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Un blackout au centre d’hébergement collectif de Crissier provoque un sérieux malaise !

Le centre d’hébergement de Crissier de nuit.

Du samedi 3 Décembre au lundi 5 Décembre 2011, les requérants d’asile du bâtiment 8, troisième étage du centre d’hébergement collectif de l’Evam (Etablissement vaudois d’accueil des migrants) de Crissier ont été privés d’électricité. Reportage exclusif de Voix d’Exils.

Un profond malaise a régné au foyer de Crissier durant plusieurs jours et ça a râlé énormément du côté des requérants d’asile affectés par la panne de courant. Ceux-ci ont en effet vécu un véritable calvaire durant le blackout et même au-delà…

Qui est responsable des dégâts ?

Accoudé sur un banc installé devant leur réfrigérateur, Regat et Sembrete constatent les dégâts occasionnés par ce week-end privé d’alimentation électrique. Tout est pourri dans leur frigo qui dégage une odeur nauséabonde. Dans la chambre voisine, c’est le désarroi total. Mirka, refugiée Erythréenne, jeune mère de jumeaux, est en pleine discussion avec ses compatriotes venus nombreux s’enquérir de la situation. Mirka a les yeux rouges à priori par manque de sommeil, car les nouveaux-nés ont passés toute la nuit à pleurer, n’ayant pas l’habitude de vivre dans le noir absolu. Elle n’a pas pu fermer l’œil depuis plus de 48 heures et elle dit se sentir fatiguée, épuisée. Depuis samedi, elle se nourrit uniquement d’eau sucrée et de pain rassis ; car bien que l’électricité soit revenue, il n’est toujours pas possible de cuisiner au troisième étage. Pour se faire à manger, il faut se rendre au deuxième ou au quatrième étage. Mais Mirka ne peut pas laisser ses jumeaux seuls dans la chambre. Très tôt ce matin, elle a dû se rendre à l’hôpital pour un « check-up » de ses jumeaux, car pendant toute la durée de la coupure de courant, ses enfants ont été privés de médicaments. La température ambiante ayant accéléré la dégradation de médicaments qui étaient stockés dans le réfrigérateur. Elle veut maintenant savoir qui paiera pour les dégâts occasionnés ? Ce lundi, au cœur des palabres de tous les groupes de requérants rencontrés, figure en bonne position le sujet qui taraude tout le foyer de Crissier depuis samedi matin : la coupure de courant. « C’est ce qui est à l’origine de notre colère », nous dit Sana. Il ajoute que « nous sommes moins que des prisonniers depuis samedi. Nous ne pouvons pas préparer à manger, faute d’électricité ». « Il faut aller chez les voisins du deuxième ou du quatrième étage pour le faire ».

La grogne gagne les requérants de Crissier durant la semaine du 5 au 11 décembre

Les requérants disent se sentir bafoués et méprisés. Aucun responsable du centre Evam de Crissier n’est venu s’expliquer par rapport à l’incident. D’où les réactions que nous avons recueillis durant cette semaine:

Philémon, requérant Erythréen dit « je ne sais pas pourquoi certaines personnes éprouvent du plaisir à nous voir tristes ». « Ils nous prennent pour des animaux » lance Regat une requérante également d’origine Erythréenne. « Ils (certains collaborateurs de l’Evam de Crissier) nous manquent de respect et nous abusent, nous allons écrire au directeur de L’Evam – M. Pierre Imhof – pour le mettre au courant des dérives en pagaille de ses collaborateurs ici à Crissier » menace Sana requérant d’origine Guinéenne. Il faut souligner que la quasi-totalité des requérants du centre de l’Evam à Crissier disent être persuadés que M. Pierre Imhof n’est pas au courant du laisser-aller, désordre, chaos et du mépris vis-à-vis des requérants que certains collaborateurs de l’Evam font régner à Crissier. Bvira, requérant d’origine sri-lankaise veut que « des têtes tombent », « à l’instar de l’amende qu’on nous impose pour chaque rendez–vous manqué, nous demandons aussi que les responsables, directs ou indirects de cette catastrophe payent » assène t-il.

Le vigile en service le week-end du « blackout », contacté, dit avoir juste informé les requérants « ne pouvoir rien faire car (…) le mot d’ordre est d’attendre jusqu’au prochain jour ouvrable, de ne rien entreprendre pour solutionner le problème quel qu’en soit le cas ».

La direction réagit le 14 décembre

Nous avons contacté la chargée de communication de l’Evam, Emmanuelle Marendaz-Colle, pour connaître la version de la direction de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des migrants. Elle nous a fait savoir que c’est notre demande qui l’a informée de cette situation et que « la nécessité de Voix d’Exils s’y voit ici pleinement illustrée ». Elle mentionne que « la direction de l’Evam n’était pas au courant de cette panne », et après renseignements, elle nous a confirmé qu’effectivement une panne avait bien eu lieu « au 3e étage de l’un des trois bâtiments du site, qui a été provoquée par les travaux d’ouvriers qui étaient présents le samedi matin pour installer de nouveaux dortoirs ». Elle a par ailleurs souligné que « la direction de l’Evam ne peut que déplorer le fait que les surveillants qui travaillaient ce week-end là, qui sont des collaborateurs d’une entreprise de sécurité en sous-traitance mandatée par l’établissement, n’aient pas pris les mesures nécessaires (…) pourtant claires et contenues dans un classeur à disposition dans chaque loge de surveillants. (…) Concernant les résidents de l’étage, les assistants sociaux du foyer ont reçu l’instruction de les réunir le vendredi 16 décembre 2011 à 13h30, afin qu’ils puissent recevoir une explication du responsable de secteur concerné, M. Pascal Rochat, qui était en vacances lors de l’incident. Il leur remettra un bon Migros de 30 francs en dédommagement de la nourriture avariée » a conclu la chargée de communication de l’Evam.

Voix d’Exils a été invité à assister à ladite réunion. Affaire à suivre prochainement.


Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La Migration…

MIGRATION, هجرة,

GÖÇ, MIGRAZION,

KOÇPERI… 



J’essaie de t’écrire en kurde, mais je n’y arrive pas. J’essaie de t’écrire en turc, mais je n’y arrive pas. J’essaie de t’écrire en français, mais je n’y arrive pas. Je veux te dire dans toutes les langues mais je sais qu’il manque toujours quelque chose.

Je te cherche dans les livres d’histoire mais je ne t’y trouve pas. Tu es si vieille que personne ne se souvient de ta naissance, de ton âge et de ton nom. Comme je disais, tu es très vieille. Ton nom est différent dans chaque langue: en français MIGRATION, en arabe هجرة, en turc GÖÇ, en italien MIGRAZION, en kurde KOÇPERI… 

Selon certains, tu es une échappatoire. Selon certains, tu es la liberté et selon d’autres, tu es un emprisonnement qui vient de commencer. Tu es une grande chose tout en étant rien. 

Il y a quelque chose qu’on ne peut exprimer dans aucune langue. Tu es une chose comme ça. Est-ce que tes créateurs sont coupables ou est-ce que tu es coupable de ta présence? Le monde est séparé en trois pôles : ceux qui font migrer d’autres, les migrants eux-mêmes et ceux qui subissent la migration. Qui sont heureux parmi eux? Qui sont satisfaits de cette situation? Lesquels d’entre eux sont coupables? Tu ne le sais pas mais, selon moi, tout le monde est responsable de cette situation.

Le monde, l’humanité, nous sommes coupables de t’avoir créée et s’il y a des innocents parmi nous, ce sont ceux qui sont contraints à migrer.

N. COGALTAY

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Nous contribuons à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale »

Le Café contact. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Beaucoup de requérants d’asile vivant au sein de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), à Sainte-Croix, éprouvent des difficultés d’adaptation à leur nouvel environnement. Pour créer un lien social entre eux et la population locale, les bénévoles de l’association « Café contact » les réunissent une fois par semaine dans le local de l’EVAM mis à disposition. Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner, membres fondatrices de l’association, répondent aux questions de Voix d’Exils.

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Voix d’Exils : Pouvez-vous nous présenter votre Café contact ?

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner : Nous proposons un lieu de rencontre entre les migrants et la population locale de Sainte-Croix et, d’une façon générale, entre tous ceux qui ont l’envie de partager un moment avec nous. Nous recevons entre trente à cinquante personnes chaque lundi.

Où peut-on vous trouver ?

Nous sommes à trois minutes de la gare de Sainte-Croix, dans un local du bâtiment de l’EVAM, sis à la rue de l’industrie 11. Nous sommes ouverts le lundi matin de 10h00 à 11h30.

Quels sont vos objectifs ?

Nous voulons favoriser les échanges entre la population locale et les personnes suivies par l’EVAM pour qu’ils se familiarisent les uns aux autres.

L’équipe Café contact

Quels sont les sujets abordés avec les personnes qui viennent vous voir ?

C’est essentiellement des explications concernant leur courrier officiel, des demandes de travail, des questions sur le bénévolat et des questions personnelles, comme par exemple : comment faire venir leur famille en Suisse ? Ou encore comment se procurer certains documents administratifs ?

Quand et comment est née l’association Café contact ?

Elle est née en 1984 sous l’impulsion de personnes qui étaient actives auprès des ressortissants du Sri Lanka installés à Sainte-Croix. Ces personnes étaient alors logées, mais ne disposaient pas d’un centre d’accueil et n’avaient pas d’encadrement officiel ou administratif. Nous organisions à leur intention des cours de français, une aide juridique ainsi que les transports. A partir de 1991, nous avons organisé des rencontres appelées « Café contact ». Elles avaient lieu tous les 15 jours dans le local des jeunes de la paroisse protestante. Nous proposions un café et des activités pour les enfants.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous avons toujours fonctionné avec une dizaine de bénévoles. A tour de rôle, une personne de l’association est responsable du Café contact hebdomadaire. Elle apporte la collation, par exemple des fruits, des gâteaux, des biscuits… qu’elle paie de sa poche. Mais, nous disposons d’une caisse de 300 à 400 Frs, pour financer la fête de Noël et la Journée des refugiés.

Quels sont les liens que vous entretenez avec l’EVAM ?

L’EVAM nous met à disposition le local que nous occupons. Nous avons aussi des contacts avec Madame Cécile Ehrensperger, responsable du secteur Nord et Ouest de l’EVAM, lors de l’organisation d’événements en commun, comme la Journée des réfugiés.

Quel bilan faites-vous de votre action auprès des requérants d’asile ?

Notre bilan est positif. Nous sommes intervenus, en 2003 déjà, auprès du Conseil d’Etat pour améliorer l’encadrement et l’assistance des résidents. Le Café contact contribue à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale. Beaucoup de liens se sont créés entre eux depuis. Pour notre part, nous continuons à rencontrer certaines personnes ou familles, même lorsqu’elles n’habitent plus à Sainte-Croix. Heureusement, il y a quand-même une partie de la population d’ici qui a une perception positive des résidents de l’EVAM. C’est un processus qui demande de la persévérance.

Quels sont vos projets d’avenir ?

Nous voulons continuer à faire entendre notre voix, en organisant des rencontres publiques pour être visibles, favoriser l’information et contribuer à donner une image plus objective des migrants.

Usaque BAHATI WAMUNGU

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Association Café contact

Paul Schneider, Président

Avenue des Gittaz 18, 1450 Sainte-Croix

Téléphone : 024/454.33.20

E-mail : paul.schneider@ssgmt.com





Opération coup de poing au foyer lausannois de Vennes

Le foyer de Vennes à Lausanne qui abrite exclusivement des requérants d’asile déboutés

Mardi 4 octobre, au petit matin, une perquisition d’envergure comptant 148 policiers accompagnés d’un procureur débute au foyer de l’EVAM de Vennes à Lausanne. Témoignage d’un résident du foyer.

Alors que la plupart de résidents dormaient paisiblement, des policiers se sont introduits soudainement et de manière fracassante dans les chambres communes du foyer à 5h30. Sans nous informer du motif de cette intrusion, ils nous ont tirés du lit, menottés les bras dans le dos, puis ont pratiqués des fouilles corporelles individuelles avant de nous faire nous assoir sur nos lits. Pour les chambres communes comprenant 5 lits, les requérants ont été déplacés dans les couloirs et ont été assis par terre. Je croyais alors qu’il s’agissait d’une expulsion collective et que le lendemain j’allais prendre l’avion.

Le contrôle des chambres a débuté à 6 heures du matin. Celles-ci ont été mises sens dessus dessous. Chaque coin et recoin a été fouillé minutieusement pendant que les chiens reniflaient nos affaires. Des sacs ont été remplis de nos effets personnels considérés comme suspects. Une fois ma chambre fouillée, l’on m’a conduit au rez de chaussée pour une notification du matériel saisi. C’est ainsi que vers 9 heures le tri des sacs personnels a commencé. Lorsque du matériel suspect était saisi, les personnes susceptibles d’être poursuivies étaient amenées au poste de police pour des contrôles approfondis. Les autres ont été mises à l’écart dans un coin appelé « zone verte » vers 10 heures. Elles ont été ensuite relâchées, sans pour autant obtenir l’autorisation de quitter les lieux.

La prise de photo m’a été interdite pour motif de sécurité et mon appareil m’a été confisqué pour faire l’objet d’un contrôle de provenance.

Vers 10 heures, on nous a informé du motif de l’opération qui était destinée à saisir des marchandises et interpeler les personnes en possession de substances illicites et de matériel volé.

Sur les 91 personnes contrôlées, 44 ont été déférées devant le procureur pour différents motifs et six demandes de détention ont été adressées par le ministère public au tribunal des mesures de contrainte, selon le communiqué de la police lausannoise.

J’aimerais cependant souligner qu’une partie des requérants fouillés ne s’adonnent pas au vol ou au trafic de drogues et qu’ils essayent, malgré la misère, de rester honnête.

Chacha

Correspondant pour la rédaction vaudoise de Voix d’Exils  




Retour sur le match anniversaire de Voix d’Exils

Photo de fin de match: l’équipe de Voix d’Exils et celle du foyer de Crissier.

 

Le média social en ligne Voix d’Exils a fêté son premier anniversaire de façon footballistique le 24 septembre dernier en jouant un match contre l’équipe du foyer EVAM de Crissier. Compte rendu un rien subjectif d’une rencontre très animée.

 

 

 

 

24 septembre 2010 –  24 septembre 2011 : Voix d’Exils, la voix des sans voix qui se fait entendre en Suisse et au-delà, vient de souffler la première bougie de l’existence de son blog.

Pour commémorer cet anniversaire, le football était le clou de l’événement. L’équipe de Voix d’Exils a battu celle du foyer EVAM de Crissier par un score très sec de 6 buts à 3.

En ce samedi de fin d’été, autour de 16 heures, l’ambiance était à son paroxysme sur le terrain n°1 du centre sportif de Dorigny, près de Lausanne, où de jeunes footballeurs enthousiastes (prétentieux ?) s’auto-déclaraient vainqueurs face à l’équipe de Voix d’Exils qui comptait plus d’adultes expérimentés et sages…

Certes, Crissier comptait beaucoup de talents dans ses rangs ; mais les joueurs étaient mal organisés puisque chacun jouait selon sa fantaisie. L’équipe de Voix d’Exils, quant à elle, rassemblait ses rédacteurs, des sympathisants, d’anciens rédacteurs et des personnalités proches du blog.

Notons que l’équipe de Crissier a déployé son génie créatif en jouant torse nu par manque de maillots. Dans le domaine de l’organisation, on a déploré l’absence des arbitres de touche, sans l’appui desquels l’arbitre s’est vu contester ses décisions voire même insulté… Pour la prochaine fois, la présence d’un membre du corps médical ne serait également pas inutile en cas de blessure ou de réanimation.

La rencontre s’est terminée en toute décontraction autour d’un apéritif qui a réuni les deux équipes et leurs sympathisants.

Voix d’Exils et l’ensemble des ses collaborateurs remercient vivement toutes les personnes qui se sont investies pour la réussite de cette manifestation. En particulier Mariam, la couturière, qui a confectionné les banderoles et cousu les numéros sur les maillots, et Monsieur Al Mahouri, intendant du Centre sportif de Dorigny, qui s’est beaucoup investi pour que ce match soit mémorable.

Hubert YIGO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils