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Flash Infos #175

Sous la loupe : L’exode des personnes migrantes afghanes du Pakistan s’intensifie face à la répression d’Islamabad / Tempête Ciaran : «Au moins 1500 personnes exilées sont restées sans solutions» à Calais en France / Au Burkina Faso, les violences djihadistes contraignent des populations à être déplacées et des écoles à fermer

Nos sources

L’exode des migrants afghans du Pakistan s’intensifie face à la répression d’Islamabad

RTS, Le 31 octobre 2023 

Tempête Ciaran :

« Au moins 1500 exilés sont restés sans solutions»à Grande-Synthe et à Calais

Infomigrants, Le 2 novembre 2023

Au Burkina Faso, les violences djihadistes contraignent des populations à être déplacées et des écoles à fermer  

RTS, le 05 novembre 2023

Réalisation du Flash infos #175

A la technique : Tsering et Malcolm Bohnet 

Au micro : Elvana Tufa et Kristine Kostava

Et à la production : Alix Kaneza, Tsering, Julia Ryzhuk et Malcolm Bohnet.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Flash infos #75

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Les talibans de retour au pouvoir en Afghanistan / Le HCR retrouve l’accès à des camps de personnes réfugiées au Tigré / Un homme inculpé pour la noyade d’une personne migrante dans la Manche

Les insurgés talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan

Le Matin, le dimanche 15 août 2021.

Dix jours après la prise de contrôle de la première capitale provinciale afghane par les talibans, ceux-ci sont entrés dans plusieurs quartiers de Kaboul, capitale du pays. Le président Ashraf Ghani est parti à l’étranger sans que son régime n’offre de résistance aux talibans, considérant sa fuite comme nécessaire pour éviter une effusion de sang afghan. Ainsi, les talibans, qui se sont emparés du palais présidentiel, reprennent le pouvoir perdu vingt ans auparavant quand ceux-ci avaient refuser de livrer aux États-Unis d’Amérique Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Les insurgés se sont engagés à ne pas se venger des éléments de l’ancien régime*, et insistent sur leur volonté d’un transfert pacifique de pouvoir vers un gouvernement incluant tous les afghans. Peu avant la prise de la ville, la libération de milliers de prisonniers par les talibans a fait craindre que l’ordre public ne soit menacé.

Avec le retrait d’Afghanistan des troupes étatsuniennes et de l’OTAN, ces évènements ont marqué l’impuissance du régime afghan et de son armée, pourtant financée depuis vingt ans par les États-Unis d’Amérique.

*Note de mise à jour (19.08.21) : Selon un document confidentiel de l’ONU, les talibans font des recherches et effectuent des « visites ciblées porte-à-porte » pour trouver les individus ayant travaillé pour l’ancien régime ou des forces occidentales. Ces derniers figureraient sur des « listes prioritaires » d’arrestation, malgré la promesse des insurgés de ne pas se venger de ces personnes. (RTS, Les afghans ayant collaboré recherchés par les talibans, 19.08.21)

 

Accès aux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s au Tigré à nouveau possible pour le HCR

RTS, le mardi 10 août 2021.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré avoir à nouveau accès à deux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s dans la région du Tigré en Éthiopie. Un porte-parole de l’organisation a déclaré que de violents affrontements avaient empêché le personnel du HCR d’accéder aux camps d’Adi Harush et de Mai Aini depuis le 13 juillet. L’aide d’urgence a pu reprendre le 5 août. « Cependant, l’accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles » selon le HCR. L’organisation demande un « passage sûr » pour le transfert des personnes réfugiées des deux camps vers un nouveau site en dehors de la région du Tigré. Le HCR, en collaboration avec d’autres organisations, a également commencé à délivrer des papiers d’identité aux érythréen·ne·s fuyant des camps détruits du nord du Tigré, vers Addis-Abeba.

En parallèle, le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé « tous les éthiopiens aptes et majeurs » à rejoindre les forces armées, après neuf mois de conflit avec le Front de libération du peuple du Tigré. Le HCR s’inquiète des récents déplacements forcés en raison des combats dans les régions éthiopiennes bordant le Tigré. Selon l’ONU, environ 170’000 personnes ont été déplacées dans celles-ci. Le HCR constate également une augmentation du nombre de personnes traversant la frontière soudanaise depuis l’Éthiopie. L’organisation recherche des fonds pour venir en aide à 96′ 000 réfugié·e·s érythréen·ne·s et 650’000 déplacé·e·s internes dans la région du Tigré et jusqu’à 120’000 réfugié·e·s éthiopien·ne·s dans l’est du Soudan.

 

Un jeune homme noyé dans la manche

Ouest France, le samedi 14 août 2021.

Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été emprisonné samedi dernier après avoir avoué qu’il était aux commandes d’un bateau qui a fait naufrage dans la Manche, tuant un homme, probablement érythréen. Une autopsie doit encore avoir lieu. Le ministère public a inculpé le jeune homme d’association de malfaiteurs, d’aide à l’entrée illégale, d’homicide involontaire et de mise en danger de la vie d’autrui. Mais il resterait « d’autres auteurs à identifier » liés à ce naufrage, selon le parquet.

Cet homme est la première personne à trouver la mort dans le détroit du Pas-de-Calais en 2021. Selon une agence de presse britannique, 11’000 personnes migrantes ont pu rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année. Un nouveau record a été établi le jour du naufrage, avec 592 personnes interceptées côté Royaume-Uni, selon le ministère britannique de l’intérieur.

 

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




La famine en Somalie vue par la diaspora somalienne en Suisse

Mohamed Hared Ali, Président de l’association SOS Somalie. Photo: Abdel-Khader MOUSTAPHA

Mohamed Hared Ali, Président de l’association SOS Somalie, évoque la situation calamiteuse qui sévit en Somalie ainsi que les actions menées par la diaspora somalienne depuis la Suisse pour venir en aide à une population livrée à elle-même qui endure une famine sans précédent.

Voix d’Exils : que pensez-vous de la mobilisation internationale insuffisante et tardive pour pallier la famine grandissante en Somalie?

Mohamed Hared Ali: la situation est très difficile, avec le décès des plus fragiles chaque jour, les vivres ne sont pas suffisants pour sauver tout ce monde, ce malgré les efforts de l’ONU. A cela s’ajoute trois problèmes : il n’est pas évident de trouver des fonds en ce moment de crise économique, la difficulté à répartir ces aides dont les plus faibles ne bénéficient pas suffisamment et, enfin, le problème de l’insécurité dans le pays qui ne facilite pas les choses.

Quels sont les facteurs qui interviennent dans la Corne de l’Afrique et qui empirent la situation de sécheresse et d’épidémie ?

Les conditions climatiques de ces dernières décennies ne sont pas favorables, sans parler de la déforestation due a l’exportation du bois vers les pays du Golfe. L’avancée du désert est l’une des causes de cette sécheresse qui sévit dans cette partie de l’Afrique. Le manque d’eau potable et la détérioration des structures sanitaires sont à l’origine de maladies frappant les plus jeunes.

Pour quelle raison les ONG ne parviennent-elles pas à travailler convenablement ?

L’ONU et les ONG ne parviennent pas à travailler convenablement, à cause d’Al-Shabab, un mouvement proche d’Al-Qaïda qui sème la terreur dans le pays. Ces miliciens pillent les vivres des populations et interdisent, selon leur bon vouloir, la distribution de nourriture par les organisations internationales dans les zones assiégées, sous prétexte que ces dernières ne sont pas crédibles. Ce qui a obligé l’ONU à faire des ponts aériens pour acheminer les aides, ce qui est plus onéreux bien entendu. Mais, depuis peu, face à la gravité de la situation, les Al-Shabab commencent à autoriser l’ONU et les ONG à distribuer à nouveau les vivres.

Quelles initiatives attendez-vous de l’ONU et de l’Union Africaine ?

En tant que citoyen somalien, j’attends plus d’engouement et de détermination de la part de l’ONU face à cette situation qui est susceptible de continuer des mois encore, avec notamment le déploiement de Casques Bleus sur le terrain afin de protéger la population. Car l’armée somalienne est affaiblie par les décennies de guerre, et ne dispose pas des moyens nécessaires pour défendre et assurer l’intégrité physique de la population et des différents acteurs.

Concernant l’Union Africaine, elle a promis près de 300 millions de dollars à la Somalie. De son coté, le Premier ministre somalien a demandé à l’Union africaine le déploiement de son armée pour renforcer la sécurité des somaliens car, selon lui, « l’insécurité est l’un des points saillants de ce désastre humanitaire ». L’on doit, ici, saluer le mérite des pays proches comme l’Ouganda et le Burundi qui ont respectivement envoyés 8000 et 2000 soldats à Mogadiscio, la capitale.

Concernant la diaspora somalienne en Suisse, qu’a-t-elle fait pour faire face à cette situation ?

La diaspora somalienne en Suisse dispose malheureusement de peu de moyens, car la majeure partie des somaliens ici ne travaille pas à cause de la langue. Il faut du temps pour s’intégrer au niveau professionnel. Comme je suis l’un des responsables des associations de la diaspora, j’ai contacté les organisations humanitaires et nous avons organisé une collecte de fonds dans presque toute la Suisse, dont des villes comme Genève et Berne. Les actions de collectes de fonds sont réalisées depuis plusieurs semaines et sont toujours à l’œuvre actuellement. Nous avons déjà envoyé de l’argent récolté au gouvernement de transition somalien.

Auriez-vous un dernier mot à nous dire ?

Je tiens ici à adresser ma profonde gratitude à la Suisse pour ses multiples actions considérables en faveur de la Somalie, ce dès les premiers jours d’alerte de la famine.

Abdel-Khader MOUSTAPHA

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations :

Pour plus d’informations ou pour verser vos dons veuillez prendre contact avec :

Association SOS Somalie

M. Mohamed Hared Ali, Président
E-mail: mohamedhared@hotmail.com




« En Irak, nous sommes devenus des cibles faciles »

Christian iraki praying

Beyrouth, hommage rendu aux victimes de l’attentat de Bagdad du 31 octobre 2010

L’attentat qui a eu lieu le 31 octobre dernier dans la cathédrale de Bagdad, revendiqué par Al-Qaida, puis la vague d’attentats qui a suivi en décembre dans la capitale, ont mis en lumière le sort que les Irakiens de confession chrétienne subissent depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Les menaces et les graves violences à leur encontre les poussent sur les chemins de l’exil. Youssef [1], Najat et Maureen, trois réfugiés, ont acceptés de nous livrer leurs témoignages sur les raisons qui les ont amenés à venir se réfugier au Liban et leurs espoirs pour l’avenir.

Les Chrétiens d’Irak : deux mille ans d’histoire

Les Chrétiens d’Irak auront passé un Noël 2010 marqué par le deuil et le souvenir de deux prêtres et des 50 membres de leur église disparus dans l’attentat du 31 octobre dernier dans la cathédrale du centre de Bagdad. L’explosion, déclenchée par trois islamistes radicaux relevait d’un acte de violence sciemment perpétré à l’encontre d’une communauté religieuse spécifique. En ce sens, il était clairement antichrétien. Si ce type d’information est passé au second plan par le passé, cet attentat n’est cependant pas le premier en son genre à venir noircir les colonnes de la presse. Le 1er août 2004, déjà, 5 églises faisaient l’objet d’attaques quasi simultanées dans les villes de Bagdad et Mossoul, tuant 12 chrétiens assyriens. Le 9 octobre 2006, un prêtre officiant à Mossoul était enlevé, puis deux jours plus tard décapité, et un adolescent de 14 ans était retrouvé crucifié quelques jours plus tôt dans la région. Selon l’œuvre d’Orient, 40 églises ont été attaquées en Irak entre juin 2004 et juin 2007. En  novembre 2008, une campagne antichrétienne, lancée à Mossoul, a poussé près de 3’000 membres de cette communauté à fuir le pays.

Les menaces, les violences et les attaques armées à l’encontre de chrétiens, régulières et amplifiées depuis 2004, ont poussés des centaines de milliers d’Irakiens chrétiens sur le chemin de l’exil. En 2000, ils étaient près de 860’000 en Irak, soit un peu moins de 2% de la population. Leur nombre a drastiquement baissé depuis, et ils seraient moins de 450’000 de nos jours, répartis principalement dans les régions du Nord (Kurdistan irakien). Bien qu’ils représentent une minorité, les chrétiens font partie du paysage irakien depuis près de 2000 ans. Comme le rappelait Gérard-François Dumont, de nombreuses sources concordent pour dire que les communautés chrétiennes chaldéennes et assyriennes, les deux plus importantes en Irak, auraient été évangélisées par St-Thomas dès le Ier siècle. Les discordes avec Rome, et les flux migratoires, ont engendré de nouvelles églises chrétiennes, telles que les églises grecs orthodoxes et protestantes. Aujourd’hui, l’Irak n’en compte pas moins de 12 différentes, ce qui exclut d’emblée l’homogénéité de cette communauté historique autochtone.

La naissance de l’Islam au VIIème siècle n’a pas ébranlé ce paradigme. De fait, qu’elles soient chrétienne ou musulmane (chiite, sunnite et alevis), les nombreuses communautés en Irak y cohabitent depuis des siècles plus ou moins pacifiquement selon les époques. Aussi, s’il  paraît à ce stade quelque peu déplacé de les interroger sur leur intégration dans la société irakienne, d’emblée eux-mêmes se définissent comme une communauté « connue pour la paix et son ouverture au monde. »

Saddam : mémoire d’un Irak uni

La doctrine du régime baasiste, dans lequel s’inscrit  Saddam Hussein, prend ses sources dans un mouvement socialiste et laïque. Cependant, dès 1991, le régime met partiellement fin à cette sécularisation, et des textes de loi sont adoptés allant dans le sens des règles prônées par les autorités islamiques. C’est ainsi, par exemple, que l’alcool est prohibé et que seuls les chrétiens ont le droit de le fabriquer et de le vendre. Progressivement, ce paradigme religieux est intégré dans le droit irakien, à l’instar de la proclamation d’une loi interdisant les prénoms chrétiens. Or, si l’on écoute Youssef, Najat et Maureen, ils ne semblent pas porter de traces de cette période. Au contraire, le régime de Saddam fait appel à un souvenir comparable à une tendre époque. Face à la réaction quelque peu sceptique qu’ils déclenchent, ils tempèrent : « sous Saddam, il y avait des problèmes, mais pour tous les Irakiens. » Et d’ajouter : «  Saddam respectait les chrétiens et nous protégeait. Nous nous sentions en sécurité. ».

Quand on leur demande quels sont les changements notoires qui ont eu lieu depuis la chute du régime, ils y voient « une régression ». Selon eux, la population s’est fissurée, morcelée. Selon Youssef, « avant, un Irakien était avant tout Irakien, peu importait son appartenance religieuse. Maintenant, cette harmonie n’existe plus ». Ce changement n’est pas survenu tout de suite. Quant il s’agit d’identifier les « coupables », tous sont unanimes : «cette influence vient de l’extérieur ». Youssef envisage que « ce plan a été mis en place par de grands responsables étrangers qui ont voulu lancer une guerre ».

Il leur est encore difficile de reconnaître que ce sont des Irakiens qui sont à l’origine des  attentats dont ils ont été victimes. Lors de l’explosion de la cathédrale syriaque-catholique de Bagdad, Youssef a perdu trois de ses cousins. Cependant, il rappelle, à juste titre, que la violence à l’encontre des chrétiens est un phénomène régional : « Au Moyen-Orient, nous ne sommes pas les seuls à souffrir. Les coptes d’Egypte souffrent  aussi de violence et de menaces. Mais en Irak, nous sommes des cibles plus faciles à atteindre, car le gouvernement en place n’a pas les moyens d’exercer un contrôle et d’assurer notre protection. » (NDIR : l’entretien a été réalisé avant l’attaque du 31 décembre à Alexandrie)

Le choix difficile de l’exode

Avant leur fuite, Youssef et sa famille menaient une vie paisible. Le commerce d’outillages qu’il avait garantissait une stabilité financière pour toute sa famille. Qu’est-ce qui l’a alors poussé à partir ? « Depuis 2005, je recevais des menaces d’enlèvement. En juin 2007, mon père a été kidnappé par des terroristes qui nous ont demandés une première rançon de 300’000 dollars américains. Nous avons négocié 60’000. Quand il est rentré, très malade, il portait des traces d’actes de torture sur lui. Je n’aurais pas pu supporter que cela arrive à un autre membre de ma famille.» 

Maureen, elle, était étudiante dans une université à Bagdad depuis 2001. En 2009, elle a quitté la capitale, car elle a été menacée. Un jour, en se rendant aux cours, des étrangers se sont approchés d’elle dans les couloirs et lui ont dit : « prend soin de toi ». Elle a alors décidé de poursuivre ses études dans une autre région. Mais au mois de mars 2010, son beau-frère a été kidnappé et tué. « Cela aurait pu être mon mari, alors nous avons décidé de partir », confie-elle.

Les soupirs… les longs silences … puis inévitablement les nombreuses perles qui roulent sur les joues en disent long sur le poids que représente la décision de tout quitter, et de s’en aller. Devenir, du jour en lendemain, réfugié cela représente avant tout des sacrifices: abandonner une partie des siens, les terres dont on a hérité et souvent, en tant que chrétien, un train de vie aisé. C’est un sentiment de déchirement « impossible à décrire », dit Maureen, mais qui vous envahit d’une tristesse intense et avec laquelle il faut apprendre à vivre. Devenir réfugié, c’est aussi partir dans l’espoir que les lendemains seront meilleurs mais sans garantie aucune. Dans la majorité des cas, c’est souvent aussi un point de non-retour car s’ils espèrent pouvoir revenir au pays, ils sont conscients que « nos enfants ne connaîtront pas l’Irak et ne voudront pas y retourner. ».

 Liban: terre d’accueil, mais temporaire

Tous sont venus au Liban se réfugier car, même s’ils savent qu’il n’y a pas d’avenir pour eux et leur famille dans ce pays, ils savent qu’au moins ils y sont en sécurité. L’État libanais n’est en effet pas signataire de  la Convention relative au statut de réfugié, et ne leur offre aucune aide. Le gouvernement laisse le soin au HCR, en collaboration avec d’autres ONG locales, de s’occuper du sort de près de 8’000 Irakiens y vivant actuellement. Malgré cette insécurité, ils sont sûrs que « d’autre Irakiens chrétiens continueront de venir tant que les conditions ne se seront pas améliorées ». Tous sont dans l’attente de trouver un pays qui accepte de les accueillir en leur conférant un statut de réfugié. Mais ces procédures prennent entre un et trois ans. Ce qu’ils demandent aux pays européens, c’est de faciliter ces démarches et lancent ce message: « On leur demande, entre chrétiens, de compatir à nous souffrances, d’être solidaires du fait que l’on souffre de persécution alors qu’on a les mêmes croyances ».

Dans une interview donnée à  la chaîne NBC sur ses mémoires récemment publiés, Georges W. Bush, revenait en ces termes sur la guerre qu’il a engagée en Irak: « S’excuser signifierait que cette décision était mauvaise. Et je ne pense pas que c’était une mauvaise solution », et d’ajouter « le monde se porte mieux sans Saddam Hussein. » Chacun sera libre de juger. Pourtant, cette conviction, les Irakiens chrétiens, sont loin de la partager :  « nous n’avons pas connu de meilleur régime ». Selon eux, seul « un nouveau Saddam ou quelqu’un qui soit plus fort que les terroristes » peut permettre de recoller les fissures de cet Irak qui, à chaque nouvel attentat, continue de se morceler. Au vu des huit mois de négociations nécessaires pour former le gouvernement de coalition, qui a pris ses fonctions le 20 décembre 2010, après neuf mois de paralysie, la terreur ne semble pas avoir touché à sa fin. Cependant, Youssef, Maureen et Najat espèrent que cet homme fort se fera entendre d’ici 2011, année prévue du retrait définitif américain.

[1] Noms d’emprunt.

Caroline Nanzer
Chargée de communication, Centre des Migrants de Caritas Liban http://english.caritasmigrant.org.lb/

Une collaboration entre Caritas Liban et Voix d’Exils

« Le Centre des Migrants de Caritas Liban vient en aide à plus de 2’000 familles irakiennes dans le besoin, sans distinction d’appartenance religieuse »