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« Les migrants ont besoin d’un meilleur accès aux prêts pour lancer leur commerce »

Al Hasheme Arkan dans son garage au travail. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Al Hasheme Arkan dans son garage au travail. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise. de Voix d’Exils.

Le dossier de la rédaction: les migrants entrepreneurs

D’origine irakienne, Al Hasheme Arkan vit à Neuchâtel depuis 20 ans et a monté un commerce de voitures. De père arabe et de mère kurde, Arkan a trois enfants et vient de Bagdad. De famille laïque il est diplômé de la haute école d’Irak Al Sharquia et parle sept langues: l’arabe, le kurde, le persan, le turque, l’allemand, l’anglais et le français. Il est arrivé en suisse avec le statut de réfugié politique.

Qu’avez-vous fait depuis que vous êtes en Suisse ?

J’ai commencé par chercher un travail auprès des restaurateurs. Ce n’était pas pour gagner de l’argent mais pour apprendre le français et pour mieux connaître la Suisse. C’était aussi une façon d’intégrer la communauté suisse.

Ensuite, j’ai travaillé comme indépendant dans le commerce automobile.

Comment vous est venu l’idée d’ouvrir ce commerce ?

L’idée m’est venue d’Irak. Comme dans mon pays il y a un grand besoin de voitures, j’ai commencé par en acheter de tous les modèles pour les envoyer en Irak et j’ai ainsi continué cette occupation jusqu’à ce jour soit : l’achat, la vente ou la location de véhicules à moteurs.

 Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour débuter votre activité professionnelle?

Au début, j’avais besoin de liquidités pour lancer ce commerce. L’argent était mon seul obstacle, car il faut avancer une grande somme d’argent pour ce genre d’activité. Le manque d’argent limite souvent l’activité des réfugiés. Ils ont besoin d’un meilleur accès aux prêts pour développer un commerce. Je suggère aux Etats d’offrir des microcrédits pour les petites entreprises. Comme ça, les débutants peuvent entreprendre leur projet et rembourser petit à petit en gardant un petit bénéfice.

Al Hasheme Arkan devant son garage au travail. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Al Hasheme Arkan devant son garage au travail. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

Est-ce que c’était facile pour vous de vous intégrer ?

Il y a 20 ans, ce n’était pas facile car nous étions peu et mal connus par la population Suisse. Depuis, grâce à l’augmentation de la population étrangère, c’est devenu plus facile de s’intégrer et d’être accepté car une meilleure connaissance des migrants change tout. C’est aussi plus facile aujourd’hui parce qu’il y a beaucoup d’associations qui offrent du soutien aux demandeurs d’asile. La population suisse cherche aussi davantage l’échange avec les migrants. Mais c’est aussi leur responsabilité de s’intégrer et de s’engager activement dans la société.

 Quels sont vos conseils aux migrants pour devenir indépendant ?

Pour être à l’aise dans cette société, il faut apprendre la langue au plus vite. Il faut encore comprendre le système de vie, la mentalité, le mode de pensée, les codes du travail. C’est bien aussi de partager socialement au moyen des réseaux sociaux.

Quel est votre apport à la Suisse ?

 Bien que difficile à dire, pour moi la Suisse c’est mon pays. Généralement, les migrants apportent beaucoup de choses, des idées ainsi que d’autres visions de la vie selon leur origine, leurs connaissances et leur culture. Je peux dire que l’apport des réfugiés permet plus d’ouverture, de remise en question et d’humanité dans les rapports sociaux.

Comment vous trouvez la Suisse ?

Très sociale, démocratique, laïque, et avant tout un pays d’humanité. Je peux dire que c’est le paradis sur terre. Elle cherche surtout le bien pour l’humanité, et pour cela j’aimerais dire à tout le monde : les Suisses, les réfugiés, les migrants, les étrangers qu’il faut protéger ce pays comme l’on protège ses yeux, parce qu’il nous donne la sécurité d’abord et la paix et ça, c’est le plus important.

Al Hasheme Arkan au bord du lac. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Al Hasheme Arkan en famille au bord du lac de Neuchâtel. Photo: Haider, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

Est-ce que vous pensez rentrer dans votre pays un jour ?

Je ne peux pas quitter la Suisse parce que j’ai déjà vécu 20 ans ici. J’ai des amis Suisse, des connaissances, mes enfants ils ont grandi là. Mon avenir est dans ce pays, ce ne serait pas facile de le quitter.

Pour moi, c’est mon pays d’origine, il me donne tout…Je ne pense pas qu’un jour je quitterai le paradis pour l’enfer, malheureusement.

 Haider

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 




L’influence grandissante de la Chine sur le continent africain

Un dessin signé la rédaction valaisanne de Voix d'Exils

Un dessin signé la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Depuis plusieurs années, on assiste au grand retour de la Chine sur la scène internationale et particulièrement en Afrique, continent privilégié des Européens.

L’objectif premier du gouvernement chinois en Afrique est la coopération au développement sur le plan économique et commercial, avec un accroissement considérable des échanges commerciaux entre les deux continents. Ces échanges ont été multipliés par sept entre 2000 et 2007.

La Chine : premier bailleur de fonds de l’Afrique

Pourtant, à peine le dix pour cent de l’ensemble de l’exportation africaine est destiné à la Chine. Il s’agit principalement du pétrole et des ressources minières: soixante-dix pour cent pour le pétrole et quinze pour cent pour les ressources minières. Quant aux produits importés de Chine, ils ne représentent qu’à peu près trois pour cent. Il s’agit de textiles, de chaussures, d’appareils électroniques, d’équipement de télécommunications, de voitures etc…

Compte tenu des montants accordés à titre d’aide au développement (deux milliards par an), la Chine est l’un des plus importants bailleurs de fonds du continent africain. La politique de la Chine est basée sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays africains et elle n’hésite pas à investir dans les pays où la corruption et la violation des droits de l’homme est monnaie courante comme le Zimbabwe ou le Soudan.

Si la présence de la Chine en Afrique augmente les recettes des exportations de matières premières, elle a des conséquences négatives pour les industries africaines et ses travailleurs. Les prix de vente des produits chinois sur les marchés africains défavorisent la production locale et entraînent la fermeture de certaines entreprises. Enfin, le non-respect de certains droits des travailleurs empêche la relance du pouvoir d’achat et crée des tensions sociales entre l’État et les syndicats.

Vers une nouvelle coopération africano-européenne ?

La coopération sino-africaine durera tant que l’Occident ne revienne à nouveau vers le continent africain et les chefs d’États africains doivent se saisir l’opportunité de cette présence de la Chine afin de relancer la concurrence entre les investisseurs étrangers.

Mais, au nom de ses anciennes colonies, de ses langues, de sa force de frappe militaire et de son contrôle monétaire, l’Europe doit contrer la percée chinoise en Afrique par l’amélioration de son développement politique et de ses échanges économiques tout en prônant la bonne gouvernance. Personne ne doute de l’influence de l’Occident sur l’Afrique. Hier, grâce à l’intervention de la France, le Mali a retrouvé son intégrité territoriale. Aujourd’hui, encore, la Centrafrique risque le génocide si l’Occident ne s’implique pas, alors que la Chine n’intervient jamais dans ce genre de situation.

Le Sommet de l’Élysée, qui s’est tenu en France du 6 au 7 décembre 2013, a posé les bases d’une relance de la coopération entre l’Africano-Européenne et nous pensons que c’est dans cette démarche raisonnable que l’Europe pourra aider les populations africaines à retrouver leur dignité et combler leur retard face à l’évolution du monde. Sinon, le bien-être promis par la colonisation s’avèrera un échec de grande envergure après soixante-dix ans d’indépendance.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Informations :

Source : La Chine et l’Afrique : Un nouveau partenariat pour le développement Richard Schiere, Léonce Ndikumana et Peter Walkenhorst – Groupe de la Banque africaine de développement