choix que de participer, en spectatrices, au meurtre de leurs droits. Ils voient les gratte-ciels de luxe des chasseurs de dollars pousser comme des champignons.

Le travail des mineurs devient la normalité

Vu que la guerre continue dans le pays, les infrastructures, les systèmes éducatifs, judiciaires et de défense ont été complètement détruits. Beaucoup de chefs de famille ont été tués ou handicapés à vie, ce qui a eu pour conséquence l’explosion du travail des enfants. La misère et les ravages de la guerre qui ont fait une trentaine de millions de victimes expliquent le travail des enfants est accepté et même très demandé parce qu’il coûte moins cher. Les enfants sont actifs dans le lavage de voitures, la boulangerie, la boucherie, la couture, la construction, les travaux mécaniques etc…

De bas salaires et un taux de chômage élevé

Aujourd’hui en Afghanistan, toute la population n’a pas accès aux emplois publics parce que les postes disponibles sont vendus ou attribués par les clans plutôt que par compétence et niveau d’éducation. Le salaire minimum se situe autour de 3’000 Afghani (50$) à 10’000 Afghani (166$) alors que le coût de la vie est élevé. Ce qui pousse certains employés du gouvernement à entrer dans le système de corruption. Dans ce contexte, les jeunes diplômés ne trouvent pas l’occasion de gagner leur vie et fuient le pays ou se suicident. La population analphabète se joint aux Talibans ou Daesh parce que ceux-ci paient 10’000 Afghani par mois pour faire le Jihad.

L’émergence de nouveaux groupes terroristes : les Talibans et Daesh

L’invasion des Talibans et de Daesh est la principale menace pour la nation Afghane. Les Américains et leurs alliés ont échoués dans leur guerre en Irak et en Afghanistan. Ils justifient leur présence par le soutien à l’armée afghane dans la région. Cependant, ils visent uniquement la réalisation de leurs objectifs stratégiques initiés il y a plus de 50 ans. Ils ont établi, formé et soutenu les Taliban et Daesh par l’intermédiaire de l’agence ISI du Pakistan et les leaders Arabes. Tout en faisant semblant de les combattre en apparence. Le plus étonnant, c’est que les gens qui servent les deux groupes ne connaissent ni l’islam, ni le Coran et encore moins la prière. Par contre, ils croient que s’ils tuent d’autres personnes, ils entreront au paradis, ce qui est purement non Islamique et non humanitaire. Un verset du Coran dit : « Lorsque tu tues un innocent c’est comme si tu as tué toute l’humanité ».

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Principale source:

Le Huffington Post




Suspecté d’être qui je suis

Auteur: Voix d'Exils
Auteur: Voix d’Exils.

Les premiers pas d’un requérant d’asile en Suisse

Je suis venu en Europe en septembre 2013, dans le but de demander une protection contre les persécutions politiques que je subissais dans mon pays. J’étais alors à mille lieues d’imaginer ma nouvelle vie de requérant d’asile en Suisse.

En juin 2014, au Centre d’Enregistrement et de Procédure (CEP) de Vallorbe, aux environs de 18 ou 19 heures, je suis fouillé par la sécurité de la tête aux pieds. Mon sac à dos est également inspecté. J’ai pu ensuite rentrer dans le centre où j’ai été logé.

Bienvenue à Vallorbe

Au début, j’ai cru que ça allait être facile. Mais tout a basculé dans le sens inverse. Je ne m’attendais pas à voir une telle foule dans le centre d’enregistrement et de procédure d’asile. Les personnes sont superposées sur des lits, on dirait des sardines. Elles font la queue pour chercher à manger, comme des prisonniers.

Dans ce centre, j’ai rencontré diverses ethnies, cultures et religions venues d’un peu partout dans le monde mais, le plus souvent, de pays comme la Syrie ou l’Érythrée. Tous demandent une protection contre les persécutions, contre les guerres. Nous avions tous des mentalités différentes.

Au bout de quelques jours, je commence à tisser des relations, à sortir du centre pour prendre l’air chez Mama Africa, et à me balader. Mais, à chaque fois que nous, requérants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, rentrons après les balades, nous sommes contrôlés et fouillés par la sécurité. Nous étions en particulier la cible de ces contrôles. Pourquoi est-ce que l’on nous pose tant de questions ? On ne comprenait pas ce qu’il se passait et pourquoi on nous fouillait tout le temps ? A chaque retour au centre, même si les gardiens nous avaient vu entrer et sortir à dix reprises durant la journée, ils nous enlevaient nos chaussures et nous déshabillent presque. Pour mieux comprendre ce qui nous arrivait, nous, les nouveaux arrivants, avons questionné les anciens Africains du centre. Ils nous ont répondu alors que ceux qui viennent d’Afrique de l’Ouest et du centre sont considérés comme des dealers. Comment pouvons-nous donc avoir notre chance alors, ici en Suisse ?

Auteur: Keepps (CC BY-NC-SA 2.0) "The Orbe flowling through town"

Auteur: Keepps (CC BY-NC-SA 2.0) « The Orbe flowling through town »

Ma nouvelle vie

Après deux semaines à Vallorbe, j’ai été transféré à Lausanne et j’ai été logé dans un bunker ouvert de 18 à 9 heures du matin. Le matin à 9 heures, tout le monde sortait pour rejoindre la structure de jour. Là, encore, j’ai été confronté à une vie complétement différente de celle que je connaissais : dormir dans un bunker et passer toute une journée à errer dehors, sans rien faire. Un exemple de cette « nouvelle vie » se déroula quelques semaines plus tard. J’étais contrôlé par la police qui me demande mon permis. Le policier me lance : « Ah! Tu es d’Afrique de l’Ouest ! Vous êtes parmi les plus grands dealeurs de ce pays. » Je me suis alors rappelé ce que mon compatriote m’avait dit à Vallorbe. Une deuxième anecdote : un policier me demande ce qui m’a amené ici, en Suisse, et pourquoi je ne rentre pas chez moi. Je réponds que je suis en danger chez moi. Finalement, troisième exemple : un policier me demande mon permis. Il regarde la date d’expiration et constate que je suis en séjour légal (il me reste deux mois encore de validité). Puis il le jette à terre et me balance un « merde ». Il me dit de rentrer chez moi, dans mon bunker. J’ai l’informe que « Je ne peux pas rentrer à cette heure car c’est le week-end ». Il me répond, alors, que s’il me revoit, « ça va mal tourner ».

Changer les mentalités

Je me vois comme une personne haïe, bousculée de part et d’autre, une personne vue par autrui comme « suspecte », qui n’a pas de place dans cette société dans laquelle j’ai demandé refuge. Il faut que le monde change de mentalité! Il ne faut jamais juger tout le monde et penser qu’ils ont le même caractère, le même comportement… Il suffit juste de savoir qui est qui et de donner une chance à chacun et chacune, au lieu de mettre tout le monde dans le même panier. Chaque personne a sa propre éducation, sa propre vision de l’avenir. Et donc, pour tout ce qui précède, je suggère :

– De juger chacun séparément en fonction de son caractère et de sa manière d’agir.

– De donner une véritable chance à ceux qui font preuve de volonté d’intégration dans cette société.

Mahibra

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils