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Un champion suisse de Taekwondo est à l’aide d’urgence

Un avenir plein d’espoir

Il vient d’être nommé le 4 novembre dernier champion suisse de Taekewondo 2023, un art martial d’origine sud-coréenne. Il s’agit d’Ezatullah Nazari, un ressortissant Afghan doté d’un incroyable talent! Voix d’Exils vous a déjà présenté ce jeune homme dans sa série d’articles intitulée « Que deviennent les talents des jeunes migrants après leur arrivée en Suisse ». Arrivé en Suisse il y a près de deux ans, ce jeune homme se retrouve à l’aide d’urgence depuis plusieurs mois étant un cas Dublin. Mais il ne s’est pas laissé abattre et a trouvé refuge dans son sport favori – le Taekwondo – où il s’est déjà distingué lors de plusieurs compétitions en 2023 et notamment lors du championnat Suisse.

Ezatullah Nazari, champion suisse de Taekwondo, partage sa joie d’avoir remporté ce titre malgré les défis auxquels il est confronté aujourd’hui en tant que personne migrante déboutée de l’asile. Cette victoire du 4 novembre est très spéciale pour lui et il en est très fier. Voici sa réaction :

« La finale ! Cette victoire est vraiment spéciale, car elle m’assure le titre de champion de Suisse. La gagner m’a rempli de joie, c’était un moment incroyable! Chaque moment du match a été intense, et le sentiment d’être devenu champion suisse c’était bien plus qu’un simple exploit sportif, c’est la récompense de mes efforts et de ma persévérance. »

Notons encore que lors du championnat suisse, il a été surclassé dans une catégorie de poids supérieure et a impressionné en se hissant malgré tout au premier rang. Ezatullah Nazari a ainsi chamboulé le classement établi et détrôné certaines têtes d’affiches. Cela témoigne de son ascension remarquable et de sa capacité à s’imposer sur la scène de haut niveau.

Son intégration est remarquable et il est un exemple pour beaucoup de monde aujourd’hui. Le Taekwondo est devenu son refuge où il peut canaliser son énergie et évacuer le stress qui l’envahit. Il affirme que la pratique sportive est pour lui essentielle, non seulement comme exutoire physique, mais aussi pour se détendre. En tant que jeune migrant, il encourage aussi les autres personnes dans sa situation à trouver une activité sportive qui peut les aider dans leur intégration.

 « Un athlète extrêmement motivé »

Au sein de son club, malgré les obstacles, Ezatullah Nazari parvient à s’adapter avec succès au style européen de Taekwondo et à obtenir des résultats notables. D’autre part, il se montre très dévoué, en aidant les autres jeunes avec les techniques et les enchaînements, ce qui lui vaut d’être apprécié par toute l’équipe. Son entraineur souligne le grande la confiance que porte le club envers Ezatullah Nazari compte tenu du respect qu’il voue aux autres membres.

A l’issue de ce championnat, le club est extrêmement fier de son nouveau champion suisse ainsi que des autres membres de leur équipe qui ont remporté de nombreux titres lors de cette compétition, avec 14 champions suisses, 14 vice-champions suisses et 8 médaillés de bronze. Ces succès sont le fruit de nombreuses heures d’entraînement et de sacrifices.

L’avenir de Ezatullah Nazari

Il est vrai que son travail acharné a porté ses fruits. Mais malgré son talent, Ezatullah Nazari est limité dans sa carrière sportive en raison de sa situation de débouté de l’asile qui l’empêche de participer à des compétitions internationales et à des stages d’entraînement à l’étranger. Son entraîneur reconnaît ses qualités exceptionnelles et sa motivation, mais note que sa situation administrative actuelle l’empêche de progresser davantage. Cette situation est regrettable car ces opportunités sont cruciales pour un athlète de haut niveau. L’entraîneur de ce champion espère que son titre lui apportera plus de visibilité et que sa situation évoluera favorablement.

De la dépression à la victoire

Dans notre première article, Ezatullah Nazari nous a confié qu’il ne voulait pas continuer le Taekwondo après la mort de son père, tellement sa disparition l’avait affecté. Pourtant, aujourd’hui, il est champion national et il s’est tout à fait adapté au contexte de son pays d’accueil: la Suisse, ce malgré des conditions qui ne sont pas favorables.

Quand on lui a demandé s’il a pu partager sa victoire avec sa famille, Ezatullah Nazari nous a répondu que oui et il a partagé avec nous la fierté de sa mère : « la journée de compétition fut longue par l’absence de connexion internet, laissant toute ma famille dans l’attente des nouvelles. Mon combat pour la finale s’est déroulé à 20h, et dès que j’ai remporté la médaille d’or j’ai pu appeler ma mère en visio. Sa joie était palpable à l’écran, elle pleurait et souriait en même temps en me voyant avec la médaille d’or, une source immense de fierté pour eux. C’est un moment précieux qui a ajouté une dimension spéciale à ma victoire. »

Les objectifs pour l’avenir

Nous terminons avec cette question, curieux de connaître les aspirations du jeune champion. La réponse d’Ezatullah Nazari est remplie d’espoir: « Mon but est de combattre aussi à l’étranger et de gagner des médailles à l’international avec le club une fois que j’aurai mon permis de séjour. Améliorer mon français fait aussi partie de mes priorités et j’essaie de le pratiquer au maximum. A plus long terme, mon ambition est de devenir entraîneur. J’aime aider les plus jeunes, les conseiller et en devenant entraineur je pourrai à mon tour soutenir d’autres personnes. Je tiens à exprimer ma gratitude envers mon coach Mehdi Amhand et envers tout le club de Taekwondo Riviera qui m’a tout de suite intégré dans l’équipe dès mes premiers jours d’entraînement. Un grand merci également à mes amis qui m’apportent leur soutien et à ma famille qui croit en moi. Je vous remercie d’apporter de la lumière dans mon parcours, je suis vraiment reconnaissant ».

Alix Kaneza

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #101

Photo: ADEPT / Twitter

Sous la loupe : Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne / Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes / Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne

20 Minutes, le 09.03.2022

Alors qu’ils se rendaient à la frontière ukraino-polonaise pour apporter de l’aide aux réfugié·e·s, deux personnes originaires du continent africain, parties de Suisse romande, ont été témoins et victimes d’actes violents de racisme. Arrivés sur les lieux, ils ont été menacés et contraints de fuir vers Cracovie, où le matériel d’aide a pu être redistribué « grâce à l’Église catholique », affirme l’un des deux afro-descendant touché par les actes de violence perpétrés par des groupes néonazis en Ukraine et Pologne.

Ils affirment également avoir vu deux camps de réfugiés, l’un « réservé aux Blancs » et l’autre « aux Africains ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes

infomigrants.net, le 08.03.2022

Plus d’un million de réfugié.e.s Ukrainien.nes, principalement des femmes et des enfants, sont arrivé.e.s en Pologne depuis l’invasion russe. Le pays pourrait être confronté à des problèmes importants dans le secteur du travail, car la main d’œuvre des secteurs de la construction et de l’agriculture était auparavant principalement constituée d’hommes Ukrainiens qui doivent maintenant rentrer chez eux pour combattre.

Par ailleurs, l’arrivée de mères célibataires constitue un défi majeur pour l’organisation du pays en raison du manque d’infrastructures pour la garde d’enfants en Pologne, ce qui engendre des difficultés à trouver un emploi compatible avec la maternité.

Enfin, l’ONG La Strada qui travaille sur les questions de traite des êtres humains et de travail forcé, met en garde contre des risques d’abus liés à la crise. En effet, l’ONG a déjà reçu des témoignages de femmes qui disent avoir reçu des offres en échange de rapports sexuels.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

RTS, le 03.03.2022

En Suisse, il est fréquent que des jeunes apprentis d’origine étrangère doivent interrompre leur apprentissage professionnel en raison d’un refus de leur demande d’asile. C’est le cas de Yosef, un jeune Iranien de 27 ans qui fait partie de la minorité Kurde et qui est arrivé en Suisse en 2018. Déterminé à devenir indépendant financièrement, Yosef a commencé en 2019 un apprentissage de monteur électricien. Mais il a reçu une réponse négative concernant sa demande d’asile, ce qui l’a forcé à mettre fin immédiatement à son apprentissage et à devenir dépendant de l’aide d’urgence.

Face à la situation, son employeur a écrit une lettre à l’Etat en précisant que Yosef travaille avec lui depuis deux ans et qu’il est un excellent apprenti, ceci afin de tenter de changer sa situation.

Il est à noter que chaque canton a des règles différentes pour les personnes étrangères en matière de prolongation de permis de séjour.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« En Suisse, je me sens valorisée et acceptée »

Source: pixabay.com

La culture de l’encouragement

Lorsqu’elle dépose sa demande d’asile en Suisse, il y a cinq ans, Zahra découvre progressivement ce qu’on pourrait définir comme la culture de l’encouragement. A son grand étonnement, plutôt que de relever son ignorance des us et coutumes locaux, ses différents interlocuteurs répondent à sa curiosité, la soutiennent dans ses démarches et la félicitent pour ses progrès. Malgré son statut précaire – elle est à l’aide d’urgence -, la jeune Kurde veut croire qu’elle a un avenir possible dans ce pays où elle se sent bien.

Elle a souhaité partager avec les lecteurs et lectrices de Voix d’Exils quelques expériences marquantes et dire sa reconnaissance aux personnes qui l’ont aidée depuis son arrivée sur le sol helvétique.

En Iran, on échange beaucoup de critiques et peu de compliments

« En 2016, j’habitais dans le foyer d’accueil des migrants de Sainte-Croix, dans le canton de Vaud. Grâce à l’aide d’un groupe de bénévoles qui venaient trois soirs par semaine nous donner des cours, j’ai appris le vocabulaire de base pour me débrouiller dans la vie quotidienne.

Un jour, j’ai reçu un courrier pour un rendez-vous médical mais sans précision de l’adresse. J’ai croisé mon assistante sociale dans les corridors et je lui ai demandé si elle pouvait m’aider. Pascal, le responsable du foyer qui passait par là, m’a entendue et il a pris la peine de s’arrêter pour me complimenter sur mes progrès en français.

J’ai été très surprise par la façon chaleureuse et encourageante dont il s’est adressé à moi. D’ailleurs, des années plus tard, je m’en souviens comme si c’était hier… Pour que vous compreniez ma réaction, je dois préciser que dans mon pays d’origine, ça ne se passe pas du tout comme ça. Les relations interpersonnelles sont plutôt rugueuses, et les compliments sont très rares contrairement aux critiques qui sont faites pour un oui ou pour un non.

En Suisse, mon handicap n’a pas été une barrière

Avant d’arriver à Sainte-Croix, j’avais été hébergée pendant deux semaines dans le foyer de Vallorbe. Je venais d’arriver en Suisse, et je découvrais une nourriture dont le goût, la préparation, les couleurs étaient très différents de la nourriture que j’avais l’habitude de manger en Iran. Comme le domaine culinaire m’a toujours beaucoup intéressée, j’ai cherché des informations sur Internet et j’ai aussi posé des questions aux cuisiniers du foyer pour connaître les recettes et les ingrédients des plats qui nous étaient proposés. Ils ont répondu à ma curiosité avec une patience et une gentillesse qui m’ont beaucoup touchée.

Par la suite, je me suis inscrite dans le Programme cuisine proposé aux migrant.e.s par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM). J’avais peur de ne pas être acceptée, parce que j’ai une main handicapée à laquelle il manque des doigts. Mais j’ai été rapidement rassurée, mon handicap ne constituait pas une barrière pour la réalisation de mon projet qui était d’obtenir le certificat d’aide en cuisine. J’ai fait une semaine de stage préliminaire dans le self-service de l’EVAM à Lausanne et tout s’est très bien passée. Là encore, personne ne m’a fait de remarques désobligeantes, et personne n’a mis en doute mes capacités à travailler en cuisine.

A la fin de ma formation, avant d’obtenir mon certificat, j’ai fait un mois de stage à la Fondation Mère Sophia, à Lausanne. Avec une petite équipe de bénévoles, nous préparions la soupe que nous servions tous les soirs, dans la grande salle de la fondation, aux personnes dans le besoin. J’épluchais et je coupais les légumes, le travail était simple et se faisait dans une très bonne ambiance. Les bénévoles m’ont tout de suite adoptée et j’ai pu prolonger le stage d’un mois. J’aurais bien voulu continuer, mais l’expérience s’est ensuite arrêtée parce que mon statut – je suis à l’aide d’urgence -, ne me donne pas le droit de travailler.

J’ai été rassurée sur mes compétences

Je suis une jeune femme célibataire qui – comme beaucoup de migrant.e.s – vit seule, loin de sa famille. Mes parents et une de mes sœurs sont restés en Iran. Mon autre sœur habite en Suisse alémanique, dans le canton d’Argovie, mais je la vois seulement deux-trois fois par année, car le train coûte très cher et j’ai un tout petit budget.

Cet isolement est difficile à supporter. Comme tout le monde, j’ai besoin de contacts humains pour préserver mon équilibre, j’essaie aussi d’avoir des objectifs, un but à atteindre. J’ai l’espoir de voir ma demande d’asile évoluer. Je rêve d’obtenir le permis B et de pouvoir enfin travailler dans mon domaine de formation qui est la comptabilité.

En attendant, et pour ne pas rester les bras croisés après mon passage en cuisine, je me suis intéressée à une autre activité proposée par l’EVAM : le Programme Cybercafé. Ma mission consistait à gérer de façon presque autonome le relais internet destiné prioritairement aux migrants hébergés dans le foyer de Sainte-Croix. Malheureusement, un mois après mes débuts dans ce programme, le Cybercafé a été fermé pour cause de Covid…

Que faire ? J’ai alors été orientée vers le Programme Voix d’Exils. Omar, mon responsable, m’a proposé d’écrire des articles pour le site Voix d’Exils. Le premier jour, je n’avais aucun sujet d’article à proposer. Pour moi, qui vient de la comptabilité, c’était un exercice très difficile. J’étais très stressée et déçue, j’étais sûre que Omar allait me dire que je n’avais pas les compétences nécessaires et que je ne pouvais pas rester. Mais, à ma grande surprise, il m’a rassurée, il m’a dit qu’on allait en parler avec Afif, le deuxième responsable du programme. Les deux ont pris le temps de m’expliquer à nouveau quel était mon rôle et ce qu’ils attendaient de moi. Comme ils m’ont fait confiance et qu’ils m’ont encouragée, je n’ai pas voulu les décevoir, je me suis accrochée et maintenant, cinq mois après mes débuts, grâce à l’aide et au soutien de différents collaborateurs de ce média en ligne, j’ai écrit et publié plusieurs articles dont je suis très fière.

Ma situation n’est pas facile, mais j’essaie d’avancer, de ne pas perdre l’espoir. À toutes les personnes qui, depuis mon arrivée en Suisse, m’ont soutenue, à toutes celles et ceux qui m’ont redonné confiance et qui m’ont permis de grandir, je voudrais ici vous dire : MERCI !

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Félicitations aux Suisses

Ahmad Mohammad /Voix d’Exils. Photo prise le 12.01.2021.

pour leur hospitalité, leur générosité et leur tolérance »

Malgré son parcours semé d’embuches dans notre pays et plusieurs décisions négatives en réponse à ses démarches pour l’obtention du permis B, Valéry Martseniuk, en Suisse depuis 7 ans et rédacteur à Voix d’Exils, trouve les Suissesses et les Suisses hospitaliers, généreux et tolérants. Un podcast réalisé le 12 janvier dernier et produit par notre technicien radio Ezio Leet à découvrir ci-dessous:

 

 

Ahmad Mohammad / Voix d’Exils. Photo prise le 12.01.2021.

 

Ahmad Mohammad / Voix d’Exils. Photo prise le 12.01.2021.

 

Ahmad Mohammad / Voix d’Exils. Photo prise le 12.01.2021.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Mon sens de l’humour, c’est tout ce que j’ai pour tenir le coup »

Valerii Martseniuk. Photo Damon / Voix d’Exils.

5 déménagements, 3 Permis N en 6 ans en Suisse pour finir à l’aide d’urgence. Et je ne vois pas encore la fin…

Il y a des requérants d’asile en Suisse qui obtiennent assez vite leur statut de réfugié. Mais il y a ceux qui ne détiennent pas les preuves nécessaire pour l’obtenir. Ceux-ci sont frappés d’une décision de renvoi et ils doivent quitter la Suisse. C’est le cas de la famille de Valerii Martseniuk. Valerii Martseniuk est requérant d’asile en Suisse, ressortissant ukrainien et membre de notre rédaction vaudoise de Voix d’Exils. Voici donc l’histoire semée d’embuches d’une famille de requérants d’asile vivant dans le canton de Vaud. Une interview réalisée le 27 juillet dernier par Omar Odermatt, responsable de la rédaction de Voix d’Exils.

Photo

Valéry Martseniuk brandit le drapeau suisse et tient, de la main gauche, un drapeau Ukrainien. Il se trouve sur la Jungfrauyoch dans les Alpes bernoises. Souvent appelé « le toît de l’Europe », ce sommet  culmine à 3 463 mètres d’altitude. Photo: Marta Martseniuk

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils