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Flash Infos #178

Sous la loupe : Nouvelle procédure d’asile express / « Trop peu de personnes réfugiées occupent un emploi à temps plein » : 30 grands groupes s’engagent à les aider / Plus de 450’000 nouvelles personnes déplacées dans l’Est de la RDC, s’alarment le HCR et l’UNICEF

Nos sources : 

Procédure d’asile express : nouvelle initiative du SEM en suisse

RTS, 22.11.2023

 

« Trop peu de réfugiés occupent un emploi à temps plein » : 30 grands groupes s’engagent à les aider 

Ouest-France, Le 22 Novembre

 

Plus de 450.000 nouveaux déplacés dans l’est de la RDC, s’alarment le HCR et l’UNICEF

ONU Info, le 24 novembre 2023

 

Réalisation du Flash Info #178 

A la technique : Tsering et Malcolm Bohnet 

Au micro : Julia Ryzhuk et Tsering

A la production : Arienne-Maria Medici, Tsering, Natalia Gorbachenko et Malcolm Bohnet

 




Être journaliste en Syrie «c’est comme marcher sur un champ de mines»

Le photo-journaliste canadien Ali Mustapha assassiné en 2014 à proximité d'Alep. Auteur: DC Protests  (CC BY-NC-SA 2.0)

Le photojournaliste canadien Ali Mustapha assassiné en 2014 à proximité d’Alep. Auteur: DC Protests (CC BY-NC-SA 2.0)

Témoignages exclusifs de reporters de guerre syriens

Il est de plus en plus difficile de couvrir le conflit qui s’envenime en Syrie, pays à feu et à sang considéré par Reporters sans frontières comme le plus dangereux au monde pour les journalistes et les citoyens-journalistes. Voix d’Exils a réussi à entrer en contact avec quelques reporters de guerre syriens pour recueillir leurs témoignages à propos de leur travail au quotidien*. Immersion dans les coulisses des médias de l’État Syrien.

Avant le soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad en 2011, Mazen Darwish, Président du Centre syrien des médias et de la liberté d’expression (SCM), avait décrit son travail en tant que journaliste en Syrie de la manière suivante : «quand vous êtes journaliste en Syrie, c’est comme si vous marchez sur un champ de mines». Cette situation était celle de dizaines de journalistes syriens qui dura pendant plusieurs décennies caractérisées par un droit d’expression largement bafoué et un harcèlement sans répit des services secrets à leur égard. Leur quotidien était marqué par la peur au ventre de se retrouver, un jour, sujet d’une arrestation et d’accusations montées de toutes pièces. Tout dépendait, en fait, de l’humeur du corps responsable de la surveillance et du contrôle de l’information et des services de sûreté du régime syrien. Cette situation a eu, bien entendu, des conséquences néfastes sur la qualité de l’écriture journalistique: on voyait les mêmes communiqués de presse et les mêmes sujets, les mêmes approches voire les mêmes titres dans Al Ba’athALThawra et Tishreen, les trois journaux officiels du gouvernement qui sont totalement contrôlés par l’Agence Arabe syrienne d’Information (SANA), qui était l’unique source incontournable pour les informations politiques.

La journaliste japonaise Mika Yamamoto assassinée en Syrie en août 2012. Son image est projetée sur un écran à Tokyo. Auteur Robert Huffsutter. (CC BY 2.0)

La journaliste japonaise Mika Yamamoto assassinée en Syrie en août 2012. Son image est projetée sur un écran à Tokyo. Auteur Robert Huffsutter (CC BY 2.0)

Les journalistes étaient devenus, au début de la crise en Syrie, la cible privilégiée de l’armée syrienne qui tentait de les empêcher de couvrir les manifestations anti-régime. Actuellement, les journalistes étrangers et syriens se trouvent pris entre le marteau de l’armée et l’enclume des groupes armées; et il est aujourd’hui facile de distinguer deux catégories de média en Syrie: ceux du régime et ceux de la révolution et des groupes armés.

Le contrôle de l’information a pris de l’ampleur dans tous les domaines: il touche presque tous les niveaux et les régions qu’elles soient dominées par l’armée du régime syrienne ou par les rebelles. La couverture des événements devient alors très dangereuse. Les correspondants de guerre sont continuellement exposés au risque d’enlèvements et de mort. Ce danger a encore augmenté avec l’émergence des groupes extrémistes comme celui de l’État Islamique en Irak et dans le al-Sham (Daesh) qui considèrent les journalistes comme une monnaie d’échange. Pour Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières, réagissant à la décapitation de Steven Sotloff par l’État Islamique en septembre 2014, il s’agit d’un «crime de guerre effarant, ignoble et dément qui devrait être condamné par la justice internationale». La conséquence désastreuse de cette situation est qu’il «n’est plus possible de couvrir les conflits dans les régions qui sont sous le contrôle de Daesh». Dès lors, il ne reste pour les journalistes que les sources d’information indirectes avec le risque de manipuler les vérités et de changer ainsi le déroulement des événements.»

Les journalistes : «un bataillon de l’armée»

En Syrie, les médias sont complètement régis par l’État. Lors d’une interview du journal syrien Al-Watan, en date du 27 juillet 2014, Le ministre syrien de l’information – Omran El Zohbi – a indiqué que «les médias sont en principe tenus de garder la neutralité». Mais il précise que «maintenant, en état de guerre, nous ne sommes certainement pas neutres! Nous faisons partie de l’État et soutenons nos forces armées. D’ailleurs, je l’ai toujours dit (aux journalistes ndlr) de se considérer comme un bataillon de l’armée et nous avons, au niveau du gouvernement, œuvré et agi sur cette base.»

Bothaina**, journaliste syrienne, confirme les propos du ministre et précise que «nous formons, en fait, un même bloc avec les forces armées. En leur présence, nous ne sentons pas la peur!». Elle explique que «les membres de l’armée sont soit l’un de nos proches ou l’un des habitants de notre ville. Raison pour laquelle, nous nous sentons en sécurité en compagnie des fils de notre pays.» La couverture des nouvelles se limite aux zones pro-régime dans le but de «documenter le travail de l’armée». Elle affirme néanmoins que «les journalistes arrivent à relater les choses avec assez de transparence.»

Ali**, également journaliste syrien, mentionne que «la plupart des batailles sont couvertes par les correspondants de guerre des chaînes de l’État qui accompagnent les opérations de l’armée syrienne et qui deviennent, ainsi, une cible de la partie adverse». Il ajoute que «les sujets sont systématiquement contrôlés par les chefs de rédaction en service. Pour les évènements les plus importants, c’est le directeur de la chaîne qui effectue en personne ce contrôle. Les reportages sur le terrain sont eux gérés directement par l’organe politique responsable du média de l’armée qui supervise le contenu et jouit de tous les droits pour refuser ou accepter telle ou telle séquence».

Une femme se tient das les débris de sa maison qui a été détruite par l'Armée syrienne à Al-Qsair. Auteur: freedonhouse (CC BY 2.0)

Une femme se tient das les débris de sa maison qui a été détruite par l’Armée syrienne à Al-Qsair. Auteur: freedonmhouse (CC BY 2.0)

Pour les zones sous le contrôle de l’opposition et des rebelles, il est difficile pour les chaînes de l’État d’y accéder, de couvrir les évènements sur le terrain et de s’y documenter. «Le travail des médias d’État reste, par conséquent, concentré sur ce qui pourrait ternir l’image de l’opposition et des résistants aux yeux de l’opinion publique».

Selon Bothaina «Il y a toujours une certaine liberté et les massacres perpétrés dans les zones pro-régime sont assez bien couvertes avec une très bonne documentation. Cela diffère beaucoup avec les zones de l’opposition. Pour les médias syriens, les attaques de l’armée visent uniquement les rebelles et non pas les civils. C’est une des lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser!» précise-t-elle. Elle mentionne également que les pertes de l’armée ne sont pas du tout relatées dans les médias. La raison étant d’éviter de saper le moral de l’opinion publique et d’augmenter ainsi la crainte de la population. Pour elle, cette réticence à couvrir objectivement les différents évènements dans le pays fait perdre les médias en crédibilité «On ne parle pas du tout des défaites de l’armée ni des territoires tombés dans les mains des rebelles. On ne parle même pas des difficultés rencontrées au quotidien par les citoyens par peur de remonter l’opinion publique face à l’incapacité du gouvernement» martèle-t-elle.

Des membres des rebelles syriens en février 2012 à al-Qsair. Auteur: Freedom House (CC BY 2.0)

Des membres des rebelles syriens en février 2012 à al-Qsair. Auteur: Freedom House (CC BY 2.0)

«Des vidéos appellent à notre assassinat»

Selon Bothaina, la douleur pour les correspondants de guerre travaillant pour les médias syriens est double: voir, d’un côté, leur propre pays vivre de tels évènements et vivre, de l’autre, un manque immense de reconnaissance à leur égard en voyant, par exemple, leur propre média accorder davantage d’importance aux correspondants étrangers pour la couverture des événements sur le terrain, ce qui les démotive considérablement. Au début de la crise, «l’enthousiasme était le premier motif pour aller sur le terrain sans aucune idée du danger qui nous attendait» précise Bothaina, qui pense que les journalistes syriens «ont pu, quand même, acquérir de l’expérience sur le tas et bénéficier de l’expérience des correspondants étrangers présents sur le terrain». Elle souligne que les journalistes sont «exposés, sur le terrain, à deux types de risques : le manque de formation et la médiocrité des équipements techniques et de protections comme le casque et le gilet pare-balles». Elle ajoute que «malgré tous les obstacles et les sérieuses menaces qui les guettent, les journalistes arrivent à produire une bonne qualité d’information».

Dans les zones contrôlées par les groupes extrémistes, les correspondants de guerre deviennent malheureusement le sujet des nouvelles à la place d’en être la source. Ils se transforment donc après leur capture en un butin précieux.

Bothaina a à plusieurs reprises failli compter parmi les victimes du conflit syrien. En octobre 2012, elle était en mission pour couvrir la visite d’observateurs étrangers dans un territoire sous contrôle des rebelles. Cette mission aurait pu tourner au vinaigre lorsque les rebelles avaient appris que Bothaina et son équipe appartenaient à une chaîne pro-régime: «insultes, accusations et appels pour nous tuer ont alors fusé». Une manifestation s’est vite constituée réclamant notre condamnation ! Heureusement, un homme armé faisant partie des leurs est intervenu et a pu convaincre ses camarades de respecter les visiteurs et de montrer ainsi une meilleure image devant les médias internationaux ; geste qui nous a permis, ce jour-là, de sortir sains et saufs de la foule». Elle ajoute que «les menaces sont devenues presque quotidiennes et se propagent à travers divers moyens de communication comme: les mails, les appels et les SMS. Même des pages Internet annonçant l’arrivée de notre dernière heure existent! À tel point que l’on peut même facilement visionner sur Youtube des séquences vidéo appelant à votre assassinat!» s’exclame-t-elle.

Des rebelles syriens observent les positons ennemies en octobre 2012 à proximité d'Alep. Auteur: Freedom House (CC BY 2.0)

Des rebelles syriens observent les positons ennemies en octobre 2012 à proximité d’Alep. Auteur: Freedom House (CC BY 2.0)

«Notre mission est très dangereuse» affirme Bothaina, qui précise que «la chance joue, parfois, un grand rôle». C’est ainsi qu’elle a failli laisser sa peau lors de la couverture d’événements se déroulant à proximité de Homs: «j’ai couru 50 mètres sous les tirs des snipers. Les éclats frappaient ma tête et mon corps. Je saignais de partout comme si je baignais dans mon sang de la tête aux pieds. Deux militaires m’accompagnaient et assuraient ma protection. J’ai commencé à crier lorsque l’un d’eux a été blessé. Heureusement, nous avons pu nous en tirer». Elle enchaîne en ajoutant que «lorsque nous avons terminé notre mission, je me suis installée dans une autre voiture que mon véhicule professionnel et, à ma grande surprise, j’ai vu le siège que j’utilisais habituellement soudainement criblé de balles tirées par les snipers. Ce jour-là, la chance était avec moi une deuxième fois» soupire-t-elle.

Pour résumer son propos, Bothaina compare son quotidien de correspondante de guerre en Syrie à une personne morte à la recherche d’une preuve qu’elle est encore en vie. Une course permanente avec la mort!

*Le déroulement de certains événements a été légèrement modifié afin de protéger nos sources d’informations

** Noms d’emprunts

Amra

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Bilan des journalistes victimes du conflit syrien depuis 2011

43 journalistes assassinés

13 journalistes emprisonnés

17 net-citoyens emprisonnés

130 net-citoyens et citoyens-journalistes tués

Source: Reporters sans frontières

Une liste exhaustive des journalistes assassinés en Syrie peut être consultée en cliquant ici




La distinction Nansen récompense le travail exemplaire et à haut risque du «réseau Papillons»

Buste de Fridtjof Nansen, cérémonie de nansen Refugee Award 2014. Photo: Voix d'Exils

Buste de Fridtjof Nansen, cérémonie du Nansen Refugee Award 2014. Photo: Voix d’Exils.

La prestigieuse distinction Nansen du HCR pour les réfugiés a été décernée cette année à l’association «Papillons aux ailes nouvelles construisant l’avenir» lors d’une cérémonie célébrée le 29 septembre dernier à Genève qui marque le 60ème anniversaire de la distinction. Cette association, forte d’une centaine de membres, travaille sans relâche à Buenaventura, l’une des régions de Colombie les plus ravagées par la violence, pour aider les déplacés ayant survécu aux violences qui leur ont été infligés à recommencer leur vie. Voix d’Exils comptait parmi les hôtes de la cérémonie.

La distinction Nansen prime chaque année le travail remarquable et dévoué de groupes, d’organisations et de personnalités qui œuvrent en faveur des personnes déracinées. Elle a pour vocation de récompenser la persévérance et la conviction dont ils font preuve face à l’adversité. Cette distinction porte le nom de Fridtjof Nansen, explorateur polaire et humanitaire norvégien qui est devenu en 1921 le premier Haut-Commissaire pour les réfugiés de la Société des Nations. Nansen a reçu en 1922 le prix Nobel de la paix en hommage à son courage et à son travail inlassable au bénéfice des réfugiés de la Première Guerre mondiale.

Dénoncer au péril de sa vie

UNHCR / L . ZANETTI / 2014

Photo: UNHCR L. Zanetti, 2014.

Cette année, la distinction revient au réseau Papillon qui œuvre dans la ville de Buenaventura en Colombie en proie à des groupes armés criminels qui imposent la terreur afin de contrôler le territoire et les circuits du trafic de drogue. La violence de ces groupes cible en particulier les femmes et les jeunes filles. Le viol, la torture, les enlèvements et les assassinats font partie du quotidien des femmes qui vivent là-bas.

Malgré le fait que la plupart des membres du réseau ont elles-mêmes été déracinées à cause des conflits armés ou ont survécu à des violences domestiques et sexuelles, elles s’engagent avec courage et détermination pour accomplir leurs missions dans les quartiers les plus dangereux de Buenaventura. Elles aident les femmes à accéder aux soins médicaux et à une aide psychologique ; les accompagnent dans le dépôt de plaintes ; leur transmettent des compétences pratiques pour les aider à accéder à l’autosuffisance et elles n’hésitent pas à dénoncer ouvertement les agissements des groupes armés illégaux en organisant des marches et des manifestations. Grâce à l’action du réseau, plus d’un millier de femmes et leurs familles ont été secourus depuis 2010.

Rendre visible les crises humanitaires occultées

Les trois représentantes du réseau Papillons lors de la remise de la distinction Nansen

Les trois représentantes du réseau Papillons viennent de se faire remettre la distinction Nansen 2014. Photo: Voix d’Exils.

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre des personnes déracinées à travers le monde a franchi la barre des 50 millions, parmi lesquelles environ 10,7 millions de nouveaux déracinés durant la seule année 2013, ce qui est le chiffre le plus élevé jamais enregistré le HCR.* Si de nouvelles crises humanitaires sont sous les feux des médias, bon nombre d’entre elles ne font pas ou plus l’actualité. L’un des buts de la distinction Nansen est de mettre en évidence les crises humanitaires occultées par le débat public. La Colombie est un exemple frappant de ces crises invisibles, car ce pays continue à faire face à des déplacements massifs de populations, avec 5,7 millions de déplacés internes enregistrés en juillet 2014.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

*Source: UNHCR 2013 Global Trends Report.

Voix d’Exils : hôte de la cérémonie de la distinction Nansen

A gauche: Lorenz Lüthi, au centre: Keerthigan Sivakumar et Omar Odermatt, à droite: Pascal Schwendener

A gauche: Lorenz Lüthi, au centre: Keerthigan Sivakumar et Omar Odermatt, à droite: Pascal Schwendener lors de la cérémonie de la distinction Nansen 2014. Photo: Voix d’Exils.

Voix d’Exils a été invité à la cérémonie du Nansen Refugee Award par le jury du concours «Dream Teams 2014» qui récompense des exemples d’intégration vécue au quotidien en Suisse.

A l’occasion de la Journées du réfugié 2014, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), l’Office fédéral des migrations (ODM) et le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) se mobilisent ensemble pour que les réfugiés reconnus et les personnes admises à titre provisoire aient un meilleur accès à la vie sociale et professionnelle en Suisse. A cet effet, elles ont organisé ensemble le concours «Dream Teams 2014» qui récompense des exemples d’intégration vécue au quotidien. L’un des prix du concours était une invitation à la cérémonie de la distinction Nansen et, dans ce cadre, Omar Odermatt, responsable de Voix d’Exils et Keerthigan Sivakumar, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils ont été conviés à y participer. Ils ont été reçus par Pascal Schwendener, responsable du bureau de presse Suisse du HCR et Lorenz Lüthi, responsable projets journées des réfugiés de l’OSAR. Cette rencontre a été l’occasion d’échanger autour de Voix d’Exils, du film réalisé par Keerthigan Sivakumar à propos du blog, ainsi que de connaître davantage le travail de l’OSAR et du HCR en faveur des migrants vivant en Suisse. La rédaction de Voix d’Exils tient à remercier très chaleureusement ses hôtes pour l’accueil exceptionnel qui leur a été réservé, ainsi que pour cette rencontre qui a été très riche tant sur le plan intellectuel que sur le plan humain.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils