1

« Au COSM, nous offrons un service d’accompagnement et de soutien aux requérants d’asile »

M. Luzolo Raoul Lembwadio, délégué aux étrangers du canton de Neuchâtel. Photo: Paul KIESSE

Le Service de la cohésion multiculturelle (COSM) est une structure de l’administration cantonale de Neuchâtel qui intervient dans le domaine de l’intégration des étrangers et de la prévention du racisme. Son chef ad interim est le délégué aux étrangers, Luzolo Raoul Lembwadio, qui est de surcroît psychologue et spécialiste en migration. Interview.

Voix d’Exils: quels sont les objectifs assignés au COSM?

Raoul Lembwadio : Le COSM est un service de l’Etat de Neuchâtel, rattaché au Département de l’Economie. Ce service a été créé en 1990 pour appliquer la loi sur l’intégration des étrangers. Il a pour objectif de promouvoir de bonnes relations entre tous les habitants du canton (suisses et étrangers) fondées sur la non-discrimination. La volonté du gouvernement neuchâtelois est de promouvoir l’égalité des droits et des devoirs pour tous les résidents du canton. Pour le canton de Neuchâtel, l’intégration est considérée comme un processus d’adaptation mutuelle au niveau individuel et collectif des populations suisses et étrangères et entre les communautés étrangères et les institutions neuchâteloises.

En 22 ans d’existence, le COSM a-t-il atteint ses objectifs?

Le COSM a essayé, essaie et essaiera encore de remplir sa mission et n’a pas la prétention d’un travail achevé. Pour le canton de Neuchâtel, l’intégration est un processus d’adaptation, c’est donc un éternel recommencement. Comme la migration d’ailleurs, il y a des arrivées et il y a des départs. Toutefois, on peut dire que la mission du COSM est atteinte parce qu’à Neuchâtel, il n’y a pas de conflits communautaires.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les étrangers qui viennent habiter Neuchâtel et comment votre service les aide-t-il à les surmonter?

Il y a des difficultés d’ordre collectif et individuel. Collectif, c’est l’exemple de la langue pour les personnes non francophones; et individuel, c’est le cas des parcours des personnes: permis, travail, formation, logement, etc. Le COSM a un centre de consultations et d’informations sociales ouvert à tous, ainsi qu’un centre de prévention du racisme. Les étrangers peuvent bénéficier également d’autres prestations du COSM comme des cours de langues, des traductions, ou un accompagnement.

Le COSM a également pour mission de prévenir le racisme. Que faites-vous concrètement?

Concrètement, nous avons un centre de prévention du racisme et quand on dit prévention, ça ne veut pas dire nécessairement lutte. Nous, on travaille en amont, on veut éviter le racisme. Lorsqu’une personne se sent victime de racisme, notre centre est ouvert pour la recevoir, nos spécialistes vont analyser s’il s’agit de racisme, d’incompréhension ou encore de mauvaise humeur. Si le racisme est avéré, ils vont l’orienter ou proposer des moyens à mettre en place, s’il faut porter plainte ou faire de la médiation.

En France, il y a un débat sur le vote des étrangers aux élections locales, alors qu’à Neuchâtel, les étrangers participent aux élections communales. Pourquoi permettre aux étrangers de voter?

C’est une volonté du peuple neuchâtelois de donner aussi la parole aux personnes qui n’ont pas le passeport suisse, mais avec lesquelles il partage un espace commun. Il y a cette volonté du canton de Neuchâtel de favoriser le vivre ensemble. Nous partageons un espace commun et les étrangers peuvent donner leurs avis sur les choses d’ici et maintenant.

Le droit de vote des étrangers existe depuis 1949. Depuis 2002, les étrangers au bénéfice d’une autorisation d’établissement (permis C) et qui sont domiciliés dans le canton de Neuchâtel depuis au moins cinq ans peuvent voter sur le plan cantonal. Et, depuis 2007, les étrangers au bénéfice d’une autorisation d’établissement (permis C) peuvent être élus sur le plan communal après au moins un an de domicile dans le canton.

Les requérants d’asile n’ont pas facilement accès à l’emploi. Quel rôle joue votre service pour l’intégration de cette catégorie d’étrangers dans le monde professionnel?

En principe, les prestations du COSM sont offertes à tous, sans distinction du permis de séjour. Toutefois, vous conviendrez avec moi que lorsque nous sommes sûrs et certains que les chances pour qu’une personne reste en Suisse sont nulles, il ne sert pas à grand chose de se focaliser dessus. Beaucoup d’employeurs se posent la question de savoir si, avec un permis N, la personne va rester ou partir. Au COSM, nous ouvrons nos cours à tous. Les requérants d’asile avec le permis N peuvent suivre les cours de français, on les aide à rédiger leurs CV, on les aide aussi à postuler, nous offrons un service d’accompagnement et de soutien.

Le COSM organise le prix « Salut l’étranger » pour favoriser l’intégration des étrangers. Pouvez-vous nous en parler?

Le Conseil d’Etat neuchâtelois a institué le 20 mars 1995 un prix annuel doté de 7000 francs suisses intitulé « Salut l’étranger ». Ce prix est destiné à récompenser une personne ou un groupe de personnes de tous âges et de toutes nationalités, domiciliée dans le canton qui, par une œuvre, un spectacle, un acte, voire une parole ou une attitude aura permis:

– une prise de conscience de la nécessité du dialogue inter-ethnique et inter-religieux afin de favoriser le respect de l’autre et la diversité des cultures;

-la promotion de la tolérance;

-le rejet de toute exclusion basée sur l’appartenance à une ethnie, une religion ou une nationalité.

Que pensez-vous de Voix d’Exils?

C’est une bonne chose. Aujourd’hui, tous les moyens de communication doivent être utilisés pour défendre une cause ou pour la divulgation d’une problématique complexe telle que l’asile. Donc j’apprécie beaucoup. Si ce blog peut apporter la lumière en interne et en externe, ça serait un outil de communication pour les requérants d’asile.

Propos recueillis par Paul KIESSE

Paul KIESSE

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 




Hausse de la violence dans les centres d’hébergement pour requérants d’asile : quelles solutions ?

M. Peter Schnyder

En lisant les journaux, nous avons constaté une hausse de la violence dans les centres d’hébergement pour requérants d’asile. En discutant avec des requérants d’asile, nous nous sommes aperçus que ces actes de violence sont souvent dictés par des motifs assez futiles : l’emprunt d’un rasoir, le caractère de son colocataire, le bruit de sa radio, etc.) ; leurs conséquences pouvant être parfois graves pour les protagonistes. Ces lectures nous ont donné envie de rencontrer le responsable d’un centre – M. Peter Schnyder – pour recueillir son avis sur cette question de la violence.

M. Peter Schnyder nous a reçu dans son bureau. Collaborateur de l’Office de coordination des prestations sociales du Valais  depuis de longues années, il a dirigé plusieurs centres d’accueil et connaît toute l’histoire de l’asile en Valais.

Voix d’Exils : Pouvez-vous vous présenter ? Depuis combien d’années travaillez-vous dans le domaine de l’asile ?

M. Peter Schnyder : J’ai commencé à travailler il y a plus de 25 ans, très précisément le 1er mai 1985 au foyer d’accueil de Vernamiège.

Que pensez-vous de la violence qui se manifeste dans les centres pour requérants?

Il est vrai que nous avons assisté à une augmentation des violences dans le milieu de l’asile, plus accentuée durant les derniers mois de cette année.

Selon vous, quelles sont les causes de ces violences ?

On assiste surtout à une hausse des vols et de l’agressivité en général, pour ma part, je considère qu’il s’agit avant tout d’un problème d’éducation. La violence se manifeste surtout entre les requérants d’asile. Il faut également souligner l’intolérance qui existe entre les différentes ethnies qui cohabitent dans un centre d’accueil. La religion, à mon avis, n’est pas en cause.

Quelles pistes verriez-vous pour trouver une solution à cette situation ?

Aujourd’hui, l’asile est vidé de sa substance il n’a plus de valeur. Il faut réformer le système. Il faut également essayer de contrer l’inactivité des personnes en leur proposant des activités. Avec l’ouverture du centre de formation et d’occupation tout proche : le Botza, j’ai observé des changements positifs chez certains. Une autre dimension sur laquelle nous pourrions travailler est celle de l’espace : en effet, les manifestations d’agressivité sont très directement liées au sentiment d’être confiné dans un espace insuffisant. Je dirais que l’on peut prendre des mesures pour limiter les violences dans les foyers, mais qu’il est illusoire d’imaginer l’éradiquer, car il s’agit d’un phénomène qui se retrouve partout ailleurs dans la société d’aujourd’hui.

Ma conclusion est que l’une des meilleures façons d’affronter la question de la violence serait probablement de faire appel à des médiateurs communautaires pour discuter des événements passés, dans l’espoir de désamorcer les crises.

Propos recueillis par :

PITA

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




UN MONDE NOUVEAU

13 vœux pour la nouvelle année 2012

A l’occasion de cette nouvelle année 2012, je souhaite un nouveau monde, un monde plus heureux rayonnant de paix, de justice et de liberté.

Un nouveau monde plus égalitaire, dans lequel les barrières raciales et ethniques seraient rompues à jamais.

Un monde dans lequel aucune personne ne devrait être obligée de quitter sa terre natale pour aller à la recherche de quoi que ce soit à cause de la stupidité de son gouvernement.

Je souhaite un nouveau monde dans lequel aucun individu ou groupe d’individus ne pourrait prendre  tout un pays en otage, ni confisquer ses richesses comme un héritage.

Ni diviser son peuple uni au nom d’une ethnie préférée, tuer des innocents, des femmes et des enfants  en sachant que le monde entier les laissera faire.

Je souhaite un nouveau monde dans lequel les opposants comme les marionnettes du pouvoir ne transformeraient plus les enfants des autres en instruments d’échecs  au moment où leurs propres enfants étudient dans les plus grandes universités.

Un  monde affranchi de ceux qui profitent de la vulnérabilité des jeunes, les instrumentalisent, les poussent à affronter les canons des autres dictateurs et qui, une fois qu’ils ont atteints leurs objectifs, tournent leurs vestes.

Un monde où les rares  jeunes qui ont survécu ne seraient pas réduits au silence ou exilés car encombrants.

Je souhaite un monde nouveau  dans lequel l’accès au savoir, garant de la liberté, ne serait plus discriminatoire.

Un monde dans lequel Noirs, Jaunes, Rouges ou Blancs se tutoieraient dans l’amitié.

Je souhaite un monde dans lequel les pauvres ne paieraient plus les déficits des institutions financières et des spéculateurs.

Je souhaite un nouveau monde sans généraux, mais rempli de personnalités telles que Gandhi, Mandela,  Martin Luther King …

Un monde sans réfugiés où régneraient la paix et la tranquillité.

PITA

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils