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Mieux protéger les requérantes d’asile en Suisse

L’appel d’elles le 8 mars 2018. Photo: Voix d’Exils

50 associations déposent à Berne un appel pour exiger une meilleure protection des requérantes d’asile par la Confédération 

Quand j’étais dans mon pays d’origine, je n’avais aucune idée de ce que signifiait le terme « réfugié ». Quel sens ce mot avait vraiment. Après mon arrivée en Suisse, j’ai partagé la douleur des réfugiés qui ont quitté leur pays à cause de la guerre, des problèmes politiques et sociaux et de la violence.

Je voulais écrire mon expérience à l’accueil de personnes suisses réfugiées. La journée de 8 mars 2018 m’a aidé à savoir quelle est la réalité.

Le 8 mars 2018, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’Appel d’elles a déposé à la chancellerie fédérale un appel avec 8371 signatures de personnalités et de personnes issues des professions et milieux les plus divers : artistique, social, académique, politique, juridique, paysan. Soutenu par 50 associations, cet  appel demande au Conseil fédéral et au Parlement de mieux protéger les femmes requérantes d’asile en Suisse, suite à des agressions sexuelles et des viols subis dans leur pays d’origine ou sur la route de l’exil.

L’appel d’elles le 8 mars 2018. Photo: Voix d’Exils

Beaucoup de gens de différents cantons de suisse ont participé à Berne à la journée de la femme. Ils portaient des vêtements noirs et tenaient une pancarte rose.

A la conférence de presse, en plus des femmes venues témoigner, étaient présentes les représentants des organisations qui ont lancé l’appel (Collectif R, Droit de Rester, Viol Secours, la Marche Mondiale des Femmes), ainsi que la députée Sibel Arslan du groupe des Verts au Conseil national, Ada Marra, conseillère nationale socialiste et Coline de Senarclens, qui a modéré la conférence. Le dépôt de la pétition s’en est suivi, accompagné par un chœur de militantes qui ont chanté une chanson adressée à la ministre Simonetta Sommaruga.

Ce fut une belle journée, cela m’a impressionné de voir ces gens qui se battent pour nous.

Seada

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Témoignage : la vie des femmes dans mon pays l’Ethiopie

L’Ethiopie a l’un des taux de violence contre les femmes les plus élevé au monde.

De nombreuses femmes Ethiopiennes sont victimes de violences sexuelles. Dans les grandes villes, le viol collectif est monnaie courante. Dans les régions rurales l’armée a commis des viols systématiques et des enlèvements de femmes.

Spécialement dans les régions reculées, dans les campagnes, la vie d’une femme ne compte pas beaucoup. Elles se font souvent violer. Elles sortent pour prendre soin des bœufs et des moutons et elles se font violer. Elles vont dans la forêt pour ramasser des branches pour les faire les feux de bois et elles se font violer. Même quand elles vont à l’école, qui est souvent très loin de leur village, elles marchent des heures, et pendant le trajet, elles se font violer. Elles peuvent ainsi contracter toutes les maladies sexuellement transmissibles comme le HIV. Et une fois qu’elles sont violées, elles ne parlent à personne de leur souffrance, les parents peuvent les répudier et elles finissent dans la prostitution.

Le mariage précoce (à l’âge de 8 ou 9 ans) est également un gros problème pour les jeunes filles.

D’autres quittent le foyer pour se réfugier dans d’autres pays.

Personnes ne les protège. Ni le gouvernement, ni la famille, ni la société.

En Ethiopie, les femmes souffrent énormément.

Seada

 




Manifestation suite à la mort du jeune Lamine en prison

Photo: Eddie, Voix d’Exils

 

Suite au décès de Lamine, le jeune Gambien, requérant d’asile attribué au Canton de Vaud, qui est survenu le mardi 24 octobre dans une cellule de la police cantonale vaudoise, le Collectif Jean Dutoit a organisé une manifestation le Mercredi 1 novembre. Cette manifestation a réuni plusieurs organisations ainsi que de nombreuses personnes à Lausanne pour réclamer une clarification de la situation et que justice soit rendue.

Le dimanche 22 octobre, un jeune Gambien de 23 ans a été arrêté à la gare de Lausanne en raison de son statut illégal en Suisse. Ensuite, il a été placé en détention au Centre de police de la Blécherette où il a mystérieusement trouvé la mort le 24 octobre. L’enquête en cours n’a pas permis à ce jour d’expliquer ce qui s’est passé, mais a néanmoins révélé qu’il y a eu une erreur d’identification, étant donné que la personne décédée portait le même nom et avait la même date de naissance que la personne recherchée.

Photo: Eddie, Voix d’Exils

Des manifestants consternés

La manifestation qui a été appelée par le Collectif Jean Dutoit a réuni des centaines de participants. Elle était aussi soutenue par plusieurs associations, dont le Collectif R. Les manifestants scandaient non à l’injustice ; non à la négligence ; non à la marginalisation des migrants et plus particulièrement à celle des personnes de couleur noir. Les banderoles des manifestants transmettaient des messages tels que : « arrêtez de nous zapper », « La vie des noirs compte », « la police est coupable ».

La rédaction de Voix d’Exils a recueillie les paroles de quelques manifestants et manifestantes pour mieux comprendre cette mobilisation.

Photo: Eddie, Voix d’Exils

Une manifestante évoque qu’elle participe à la manifestation car bien que « Nous ne pouvons pas dire ce qui s’est passé exactement, ce n’est pas la première fois. Cet incident est la preuve de mépris vis-à-vis des gens de couleur noir. A la gare de Lausanne la police ne m’arrête pas, mais elle arrête les noirs. »

Un membre du Collectif R a déclaré avoir rencontré Lamine dans l’association au sein de laquelle elle milite. Elle n’est pas très surprise d’avoir des nouvelles pareilles, parce qu’elle rencontre souvent les gens qui sont maltraités par le système. Elle est venue pour montrer son soutien à la famille, aux amis de Lamine et aux autres migrants. « Il faut de la visibilité, il faut parler et manifester, pour demander d’éclairer la cause de ces situations. Et particulièrement dans ce cas-là, on attend le résultat de l’enquête. »

« Je suis venu pour manifester mes émotions et avec les autres demander que la situation du décès de Lamine soit éclaircie et que justice soit rendue » déclare un prêtre, membre de l’Eglise catholique et proche du Collectif R.

Photo: Eddie, Voix d’Exils

L’enquête se poursuit

Dans son communiqué en date du 28 octobre, la Police cantonale vaudoise mentionne que « les contrôles effectués vendredi 27 octobre 2017 ont permis d’établir que le ressortissant de Gambie de 23 ans qui est décédé dans sa cellule le mardi 24 octobre n’était pas la personne signalée et recherchée par les autorités du canton de Lucerne en vue de son prochain renvoi ». Elle ajoute que « l’autopsie effectuée par le Centre universitaire romand de médecine légale à Lausanne n’a pas permis, à ce stade des investigations, de déterminer les causes exactes de sa mort », mais qu’elle a toutefois « permis d’exclure toute intervention d’un tiers, tout acte de violence par auto-agression ». Et de conclure que « les investigations menées par la Police de sûreté sous la conduite de la procureure en charge de l’enquête se poursuivent ».

Anush et Mamadou

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Une famille risque d’être démembrée par les accords de Dublin

Photo: rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Vaud – le collectif R dénonce le renvoi d’une femme enceinte

Le collectif R a organisé le 22 février une conférence de presse devant le bâtiment de la Justice de Paix à Lausanne. Cette action symbolique visait à soutenir la famille Famaouda* menacée de renvoi en Italie et à dénoncer plus généralement les mesures de contrainte qui frappent les requérants d’asiles dits « Dublin ».

Le collectif R lutte depuis 2014 dans le canton de Vaud contre le durcissement de la loi sur les étrangers et les accords de Dublin et a dénoncé le 22 février dernier la décision de renvoi en Italie de la famille Famaouda comptant cinq enfants dont la mère est enceinte.  Assignée à résidence pour le moment, la mère et ses cinq enfants doivent rester dans leur structure d’accueil où la police est susceptible d’intervenir à n’importe quel moment.

Des droits fondamentaux « violés »

Des mesures de contraintes que le collectif R considère se multiplier et frapper des personnes vulnérables telles que des femmes enceintes, des mères de familles et leurs enfants. Une condamnation renforcée par le fait que dans le cas de cette famille « Leur seule demande était pourtant de pouvoir déposer une demande d’asile en Suisse, où les frères et sœurs de Monsieur, ainsi que sa mère, résident depuis plusieurs années ».

Des requérants d’asile ont ensuite pris la parole pour témoigner de leur situation et du risque imminent d’expulsion qu’ils encourent. Les renvoyer au motif qu’ils sont soumis aux accords de Dublin relèvent d’une « violation de leurs droits fondamentaux » d’après le collectif R. Tout au long de la conférence, il a appelé le Canton de Vaud « à cesser ces violations graves » et la société à « accroître la désobéissance civile ».

Des personnalités s’expriment

Plusieurs personnalités politiques vaudoises ont soutenu l’acte de dénonciation mis en place par le Collectif R. Notamment Luc Recordon, avocat et ancien Conseiller aux Etats, ou encore Manuel Donzé, député et conseiller communal PDC qui estime que « derrière le mot réfugié, il y a des hommes, des femmes et des familles qui souffrent et qu’il faut défendre tout en ayant un débat d’idées ». Le mot de la fin est revenu au collectif R qui soutient que « si les migrants perdent leurs garanties démocratiques, ce sont nous aussi citoyens qui perdons nos garanties ».

La réponse des autorités

Interviewé par le quotidien 24 heures le 22 février dernier, Stève Maucci, chef du Service de la population du canton de Vaud (SPOP), explique que « la grossesse n’est pas considérée comme une maladie, à moins qu’un certificat médical fasse état de problèmes de santé spécifiques ». Quant à l’assignation à résidence, elle « ne concerne que les heures de nuit, de 22h à 7h du matin ». Et de conclure que les personnes renvoyées « ne sont pas livrées à elle-même » car « elles peuvent bénéficier de l’assistance du Service social international (SSI) ».

 

Le Collectif R raconté par un ancien rédacteur de Voix d’Exils

 affiche« R comme Collectif », c’est le nom du film documentaire qu’a réalisé Keerthigan Sivakumar, ancien membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et réfugié politique en Suisse qui s’intéresse aux motivations des militants et militantes qui s’engagent en faveur des réfugiés. Réalisé dans le cadre de son diplôme de designer en communication visuelle à l’Ecole romande d’art et de communication (Eracom), Keerthigan a reçu le prix du mérite de la RTS en janvier de cette année. Ce film-documentaire sera projeté le mercredi 8 mars à 18h30 au refuge Mon-Gré (Boulevard de Grancy 19, Lausanne). Mais aussi dans d’autres villes suisses dont les dates de diffusion sont disponibles sur ce lien: InfoTour_FR

 

*Nom d’emprunt

Niangu N. et Nicolas K.

Membres de la rédaction vaudoise de voix d’Exils