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Pourquoi vivons-nous ?

Source: unsplash.com. Licence Unsplash.

Quel est le sens de l’existence ?

Devant ces questions vertigineuses, chaque humain se transforme en philosophe et cherche une réponse satisfaisant son cœur.

Je veux savoir pourquoi nous sommes en vie… Nous souffrons tout le temps, peu importe à quel point la vie est belle.  Parfois, nous voyons les souffrances des autres, tout en ressentant notre impuissance. Et parfois aussi nous les ignorons.            

Quel est le but de ma vie ? Où est la réponse ? Je n’en sais rien.                           

Quel sens donner à tout cela? Lorsque nous sommes enfants, nous faisons nos études et nous nous faisons des amis.  Nous grandissons. Parfois, nous sommes intimidés et parfois nous intimidons les autres. Nous recevons de l’amour et nous donnons de l’amour. Nous sommes détestés et nous détestons. Nous travaillons dur pour gagner de l’argent que nous dépensons pour nous-mêmes ou nos familles pour des choses qui nous rendent heureux.       

Nous recherchons tous le pouvoir. Nous ressentons le besoin d’obtenir tout ce que nous pensons mériter ou même plus que cela.

Nous recherchons l’acceptation des autres, même si nous disons que nous ne nous en soucions pas. Nous avons tous besoin d’une validation. Parfois, nous nous sentons inspirés, parfois nous nous sentons peu sûrs de nous.

Malgré cela, nous ne sommes jamais satisfaits.                                 

Quelle est la raison de tout cela? À la fin, nous allons mourir.                            

Pourtant, la vie est un privilège. Nous avons tous reçu un cadeau temporaire.

Nous pouvons admirer le coucher du soleil, écouter une musique merveilleuse, manger des plats délicieux, sentir la brise d’une chaude journée d’été ou le froid d’une nuit d’hiver ; nous pouvons avoir des conversations significatives et approfondies avec ceux que nous aimons.                                                                                                 

C’est pour cela que nous vivons.                                                                         

Tigisti Gebrezghi

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Des rêves de footballeur aux réalités de la guerre

A mon ami Ali

Depuis que je suis petit, je rêve d’être un footballeur célèbre. J’étais convaincu de pouvoir un jour réaliser mon rêve malgré tous les obstacles et les problèmes dans mon pays. Il n’y avait pas de terrains de jeux à Gaza, ma ville; que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. Plus tard, ma ville ainsi que tout mon pays ont été soumis à un blocus strict, en raison de conflits politiques, puis tout a encore empiré.

Je disais à mon ami Ali : « Si j’étais premier ministre, je ferais plus attention au Ministère de la jeunesse et des sports qu’à tout autre ministère. Je construirais des terrains de jeux partout, surtout dans les écoles. De plus, je permettrais à toutes et à tous de jouer librement et de pratiquer leurs sports préférés ».

Cependant, les rêves, la sécurité et les souhaits sont des mots sans signification dans une ville comme la mienne qui tue même les petits rêves.

Je jouais au football pendant mon temps libre avec mon ami Ali dans la rue devant chez moi. Je faisais le gardien de but et j’empêchais Ali de marquer. Je n’arrêtais pas de le taquiner en lui disant qu’avec un gardien de ma trempe, il ne marquerait jamais un but de toute sa vie.

Le 7 janvier 2009, j’étais assis devant chez moi en attendant qu’Ali vienne jouer au football. Le temps était brumeux mais pas froid. Tout à coup, j’ai entendu d’énormes bruits de bombardements. Terrifié, j’ai couru chez moi en cherchant un endroit pour m’abriter. Finalement, je me suis caché sous la table de la cuisine. Les bombardements ont cessé et j’ai cherché à savoir quelle avait été leur cible car nous étions habitués à vivre cela tous les jours. Mon père est venu et m’a dit que mon ami Ali avait été blessé par un éclat d’obus. Je me sentais très effrayé et anxieux pour mon ami. Le temps passait lentement et je voulais savoir ce qui lui était vraiment arrivé. Finalement, quelqu’un est venu et a annoncé qu’Ali était décédé. Je ne pouvais pas croire à ce qu’il disait. Je suis alors allé chez Ali pour vérifier cette information.

Devant sa maison, il y avait beaucoup de gens qui se rassemblaient. J’ai entendu des femmes pleurer. Je me suis faufilé dans sa maison et j’ai vu son corps en morceaux gisant dans un cercueil. J’ai beaucoup pleuré. J’ai pleuré pendant plusieurs semaines. Je ne pouvais pas oublier la scène de son corps déchiqueté.

Je vais toujours au cimetière pour parler à Ali. Je lui dis combien je l’aime et combien je suis vraiment très triste et en colère parce qu’il m’a laissé seul dans ce monde.

Wael Afana

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Deux lapins et leur demi-amitié

Dessin: Dhondup Tsering Banjetsang / Voix d’Exils.

Une fable tibétaine #4

Voici la quatrième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable du pays d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice. 

Il était une fois deux lapins: Kari et Nari qui vivaient dans les hautes vallées de l’Himalaya. La forêt leur fournissait des aliments délicieux à manger et un abri pour vivre, mais ils risquaient aussi d’être attaqués par les prédateurs de la jungle.

Un jour ensoleillé, les deux jeunes lapins sautillaient dans la forêt. L’un d’eux dit à l’autre : « Nous sommes de bons amis. Nous devons nous entraider. Si une bête s’en prend à toi, je resterai pour t’aider. » L’autre lapin répondit : « Je t’aiderai aussi si une bête s’en prend à toi. »

Après un moment, ils entendirent un bruit fracassant. C’était un grand ours des montagnes. L’un des deux lapins grimpa dans un arbre tandis que l’autre, étant trop dodu pour y grimper, se jeta au pied de l’arbre et fit semblant d’être mort. Un instant plus tard, l’ours regarda le gros lapin et le renifla. Le lapin retint son souffle. Ces 5 secondes lui parut une éternité. Pendant ce temps, l’ours se pencha sur le lapin puis partit. Le lapin qui se cachait dans l’arbre descendit puis demanda à son ami : « L’ours a mis sa bouche près de ton oreille. Que t’a-t-il dit ? » Le lapin dodu lui répondit : « Il m’a dit : ne fais pas confiance à ton ami car il s’est enfui quand tu avais le plus besoin de son aide. » 

La morale de l’histoire : Soyez très prudents lorsque vous choisissez vos amis et assurez-vous que vous partagez la même conception de l’amitié.  

Dhondup Tsering Banjetsang

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




S’intégrer par le bénévolat

Notre rédactrice Anahit, avec la petite chienne Théa sur les genoux, en compagnie de Josiane quelle a rencontrée dans le cadre de son activité de bénévole à la ludothèque d’Orbe (VD).

« A la ludothèque d’Orbe j’ai fait la connaissance de personnes qui m’accompagnent dans mon chemin d’intégration »

Anahit a dû quitter l’Arménie dans l’urgence, en laissant derrière elle une partie de sa famille et un pays qu’elle aimait. Arrivée en Suisse en 2012, elle a progressivement surmonté les difficultés liées à l’exil et à l’adaptation à une nouvelle culture. Souhaitant être active dans la vie locale, et donner de son temps à sa ville d’adoption, elle est devenue bénévole à la ludothèque d’Orbe, une commune qui se trouve dans le Canton de Vaud. Une activité enrichissante qui lui a permis d’élargir son horizon.

« C’était l’automne 2012. L’automne le plus triste de ma vie. J’avais laissé derrière moi mes parents, mon travail, ma patrie l’Arménie, mes amis et surtout mes deux garçons de neuf et treize ans. J’étais sûre que ce départ n’était que provisoire, mais la suite a démontré le contraire.

Avec mon mari, on est partis dans l’urgence parce qu’il était en danger. Sur la route de l’exil, je repensais à mes parents, à mes enfants qui étaient si loin et je pleurais de toutes les larmes de mon corps. Il me semblait que ma vie s’était arrêtée. Après quelques jours très difficiles pendant lesquels on a traversé différents pays en avion et en voiture, on est arrivés en Suisse, un pays que je considérais comme un paradis inaccessible…

Au début, on a été accueillis au Centre de Vallorbe, dans le canton de Vaud, où on a déposé notre demande d’asile. Pour moi, ce nouveau monde était incompréhensible et étrange. Je pleurais sans arrêt, c’était plus fort que moi. Je me sentais impuissante et j’avais envie de crier très fort. C’était d’autant plus difficile que, jusqu’à notre départ d’Arménie, mon mari et moi on n’avait jamais rien demandé à personne, on avait les deux un travail et de bons salaires. C’est vrai aussi que le bâtiment de Vallorbe ressemble à une prison, mais je dois dire qu’on a été reçus avec bienveillance et professionnalisme par le personnel qui s’occupe du Centre.

Lors de ce séjour, je me suis dit que j’avais une dette envers la Suisse et je me suis promis de la rembourser en travaillant un jour gratuitement.

Je surmonte ma timidité et je postule

Neuf mois après notre arrivée en Suisse, nos enfants nous ont rejoins à Orbe, petite ville du canton de Vaud, où nous avions emménagé entre-temps. Petit à petit, on a surmonté les difficultés que rencontrent beaucoup de personnes en procédure d’asile: apprendre à vivre loin de sa patrie et de ses proches, apprendre une nouvelle langue, trouver un apprentissage pour les garçons, ce qui était très difficile car nous ne connaissions pas bien les usages et la manière de faire en Suisse. Chaque fois qu’après un stage, l’un de nos fils recevait une réponse négative, mon mari et moi on se sentait coupables de ne pas pouvoir aider nos enfants, coupables de les avoir coupés de leurs racines. Heureusement, on a été aidés et nos fils ont maintenant trouvé un apprentissage.

Un jour, à fin 2015, j’ai lu sur un flyer collé sur la porte de notre immeuble, que la ludothèque d’Orbe cherchait un bénévole. Le mot bénévole a tout de suite attiré mon attention, et m’a rappelé que je n’avais pas tenu la promesse que je m’étais faite lors de mon séjour à Vallorbe. J’ai pris une photo de l’annonce et j’ai dit à mon mari que j’allais postuler. J’étais très intéressée parce que, en Arménie, j’étais enseignante et cette activité dans une ludothèque me permettrait d’avoir à nouveau des contacts avec les enfants. Mon mari était moins enthousiaste, il pensait que ce serait trop difficile pour moi parce que je ne parlais pas suffisamment bien le français.

J’ai quand même appelé le secrétariat… Et j’ai obtenu un rendez-vous pour le lendemain. J’étais très tendue et agitée, mais l’entretien s’est bien passé et j’ai été engagée. Le lendemain de ce premier entretien, j’ai fait la connaissance des onze autres membres du personnel. Ils ont tous été très gentils avec moi. Sachant que j’étais arménienne, ils m’ont parlé de Charles Aznavour, le chanteur français d’origine arménienne, et ont évoqué le génocide arménien. L’un d’eux s’était déjà rendu en Arménie et il avait beaucoup apprécié ce voyage. Il m’a proposé son aide, si j’en avais le besoin. Cette conversation m’a donné beaucoup de force. Dans le groupe, il y avait une bénévole avec une veste rouge, nommée Josiane, qui me regardait attentivement. Je n’imaginais pas à ce moment-là qu’un jour elle serait comme une marraine pour ma famille.

Je fais du « dog sitting »

J’ai commencé à travailler à la ludothèque d’Orbe. Je vérifiais que les jeux et les jouets qui étaient ramenés par les enfants étaient complets et en bon état. J’ai trouvé que cette idée de proposer des jeux et des jouets en prêt comme on le fait pour les livres dans les bibliothèques était excellente et je me suis aussitôt demandé pourquoi il n’y avait rien de tel en Arménie ? Quand on est exilé, on compare tout le temps ce qui se fait ici et ce qui se fait dans son pays d’origine !

Au début, je parlais très peu. J’avais peur de faire des erreurs et, quand on me posait une question, j’étais confuse, je rougissais et ma voix était à peine audible. Au début des vacances d’été, on s’est réunis pour nettoyer les jouets, les trier et les remettre en état. Josiane cherchait une personne de confiance à qui laisser sa petite chienne Théa, car elle ne voulait pas la mettre en pension. J’ai surmonté ma timidité pour lui dire que je l’accueillais volontiers chez moi. Je savais que mes fils en seraient très heureux car ils rêvaient d’avoir à nouveau un chien. Cette perspective m’a ramenée en Arménie, dans notre maison qui était gardée par une femelle berger allemand nommée « Jessi » et j’ai ressenti une grande bouffée de nostalgie.

Mes enfants étaient très contents à l’idée d’accueillir une petite shih tzu, mais mon mari un peu moins, il était inquiet : « C’est une grosse responsabilité ! Tu feras quoi si le chien tombe malade, s’il ne mange pas, s’il a l’ennui de sa maîtresse ? » Finalement, Théa est restée chez nous une semaine et tout s’est bien passé. Pour moi, cet épisode a été le début d’une belle amitié avec Josiane.

« Je me réjouis de pouvoir voter un jour »

Mon activité à la ludothèque d’Orbe est une expérience très enrichissante : elle m’a permis de rembourser ma dette vis-à-vis de la Suisse qui nous a accueillis ma famille et moi, j’ai aussi beaucoup progressé en français et suis devenue moins timide, j’ai une occupation à moi maintenant que mes enfants sont grands et j’ai le sentiment d’être utile. J’ai aussi fait la connaissance de personnes intéressantes et généreuses qui m’aident et m’accompagnent dans mon chemin d’intégration.

Depuis 4 ans, Arman, mon mari, est aussi bénévole dans la ludothèque. Il s’occupe de beaucoup de choses différentes : vérifier les jouets, dresser le stand de présentation lors du marché de Noël, préparer des salles pour accueillir une fête ou des événements particuliers, accompagner les enfants lors du passeport vacances… Maintenant, ce qui me ferait plaisir c’est que Arman trouve du travail. Et, à titre personnel, je me réjouis d’avoir un jour le droit de voter.

Je reste positive, comme le dit un dicton populaire : « Après la pluie vient le beau temps ! »

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« L’intégration est beaucoup plus efficace quand un autochtone agit comme un guide »

Roxane lors de son voyage en Inde.

L’aide concrète et quotidienne qu’apporte Roxane aux personnes migrantes de sa région

Roxane a 28 ans. Elle vit et travaille à Neuchâtel. Elle est également membre de l’association Be-Hôme  dont le but est de créer des liens entre migrant.e.s et autochtones. Voix d’Exils a présenté l’association dans un article paru le 19 février 2019. Interview réalisée par Muslim Sabah, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

Pourquoi faites-vous partie de Be-Hôme ?

C’est ma sœur qui m’a en premier parlé de l’Association et présenté le concept. Elle venait de s’inscrire en tant que « binôme d’ici ». J’ai trouvé l’idée super et je me suis inscrite directement. Ce qui m’a plu dans ce concept, c’est vraiment le cœur de la réflexion autour du fait qu’il est très difficile pour une personne migrante, réfugiée, d’établir un contact avec des « autochtones ». Et pourtant, c’est bien la création d’un contact, d’un cercle de connaissances ou d’amis qui va permettre à la personne de s’intégrer. Be-Hôme a pour but de créer ce fameux premier contact « extérieur » qui permettra peut-être d’en créer d’autres et ainsi de suite.

C’est, je crois, depuis un voyage en Inde, lors duquel c’était moi l’étrangère, dans une culture très différente de la mienne et au milieu de coutumes tout autant nouvelles, que j’ai pris conscience que s’intégrer n’est pas facile ; c’est même très difficile. Sauf que moi… c’était pour six mois, j’avais choisi d’y aller, et j’avais déjà fait des recherches, j’avais des connaissances. Pourtant, le premier jour, après une balade dans la rue, je me suis sentie horriblement mal! Regardée par tous, commentée dans une langue que je ne comprenais pas. Et même si je connaissais ou supposais les diverses raisons de ces regards, que je les avais même prévu et compris d’avance, je les ai très mal vécus. J’ai réglé le problème en allant m’acheter une teinture pour mes cheveux qui étaient blonds et des habits du pays. Je ne suis pas certaine que les regards aient réellement été différents ensuite, mais je me souviens que ça m’a aidée sur le moment car j’avais l’impression de me fondre un peu plus dans la masse. Cependant, comme dit précédemment, je n’étais là que pour une période définie. En plus de cela, je ne mettais pas en péril ma propre culture, mes propres habitudes, ma façon d’être, ma personnalité. La problématique est bien différente pour les personnes migrantes. Comment s’intégrer tout en continuant à respecter ses propres coutumes, en continuant à se respecter soi-même ?

Cette expérience personnelle et anecdotique, qui d’ailleurs a certainement été vécue par bien d’autres, m’a vraiment marquée et a suscité une interrogation par rapport aux questions évoquées ci-dessus.

Roxane lors de son voyage en Inde.

Un certain nombre de raisons m’ont donc convaincue que pour favoriser l’intégration, il est indispensable de rendre possible cette connexion entre personnes migrantes et celles du pays. Je pense même que cette intégration sera beaucoup plus efficace si un autochtone apporte une aide, agit comme un guide. Pas seulement pour comprendre comment fonctionne le système et à qui s’adresser pour tel ou tel problème. Cet aspect des choses est évidemment déjà existant et, je crois ou du moins j’espère, qu’il fonctionne bien. Non, ce qui manque c’est une personne qui « guide », qui explique, qui répond aux questions en rapport à la culture et aux coutumes, de manière « personnalisée ». Et c’est justement ça l’idée des différentes associations qui créent des binômes d’ici et d’ailleurs. Même si, évidemment, le but premier est celui de créer un lien d’amitié, et qu’au final la décision des activités faites ensemble est totalement libre. Mais je suis pratiquement certaine que grâce à ce lien d’amitié, ce soutien particulier se mettra en place de lui-même, de manière naturelle.

Depuis quand connaissez-vous votre binôme ?

Depuis le début du mois de novembre 2018.

Pourquoi vous aimez parlez avec des étrangers / étrangères ou des personnes ne parlant pas bien le français ?

Premièrement, pour toutes les raisons évoquées précédemment, mais en particulier car j’aime rencontrer de nouvelle personnes. Apprendre à connaître l’autre, à le rencontrer vraiment prend du temps. Peu importe si l’autre est un migrant, un nouveau camarade de classe ou un nouveau collègue. A la différence près que la langue est une difficulté supplémentaire qui s’ajoute à une démarche déjà souvent délicate.

Si on prend ce temps et qu’on en a vraiment envie, la richesse du partage est immense ! Même si certaines fois, les histoires qu’on entend nous serrent le cœur et qu’il est difficile de pouvoir réellement imaginer ce que l’autre a vécu. Mais la majorité des moments partagés sont faits de rires, de joie, de complicité et de confiance.

De nature optimiste, je suis convaincue que chacun/ne peut faire le choix d’aller vers l’autre au lieu de décider de le fuir ou d’en avoir peur. Et je nourris l’espoir que notre monde arrivera un jour à cultiver la tolérance de manière universelle.

Combien de fois voyez-vous votre binôme par mois ou par semaine ?

Cela dépend. Disons le plus souvent possible. Mon binôme et moi avons la chance de nous être bien trouvés. Hamdi connaît ma famille et quand une occasion se présente, je lui présente mes amis.

Qu’est ce que vous aimez faire avec votre binôme ?

Nous parlons beaucoup. En mangeant, en cuisinant, en se promenant, assises sur un canapé, ou devant un thé ou un café. Parfois même une bière pour moi. Notre lien s’est créé facilement par la parole, et pour nous l’activité est secondaire. Elle n’a pas eu à servir de moyen pour la création du lien. Pour l’instant c’est ça notre histoire. Et même si elle ne date que de quelques mois, je crois qu’elle nous a énormément apporté et je me réjouis de continuer à la vivre !

Roxane et Hamdi sont « Binhôme »

Hamdi vient de Somalie. Elle a 21 ans. Elle habite le Locle depuis trois ans et demi. Elle s’est inscrite à Be-Hôme pour améliorer son français.

Pour aller plus loin :

Se rendre sur le site Internet de Be-hôme:

https//be.home.ch

Be-hôme est une association qui favorise l’intégration des migrant.e.s en créant des binômes d’amitié. Voir article sur be-hôme paru dans Voix d’Exils

Propos recueillis par:

Muslim Sabah

Membre de rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils