1

Smoothie Nomade: l’intégration vitaminée

Auteur: Smoothie Nomade

Auteur: Smoothie Nomade

Vaud – un nouveau programme d’intégration destiné aux migrants de la région lausannoise voit le jour 

Smoothie Nomade est un nouveau programme d’intégration pour les migrants vivant dans la région lausannoise. Créé par l’association de bénévoles « DeMains … DE mes propres MAINS », et inauguré le 17 août dernier, Smothie Nomade produit des jus de fruits frais et propose aussi des mesures d’accompagnements individuels à ses participants

L’association « DeMains … DE mes propres MAINS » sise à Epalinges a lancé son nouveau programme « Smoothie Nomade » le 17 août dernier. La fête d’inauguration, organisée à la sortie de l’arrêt Croisettes du Métro 2, a attiré une foule d’amateurs de jus de fruits frais. La fondatrice et présidente de l’Association Eva Roth-Kleiner a présenté le programme, et le syndic d’Epalinges Maurice Mischler a coupé le ruban rouge qui a inauguré symboliquement l’existence du programme. Dans une atmosphère conviviale, les membres du programme ont invité les visiteurs à participer aux activités festives et, surtout, à gouter leurs délicieux smoothies multicolores faits maison.

« Redevenir l’acteur de sa vie »

Mme Roth-Kleiner est médiatrice culturelle, formatrice d’adultes, enseignante de français et experte en gestion de projets bénévoles. En 2016, elle a fondé une association à but non lucratif dénommée « DeMains … DE mes propres MAINS » pour initier et gérer des projets d’intégration destinés aux migrants accueillis par la commune d’Epalinges. Dans ce cadre, l’Association a lancé « Smoothie Nomade » : un programme lauréat du prix 2016 de la Fondation pour le développement de l’éducation permanente (FDEP). Les activités du programme comprennent des formations de : français, mathématiques, hygiène de la production etc ; ainsi que la confection et la vente de jus de fruits. Entre 4 et 8 personnes participent au programme : des jeunes migrants de la région lausannoise qui ont des difficultés linguistiques et scolaires mais qui sont motivés à « redevenir acteurs de leur vie ». En parallèle à la formation et l’insertion professionnelle de base, chaque participant bénéficie d’un accompagnement adapté à ses besoins personnels. La vente n’est pas un but en soi, mais sert plutôt à renforcer les aspects de participation et d’intégration du programme. « La vente permet aux participants d’entrer en contact avec un public local, de dialoguer et d’offrir un produit beau, frais et attractif », précise la créatrice du Programme.

Un programme tourné vers l’avenir

Les membres de l’association proviennent d’Epalinges. Le programme utilise les locaux œcuméniques des Tuileries de la commune pour les cours et la confection des smoothies. La vente est ambulante et se fait par vélo : « de nomade à nomade ». Les activités de Smoothie Nomade sont soutenue par des bénévoles et le lancement a été financé pour 2017 grâce au prix de la FDEP. Dès 2018, l’association aura besoin de nouvelles sources de financement pour pérenniser ses activités. A l’avenir, Madame Roth-Kleiner a l’intention de faire évoluer le programme pour atteindre davantage de migrants. Sa vision à long terme est de former et équiper des migrants afin qu’ils puissent développer par eux-mêmes Smoothie Nomade ailleurs.

Les vente des smoothies nomades sont organisées sur la même place où s’est déroulée l’inauguration du programme: le terminus du M2 à Croisettes. Elles  ont lieu tous les mercredis et vendredis vers midi.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




C’est grâce à sa rage de réussir que Maître John a ouvert son atelier de confection

Maître John à l’œuvre. Photo: Paul KIESSE

Maître John à l’œuvre. Photo: Paul KIESSE

Couturier Congolais exilé en Suisse depuis huit ans, Jean Ndabi – Maître John – pour les intimes, a réalisé son rêve d’enfance: ouvrir sa maison de couture. Toujours souriant et de bonne humeur, Jean Ndabi affectionne la coupe et la couture depuis sa tendre enfance. Ce Congolais de 34 ans, père d’une fillette d’un mois, a contracté la poliomyélite à l’âge de 7 ans. Mais cela n’a nullement ébranlé sa détermination à devenir couturier.

A Kinshasa, la capitale du Congo, il passe trois ans dans une école de coupe et de couture, puis deux ans d’apprentissage dans un atelier. Lorsqu’il débarque en 2004 en Suisse, il est envoyé dans le canton de Neuchâtel, d’abord au centre d’accueil des Cernets, aux Verrières, et puis au centre d’accueil de Couvet.

Requérant d’asile, il cherche des petits boulots mais n’en trouve pas. « Beaucoup d’entreprises s’intéressaient à moi, mais à cause de ma mobilité réduite, elles étaient découragées. Mon handicap physique a été un sérieux frein pour trouver du travail », confesse-t-il.

« Ma clientèle est composée de gens de toutes nationalités »

Dans le centre d’accueil où il logeait, il y avait une salle de couture. Il décide alors de perfectionner son savoir-faire pour ne plus attendre un hypothétique emploi. Mais il lui faudra de la patience avant de voir son art reconnu. « En Suisse, je n’ai suivi aucune formation, mais j’ai beaucoup appris, surtout le sérieux suisse », déclare-t-il.

En 2010, il obtient son permis de séjour B et co-loue un espace à la rue de l’Ecluse à Neuchâtel.

L'atelier de confection de Maître John à Peseux. Photo: Paul KIESSE

L’atelier de confection de Maître John à Peseux. Photo: Paul KIESSE

Rapidement, la clientèle afflue, mais le lieu est trop exiguë et n’est pas adapté à ses ambitions. Il décide alors de voler de ses propres ailes et ouvre son atelier de confection à rue Ernest-Rouley 7, à Peseux. « Ma clientèle est composée de gens de toutes nationalités. Mais ici, à Peseux, ce sont davantage les Suisses qui viennent par rapport aux Africains », nous confie Me John, fier de ne pas dépendre de l’aide sociale.

« Je le voulais tellement que je l’ai réalisé »

Deux machines industrielles, une machine à ourlet, une machine de surfilage et une machine de boutonnière constituent l’équipement de la confection John Ndabi, ouverte depuis maintenant un mois et spécialisée dans la couture hommes, dames, enfants et les retouches. « Ce n’est pas facile d’ouvrir une maison de couture en Suisse, d’abord en tant qu’étranger, puis ensuite en tant que requérant d’asile sans fonds de démarrage. Mais je le voulais tellement que je l’ai réalisé », affirme-t-il.

Parlant de ses bons souvenirs, il souligne que « grâce à mon travail de couturier, les gens ont oublié mon handicap ». Avec l’ouverture de cette confection, Me John ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il ambitionne à présent d’ouvrir un magasin d’habillement, d’organiser des défilés de mode pour présenter la mode africaine et européenne. Mais, surtout, de recruter des stagiaires; car évoluant dans un premier temps seul, il compte engager trois à quatre personnes pour l’épauler dans cette lourde tâche.
Pour Me John, son exemple doit encourager d’autres requérants d’asile à s’intégrer et à valoriser leurs savoir-faire. Il se dit reconnaissant envers les autorités suisses, qui lui ont donné l’opportunité d’exprimer son talent; et envers du Centre social protestant (CSP), qui a mené les démarches pour l’obtention de son permis de séjour.
C’est grâce à sa pugnacité et sa rage de réussir que Me John a su faire reculer les limites de son handicap en misant sur ce qu’il sait faire le mieux à faire, à savoir : la coupe et la couture. Avec sa confection, il crée des emplois, paie les impôts et contribue à la prospérité de la Suisse qui l’a accueilli les bras ouverts.
Paul KIESSE

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils