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Le paradoxe (2/2)

Dessin signé GéGé

Pour ceux qui sont restés sur leur faim lors de la publication de la première partie du conte « Le Paradoxe », voici la suite et fin. Bonne lecture.

Lors des discours devant la presse, les membres du premier groupe remercient cérémonieusement les membres du second groupe pour leur engagement dans la lutte contre la pauvreté et la famine ainsi que pour leur participation dans les processus démocratiques de leurs régions. Ils sollicitent une nouvelle aide au développement et une remise de la dette.

Le second groupe, lui, se réjouit des progrès économiques et politiques observés et félicite les nouveaux élus, arrivés au niveau suprême au terme d’élections libres et transparentes. Peu importe si le nouvel élu, qui avait quitté son pays à l’âge de quinze ans, est revenu à 72 ans avec une nouvelle nationalité et n’a recueilli que 18 pourcent des voix, ou si le monarque qui est resté plus de quarante ans au pouvoir est remplacé automatiquement à sa mort par son fils. Peu importe si les pays qui ont réalisé ces progrès économiques sont toujours des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).

Dans les coulisses, par contre, les choses sont bien différentes : tous les scénarios de conquête, d’enrichissement ou de confiscation du pouvoir se jouent sur fond de règlements de comptes et de pactes immoraux entre les deux groupes d’un côté et des multinationales de l’autre.

Le second groupe, plus rusé et plus technique, prend la parole : « Nous allons vous laisser faire ce vous voulez dans vos pays respectifs, sans qualifier vos régimes de dictatoriaux, nous placerons vos pays dans la classe des pays sûrs, ce qui vous épargnera le regard des médias internationaux ; en plus, tous ceux qui fuient vos régimes verront leur demande d’asile rejetée. Mais uniquement à certaines conditions : vous devez laisser le monopole du marché des matières premières à nos multinationales et signer un accord de réadmission pour que nous puissions vous renvoyer vos nombreux requérants d’asile ».

Il faut rappeler que si le second groupe ne respecte pas ses engagements, il verra le marché des matières premières passer dans d’autres mains, mais que si c’est le premier groupe qui trahit ses promesses, il sera confronté à un opposant fabriqué de toutes pièces, armé et accompagné dans sa conquête du pouvoir. Pendant que les balles crépitent, que des innocents meurent, les contrats seront signés dans les hôtels ; l’ancien ami recevra une balle dans la tête ou sera traduit devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Ici prend fin notre conte paradoxal qui, contrairement aux contes qu’on lit aux enfants, ne finit pas dans le bonheur et la félicité. Heureusement, il s’agit d’un conte, pas d’une réalité, qui ne ressemble évidemment en rien à ce qui s’est passé entre la patrie des droits de l’Homme et beaucoup de pays africains tels que le Gabon, la Guinée, la Côte d’Ivoire, en fait une coopération communément appelée LA FRANCAFRIQUE.

PITA

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Une manifestation exige l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes perpétrés au Sri Lanka durant la guerre civile

Le cortège. Photo: Sara

Environ 2500 Tamouls ont manifesté à Genève le 5 mars dernier pour demander la mise sur pied d’une enquête internationale sur les crimes perpétrés au Sri Lanka pendant la guerre civile qui a sévi de 1983 à 2009. Cette manifestation marque l’aboutissement d’une marche d’un mois intitulée « Walk for justice » (Marche pour la justice) qui a conduit trois exilés Tamouls deBruxellesà Genève.

Des Tamouls venant de toute l’Europe ont marché de la gare Cornavin à Genève au siège des Nations Unies, en agitant les drapeaux de l’Eelam Tamoul et de l’Union Européenne. Sur des pancartes, l’on pouvait par exemple lire: « Nous avons la preuve des crimes de guerre. Nous exigeons la justice ». D’autres enjoignaient le gouvernement Sri Lankais à publier la liste des 18 000 prisonniers rebelles Tamoul. « Trois ans se sont écoulés depuis que le gouvernement Sri Lankais a annoncé la fin du conflit. Mais, à ce jour, il n’y a eu aucune mesure prise en vue d’une solution politique permanente pour répondre aux aspirations de la population du nord de l’île », a déclaré l’un des organisateurs.

Photo: Sara

1200 Tamouls foulent le sol genevois pour faire entendre leur voix 

Un train spécial avait été affrété par les Tamouls vivant à Paris pour participer à la manifestation. 1200 personnes ont ainsi débarqué à la gare Cornavin créant la surprise des autres usagers. Les réfugiés Sri Lankais vivant dans le canton de Vaud et de Genève ont également apporté leur soutien. « Quand je suis arrivé en France en tant que réfugié, j’ai décidé de témoigner pour mon peuple qui souffre. Quand j’ai entendu parler de l’action « Walk for justice », j’ai tout de suite pris la décision de me joindre à l’aventure», déclare Jocomuthu, l’un des trois marcheurs de la la justice. Un autre requérant d’asile Sri Lankais ajoute que« C’est la troisième fois que nous faisons une manifestation devant les Nations Unies. Malheureusement, nos demandes pour qu’une enquête internationale soit menée sur les crimes perpétrés durant la guerre au Sri Lanka n’ont jamais abouti. Nous continuerons notre lutte jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction Il est important que nos revendications ne tombent pas dans l’oubli ».

Photo: Sara

« Nous avons l’impression que l’ONU ne veut pas faire son travail »

Nous avons également rencontré un militant des droits de l’homme du Chili qui a accepté de nous faire part de son ressentiment après avoir tenu un discours qui a vivement dénoncé la passivité des Nations Unies envers ces massacres.« Cette manifestation d’aujourd’hui est très importante. L’organisation d’un tel événement devant le siège des Nations Unies à Genève permet au peuple Tamoul de s’exprimer. Cela pourrait influencer les critères sur lesquels l’institution examine aujourd’hui l’état des droits de l’Homme. Nous avons l’impression que l’ONU ne veut pas faire son travail et qu’elle ne veut pas bouger pour faire face aux crimes perpétrés contre le peuple Tamoul.On a un grand problème par rapport à la reconnaissance du peuple Tamoul en tant que peuple qui a souffert d’un génocide et d’une guerre influencée par les puissances internationales ».

Plusieurs représentants d’organisation de défense des droits de l’homme de plusieurs pays ainsi que des eurodéputés du parti travailliste anglais ont également vivement appuyé la revendication des manifestants.

Pour clore l’événement, des démonstrations de danses tamouls ont été présentées par des jeunes Tamouls et tous les manifestants ont juré de poursuivre leur lutte pour dénoncer les crimes perpétrés durant la fin de la guerre civile.

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils