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Flash Infos #156

Sous la loupe : Le parlement enterre définitivement l’hébergement des requérants d’asile dans des conteneurs / 4 agents du centre fédéral de Boudry condamnés pour mise en danger la vie d’autrui / Allemagne : le nouveau maire d’Ostelsheim est un réfugié syrien

Nos sources:

Le parlement enterre définitivement l’hébergement des requérants dans des conteneurs

Le temps, le 15 juin 2023

 

Au centre d’asile de Boudry, Quatre agents condamnés pour mise en danger la vie d’autrui

Le Temps, le 15 Juin 2023

 

Allemagne : le nouveau maire d’Ostelsheim est un réfugié syrien

Libération , 18 Juin 2023




L’insouciance des papillons

« Mon frère ne savait pas que cette voiture serait le feu qui le brûlera »

 

Tous les enfants du quartier l’aimaient. Il était plus calme qu’une brise, il prenait son argent de poche à mon père et me le donnait. Tout le monde l’aimait.

Ce matin-là, il est parti à l’école avec ses amis. Ils sont partis en courant comme des papillons ; s’envoler du sol… comme si le monde avait été créé pour eux.

Les avions de guerre israéliens grondaient dans le ciel. Ils ressemblaient à des monstres prêts à bondir sur leur proie.

Une voiture de combattants palestiniens roulait dans la rue Yarmouk et les papillons étaient près de la voiture. Les papillons ne savaient pas que cette voiture serait le feu qui les brûleront.

Une roquette est tombée sur la voiture. Mon frère Tareq a volé trois mètres et est retombé au sol. Il a volé plus haut que la voiture. L’ambulance est venue et a pris les cadavres. Les gens lui ont dit de monter dans l’ambulance, mais il a refusé et s’est remis à marcher avec ses amis en direction de l’école.

Cent mètres plus loin, il a posé sa main sur son cœur et est tombé mort. J’étais dans la rue, j’attendais le bus scolaire et ma sœur m’a dit d’aller voir ce qui se passait. Oui, mais je n’ai pas vu Tareq et je suis allé à l’école.

Pendant que j’étais en classe, mon oncle est venu et m’a dit que j’allais prendre trois jours de congé scolaire. Je ne me doutais de rien; nous sommes montés dans la voiture… Mon oncle a dit au chauffeur d’éteindre les nouvelles à la radio. Puis j’ai commencé à avoir des soupçons. Nous sommes arrivés à la maison où il y avait une grande foule de gens. Avant de descendre, j’ai vu mon père assis sur une chaise en train de pleurer. C’était la première fois que je voyais mon père pleurer et il tenait dans ses mains la photo de mon frère Tareq. Je lui ai demandé : « Papa, mon frère a-t-il été tué ? » Il a répondu : « Que Dieu ait pitié de son âme ».

L’ambulance l’a ramené de l’hôpital… nous avons tous tourné autour de lui pour le moment d’adieu. Il dormait comme un ange, avec le livre qu’il portait encore dans ses mains.

Mon père a refusé de nous laisser aller au cimetière mais je suis monté dans la voiture et j’y suis allé avec eux. J’ai continué à aller sur la tombe de Tarek tous les jours pendant trois mois pour lui parler.

La nuit, je regarde sa photo jusqu’à ce que je m’endorme.

Depuis que mon frère est mort, je me suis habitué à dormir seul dans mon lit. Nous avions l’habitude de dormir côte à côte. Mais aujourd’hui j’ai un lit pour moi tout seul.

Je n’oublierai jamais mon frère.

Wael Afana

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




La Suisse comme nous l’avons toujours imaginée

Tayside emergency vehicles (CC BY-NC-SA 2.0)

Tayside emergency vehicles (CC BY-NC-SA 2.0)

La nuit où tout a failli basculer 

Le dimanche 6 mars 2016 nous avons passé une nuit difficile car soudain mon fils a développé des rougeurs sur tout son corps après avoir pris un médicament.

Malgré que je sois médecin je ne pouvais rien faire parce que le dimanche il n’y a pas de bus pendant la soirée et je n’ai pas de voiture pour l’amener à l’hôpital. Les urgences pédiatriques sont à Neuchâtel, à 30 kms de chez moi et j’avais besoin d’une dose d’antihistaminique.

J’appelle les urgences.

  • Allo … les urgences…
  • Oui s’il-vous-plaît, mon fils a développé une allergie, je n’ai pas de voiture et il n’y a pas de bus le dimanche qu’est-ce que je fais….?
  • Je ne sais pas…. C’est votre problème il faut venir à l’hôpital de Neuchâtel….
  • Oui mais j’habite au Locle et c’est loin….
  • Je ne sais pas…désolé!

Puis elle a raccroché !

La situation de mon fils est devenue s’est empirée après deux heures malgré l’eau froideque j’appliquais pour le soulager de la fièvre et de l’allergie.

Ah … je me rappelle que ma voisine est médecin et aussi qu’elle a des enfants. Peut-être qu’elle peut m’aider.

  • Allo…
  • Je suis désolée je n’ai pas antihistaminiques…. Je me rappelle qu’un ami proche de mon appartement avait des enfants…
  • Allo…

Mais lui aussi n’avait pas le traitement dont j’avais besoin…

Trois heures ont passé… Maintenant il est une heure du matin.

La situation se complique… Finalement je téléphone à l’ambulance…

  • 144 allo…
  • Bonjour Monsieur, désolé de vous déranger mais mon fils a développé une allergie au médicament céphalosporine et comme vous le savez ces types d’allergies sont très rares. Il n’y a plus de train ni de bus à partir de minuit et je n’ai pas de voiture pour l’amener à l’hôpital. Tout ce dont j’ai besoin c’est d’un antihistaminique !
  • Oui… volontiers…  dans cinq minutes je serai chez vous.

L’ambulancière est arrivée 3 minutes plus tard. Elle nous a entièrement pris en charge avec efficacité et gentillesse. Elle s’est occupée de mon fils comme si c’était le sien, c’était tout le contraire de ce que j’avais ressenti après mon téléphone avec les urgences.

Ah…. Grâce à Dieu! Pour moi et ma femme l’ambulancière nous a donné la vraie image de la Suisse, accueillante et humaine comme nous l’avons toujours imaginée quand nous étions en Irak.

Dans mon pays, la Suisse représente l’aide internationale de la Croix Rouge et l’ambulancière à elle seule m’a redonné cette image !

Haider Alsaadi

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils