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Revue de presse #38

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : « La migration n’est pas une menace pour le christianisme » / Biden très attendu par les migrants mexicains / Quatre pays européens réclament plus de solidarité en matière d’accueil des migrants / Evacuation mouvementé d’un camp de migrants à Paris

« La migration n’est pas une menace pour le christianisme »

L’OBS, le 23 novembre 2020

Dans un nouveau livre dévoilé le 23 novembre 2020 et intitulé « Un temps pour changer », le pape François a soutenu que « la migration n’est pas une menace pour le christianisme, sauf dans l’esprit de ceux qui gagnent à prétendre qu’elle l’est. ». Selon le pape, rejeter un migrant en difficulté, quelle que soit sa croyance religieuse, c’est déformer de manière grotesque à la fois le christianisme et la culture. Son ouvrage, met également en lumière la précarité des migrants vivants dans la promiscuité de camps insalubres en pleine pandémie du coronavirus. « Les camps de réfugiés transforment les rêves d’une vie meilleure en chambres de torture » écrit-il. Le pape appelle également à la mise en place de voies migratoires sûres qui permettraient aux migrants de se déplacer sans craintes.

Biden très attendu par les migrants mexicains

24 Heures, le 27 novembre 2020

Alors qu’ils ont été expulsés vers leur pays natal sous l’administration Trump, de nombreux Mexicains s’attendent à pouvoir revenir aux Etats-Unis dès que Joe Biden sera officiellement au pouvoir. Parmi eux, Mauricio Lopez. Né à Mexico, ce jeune homme de 26 ans a grandi en Caroline du Nord sans les moindres papiers d’immigrations. Après avoir été contraint de quitter les Etats-Unis en 2016, il annonce désormais s’attendre à ce que le futur président américain favorise la mise en place des réformes visant à assouplir les lois sur l’immigration. Cependant, les experts rappellent qu’il ne faut pas oublier que Biden a été le vice-président de Barack Obama dont l’administration avait atteint des records en terme d’expulsion d’étrangers sans papiers. Ils précisent, en plus, que les processus de réforme peuvent prendre beaucoup de temps.

Quatre pays européens réclament plus de solidarité en matière d’accueil des migrants

Euronews, le 25 novembre 2020

La question de la migration a été au premier plan lors d’un sommet entre l’Espagne et l’Italie qui s’est tenu à Palma de Majorque le 25 novembre 2020. Les dirigeants des deux pays ont réagi au pacte sur la migration et l’asile proposé par la Commission européenne en septembre dernier. Dénonçant un manque de solidarité des autres Etats membres, les deux pays ont également été soutenus par Malte et par la Grèce. En effet, les quatre pays n’acceptent plus de supporter la pression migratoire pour l’ensemble de l’Union européenne. A cette occasion, le premier ministre espagnol, Pedro Sànchez, a soutenu qu’un débat constructif au niveau européen était nécessaire afin d’aboutir à une politique migratoire commune. Le président du Conseil des ministres d’Italie, Giuseppe Conte, a ajouté qu’à l’avenir un flux migratoire brutal pourrait venir de l’Est et que d’autres pays souffriront du manque de solidarité.

Evacuation mouvementé de un camp de migrants à Paris

RTS INFO, le 24 novembre 2020

Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé le 24 novembre 2020, l’ouverture d’une enquête sur les circonstances qui ont entouré la violente évacuation de migrants regroupés sur la place de la République à Paris. Via Twitter, l’homme politique a annoncé avoir demandé à la plus haute instance de la police nationale de remettre ses conclusions sur les violences intervenues lors de l’évacuation par les forces de l’ordre du campement improvisés par les migrants. De nombreuses séquences de cette évacuation ont été diffusées sur les réseaux sociaux, certaines montrant des policiers frappant des manifestants ou confisquant les tentes dressées par les migrants. Ces agissements ont été condamnés par le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), David Le Bars, ainsi que par les ministres de la citoyenneté et du logement, Marlène Schiappa et Emmanuelle Wargon. Ces dernières ont rappelé que les migrants doivent être traités avec humanité et fraternité.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Edito. Africain ? Alors dealer !

Capture d'écran de l'émission de Temps Présent du 14.03.2013. Source: nsalomon.blogspot.com

Capture d’écran de l’émission de Temps Présent du 14.03.2013. Source: nsalomon.blogspot.com

Il y a déjà certains endroits à Lausanne où je n’ose plus mettre les pieds de peur de me faire arrêter. Mais la cerise a été déposée sur le gâteau jeudi 14 mars 2013. J’étais confortablement installé chez moi dans mon canapé, entouré d’amis Européens, pour visionner l’émission de Temps Présent diffusée sur la chaîne nationale suisse RTS 1 intitulée « Guerre aux dealers ». Et tout d’un coup, j’ai vraiment eu envie de disparaître, tellement j’avais honte de mon africanité. Le lendemain, grâce au recul de la réflexion, j’ai voulu désapprouver publiquement ce sentiment de honte en m’exprimant sur Voix d’Exils.

Il est vrai que certains Africains sont des dealers. Mais est-ce vraiment raisonnable de généraliser en associant le deal à tous les Africains? N’y a-t-il pas des Africains préoccupés à vivre décemment, en sécurité et en paix ? N’y a-t-il pas des Africains qui contribuent à la marche sociale et économique de la Suisse ; notamment dans des secteurs d’activités – parfois boudés par les autochtones – comme la santé ?

Une grande partie de la population prend pour argent comptant ce qu’elle voit à la télévision. Donc il faut faire attention, à fortiori lorsqu’on est une chaîne nationale comme la Radio Télévision Suisse et quand on appartient au corps de police, aux messages qu’on véhicule. Lors de cette émission de Temps Présent, j’ai été choqué d’entendre à de nombreuses reprises des policiers qui nommaient les dealers « les Africains ».  Tout court. Au risque de faire une fois de plus croire à l’opinion publique que le trafic de drogue est une activité propre aux Africains. Les « gros bonnets » sont-ils tous des Africains ? L’on sait bien pourtant que les cerveaux des opérations dans le milieu de la drogue ne sont pas ceux qui arpentent les rues, en été comme en hiver, en menant leur petit business à la sauvette. Si la drogue est un marché si florissant, il doit bien y avoir des acheteurs à quelque part. Les acheteurs sont-ils tous des Africains ? Force est de constater que l’on parle finalement assez peu des gros bonnets et des consommateurs. Le trafic de drogue est un cercle vicieux, dont il ne sert pas à grand chose de désigner la couleur ou les origines des coupables et de s’attaquer à ses manifestations les plus visibles pour tenter de l’éradiquer. Hormis si l’on souhaite uniquement rassurer la population en lui signifiant qu’on affronte vraiment le problème.

Il est très dangereux de réduire la question du deal à d’un côté : les Blancs et de l’autre : les Noirs. La réalité n’est pas manichéenne et le mal est bien plus profond, bien plus complexe que cela…La misère, ainsi que la quête des gains faciles pour certains. La jouissance instantanée ou la dépendance pour d’autres. Pour ne citer que quelques facteurs. Mais soyons clairs, je ne cherche pas ici à excuser mes compatriotes Africains qui s’adonnent au trafic de drogue, même si l’indigence peut inciter certains à sombrer dans la spirale du deal. Dans toutes les situations, nous avons la capacité de faire des choix pour que cela ne porte pas préjudice à soi comme aux autres.

Un proverbe africain dit que « tous les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas les mêmes valeurs ». Dealer n’est pas synonyme d’Africain, de même que pédophile n’est pas synonyme d’Européen. Il faut savoir faire la part des choses et ne pas confondre la minorité avec la majorité en mettant tout le monde dans le même panier. Au risque de renforcer d’autres phénomènes aussi dangereux, voire encore plus dangereux que celui du trafic de drogue, comme celui de la haine raciale.

André

Relecture : El sam

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils