1

Le gâteau « idéal »

Photo: Ahmed Jasim Mohammed / Voix d’Exils.

Une pâtisserie de la cuisine arménienne

Notre rédactrice Anahit partage avec nous une recette qui lui a été transmise par sa maman et qui fait le bonheur des gourmands de sa famille depuis plusieurs générations. Ce gâteau « idéal » a été testé et approuvé par la rédaction de Voix d’Exils !

 

Ingrédients

Pour le biscuit :

  • 5 œufs
  • 200 grammes de sucre
  • 200 grammes de beurre
  • 3 cuillères à soupe de miel
  • 1 sachet de sucre vanillé
  • 1 sachet de poudre à lever
  • 1 pincée de sel
  • 1 cuillère à soupe de vinaigre
  • 600 grammes de farine

 

Pour la crème :

  • 400 grammes de beurre
  • 400 grammes de lait condensé
  • 1 sachet de sucre vanillé

 

Préparation

1.Biscuit: faire fondre le beurre dans une casserole, le laisser refroidir un peu. Mélanger le sucre, la vanille, les œufs, le sel et bien battre. Ajouter le beurre, la poudre à lever, le vinaigre, la farine et bien mélanger.

Diviser la pâte en deux parties. Verser la moitié dans un moule à gâteau, graissé et cuire au four à 200 degrés durant environ 10 minutes. Faire de même avec l’autre moitié de la pâte. Le biscuit est cuit lorsqu’il est un peu rouge.

2.Crème: battre le beurre pour qu’il ramollisse et y incorporer lentement le lait condensé et la vanille. Bien mélanger la masse.

3.Assemblage: enlever la fine couche dorée autour des deux biscuits pour en faire de grosses miettes qui serviront à la décoration. Étaler la moitié de la crème sur un biscuit. Poser dessus le deuxième biscuit. Couvrir avec la crème restante. Faire adhérer les miettes prélevées auparavant sur les deux biscuits. Saupoudrer de petits éclats de chocolat (facultatif). Laisser reposer à température ambiante pendant 1-2 heures avant de déguster.

Bon appétit !

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« J’aimerais que toutes les armes se taisent »

Prières dans les décombres d’une église bombardée de la région de Shuschi.

Entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, une guerre sans fin

En automne 2020, l’Azerbaïdjan attaque l’Arménie dans l’indifférence quasi générale. Exilée en Suisse avec son mari et ses deux fils, notre rédactrice arménienne Anahit vit la guerre à distance à travers les médias et les appels téléphoniques avec sa famille, restée sur place. Une année après, la guerre n’est toujours pas finie. Elle continue à faire des ravages dans une autre région du pays.

Arménie. Source: Wikipédia

« C’était le 27 octobre 2020. J’avais rêvé que des bombes explosaient partout et que le feu tombait du ciel sur l’Arménie. Tout le monde criait et il y avait beaucoup de morts. J’étais effrayée, paralysée, je ne pouvais rien faire…

A mon réveil, je tremblais de peur et j’ai entendu mon mari crier depuis la salle à manger : « L’Azerbaïdjan a de nouveau attaqué l’Arménie. Il a déclenché une guerre violente ! »

Mon premier réflexe a été d’appeler mes parents qui vivent là-bas, dans la région du Haut-Karabagh. En neuf ans d’exil, c’est la première fois que ma maman était contente que nous ayons quitté l’Arménie. Cette fois, elle était heureuse de nous savoir en sécurité en Suisse.

Beaucoup d’amis perdus

En fait, les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ne sont pas un phénomène récent puisque la guerre s’arrête et reprend par intermittence depuis 30 ans. Comme beaucoup de compatriotes, j’ai perdu beaucoup d’amis et de connaissances pendant cette longue période.

Et ce n’est pas fini. En 2020, quand je suis allée sur internet pour m’informer, j’ai vu passer des photos de jeunes hommes que je connaissais et j’ai découvert avec tristesse qu’ils étaient morts au combat. Ils avaient l’âge de mes garçons. Je me suis sentie tellement coupable… Quand on est loin de son pays natal, la distance et l’absence rendent la douleur encore plus insupportable.

La guerre de 2020 a été particulièrement violente et également inattendue, dans la mesure où le nouveau président de l’Arménie, Armen Sarkissian, avait assuré que le président d’Azerbaïdjan se voulait constructif dans sa relation avec le peuple arménien et qu’il n’y avait donc pas de risque de guerre.

Du soutien en Suisse

Dans ce contexte de tensions permanentes, la Russie, qui est censée soutenir l’Arménie, joue malheureusement un double jeu. D’une part, elle considère l’Arménie comme un pays partenaire dans lequel elle a installé plusieurs bases militaires ; d’autre part, elle poursuit l’objectif caché de partager l’Arménie entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Lors de la guerre de 2020, la Russie a attendu 44 longs jours avant d’intervenir ! Elle a ensuite présenté à l’Arménie une proposition absurde, à savoir : céder 7 de ses régions à l’Azerbaïdjan en échange d’un cessez-le-feu. Cette proposition révoltante et absurde a également étonné mes amis ici en Suisse qui suivaient les nouvelles avec nous. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour les remercier d’avoir partagé notre douleur et d’avoir prié avec nous. Leur soutien a été précieux.

L’indifférence générale

Je me souviens qu’en été 2020, de terribles incendies ont ravagé l’Australie, faisant des dizaines de morts et détruisant des habitations, des forêts, des animaux… Tout le monde, y compris en Arménie, ne parlait que de ça et voulait aider les Australiens. La mobilisation pour sauver les kangourous et les koalas en danger a été générale.

Mais, sur la scène internationale, qui s’est mobilisé pour défendre les Arméniens de la région du Haut-Karabagh qui ont vécu l’enfer? Qui s’est élevé contre les bombardements azéris qui ont fait des morts, détruit des habitations, des églises et des hôpitaux ? Qui a dénoncé l’utilisation par les Azéris d’armes chimiques non autorisées ?

Aujourd’hui encore, des femmes attendent le retour de leurs fils et de leur mari. Des centaines d’hommes ont été fait prisonniers et croupissent dans des prisons azéries.

Un nouveau front de guerre

Après ses attaques meurtrières sur le Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan s’en est pris à la région du Syunik. On n’en parle pas, mais la guerre continue et les agresseurs ne sont toujours pas punis. Les pays européens qui auraient dû intervenir restent silencieux pour des raisons économiques : le sous-sol de l’Azerbaïdjan est riche en produits d’exportation comme le gaz et le pétrole…

Quand j’entends sur internet les déclarations mensongères du gouvernement azéri, je m’interroge : Est-ce que la communauté internationale croit en ses mensonges ? Je pense à l’affirmation selon laquelle le Haut-Karabagh est un territoire historique appartenant à l’Azerbaïdjan. Ce qui est complètement faux ! L’Azerbaïdjan a été créé par la Russie il y a 100 ans, alors que l’Arménie a été créée il y a 2500 ans.

Malheureusement, l’Arménie est un vaste champ de bataille depuis sa création, en 782 avant Jésus-Christ. Entourée par des voisins essentiellement musulmans, elle s’est démarquée par sa conversion au christianisme à partir du 4ème siècle après Jésus-Christ. Autrefois, son territoire était beaucoup plus vaste que celui que l’on connaît aujourd’hui. Il s’étendait sur des régions qui sont maintenant occupées par la Turquie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan.

L’espoir malgré tout

Beaucoup d’Arméniens ont été chassés par les Turcs après le génocide de 1915. Le pays compte une vaste diaspora à travers le monde, notamment aux États-Unis. Je conseille à celles et ceux qui voudraient comprendre notre histoire d’écouter le groupe de rock System of a Down. Ses musiciens et leur chanteur, Serj Tankian, sont tous des Américains d’origine arménienne. En 2020, en soutien au peuple arménien, ils ont organisé une grande collecte et sorti deux nouveaux titres : « Protect the Land » (Protège le pays) et « Genocidal Humanoidz » (Humanoïdes génocidaires).

Je voudrais souligner encore que les Arméniens ne sont pas des envahisseurs, mais des citoyens qui défendent leur terre et demandent que la justice fasse son travail. Même si la justice internationale est malade, comme c’est le cas actuellement, elle ne va pas mourir pour autant… Je veux garder l’espoir ! ».

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Série estivale – Les contes d’Arménie (5/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, une mère à l’imagination fertile…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

La jeune femme paresseuse

Il était une fois une très jolie jeune femme qui n’aime pas travailler. C’est pourquoi, ses voisins l’ont surnommée «Huri la paresseuse ». Malgré toutes les critiques, sa mère s’obstine à faire l’éloge de sa fille, si travailleuse, si bonne cuisinière et excellente couturière…

Un jour, un jeune et riche commerçant entend le discours de la mère de Huri et se dit qu’il doit absolument rencontrer cette perle. Il arrange un rendez-vous avec elle et en tombe follement amoureux. Il demande à la mère de Huri son accord pour qu’ils puissent se marier. La mère accepte avec plaisir de le prendre pour gendre car c’est un très beau parti.

Peu après leur magnifique mariage, le commerçant achète quelques sacs de coton et dit à sa femme : « Je vais partir à l’étranger pour mes affaires. En mon absence, peux-tu filer le coton ? Je le vendrai ensuite et cela nous fera une belle rentrée d’argent. »

Huri n’a pas la moindre intention de se fatiguer à la tâche. Un jour, alors qu’elle longe la rivière, elle entend le coassement des grenouilles.

« Pepper, Qeqer, Pepper, Qeqer… »

« Hey les filles Pepper, Qeqer ! J’ai beaucoup de coton à filer, est-ce que vous pouvez m’aider? », leur demande-t-elle ?

« Qura, qura, qura… », lui répondent les grenouilles.

Huri est contente, elle croit avoir entendu les grenouilles lui dire : « Apporte-le, apporte-le ! ». Elle retourne donc à sa maison chercher les sacs de coton laissés par son mari, puis jette le coton dans la rivière.

« Prenez-en soin petites grenouilles. Je reviendrai le chercher dans quelques jours et mon mari pourra le vendre à bon prix. Merci d’avance ! »

Quelques jours plus tard, lorsqu’elle passe prendre le coton filé, les grenouilles coassent toujours.

« Bonjour, pouvez-vous m’apporter le coton que vous avez filé ? », leur lance-t-elle.

Les grenouilles continuent de coasser. Huri la paresseuse regarde dans l’eau et voit une mousse verte qui enveloppe les pierres du fond de la rivière.

« Vous avez filé le coton, vous l’avez coloré et vous avez tissé un tapis ? », demande-t-elle surprise. « Si vous avez utilisé le coton pour vous, alors vous devez m’en payer le prix! »

En disant cela, elle entre dans l’eau et fait quelques pas, quand soudain son pied heurte quelque chose de dur. C’est une grande pièce d’or ! Elle la prend, remercie les grenouilles et retourne à la maison.

Quand son mari rentre de voyage, il découvre la pièce d’or posée sur une armoire. Il est très surpris et demande à sa femme d’où elle vient.

« J’ai vendu le coton aux Pepper et Qeqer », lui explique-t-elle.

Le mari est très heureux et organise une petite fête. Il invite sa belle-mère et lui offre des cadeaux pour la remercier d’avoir si bien élevé Huri.

La belle-mère est une femme rusée, elle comprend tout de suite ce qui s’est passé. Elle doit absolument trouver un moyen pour la protéger afin d’éviter que son beau-fils ne confie un autre travail à sa fille, et que cette fois-ci sa vraie nature de paresseuse soit révélée.

Pendant la fête, une abeille entre dans la maison. En la voyant, la mère court vers elle et s’incline pour lui parler : « Bonjour ma tante ! Comment vas-tu ? Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vues ? Je constate que tu as vraiment travaillé dur… Tu es donc une abeille maintenant ! »

Son beau-fils, très étonné, lui demande : « A quelle tante parlez-vous ? »

« Comme tu es mon beau-fils, je te dois la vérité : cette abeille est ma tante !, lui confie-t-elle. Elle a travaillé tant et si bien qu’elle est devenue toujours plus petite et, à la fin, elle s’est transformée en abeille. Dans notre famille, nous aimons travailler dur, mais à force de travailler, nous rétrécissons et nous nous transformons en abeilles. »

Ce qu’il entend là fait très peur au marchand. Il ne veut pas perdre sa femme et, pour la protéger, il lui interdit dorénavant de travailler.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Série estivale – Les contes d’Arménie (4/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un chat très malin et un chien bien naïf…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

Le chien et le chat

Il était une fois un chat couturier et son voisin le chien. Un jour d’hiver, le chien va voir le chat pour une commande.

« Je t’amène une belle fourrure d’agneau, pourrais-tu m’en faire un chapeau ? Je te paierai bien si tu le fais rapidement. Mon pauvre crâne ne supporte pas le froid », lui explique-t-il.

« Bien sûr mon ami, c’est un chapeau que tu me demandes de coudre, pas un manteau, ce sera vite fait ! Tu peux venir le chercher ce vendredi. Je ne te ferai pas payer, on est voisins et ce n’est pas difficile comme travail », lui répond le chat.

Le vendredi suivant, le chien retourne comme prévu chez le chat. Il le découvre vêtu d’un magnifique manteau de fourrure… et demande à voir le chapeau promis.

« Je viens seulement de commencer à le coudre, va-t’en et reviens vendredi prochain ! », lui dit le chat avec désinvolture.

Très déçu, le chien s’en va sans le chapeau promis, mais il est confiant et repasse le vendredi suivant.

« Ton chapeau n’est pas encore prêt. Tu ne me laisses pas le temps ! », lui lance le chat en colère.

Cette fois le chien perd patience, il vient de réaliser que le chat se moque de lui. Ils se disputent et s’injurient : « Sale voleur ! »… « Chien chauve ! »

Ils se bagarrent tant et si bien que l’affaire arrive aux oreilles d’un juge.

Le juge convoque le chien qui lui explique : « Le chat a volé la fourrure d’agneau que je lui avais remise pour la confection d’un chapeau. » Le juge l’écoute et demande à entendre le chat, mais personne ne sait où il se cache.

A ce jour, le chien n’a pas oublié cet incident fâcheux et, quand il croise un chat, il bondit sur lui, grogne et lui demande de rendre la fourrure.

Le chat, comme toujours sans vergogne, regarde derrière lui, dit qu’il vient de commencer à coudre et s’enfuit.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Série estivale – Les contes d’Arménie (3/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un homme incapable de saisir sa chance…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

L’homme stupide

Il était une fois un homme qui travaillait beaucoup, mais qui était très pauvre. Un jour, il décide de rendre visite à Dieu et de lui demander ce qu’il doit faire pour sortir de la pauvreté.

En chemin, il rencontre un loup qui l’arrête et le questionne : « Où vas-tu ? »

« Je vais voir Dieu, j’ai une question à lui poser », lui répond le pauvre homme.

« Si tu le vois, dis-lui qu’il y a un loup affamé qui ne mange jamais à sa faim et qui aimerait bien avoir une fois le ventre plein », lui demande le loup.

« D’accord ! », lui répond l’homme en poursuivant sa route.

Peu après, il rencontre une jolie jeune femme qui lui pose la même question : « Où vas-tu ? »

« Je vais voir Dieu, j’ai une question à lui poser. »

« Si tu le vois, dis-lui qu’il y a une jeune femme, riche et en bonne santé, mais qui n’est pas heureuse. »

« Je le lui dirai », promet l’homme, qui repart aussitôt.

Il rencontre ensuite un arbre desséché et gris, près d’une rivière.

« Ou vas-tu voyageur ? », demande l’arbre sec.

« Je vais voir Dieu, j’ai une question à lui poser. »

« Si tu le vois, dis-lui qu’il y a un arbre, au bord de l’eau, mais qui est toujours sec et qui n’arrive pas à avoir de belles feuilles vertes. »

Le pauvre homme accepte et continue à marcher jusqu’à ce qu’il trouve enfin celui qu’il cherchait.

« Bonjour Dieu », lui dit-il.

« Bonjour, pour quelle raison es-tu venu me voir ? », lui répond Dieu.

« J’aimerais que tu traites tout le monde de la même manière. Moi, par exemple, je travaille très dur et j’en souffre parce que je suis toujours pauvre. Alors que d’autres travaillent la moitié moins et vivent riches et tranquilles. Ce n’est pas juste! »

« Eh bien retourne chez toi maintenant, tu deviendras riche car je t’offre de la chance », lui dit Dieu.

« Merci Dieu, mais j’ai encore quelque chose à te demander », dit le pauvre homme, puis il lui raconte les problèmes du loup affamé, de la jeune femme malheureuse et de l’arbre sec.

Dieu transmet pour chacun une réponse et le pauvre homme le remercie avant de s’en aller.

« Qu’est-ce que Dieu a dit ? » l’interroge l’arbre sec qu’il croise sur son chemin du retour.

« Il a dit qu’il y a beaucoup d’or dans le sol sous tes racines. Elles n’ont donc pas suffisamment de terre pour te nourrir. C’est pour cela que tu n’as pas de belles feuilles vertes », lui explique l’homme et il fait mine de partir.

« Où vas-tu ? », s’inquiète l’arbre. « Viens donc chercher l’or ! Ça te profitera autant qu’à moi ! »

« Désolé, je n’ai pas le temps ! Je dois aller chercher la chance que Dieu m’a promise », explique le pauvre homme en s’en allant.

Il marche pendant quelque temps et rencontre la jeune femme.

« As-tu vu Dieu et lui as-tu parlé de moi ? », lui demande-t-elle pleine d’espoir.

« Dieu a dit que si tu te marieras et que tu serais heureuse. »

« Eh bien, si c’est comme ça, marie-moi ! », lui propose-t-elle.

« Non, désolé, je n’ai pas le temps de me marier, je dois aller chercher ma chance », s’excuse le pauvre homme en partant.

Sur sa route, il croise à nouveau le loup affamé, qui s’informe sur le conseil de Dieu à son intention.

« Il a dit que tu seras affamé jusqu’à ce que tu trouves un homme stupide. Une fois que tu l’auras mangé, tu seras enfin rassasié », lui détaille le pauvre homme.

Aussitôt, le loup se précipite sur lui toutes dents dehors et le mange.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la Rédaction vaudoise de Voix d’Exils