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Revue de presse #10

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Aider les plus vulnérables / L’Afrique peu touchée par le Covid-19 / Soutenir l’éducation des jeunes migrants

Le Covid-19 accentue les inégalités

Centre catholique des médias Cath-Info, 24.04.2020

La communauté Sant’Egidio de Lausanne a lancé de nombreuses initiatives pour venir en aide aux personnes les plus durement touchées par la pandémie, parmi lesquelles, les personnes âgées, les handicapés, les migrants et les requérants d’asile déboutés. Pour marquer son soutien à ces derniers, la présidente de la communauté s’est rendue au foyer de Vennes de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) au début du ramadan. Elle y a distribué des paquets contenant du lait, des dattes et des jus de fruit. Cette initiative a été tout particulièrement appréciée par les nombreux musulmans qui vivent dans le foyer.

Sant’Egidio aide également depuis des années de nombreuses familles Roms originaires de Roumanie. Depuis l’interdiction de la mendicité dans le canton de Vaud à fin 2018, la situation des Roms s’est détériorée, surtout pour les familles avec de jeunes enfants. Séjournant en Suisse sans permis de séjour, les Roms réussissaient tant bien que mal à trouver du travail, notamment sur appel. Mais en ces temps de pandémie il n’y a plus de rien à faire. Et plus d’argent à gagner. C’est pourquoi, depuis le début du confinement, Sant’Egidio a distribué à la population Rom des bons Migros ou Coop et fourni des ordinateurs aux enfants pour qu’ils puissent rester connectés avec leurs enseignants.

«Nous n’abandonnons personne», tel est le leitmotiv de cette communauté qui fait vivre la solidarité et invite toute personne intéressée à faire partie de son réseau. (voir: info@santegidio.ch ou 079 627 36 56)

 

Contre toute attente, l’Afrique résiste au coronavirus

Jeune Afrique, 03.05.2020

La catastrophe sanitaire annoncée n’a pas eu lieu sur le continent africain. Contre toute attente, le Covid-19 y progresse plus lentement qu’en Asie, en Europe et aux Amériques. L’Afrique, qui représente 17 % de la population du globe, n’héberge en effet que 1,1 % des malades et compte 0,7 % des morts. Mieux : avec plus de 12 000 guérisons, elle résiste étonnamment bien aux assauts de la pandémie. Face à ce mystère non encore résolu, les scientifiques s’interrogent : est-ce dû au fait que la maladie est arrivée plus tard sur le continent ? Et en ce cas, faut-il s’attendre à un pic en septembre ? Ou alors, serait-ce le climat chaud qui fait barrage ? Et c’était un effet de la jeunesse de la population africaine ? Les médecins confirment que la majorité des cas sévères concerne des personnes de plus de 60 ans, ce qui serait une chance pour le continent, où l’âge médian est de 19,4 ans et où 60 % de la population a moins de 25 ans. Dans les pays de l’Afrique anglophone, on en a même fait un slogan : « The virus is old and cold and Africa is young and hot » (Trad. « Le virus est vieux et froid et l’Afrique est jeune et chaude »).

A noter que le trafic aérien, vecteur majeur de la propagation du virus est peu développé sur l’ensemble du continent. Ce n’est donc pas un hasard si l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie, soit les trois pays qui ont le plus de liens avec la Chine sont également les plus touchés.

 

Accès à l’éducation et égalité des chances

cath.ch 29.04.2020

Préoccupés par le décrochage scolaire des jeunes, des syndicats et des organismes de soutien aux migrants ont adressé le 27 avril une lettre ouverte. aux autorités cantonales de Suisse.

Selon les signataires, l’organisation mise en place en cette période de pandémie pour que les enfants puissent effectuer les travaux scolaires à domicile laisse trop souvent sur la touche ceux qui ont le plus besoin de soutien, à savoir les jeunes migrants. Ceux qui ne peuvent pas être soutenus par leurs parents, ceux dont l’équipement informatique n’est pas adéquat et ceux qui ne maîtrisent pas suffisamment une langue nationale ont besoin d’un soutien supplémentaires. Faute de quoi, leurs chances de progresser dans leur scolarité et leur apprentissage sont gravement compromises.

Pour que le droit à l’apprentissage soit respecté, les signataires préconisent une série de mesures à mettre en œuvre dans le cadre de l’instruction publique :

  • Fixer les tâches et les devoirs à faire dans un langage simple et d’une manière très structurée.
  • Communiquer avec les parents de langue étrangère avec l’aide d’interprètes interculturels.
  • Traduire dans les langues les plus importantes les conseils pour l’enseignement à domicile.
  • Suivre avec une attention particulière la situation des élèves de l’école obligatoire vivant dans les centres d’asile.
  • Intervenir lorsque la protection de la santé des enfants et des jeunes dans les centres n’est pas garantie. Par exemple, en cas d’absence de mesures d’hygiène, d’impossibilité de respecter la distance physique, de manque de soins médicaux, d’espace insuffisant pour la quarantaine.
  • Veiller à ce que les jeunes migrants souffrant de traumatismes dus à leur parcours de vie reçoivent un soutien social et psychologique.
  • Veiller à ce que les inégalités existantes ne s’aggravent pas au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur.
  • Rendre accessibles à tous les étudiants les solutions proposées pour l’enseignement à distance ou à domicile. Si nécessaire, fournir le matériel adéquat, notamment un accès à internet suffisant qu’on ne trouve pas toujours dans les centres d’asile.

Rédaction vaudoise / Voix d’Exils

 




Mon plan de vol

 

Photo: Eddietaz, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Témoignage

Anush, rédactrice à la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, était supposée réaliser l’émission de Voix d’Exils sur Radio Django du 23 janvier dernier. Elle a reçu un plan de vol le 5 janvier la sommant de quitter le territoire suisse le 15 du mois. Mais son plan de vol a finalement été annulé. La rédaction a alors décidé de produire un sujet sur l’expérience émotionnelle et psychologique que traversent  les requérants d’asile lorsqu’ils reçoivent un plan de vol. Une émission que vous pouvez écouter en cliquant ici

Qu’est-ce qu’un plan de vol ?

Après avoir étudié la demande d’asile, le Secrétariat d’Etat aux migration (le SEM) peut juger que le ou la requérante d’asile ne subit pas dans son pays d’origine de persécutions déterminantes en matière d’asile et/ou qu’aucun autre motif ne s’oppose à l’exécution du renvoi dans le pays d’origine. Le requérant d’asile peut faire recours auprès du Tribunal administratif fédéral. Si le recours n’aboutit pas, le SEM ordonne aux autorités cantonales l’exécution du renvoi. Le canton peut alors établir un plan de vol.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Photo: Eddietaz, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Photo: Eddietaz, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Une bonne résolution pour 2018: abonnez-vous gratuitement à Voix d’Exils en cliquant ici!




Le Musée de l’immigration est à la recherche de nouveaux locaux

Interview d'Ernesto Ricou par Niangu. Dessin: Giorgi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils.

Interview d’Ernesto Ricou par Niangu. Dessin: Giorgi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Le plus petit musée de Suisse, sis à Lausanne, a été contraint de mettre la clé sous la porte en janvier de cette année mais il ne baisse pas les bras ! 

Crée en 2005 par Ernesto Ricou et anciennement situé à l’avenue de Tivoli 14 à Lausanne, le musée des migrations avait une double vocation. D’une part, sauvegarder la mémoire des migrants et d’autre part, améliorer le dialogue intercommunautaire. Pari réussi, puisque le Musée à réalisé de multiples actions éducatives et culturelles en organisant des conférences, des colloques, des cours et des expositions.

Comment le Musée de l’immigration a-t-il  vu le jour et qu’est ce qui vous a motivé à le créer ?

Le musée a officiellement ouvert en 2005 mais, ce qui est curieux, c’est qu’à cette date, le musée tournait en réalité déjà depuis une année. Au début, je ne peux pas vous cacher que j’avais un petit peu la crainte que cette initiative tombe dans dérisoire – voire tourne au ridicule – parce qu’on avait des installations tellement modestes que je me suis dit « bon, il faut voir si ça marche ou pas ». Donc, pendant une année, on a mené nos activités en appelant les communautés étrangères à participer, à recevoir et accueillir les personnes âgées afin qu’elles puissent témoigner de leurs parcours de vie et de leur enracinement en Suisse. Et puis, on s’est dit à un certain stade qu’on était au point. On a alors pris contact avec Monsieur Michel Sartori, qui est le directeur du Musée Zoologique de Lausanne et le président de l’association des musées Suisse, pour lui exposer notre projet. Alors que j’avais une crainte énorme qu’il nous dise que notre idée ne vaut rien, ce fut la grande surprise ! Après avoir passé une matinée ensemble, il m’a dit : « Monsieur Ricou, vous êtes un pionnier, continuez s’il vous plaît ! Je suis le président d’une association qui représente plus de milles musées en Suisse et je rien vu de pareil bravo ! ».

Quels étaient les objectifs que poursuivait votre musée ?

Le premier objectif est la sauvegarde de la mémoire des migrants. Donc, ici, on est plein dans la patrimoine immatériel. On va essayer d’enregistrer le plus possible de récits de parcours de vie de migrants qui sont âgés maintenant pour qu’ils nous racontent leur déracinement dans leur pays d’origine et leur enracinement en Suisse. Avec tous les éléments liés en quelque sorte à ces passages qui sont à la fois bénéfiques : car ils signifient pour eux et pour le pays d’accueil le bien-être et la prospérité ; mais qui symbolisent aussi, pour beaucoup, la tragédie humaine : la séparation, la rupture avec un passé, une famille, des amitiés, le village. Je parle bien ici des Italiens, des Espagnols et des Portugais entre autres.

Le deuxième objectif que poursuit le musée c’est l’éducation. L’éducation est une énorme préoccupation qui m’habite depuis toujours et je suis plus que convaincu que je ne suis pas le seul. La raison est que c’est par l’éducation qu’on peut effectuer des progrès sociaux, et que les progrès sociaux nous amènent la paix et que la paix nous conduit à la créativité voilà.

Justement, pouvez-vous nous en dire plus à propos des activités pédagogiques et scolaires du Musée de l’immigration ?

Notre principale préoccupation était d’améliorer le dialogue entre les communautés. Donc, on est ici en plein dans l’école publique suisse que beaucoup d’enfants, provenant de pays lointains, fréquentent. Des pays avec des cultures très diverses et qui sont parfois en guerre. Donc, il fallait harmoniser les rapports entre tous ces enfants et améliorer le langage, la compréhension et surtout dire a chaque communauté qu’elle regorge de trésors culturels qui leur sont propres.

Quelles ont été concrètement les raisons et les étapes de la fermeture du Musée de l’immigration ?

Le Musée est fermé depuis qu’on à rendu les clés au mois de janvier 2016. En février, on a encore négocié avec les autorités et notre gérance. Puis les difficultés se sont accrues et finalement on a décidé de fermer sur ordre de la gérance car on ne pouvait plus exercer une activité muséographique parce que les locaux ne sont pas aux normes légales. On a alors décidé de fermer le musée en attendant qu’on puisse trouver parmi nos partenaires et nos réseaux une solution pour pouvoir poursuivre notre activité. Voilà un petit peu le point de la situation. Ce qui est aujourd’hui dommage, c’est que paradoxalement d’un coté on à une suractivité car on est très sollicité de partout. Malgré le fait que nous ne puissions pas continuer à animer notre lieu, nous maintenons cependant une collaboration avec des étudiants de différents niveaux scolaires en continuant à leur fournir des renseignements et des informations et à les accompagner dans leurs recherches sur les thèmes de la migration. Vraiment, nos activités ont besoin d’espace et méritent d’autres conditions que celles dont nous bénéficions aujourd’hui !

N’avez-vous pas le soutien de la commune de Lausanne ou du canton ?

Oui, on a reçu différentes aides à l’époque qui nous ont été très utiles. Je profite ici de remercier les différentes autorités. Récemment, même pour venir à bout de notre résiliation de contrat, l’Etat nous a gracieusement offert 4 mois des loyers pour que ce passage se fasse en douceur au regard de notre situation financière très précaire. A l’époque, on a aussi reçu de l’aide de la Loterie Romande, de l’ancienne Office des migrations de Berne, ainsi que des dons de la part de nos usagers et des communautés. Bref, nous avons toujours reçu des aides ponctuelles, au coup par coup, mais jamais des grosses sommes, ce qui nous aurait permis d’obtenir des locaux plus spacieux, plus aérés et surtout conformes aux normes légales.

Qu’attendez-vous de la part des autorités ou des particuliers aujourd’hui ?

De la part des autorités quelles soient communale, cantonale, culturelles, ou sociales, j’attends qu’elles nous viennent en aide en nous demandant un loyer symbolique. On attend beaucoup de bienveillance et de compréhension de la part des autorités et, parfois, je me demande si elles n’ont pas une crainte que nous couvions des activités politiques. Ben non, nous sommes impartiaux, neutres, et nous ne cherchons pas d’éléments qui puissent nous séparer. Au regard de la diversité des individus qui fréquentent notre musée, nous ne pouvons que rechercher tout ce qui peut nous réunir : la paix, l’amour et la compréhension.

Si vous souhaitiez lancer un appel aujourd’hui, que diriez-vous ? 

Je lance un appel aux communautés historiques des Italiennes, des Espagnols, et des Portugaises, aux autorités universitaires, aux autorités scolaires, aux autorités de l’éducation de nous aider à trouver un local afin que nous puissions poursuivre le travail bénévole que nous menons depuis tant d’années de manière très intense et qui produit autant de résultats positifs sur le plan éducatif.

Propos recueillis par :

Niangu Nginamau

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils