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Les rêves morts

Auteur: Harith Ekneligoda / Voix d’Exils.

Un poème de Khaleda Alzobi

Nous avons traversé la calamité

Connu les larmes, la nudité

Nos pieds nus

Ecorchés sur les épines de la vie

Sous les coups de la douleur

Les larmes tombent de mes yeux

Devant les décombres de destruction

Parmi les cadavres

Sous le rire des imbéciles

Ma voix étouffée

Par les cris des endeuillés

Mon cœur est lourd et oppressé

Est-ce son dernier battement ?

Il essaie de continuer

De se relever

La vie va-t-elle me donner encore une chance ?

Khaleda ALZOBI

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Une soirée au théâtre

Harith Ekneligoda / rédaction valaisanne de Voix d’Exils

La transformation de Topaze ou l’argent ne fait pas le bonheur

Après la pandémie de COVID-19, je suis allé au théâtre pour la première fois dans un autre pays, dans une autre langue : c’était à la salle polyvalente à Champlan dans la commune de Grimisuat dans le Canton du Valais, en Suisse.

Les gens étaient venus à la fois pour satisfaire leur envie de théâtre et pour se changer les idées après la pandémie. Sur les visages des spectatrices et spectateurs, je pouvais voir que les sourires remplaçaient les yeux fatigués et tristes.  En les regardant, j’ai senti à quel point un environnement où le rire et la paix étaient intenses m’avait manqué.

« Certaines scènes m’ont rappelé le théâtre au Kurdistan » 

Mes amis et moi avons pris un verre et discuté avant le début du spectacle.  J’ai même goûté pour la première fois un vin qui s’appelle « la Petite Arvine » et j’ai beaucoup aimé… A l’approche du spectacle, nous avons terminé notre belle conversation et avons pris nos places. Certaines scènes que j’ai observées dans le public m’ont rappelé d’anciens moments vécus au théâtre au Kurdistan. Par exemple, les gens qui prennent discrètement des photos et des vidéos, les demandes des enfants qui dérangent leur mère, etc. Mais boire du vin pendant la pause ou avant le départ, bavarder chaleureusement, c’était nouveau, tout comme le petit jeu de loterie proposé à la fin.

Dans l’ensemble, j’ai apprécié chaque instant de cette bonne soirée parce que, pour la première fois, j’ai eu le plaisir de voir une pièce de théâtre dans une langue étrangère. De plus, les décors de la scène, les costumes des acteurs, les accessoires et l’ambiance étaient super. Donc, si je voulais critiquer la pièce, je devrais la critiquer d’être si belle.

« Topaze » de Marcel Pagnol

Le nom de la pièce qui m’a donné cette première expérience est « Topaze » et son auteur est Marcel Pagnol.  Elle raconte la transformation de Topaze, le personnage principal. Au début, il est aimé et respecté de tous. C’est un enseignant idéaliste qui protège sa personnalité contre l’injustice. Mais il perd son emploi parce qu’il refuse d’élever la note d’un de ses élèves qui est l’enfant d’une famille riche. Personne ne le soutient dans un premier temps après qu’il a été renvoyé de son travail mais, plus tard, un patron fait de lui le responsable de l’école. A ce moment-là, Topaze démarre une carrière et gagne de l’argent. Les gens commencent à le respecter à cause de son rang social et de son argent. L’honnête Topaze devient alors une personne malhonnête en vendant son âme, sa personnalité pour de l’argent. 

Il y a malheureusement beaucoup de gens dans nos vies qui respectent notre rang, notre argent et notre statut mais pas qui nous sommes, alors que la seule chose qui nous fait exister, c’est notre personnalité.  Lorsque nous comprendrons que l’argent n’apporte pas le bonheur, nous apprendrons à respecter le caractère.  J’espère que nous parviendrons à rester honnêtes, comme le personnage de Topaze au début de la pièce.

Aydin KINNA

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d`Exils




Voix d’Exils fête ses 20 ans le 1er juin!

Autrice du logo spécial 20 ans de Voix d’Exils: Kristine Kostava / rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Rendez-vous le 1er juin à 19h à la Cinémathèque à Lausanne pour célébrer avec nous les 20 ans d’existence de Voix d’Exils!

Le mercredi 1er juin 2022, Voix d’Exils fête ses 20 ans d’existence à la Cinémathèque suisse à Lausanne. Au menu : des retrouvailles; une rencontre avec Keerthigan Sivakumar, un ancien membre de la rédaction qui est devenu réalisateur de cinéma; et le projet « Cinéma d’Exils », une expérience novatrice autour de la liberté d’expression qui est le fruit d’une collaboration entre la Cinémathèque suisse, une classe de français de l’EVAM et Voix d’Exils.

Découvrez le projet des 20 ans de Voix d’Exils en écoutant le podcast :

Voici déjà 20 ans que Voix d’Exils – le média d’information destiné à l’expression libre des personnes migrantes – traite et documente la réalité de la migration en Suisse et ailleurs du point de vue des personnes migrantes. C’est également cette volonté de permettre l’expression libre des personnes migrantes que la collaboration inédite entre la Cinémathèque suisse et Voix d’Exils entend réaliser lors de cette soirée d’anniversaire.

Le projet est le suivant : donner la possibilité aux apprenant·e·s d’une classe de français de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) d’agir en tant que véritables acteurs et actrices du monde culturel suisse en devenant, le temps d’une soirée, programmateur·trice·s d’une projection à la Cinémathèque. Durant près de deux mois, les participant·e·s de la classe ont eu l’occasion d’échanger autour du 7ème art afin de proposer un film de leur choix au public suisse. Cette plongée dans le monde du cinéma a soulevé de nombreuses questions : Quelles relations entretiennent les personnes migrantes avec le monde du cinéma ? Sont-elles confrontées à un cinéma réellement différent de celui auquel nous sommes habitué·e·s en Suisse ? Mais surtout, dans le cadre de ce projet, quelle(s) réalité(s) les personnes migrantes souhaitent-elles partager au travers du choix de leur film ?

La pertinence de la démarche proposée se situe moins dans son aboutissement – le film choisi – que dans le processus de sélection de ce dernier, les débats animés et les doutes qu’il a suscités au sein des membres du projet. Ainsi, des personnes issues de cultures différentes ont cherché à accorder leurs sensibilités, leurs envies et leurs goûts cinématographiques en poursuivant une volonté commune : porter la voix des personnes migrantes au-delà du monde de l’asile et venir à la rencontre du public suisse, faisant écho à la mission que Voix d’Exils poursuit maintenant depuis 20 ans.

Au plaisir de vous retrouver ou de vous rencontrer aux 20 ans de Voix d’Exils!

La rédaction




Les échos des « Voi·es·x de résistance »

Performance sonore à l’Eglise Saint-François. Photo: Voix d’Exils.

Deux rédactrices de Voix d’Exils réagissent à la performance proposée par l’Association Reliefs

Le 20 janvier dernier se tenait à l’Église Saint-François de Lausanne une première étape du projet « Voi(es)x de résistance » porté par l’Association Reliefs. D’inspiration tant sociologique qu’artistique, cet événement cherchait à faire entendre au travers d’une exposition et d’une performance sonore des voix peu audibles dans nos sociétés : celles d’individus concernés par la migration forcée et par la non-attribution de permis de séjour. Pour donner échos à ces « voix de résistance », deux rédactrices de Voix d’Exils partagent la manière dont les questions soulevées par ces voix résonnent avec leur propre expérience et leur propre parcours de demandeuses d’asile.

Premier écho

 

Deuxième écho

 

Troisième écho

 

Quatrième écho

Cinquième écho




« Vous portez les Voix de celles et ceux dont on pense tant savoir et qui pourtant sont les plus silencieux »

De gauche à droite: Ezio Leet, Ahmed Jasim Mohammed, Jovan Mircetic et Elvana Tufa de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

 Lettre ouverte à la rédaction de Voix d’Exils

Il est temps pour notre coordinateur de programme et ancien civiliste, Monsieur Mircetic Jovan, de quitter la rédaction vaudoise de Voix d’Exils. A cet effet, il a souhaité adresser un dernier mot aux rédacteurs et rédactrices qu’il a eu l’occasion de côtoyer durant son passage.

 Chers rédacteurs, chères rédactrices,

On dit souvent que chaque nouveau début est difficile. Pour ma part, je dirais plutôt que toute bonne chose a une fin. En effet, après plus de 10 mois, il est temps pour moi de quitter la rédaction vaudoise de Voix d’Exils afin de poursuivre mon chemin. Comme vous le devinez sans doute, grâce à vous, mais aussi grâce à l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices de l’EVAM que j’ai eu l’occasion de rencontrer, mon passage à Voix d’Exils fut une expérience très agréable. Afin de mettre un point final à cette aventure à vos côtés, je vous dédie ces quelques lignes.

« Voix d’Exils est bien plus qu’un média en ligne »

Tout d’abord, je souhaite vous dire que grâce à vous, Voix d’Exils est bien plus qu’un média en ligne. En effet, grâce à vous, pour les personnes qui ont l’occasion de vivre la chose de l’intérieur, comme j’en ai eu l’occasion moi-même, Voix d’Exils prend la forme d’une expérience humaine au travers de laquelle on peut beaucoup apprendre. Grâce à vous, Voix d’Exils est une belle équipe de rédacteurs et de rédactrices qui ont des messages à faire passer et des Voix à faire entendre. Grâce à vous, Voix d’Exils ce sont aussi des vécus, des échanges et du réconfort. Comme vous le devinez, au-delà du travail que nous avons accompli ensemble, échanger avec vous, découvrir vos parcours et vos récits fut très enrichissant. Je ne cache pas d’avoir été touché par vos histoires et vos personnes. Vous m’avez permis d’apprendre, de réfléchir et parfois de relativiser. Merci pour cela.

« Ensemble nous avons réussi à faire entendre vos Voix un peu plus loin »

Nous avons souvent travaillé avec les moyens du bord. Ensemble, nous avons imaginé certains projets qui n’ont pas pu être réalisés, par manque de moyens financiers ou de temps. D’autres n’ont pas vu voir le jour en raison de la période particulière que nous traversons. Finalement, certains projets ont subitement été interrompus, car l’un ou l’une d’entre vous nous a quitté, parfois pour des raisons très réjouissantes comme l’obtention du permis B ou un stage, parfois pour des raisons plus difficiles comme une réponse négative du SEM. Néanmoins, j’estime qu’ensemble nous avons tout de même réussi à faire entendre vos Voix un peu plus loin. Au travers de vos différents articles et projets, nous avons réussi à faire passer des messages qui vous tiennent à cœur et qui méritent, n’en doutez pas, que l’on s’attarde autour d’eux. J’ai eu du plaisir à voir vos idées prendre forme et à collaborer avec vous. Merci pour cela.

« Vous êtes la ressource la plus importante de la rédaction »

Après avoir passé plus de 10 mois avec vous, je peux dire avec assurance que vous êtes la ressource la plus importante de la rédaction. Au travers de vos contributions, vous portez les Voix d’Exils de sans doute beaucoup d’autre personnes qui n’ont pas l’opportunité de mettre sur papier leurs réflexions, leurs ressentis et leurs vécus. Vous portez les Voix de celles et ceux dont on pense tant savoir et qui pourtant sont les plus silencieux. Par conséquent, je vous encourage à continuer de partager un bout de vos personnes et de vos parcours avec nous. Au travers de vos écrits, vous poussez vos lecteurs et lectrices à rompre avec leurs prénotions et balayez les clichés qui façonnent les images que nous pouvons avoir des personnes requérantes d’asile. Merci pour cela.

« Nous aurons réussi ensemble à apporter notre pierre à l’édifice »

Comme annoncé, il est désormais temps pour moi de vous quitter. Un autre civiliste viendra me remplacer et peut-être qu’avec le temps, vous m’oublierez. Peut-être que prochainement d’autres rédacteurs et rédactrices prendront le relais et deviendront les porteurs et porteuses des Voix d’Exils à votre place. Peut-être que les couloirs de l’EVAM ne se souviendront ni de mon passage, ni du votre. Pourtant, nous aurons réussi ensemble à apporter notre pierre à l’édifice et à faire raisonner vos Voix un peu plus fort et un peu plus loin. Pour ma part, je ne l’oublierai pas. Je vous souhaite que la chance et le bonheur vous accompagne peu importe où les vents vous mèneront. De mon côté, je continuerai à vous lire. Je sais que de beaux projets sont cours de préparation et me réjouis de les voir publiés. Ce fut un réel plaisir d’être membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Au revoir belle équipe.

Mircetic Jovan