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Vingt jours, dix pays, un exil

Sur un quai de gare en Macédoine / Photo: Youssef

Le périple de deux jeunes syriens vers la Suisse



Youssef*, un jeune Syrien de 30 ans, a travaillé comme ingénieur électricien dans son pays. Aujourd’hui, il pratique le même métier, mais en Suisse. Au-delà de cette apparente stabilité et continuité dans sa vie, Youssef a connu les dangers de l’exil et les risques pris par toute personne qui quitte son pays pour un avenir meilleur. Vous trouverez ci-dessous les détails du voyage qu’il a entrepris avec sa sœur et les difficultés qu’ils ont a rencontrées sur le chemin de la migration au travers des 10 pays qu’ils ont parcourus pour rejoindre la Suisse depuis la Syrie.

De la Syrie vers le Liban et la Turquie

Youssef et sa sœur ont décidé de fuir la Syrie. Ils se sont rendus, début août 2015, de Damas à Tripoli au Liban où ils sont montés à bord d’un bateau en direction de Mersin en Turquie. Leur voyage a duré deux jours. Puis, ils ont pris un taxi en direction de la ville d’Izmir, mais le trajet a été beaucoup plus long que le premier et a duré 14 heures.

À Mersin, Youssef a contacté un passeur appelé « Abu Mowaffaq » et s’est mis d’accord avec lui sur une somme de 1’100 dollars US. Youssef et sa sœur ont rejoint un groupe de trois personnes et sont restés dans la maison du passeur pendant six jours, où ils ont tous attrapé la gale à cause de l’insalubrité des oreillers et des couvertures.

Six jours plus tard, au soir, ils se sont rendus en compagnie d’autres groupes – au total près de quarante personnes – vers la ville de Bodrum, lieu d’embarcation qui se trouve à deux heures d’Izmir. Comme le bateau n’était pas prêt à partir, tous ont dû attendre sur le rivage pendant quatre heures, mais en vain. Le passeur était absent. Quand ce dernier est finalement arrivé, il leur a apporté de la nourriture et leur a demandé de se cacher pour le lendemain, avant de s’enfuir rapidement.  Après plus de 19 heures d’attente, la police turque les a interpelés et arrêtés pour ensuite les emmener à la gare routière la plus proche. Ils ont donc été contraints de retourner à Izmir.

De la Turquie à la Grèce

Le lendemain, Youssef et sa sœur ont tenté une nouvelle fois d’effectuer la traversée en bateau et sont donc retournés à Bodrum. Ils y sont arrivés au milieu de la nuit à deux heures du matin. Au lever du soleil, ils sont montés dans la barque et le début du voyage a alors été marqué par les prières de toutes et tous et par les pleurs des enfants. Un quart d’heure après le départ, les garde-côtes turcs les ont attaqués en mer afin de les forcer à regagner la côte turque, mais les passagers du bateau ont ignoré ces appels et ont continué à naviguer. Les garde-côtes ont alors tiré en l’air pour les effrayer et ont fait plusieurs tentatives pour les arrêter. Mais en vain. Les garde-côtes ont alors été contraints de les laisser poursuivre leur chemin. Moins de dix minutes plus tard, ils ont rapidement été interceptés par les garde-côtes grecs qui les ont emmenés sur l’île de Kos. A leur arrivée, ils ont été escortés jusqu’à un bureau pour enregistrer leurs noms afin que les autorités puissent statuer sur leur décision d’expulsion de la Grèce.

Île Kos, Dodécanèse, Grèce / Photo: Ibrahim
Sur l’Île de Kos, Dodécanèse, Grèce / Photo: Youssef

La police grecque les a ensuite emmenés dans un camp dans lequel ils devaient passer plusieurs jours dans l’attente d’une décision de renvoi. Mais tous, y compris Youssef et sa sœur, ont décidé d’aller immédiatement acheter des billets de transports pour se rendre à Athènes.

Lieu indéterminé, Grèce / Photo: Ibrahim
Lieu indéterminé, Grèce / Photo: Youssef

De la Grèce à la Macédoine et de Macédoine à la Serbie

Le lendemain matin, Youssef et sa sœur ont embarqué sur un petit bateau et ont voyagé ainsi pendant près de 14 heures. Lorsqu’ils sont arrivés, un ami de la famille, qui possédait un appartement à Athènes, les attendait sur place. Ils sont restés chez lui quatre jours.

Au port d'Athènes, Grèce / Photo: Ibrahim
Au port d’Athènes, Grèce / Photo : Youssef

Après cela, ils sont montés dans le bus et se sont dirigés vers la frontière macédonienne avec pour destination une gare ferroviaire. Ils sont alors montés à bord du train destiné à transporter les réfugiés à la frontière serbe et leur voyage a duré huit heures. Ils sont arrivés à minuit, puis ils ont attendu jusqu’au petit matin par peur des voleurs et des bandes qui rôdaient sur la route des voyageurs le long de la frontière serbo-macédonienne. Puis, ils ont marché vers le premier village de Serbie et de là ils ont pris un bus vers la capitale, Belgrade, où ils ont séjourné dans un hôtel pendant deux jours. Ils se sont ensuite dirigés vers la frontière hongroise à travers les champs de maïs. En chemin, ils ont été surpris par la présence de policiers qui arrêtaient et empêchaient les exilé·e·s de poursuivre leur chemin. Youssef et sa sœur ont donc décidé de se cacher dans les champs jusqu’à ce que la police quitte les lieux.

De la Serbie à la Hongrie

Le lendemain matin, un homme et sa femme sont passés, par hasard, par là et leur ont proposé de les emmener en voiture jusqu’à la ville hongroise de Budapest en échange d’une somme d’argent. Ils les ont alors effectivement conduits à destination, en compagnie d’une vingtaine d’autres personnes. Toutefois, lorsqu’ils sont arrivés en ville et qu’ils sont sortis de la voiture, ils se sont retrouvés face à deux voitures de police. Tout le groupe s’est alors mis à courir et s’est caché dans un parking pendant quatre heures où ils ont contacté un autre passeur qui les avait informés que deux voitures les attendraient dans le centre-ville à côté d’un hôtel. Malheureusement, la police était à l’affût et a confisqué les véhicules et arrêté les chauffeurs.

De la Hongrie à l’Autriche et de l’Autriche à l’Allemagne

Peu de temps après, ils ont recontacté le passeur qui leur a demandé d’attendre le lendemain de sorte à ce qu’il puisse se débrouiller pour leur fournir deux nouvelles voitures pour les emmener en Allemagne. Ils ont alors passé cette nuit dans le jardin jusqu’au lendemain matin, puis sont partis dans des directions différentes, traversant l’Autriche, sans s’arrêter, jusqu’à ce qu’ils rejoignent le premier village d’Allemagne appelé Passau où Youssef et sa sœur se sont arrêtés. Certains autres membres du groupe qui se trouvaient avec eux à ce moment ont été malheureusement pris dans un piège frauduleux et ont été renvoyés en Serbie.

De l’Allemagne à la Suisse

Après être arrivés vers deux heures du matin au village de Passau, Youssef, sa sœur et leurs compagnons de route encore présents ont passé quatre heures dans les rues. À six heures du matin, la police allemande les a arrêtés et emmenés au poste de police. Deux heures plus tard, ils ont été relâchés et ont pris le train en direction de Munich. À leur arrivée à Munich, Youssef et sa sœur se sont séparés du reste du groupe. Leur oncle les attendait sur place et c’est lui qui les a conduits pendant quatre heures dans sa voiture jusqu’à ce qu’ils entrent sur le territoire suisse et plus précisément par la ville de Rheinfelden, le 20 août de la même année.

Durant les 20 jours qu’a duré le périple de leur migration, Youssef et sa sœur ont traversé pas moins de dix pays avant de finalement demander l’asile en Suisse.

*Youssef: nom d’emprunt

Doaa Sheikh al Balad

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Dans l’enfer des prisons syriennes

Illustration: dessin réalisé par Kristin Kostava / Voix d’Exils sur la base d’une photographie de l’intérieur d’une prison syrienne transmise à la rédaction par Abdullah.

Abdullah, un survivant témoigne

 Jeudi 27 mai, Bachar al-Assad a été réélu comme président de la Syrie pour un quatrième mandat avec 95,1% des voix dans un pays en proie à une guerre dévastatrice et fratricide qui a débutée en 2011 et qui a fait à ce jour au moins 300’000 victimes. Abdullah est un jeune syrien qui a échappé de peu à la mort et qui a payé par la prison puis l’exil son opposition au régime de Bachar al-Assad. Arrêté, emprisonné et torturé dans les geôles du régime, il en est miraculeusement ressorti vivant. Vivant, mais pas indemne. Comme beaucoup d’hommes et de femmes ayant traversé des épisodes d’une violence extrême, il souffre d’un trouble de stress post-traumatique. Lors de ses confidences à Voix d’Exils, il a parfois eu du mal à retracer la temporalité des événements et la localisation des prisons dans lesquelles il a croupi de longs mois. Si les incarcérations successives ont marqué au fer rouge sa chair et son esprit, les dates, les lieux et les durées se sont par moment brouillées. Mais ce qui frappe dans ce difficile travail de mémoire, c’est la force et l’authenticité qui s’en dégagent. La rédaction prévient d’emblée les lectrices et lecteurs que certains passages du récit d’Abdullah documentent des violences extrêmes de manière explicite.

Il faut savoir que, dix ans après le début du conflit, le témoignage de Abdullah reste d’une brûlante actualité. Aujourd’hui encore, le régime syrien continue d’utiliser les détentions arbitraires, les disparitions forcées, la torture et les exécutions sommaires pour faire taire les dissidences.

Plongée au cœur de la machine de mort syrienne…

17 mars 2011, nos manifestations pacifiques sont violemment réprimées

Carte de la Syrie. Source: Wikipedia.

« C’était un vendredi, j’étais descendu avec des amis dans les rues de ma ville, Al-Quriyah. Une belle ville construite le long de l’Euphrate et bordée de grands arbres très touffus. Al-Quriyah était l’épicentre des manifestations. Les gens venaient de très loin pour se joindre à nous. Après les prières de l’après-midi à la mosquée et les courses quotidiennes, d’autres amis nous ont rejoints.

Nous portions les fleurs de la liberté et le président Bachar al-Assad a répondu en envoyant son armée nous détruire. Ce jour-là, j’ai perdu mon meilleur ami qui était comme un frère. C’était un activiste engagé, heureux de se battre pour la liberté.

Par la suite, mes amis, mes cousins et moi-même avons rejoint l’Armée syrienne libre. Nous voulions protéger les manifestant.e.s et revendiquions plus que jamais la liberté. Nous étions quelques milliers à exiger le départ d’Assad. Lui, il avait le soutien de l’armée syrienne et celui l’armée Iranienne. Plus tard, il pourra également compter sur l’appui du Hezbollah libanais, de mercenaires afghans et pakistanais, ainsi que du Hezbollah irakien.

 

« L’armée avait brûlé les maisons des personnes qui avaient pris part aux manifestations »

Le lendemain, samedi 18 mars, 200 blindés ont investi Al Quriyah. Ils ont brûlé les maisons de toutes celles et ceux qui avaient pris part aux manifestations et toutes les maisons qui se trouvaient sur leur chemin. Ils ont aussi brûlé les voitures et les motos, ils ont volé tout l’argent et tout l’or possible. Ce même jour, une centaine de personnes ont été arrêtées. Moi, j’ai dû me séparer de mon frère et de mes amis pour éviter d’être facilement traçable. Je me suis enfui dans le désert.

La nuit suivante, je suis retourné à Al-Quriyah. Les hommes d’Assad s’y trouvaient encore et avaient érigé un barrage au centre-ville. J’ai vu un de mes frères ainsi que quatre amis et voisins. Certains étaient chrétiens d’autres musulmans, mais nous étions très proches. J’ai aussi vu mon ex-copine, une Philippine dont le père travaillait pour une compagnie pétrolière chinoise installée près de la frontière irakienne.

J’ai découvert que l’armée avait mis le feu à notre maison et que mes deux grands frères avaient fui vers un autre village, où ils étaient à l’abri. Les voisins dont les maisons avaient brûlé étaient aussi de retour et s’étaient installés dans les décombres. Quant à mes trois jeunes frères, ils s’étaient réfugiés dans un autre village avec mes parents. Plus tard, ils se sont installés à quelques kilomètres de notre ville. Ma mère a vu son diabète dangereusement monter à cause du choc subi.

« La répression était animale »

Pendant cette tristement « fameuse » nuit de printemps, j’ai retrouvé mon jeune frère Mohammed qui trainait dans la rue. Il avait 14 ans, était en état de choc, car il avait été témoin d’arrestations violentes et arbitraires. Les soldats de l’armée de syrienne avaient battu des manifestants devants les yeux de leurs parents ou de leurs enfants.

Internet et Facebook ont été bloqués par le régime pour éviter l’organisation de nouvelles manifestations. Toute tentative de communiquer avec d’autres personnes représentait un danger de mort. L’armée était omniprésente. J’avais l’impression d’avoir vu tout ça à la télé dans des documentaires sur la deuxième Guerre Mondiale. Nous n’étions plus considérés comme des êtres humains, la répression était animale.

Pendant la journée, nous nous cachions pour nous protéger des rafles de l’armée, mais à la nuit tombée, nous sortions pour filmer les manifestations avec nos téléphones portables et ensuite les publier sur internet. Un an plus tard, les rassemblements avaient lieu chaque nuit et chaque nuit des protestataires étaient embarqués par les soldats et emprisonnés.

Nous nous demandions pourquoi le monde laissait faire Assad. Nous qui pensions que l’Europe et les États-Unis interviendraient pour arrêter son armée… En réalité, il y avait quelques pourparlers qui n’ont servi à rien.

 « Je me fais arrêter et battre jusqu’à l’évanouissement » (août 2011)

J’étais avec mon cousin Kheder, qui vit aujourd’hui sous une tente dans le même camp que ma famille. Il y avait aussi mon voisin Nuri qui s’est ensuite exilé à Londres. C’était le 7 août 2011, il était environ 17 heures. Le soleil était encore chaud en ce jour d’été. Nous étions dans les rues de Al-Quriyah et nous rentrions pour manger lorsque j’ai aperçu cinq voitures pleines de soldats armés. C’étaient les voitures de trois services connus : celui du Renseignement de l’Armée, celui de l’Armée Secrète et celui de « l’Armée des chaussures », comme on les surnommait, car les soldats brûlaient les maisons et volaient tous les biens, chaussures et chaussettes comprises…

Kheder est parvenu à s’enfuir et Nuri n’a pas été inquiété car il n’avait jamais pris part aux manifestations. Quant à moi, on m’a fait monter dans une jeep et mon calvaire a commencé. Après les premiers coups, j’avais des côtes cassées, même respirer me faisait mal. J’ai été emmené, avec 9 autres personnes, au service de renseignement situé dans la ville de Al-Mayadin, à 90 kilomètres de la frontière irakienne. Alors que nous entrions, nous avons vu trois cellules d’environ 4 mètres sur 4, toutes pleines à craquer. Moi, j’ai été enfermé dans une armoire et battu jusqu’à l’évanouissement. Je ne pouvais plus bouger.

Nous mangions du pain et des olives. Nous étions accusés d’être des traîtres qui avaient permis l’entrée des Américains dans le pays. Nos gardiens nous insultaient et menaçaient de s’en prendre à nos familles. Ils nous électrocutaient… nous obligeaient à battre les autres prisonniers. Certains en mouraient. Nous étions forcés de vivre comme des animaux.

« Entassés dans une cellule » de la prison de Al-Qabun (décembre 2011)

La ville de Damas, capitale de la Syrie. Source: Wikipedia.

Le service de renseignement de Al-Mayadin servait de prison escale où tous les « manifestants », toutes celles et ceux qui osaient revendiquer la liberté étaient rassemblés en attendant d’être transférés dans une autre prison. Nous étions environ 25 hommes, agglutinés là à attendre de comparaître devant le juge.

Puis, certains d’entre nous ont été envoyés à Al-Qabun, où nous étions entassés dans une « pièce » ouverte et vide. Juste quatre murs à ciel ouvert, un repère de rats, froid et sale, entouré de salles de bains et de cuisines crasseuses. C’est dans cette pièce qu’a commencé ce que je pensais être un voyage sans retour… Tout ce qui m’était arrivé jusqu’ici n’était rien comparé à ce qui m’attendait derrière cette porte.

Je n’oublierai jamais Aldmeir, un vieux prisonnier originaire de Damas. Il tremblait de froid dans ses vêtements mouillés et criait « Je me meurs, je me meurs, je me meurs ! » J’étais là, perplexe, à me demander si je devais lui donner mes vêtements… Mais, si je le faisais, c’est moi qui allais geler. De plus, ils étaient très grands et amples. Et pour cause, ils n’étaient pas à moi. Un détenu resté dans la première prison, m’avait prêté ses habits quand j’avais dû me rendre à l’interrogatoire avant d’être envoyé ici.

Je me suis dirigé avec précaution vers la porte. Le geôlier est venu et a demandé ce que je voulais. Je lui ai répondu qu’il y avait un vieil homme qui mourait de froid à cause de ses habits mouillés. Alors il s’est directement adressé au vieil homme et lui a crié « Inch’Allah, tu vas mourir à l’instant ! Tu as juste à tourner en rond ici. » Et il lui a balancé une longue tirade d’insultes avilissantes.

Les conditions de vie étaient terriblement dégradantes à Al-Qabun, mais je savais que le pire était à venir : j’allais être transféré à Adra ou à Saidnaya. Le jugement des détenus avait lieu sur place et il était de notoriété publique que ceux qui y entraient n’en ressortaient jamais.

Dans l’enfer de Saidnaya, « l’abattoir humain »

J’ai finalement été transféré à Saidnaya, à 30 kilomètres au nord de Damas. J’y suis resté pendant environ deux mois. Nous étions 95 à cohabiter dans une étroite cellule. Nous n’étions pas appelés par nos noms. Nous n’étions que des numéros. Pendant la journée, nous avions le droit de sortir en plein air pour nous dégourdir les jambes, mais nous devions rentrer au plus tard à 16h. Saidnaya avait été construite dans un tel no man’s land, que nous n’avions nulle part où nous enfuir.

La plupart des tortionnaires d’Assad n’avaient pas fréquenté d’école, ils étaient illettrés. Nous les entendions parler et rire au téléphone, ils fumaient et écoutaient de la musique, indifférents à notre sort. Nous étions complètement coupés du monde extérieur. Aucune nouvelle de qui que ce soit. Personne dehors ne savait si nous étions morts ou vivants. Le juge de la prison était toujours saoul. Le jour de mon jugement, il avait tellement bu qu’il m’a condamné à quelques années de prison à Saidnaya. Je pensais que ce transfert n’aurait pas de billet retour. Au moment du jugement, j’ai souhaité mourir tout de suite.

 

Vue aérienne de la prison de Saidnaya. Source: Amnesty International.

La prison de Saidnaya était surnommée « l’abattoir humain ». Elle comportait trois grands complexes en forme d’étoile. Chaque bloc comptait trois étages dotés chacun de deux quartiers, abritant vingt dortoirs collectifs. Je séjournais dans la partie rouge réservée aux prisonniers politiques. La partie blanche était celle des militaires ayant « violé la loi martiale » en refusant de tirer sur les manifestant.e.s. Le dernier complexe était celui des « terroristes » irakiens, jordaniens, libanais, syriens ou palestiniens.

Les tortures pratiquées à Saidnaya étaient encore pires que tout ce que j’avais pu endurer et voir dans les autres départements de sécurité. J’avais viscéralement peur… Les gardiens frappaient, torturaient, affamaient ou laissaient mourir d’infections dues à la mauvaise hygiène. Parfois, ils ordonnaient à un prisonnier de frapper un de ses camarades d’infortune. Ils pratiquaient aussi la torture dite de la « chaise allemande ». Ils plaçaient des bougies directement au contact de la peau dénudée pour brûler les parties intimes des prisonniers. L’une de leurs tortures favorites était l’injection mortelle d’air dans la carotide.

« Les surveillants avaient un quota mensuel de prisonniers à tuer »

Amar, mon meilleur ami, était aussi emprisonné à Saidnaya. Nous avions grandi ensemble. Il avait un tempérament rebelle et n’avait pas eu peur de protester contre Assad. Je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi courageux. Ils lui ont fait subir des brûlures sur la chaise allemande. Après chaque séance, je ne pouvais pas faire grand-chose pour le réconforter, juste lui tenir la main et lui répéter « Sois fort ». Il me répondait en pressant ma main comme un bébé aurait pressé la main de sa mère. Après son troisième passage sur la chaise allemande, il m’a regardé intensément et j’ai compris qu’il me disait : « Je m’en vais ». Il est mort peu après.

Les mauvais traitements commençaient dès 7h30 du matin. Les geôliers avaient un quota mensuel de morts à épingler à leur palmarès. Si le chiffre demandé était de 20 victimes et qu’ils n’en exécutaient « que » 18, ils devaient à tout prix compléter le tableau avant la clôture du mois. Alors, ils choisissaient des noms au hasard, ils allaient chercher les prisonniers, leur bandaient les yeux et leur liaient les mains dans le dos. Ils les emmenaient au rez-de-chaussée, au pied des escaliers où étaient empilés des sacs de ciment. Ils leur donnaient l’ordre de se mettre à plat ventre puis leur faisaient une injection d’air. En quelques petites minutes, les prisonniers étaient morts. Un « docteur » venait ensuite constater le décès. Les prisonniers « éduqués » comme les médecins, les enseignants, les journalistes, étaient les plus exposés.

Chaque nouveau surveillant devait tuer un prisonnier le jour de sa prise de fonction, confirmant ainsi sa capacité à faire le travail. Les surveillants pouvaient aussi être tués ou subir des interrogatoires s’ils n’arrivaient pas à exécuter les ordres. Les gardiens étaient incapables de comprendre que notre lutte pour la liberté leur profitait aussi. Que la liberté était la même pour tous.

« Un système carcéral esclavagiste »

Les responsables de la prison de Saidnaya avaient imposé un système esclavagiste : chaque geôlier avait des prisonniers-esclaves. Ces derniers déposaient les repas devant les dortoirs et, alors que le geôlier débloquait les portes, les prisonniers étaient tellement collés les uns aux autres qu’ils devaient pousser les autres avec force pour se frayer un chemin. Le maigre repas était posé sur un large plateau et consistait en quelques morceaux de pain et une petite quantité de riz ou de gruau. Nous devions nous battre pour en attraper un peu. Parfois, la nourriture était intentionnellement « pourrie » avec du savon de toilette ou de lessive. Ou elle était intentionnellement jetée sur le sol ce qui nous donnait droit à un repas crasseux.

Les prisonniers-esclaves servaient aussi de souffres douleurs aux geôliers. Par exemple, quand ils passaient la tête dans l’entrebâillement de la porte pour récupérer le repas, les geôliers s’amusaient à les taper avec leurs chaînes en fer ou à les électrocuter. Et parfois, leur sang giclait sur la nourriture.

Les corps des morts n’étaient pas enlevés tout de suite. Ils restaient là parmi nous et dégageaient une odeur putride de décomposition et de sang mêlés. Il fallait qu’ils soient en nombre suffisant pour mériter d’être enlevés.

« Contre toute attente, je suis libéré »

Contre toute attente, je suis libéré le 12 février 2012 de la prison de Saidnaya pour être transféré dans un autre département de détention de Damas connu sous le nom « 248 ». Je ne pouvais rien voir car j’avais les yeux bandés pendant le transfert. Je suis resté deux semaines dans des locaux situés près de la prison de Al-Qaboon.

Une fois de plus, avec un bandage sur les yeux, ils m’ont pris la main et forcé de signer un papier et ont ensuite pris mes empreintes digitales. Je n’avais aucune idée de ce que pouvait être le document, mais je savais seulement que si je refusais de signer je serais exécuté. Ensuite, ils m’ont informé que je comparaissais pour avoir tué plusieurs officiers de l’armée gouvernementale. Ils m’ont emmené, les yeux toujours bandés, mais je pouvais entendre un geôlier chanter que Saidnaya et tous ses « traitements préférentiels » m’attendaient.

J’ai appris plus tard que j’avais signé sans le savoir mon bon de sortie. Ce bon avait coûté beaucoup de tractations, d’énergie et 30’000 dollars américains à mon père. Une semaine plus tard, sur ordre du général en charge de la structure « 248 », j’ai retrouvé la liberté. Non pas celle pour laquelle nous étions descendus dans les rues du pays, mais celle dont les prisonniers du « 248 », Al-Mayadin, Saidnaya, Al-Qabun… étaient cruellement privés. »

Témoignage recueilli par la rédaction vaudoise de Voix d’Exils en collaboration avec Aude Flückiger

Le dossier César: 55’000 photos de cadavres de prisonniers

Carte de la Syrie. Source: Wikipedia.

400’000 morts, des dizaines de milliers de disparus, six millions de Syriens et Syriennes réfugiés à l’étranger, probablement autant de déplacés à l’intérieur du pays.

Le bilan de dix ans de guerre est accablant et toutes les familles du pays cherchent des proches disparus ou emprisonnés.

A Idleb, une association leur vient en aide en s’appuyant notamment sur le Dossier César qui documente quelque 55’000 photographies prises dans les prisons du régime et les deux hôpitaux militaires de Damas, par un fonctionnaire de police chargé de photographier les morts pour les archives administratives.

Ces photos représentent l’outil de travail de Hassan, un avocat installé près d’Idleb, une des dernières enclaves tenues par les opposants syriens.

Le processus est simple : quand un prisonnier libéré d’un des centres de détention du pays se réfugie à Idleb, Hassan le rencontre pour recueillir des informations sur ses compagnons d’infortune et pouvoir ainsi – en croisant les photos et les témoignages – aider les familles des disparus à retrouver leurs proches. Morts ou vivants.

 

Pour aller plus loin:

Abattoir humain, pendaison de masse et extermination à la prison de Saidnaya, en Syrie. Rapport d’Amnesty International, février 2017.

« Syrie : les disparus d’Idleb » un reportage de France 24 le 01.05.2021

Articles de Voix d’Exils à propos de la Syrie

« J’ai divisé mon cœur, la moitié est encore en Syrie » paru dans Voix d’Exils le 02.12.2020

600’000 Syriens rentrent en Syrie paru dans Voix d’Exils le 18.10.2017

Les femmes des ruines en Syrie paru dans Voix d’Exils le 24.07.2017

Sept ans que la guerre fait rage en Syrie paru dans Voix d’Exils le 22.05.2017

Mon dernier Noël en Syrie paru dans Voix d’Exils le 20.12.2016

« Je peignais inconsciemment ma maison en Syrie » paru dans Voix d’Exils le 05.10.2016

Regard d’une petite fille du camp de Yarmouk sur la fête de Noël paru dans Voix d’Exils le 28.12.2016

« A Yarmouk nous n’avons pas faim, nous sommes affamés » paru dans Voix d’Exils le 02.06.2015

Être journaliste en Syrie « c’est comme marcher sur un champ de mines » paru dans Voix d’Exils le 29.12.2014

Regard d’un kurde Syrien sur son pays paru dans Voix d’Exils le 07.06.2012




Revue de presse #58

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Début du procès de Matteo Salvini en septembre / Sea-Eye 4: en route pour l’Espagne / Le Danemark critiqué pour le sort qu’il réserve aux réfugiés Syriens / La justice allemande annule environ un tiers des demandes d’asile rejetées

Le Danemark de plus en plus critiqué pour le sort qu’il réserve aux réfugiés Syriens

L’Orient-le jour, le 11 avril 2021

Le Danemark figure parmi les pays européens ayant adopté une politique migratoire des plus restrictives. A cet effet, jugeant que la situation actuelle à Damas et ses environs est « sûre », depuis l’été 2020, 189 Syriennes et Syriens ont été privés de leur permis de séjours suite à un réexamen de leur dossier. Une partie des personnes migrantes déboutées, qui avaient à l’origine obtenu qu’un permis temporaire, ont été placées en centre administratif de rétention. Selon un avocat spécialisé dans les dossiers migratoires, les principaux concerné.e.s y resteront tant qu’ils n’auront pas signé un document attestant qu’ils s’engagent à rentrer en Syrie de leur propre gré. Le pays nordique, dont la politique d’accueil vise le « zéro demandeur d’asile », propose également des aides au retour volontaire acceptées par 137 Syriens en 2020. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés s’est dit « préoccupé » par la décision de Copenhague. Amnesty International a pour sa part dénoncé « une évolution inquiétante » de la politique migratoire du pays.

 

La justice allemande annule environ un tiers des demandes d’asile rejetées

Info Migrants, le 16 avril 2021

Faire appel contre les décisions de l’Office fédéral allemande pour la migration et les réfugiés (la BAMF) est quasiment devenu la règle. En effet, la majorité des requérant.e.s d’asile débouté.e.s en Allemagne fait appel à la justice. Ainsi, selon les chiffres du gouvernement allemand, en 2020, sur 68’000 refus du droit d’asile du BAMF, 21’200 ont été annulées sur décision de la justice. Néanmoins, la durée moyenne des procédures d’asile s’est vu être rallongée passant de 17,6 mois en 2019 à 24,3 mois en 2020. Bien que le nombre de dossiers en cours est en baisse, la justice allemande se retrouve encore face à plus de 190’000 appels à examen. Dans la plupart des cas, les personnes faisant appel obtiennent dans un premier temps simplement l’interdiction d’être expulsée.

Début du procès de Matteo Salvini en septembre 2021

RTS, le 17 avril 2021

Le tribunal de Palerme, en Sicile, a décidé le 17 avril que Matteo Salvini, le chef du parti italien d’extrême droite de la Ligue, sera jugé pour avoir bloqué des personnes migrantes en mer en 2019. Le procès de l’ex-ministre de l’Intérieur débutera le 15 septembre. Pour rappel, l’homme politique est accusé de séquestration de personnes et d’abus de pouvoir pour avoir interdit le débarquement de 147 personnes migrantes secourues en mer par l’ONG Open Arms en août 2019. Alors que les conditions à bord s’aggravaient, il aurait également refusé pendant six jours d’accorder un port sûr au navire de l’ONG. Alors Open Arms a salué la décision du tribunal, Matteo Salvini a de son côté déclaré sur son compte Twitter que « la défense de la patrie est le devoir sacré de tout citoyen (…) Je vais être jugé pour cela, pour avoir défendu mon pays ? Je m’y rendrai la tête haute ».

Sea-Eye 4 : en route pour l’Espagne

24 Heures, le 17 avril 2021

Le 17 avril, L’ONG allemande Sea-Eye annonce que son nouveau navire de sauvetage de personnes migrantes – le Sea-Eye 4 – a quitté le chantier naval de Rostock en Allemagne pour se diriger vers l’Espagne. L’arrivée du navire en Espagne est prévue pour la fin du mois d’avril, d’où il partira dès que possible pour sa première mission de sauvetage. Le président de l’ONG – Gorden Isler – a soutenu que le départ de ce navire constitue un signal important envoyé par une large alliance de la société civile aux États membres de l’Union européenne. Le navire a en grande partie été financé par l’église protestante allemande.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« Je peignais inconsciemment ma maison en Syrie »

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils

La vielle ville de Cossonay. Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Quand la vieille ville vaudoise de Cossonay devient source d’inspiration pour une artiste Syrienne

Organisée par l’Association de la Vieille Ville de Cossonay et l’œuvre du contact Amitié Bible entre Etrangers et Suisses (Cabes) dans le canton de Vaud, l’exposition de Madame Inaam Katerji, dédiée à la vieille ville de Cossonay vient de s’achever. Retour sur cet expo à l’occasion d’une rencontre avec la peintre syrienne.

Quel rapport entretenez-vous avec la vielle ville de Cossonay ?

Je suis tombée amoureuse de la vieille ville de Cossonay, elle est captivante! L’architecture du vieux quartier, les maisons avec leurs beaux petits escaliers, les toits de tuiles brun-rouge, les fenêtres avec leurs briques et leurs volets verts. Ainsi que les ruelles étroites et sinueuses, les voûtes et les anciens bassins d’eau le long des rues qui ont, dans les vieux jours, été utilisés pour le lavage des vêtements, quelle merveille! »

 

Votre exposition est peu conventionnelle car la plupart de vos tableaux étaient exposés dans les vitrines des rez-de-chaussée des maisons et des magasins dans la vieille ville. Pourquoi ce choix ?

Vous avez raison, huit ont été affichés dans la Maison de Ville et 14 à l’extérieur. L’objectif des organisateurs était de mettre en valeur la beauté de la vieille ville pour les visiteurs, il est d’ailleurs écrit sur les flyers : « Venez découvrir les tableaux de l’artiste syrienne en vous baladant dans la vieille ville de Cossonay ». L’idée est originale et de nombreux visiteurs ont été ravis. Certains me disent qu’ils passent par Cossonay tous les jours, mais que c’est la première fois qu’ils découvrent sa beauté !

Pourquoi avez-vous choisi ce thème de la vieille ville de Cossonay ?

C’est notre ami Juel Bussy, dessinateur de bandes dessinées, qui nous a présenté cette ville la première fois et qui a suggéré l’idée. Il vit dans le vieux quartier de Cossonay où il a son atelier. Mais ce thème m’a toujours fasciné. J’adore les vieux quartiers traditionnels. Parfois, quand je me promène dans les rues en pavés des vieilles villes, j’imagine les charrettes tirées par des chevaux, les bruits des passants, les cris des vendeurs et la saveur des aliments etc. Je pense que l’architecture de chaque lieu reflète le caractère et la culture de ses habitants. Il est donc nécessaire que cela soit très bien conservé. De plus, ces images me rappellent toujours les magnifiques vieilles villes de Damas et d’Alep dans mon pays la Syrie.

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils.

Inaam Katerji. Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

On retrouve dans presque toutes vos œuvres sur Cossonay les maisons et particulièrement les détails linéaires des fenêtres, des portes, des escaliers etc. Comment expliquez-vous cela?

Vous avez tout à fait raison, j’ai peint ces maisons avec beaucoup de détails et aussi beaucoup d’amour et d’affection. Parce que les détails attirent toujours mon attention. A mon avis, les détails sont très importants, car ils sont associés à des images, des idées et ils reflètent l’essentiel de toute matière. Comme l’a dit l’un des visiteurs, je peignais dans mon inconscience, ma propre maison qui se trouve en Syrie, dans ma ville natale de Qamishli. La maison spacieuse où j’ai vécu et travaillé pendant 35 ans et dont chaque détail est resté collé à ma mémoire et ne me quittera jamais.

Vous avez affiché 24 peintures. J’imagine que ce n’est pas une tâche facile. Pourriez-vous nous parler brièvement des difficultés que vous avez rencontrées?

Il y a eu beaucoup de difficultés que je ne veux pas décrire en détail ici parce que j’aurais besoin de trop de temps et que je ne veux surtout pas être pessimiste. Mais je souhaiterais simplement dire que j’étais totalement ignorante de la façon avec laquelle je pouvais commencer mon travail : où trouver les matériaux pour la peinture, à qui demander de l’aide ou un conseil, etc. J’étais complètement aveugle. En fuyant la guerre dans mon pays en 2012, j’ai tout laissé derrière moi : ma douce maison, mon atelier, mes couleurs et mes pinceaux. Tout sauf les souvenirs. Puis, heureusement, un jour, j’ai rencontré M. Juel Bussy qui, étant lui-même un artiste, était intéressé par mon histoire et m’a organisé deux visites à l’atelier de son ami un peintre à Cossonay. C’est là que j’ai à nouveau pris le pinceau pour recommencer à peindre après une séparation de trois ans avec cet art. Après cela, en novembre 2015, un ami m’a présenté à M. Ernesto Ricou, le fondateur de l’Atelier Casa Mundo et le directeur du Musée de l’Immigration à Lausanne. Il a affiché certaines de mes peintures au musée et m’a fourni des matériaux pour la peinture. Il m’a aussi présenté à ses amis du centre. Je voudrais saisir cette occasion pour les remercier tous les deux et aussi remercier l’Association de la Vieille Ville de Cossonay pour son encouragement et son soutien.

Voulez-vous ajouter quelque chose à la fin de cette interview ?

Merci beaucoup et que Dieu bénisse la Suisse !

Merci à vous Madame !

Propos recueillis par :

Hayrenik DONO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 




Bachar el-Assad asphyxie les réfugiés du camp de Yarmouk

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographe: Niraz Saied.
Graphiste: Moaz Sabbagh.

Pendant que vous lisez ces mots, un blocus instauré par le régime syrien affame depuis 500 jours les civils du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, sis au sud de Damas. Une action immédiate pour changer cette situation est absolument nécessaire!

Cela fait plus de 500 jours que le régime syrien bloque le ravitaillement du camp de Yarmouk en nourriture, électricité et médicaments. Cela fait plus de 100 jours que l’eau n’y est plus distribuée. La souffrance augmente continuellement pour plus de 20’000 civils qui vivent dans des conditions vie exécrables.

170 personnes ont déjà été victimes de ce siège inhumain selon le média local Yarmouk News. Les enfants de Yarmouk vivent dans le pire cauchemar imaginable : ils n’ont plus le luxe de jouer dans les rues. Maintenant, leurs jours sont consumés par la peur d’être la cible des bombes.

N’oublions cependant pas que des millions d’enfants syriens vivent dans des régions assiégées en Syrie ainsi que dans les camps de réfugiés au Liban, en Turquie et en Jordanie. Ils sont particulièrement vulnérables à l’hiver meurtrier! Leur enfance est gâchée alors, qu’innocents, ils n’ont commis aucun mal. Ils n’ont plus aucun espoir pour l’avenir, ni aucune chance de revivre leur enfance de la façon dont elle aurait dû se dérouler.

Ces affiches sont des appels des enfants du camp de Yarmouk. Les photos ont été réalisées par le photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition et le graphiste Moaz Sabbagh, auteur des affiches.

Moaz Sabbagh

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

The lost childhood

While you are reading these words, a blockade by the Syrian regime on the Palestinian refugee camp of Yarmouk, south of Damascus goes on.

For more than 500 days they have been blocking food, electricity, medicine and ambulatory needs, newly water for more than seventy days. This is increasing the continuous suffering of more than 20,000 civilians with no hope of it ending any time in the near future.

170 people have already died, including children according to Yarmouk News. Children of this siege are living in the worst nightmares imaginable. The children of Yarmouk and Eastern Gouta, (which was subjected to a chemical attack earlier which claimed the lives of hundreds), no longer have the luxury of playing in the streets after a long day at school and coming home to lay down on a warm mattress. Now their days are consumed with fear of being targeted with bombs.

Millions of Syrian children live in the besieged area as well as in refugee camps in Lebanon, Turkey and Jordan. Their childhood is being wasted through no fault of their own. They have no hope for the future nor a chance to relive their childhood the way it should have been.

These posters are letters from children in the Yarmouk refugee camp.

The pictures were taken by the photographer Niraz Saied, who won the 2014 Youth Wins UNRWA / EU Photography Competition and Moaz Sabbagh is the author of the posters.

Moaz Sabbagh

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographe: Niraz Saied
Graphiste: Moaz Sabbagh auteur des affiches

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographe: Niraz Saied
Graphiste Moaz Sabbagh

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographe: Niraz Saied
Graphiste: Moaz Sabbagh

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographe: Niraz Saied
Graphiste: Moaz Sabbagh