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Toujours à l’œuvre à 83 ans !

Michel Campiche interviewé sur les ondes de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils.

Michel Campiche interviewé sur les ondes de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils.

Rencontre avec un octogénaire hors du commun qui s’engage auprès des requérants d’asile

De plus en plus de personnes âgées s’engagent dans le bénévolat en Suisse. Cet art de faire don de soi est en plein essor, surtout en cette période de grande affluence de réfugiés en Europe. Voix d’Exils a rencontré M. Michel Campiche, médecin à la retraite, qui s’engage corps et âme malgré son grand âge auprès des requérants d’asile qui arrivent sur le sol vaudois. 

Malgré son âge avancé, il s’active toujours à assister les exilés venus dans le Canton de Vaud. D’un contact facile, l’octogénaire suisse a choisi le volontariat pour poursuivre son aventure humaine, déjà riche en évènements et en expériences. Lui, c’est Michel Campiche. Issu d’une vielle famille vaudoise, ce médecin à la retraite a enseigné la pathologie à la Faculté de Médecine de l’Université de Lausanne entre 1950 et 1963. Ayant toujours de l’ouverture sur l’étranger, il séjourne en Californie avec toute sa famille de 1963 à 1966.  Enfin, la Chine l’accueille en 1985 et à nouveau en 1992 dans une Faculté de Médecine pour former des étudiants en pathologie.

Ce disciple d’Hippocrate a su cultiver le sens du contact avec les autres à travers son métier, et surtout par cette ardeur exceptionnelle de toujours vouloir apporter un plus à autrui. Une sociabilité certes, un altruisme à l’endroit de ceux qui sont venus d’ailleurs rechercher la sécurité et un mieux-être.

Issa interviewant Michel Campiche sur les ondes de Radio Django. Photo: Voix d’Exils

Issa interviewant Michel Campiche sur les ondes de Radio Django. Photo: Voix d’Exils

A la découverte de l’autre par le bénévolat

Déjà, en 1999, l’idée de se lancer dans le bénévolat commençait à prendre forme dans sa tête, nous dit-il : « C’était précisément à l’époque de la guerre du Kosovo où il y avait en Suisse énormément de réfugiés ». À ce moment-là,  il était déjà retraité, et il y avait beaucoup de réfugiés tout près de chez lui. Il fit alors la connaissance d’un Kosovar qui travaillait dans une station-service et allait tous les matins lui donner une liste de mots en français, puis revenait le soir trouver la traduction en albanais. Petit à petit, avec un ami du nom de Selim, un tout petit dictionnaire français-albanais, albanais-français, constitué de mots et de quelques phrases, est confectionné. Depuis ce moment, il s’est beaucoup investi nous raconte-t-il.

Pour concrétiser cet engouement pour le bénévolat, il intègre l’Association auprès des Requérants d’Asile à Vallorbe, Œcuménique et Humanitaire (ARAVOH), encouragé par sa fille Hélène Küng qui a servi au sein de ladite association pendant cinq ans.

« Docteur », comme il est affectueusement appelé par les demandeurs d’asile, aime, avec ses camarades bénévoles partager les peines et les moments de joie dans les abris de protection civile. D’ailleurs, ils s’y rendent tous les jeudis soir pour s’enquérir de l’état d’esprit des pensionnaires, et ceci, même en période de forte canicule. Pendant les fêtes de Noël et de nouvel-an, ils offrent des petits déjeuners bien garnis, sans compter les conseils et communications d’adresses utiles pour une meilleure intégration dans la société d’accueil.

L’accueil à la gare

Lorsque sa femme était encore de ce monde en très mauvaise santé il se consacrait entièrement à prendre soin d’elle. Quelques années après son décès, qui survient en 2008, il s’est engagé dans l’accueil  des requérants d’asile à la gare de Lausanne en provenance de Vallorbe. Ceci, depuis 2011 nous révèle-t-il. « C’est un travail important, et ce sont des gens qui n’ont souvent que très peu de notions au niveau des transports publics et de la géographie suisses. Nous essayons de les aider en leur indiquant quel train prendre pour aller où, comment faire dans la ville où ils se rendront pour trouver l’endroit où ils doivent aller » raconte-t-il. Michel Campiche est d’un dynamisme impressionnant. Pour mieux mettre en confiance ces voyageurs spéciaux, il a appris à dire bonjour dans plusieurs langues (tigrigna, anglais, tamil, somali, arabe etc.) histoire de faciliter les premiers contacts.

Michel Campiche interviewé sur les onde de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils

Michel Campiche interviewé sur les onde de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils

Eloge à un humaniste

Quand la sagesse et la noblesse des gestes guident l’homme dans les sentiers du partage, son action peut éclairer le visage de ceux qui avaient perdu l’espoir de revivre librement. Sa volonté de servir l’humain a pris le dessus sur le poids de l’âge. Pour moi Michel Campiche est un humaniste.

Depuis les réfugiés Kosovars jusqu’aux migrants Syriens, Erythréens, Soudanais et autres, il continue à montrer un autre visage de la Suisse empreint de chaleur et de solidarité humanitaire. Un homme exceptionnel qui doit faire école, surtout en cette période de forte affluence de réfugiés. Un exemple d’hospitalité au moment où cette tradition – si chère à la Suisse – tend à se perdre.

Issa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Michel Campiche témoigne de son parcours sur Radio Django

Le thème sur le bénévolat des séniors s’est invité sur les ondes de Radio Django le 15 septembre dernier. Interviewé par Issa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, Michel Campiche explique les motivations qui l’ont poussé à s’engager dans le volontariat auprès des demandeurs d’asile. Pour écouter l’interview, cliquer ici.




« Le personnel médical vaudois offre une aide considérable aux migrants »

Fbradley Roland en compagnie du personnel médical de la PMU du Flon à Lausanne. Photo: Voix d’Exils.

Fbradley Roland en compagnie du personnel médical de la PMU du Flon à Lausanne. Photo: Voix d’Exils

Ecrivain et ancien rédacteur de Voix d’Exils, Fbradley Roland s’adresse au personnel de la Policlinique Médicale Universitaire du canton de Vaud

A l’heure où de nombreux Européens se mobilisent pour accueillir des migrants chez eux, le personnel médical de la Policlinique Médicale Universitaire (PMU) a invité à la permanence du Flon l’écrivain et ancien rédacteur de Voix d’Exils FBradley Roland. A bâtons rompus, ce dernier retrace le parcours difficile des migrants et souligne l’apport vital du personnel de santé qui les accueille. 

Dans son exposé du jeudi 23 juillet 2015, FBradley Roland porte la voix des migrants devant une dizaine d’infirmières et de médecins. Compte rendu.

Depuis ses débuts dans le journalisme, il dit avoir toujours manifesté son désir de « parler sans être interrompu…». Une façon, pour lui, de s’opposer aux entraves dont souffre la liberté d’expression. Pour mieux réaliser son vœu, il sort un livre intitulé « Air Mawari ». Un moyen de corriger par la plume les non-sens concernant les vérités sur les odyssées des migrants en direction de l’Europe, de « dénoncer l’ignominie dans laquelle nous évoluons… Sensibiliser les européens et surtout humaniser les politiques ». L’essentiel, selon lui, est que les acteurs de la santé ne se laissent jamais influencer par les discours politiques beaucoup plus concentrés sur « les chiffres alarmants » que sur l’aspect humain de la question migratoire. Pour cela, il pense que « si on n’arrête pas de dire que c’est un numéro de plus, un requérant d’asile de plus, on s’en fout de ce qui arrive, c’est comme si on passe à côté de sa vocation. ». Derrière chaque requérant, dit-il à son auditoire, il y a toute une vie, toute une histoire qui doit être sérieusement prise en compte. C’est très important de comprendre que nous autres qui venons d’ailleurs, on a une histoire, il faut essayer d’entrer dans la vie de la personne même pour quelques secondes, c’est très important, poursuit-t-il.

Le migrant : une personne dangereuse ?

« L’immigré n’est pas une personne dangereuse, mais une personne en danger ». Un message fort qu’il lance pour recentrer le débat sur la récupération politique dont fait l’objet l’immigration. Les requérants d’asile sont, d’après lui, des boucs émissaires qui continuent d’avoir mauvaise presse dans les pays d’accueil. Ceci, n’étant pas un fait du hasard, démontre nettement la volonté de certains politiques de vouloir vaille que vaille criminaliser l’impact socio-économique de ces mouvements humains. « L’immigration c’est le fonds de commerce pour certains politiques, on monte les uns contre les autres. On se trouve dans une situation où on croit que l’immigré, qui est là à côté, est la source des problèmes. » déclare-t-il.

Les lois sur l’accueil, mises en place, semblent être axées sur le dissuasif pour rendre moins attractive la destination suisse. Les longs séjours dans les abris de Protection Civile (abris PC) ou « bunkers », les longues durées de procédure pour certaines catégories de personnes ne font qu’accentuer la vulnérabilité de ces derniers.

Pour cela, les auxiliaires de santé ont toujours du pain sur la planche, car pour garantir l’intégration de cette catégorie d’étrangers, il faut assurer une bonne prise en charge de leurs problèmes émotionnels.

Le personnel médical au chevet des migrants

Bien que tout ne soit pas rose dans l’accueil, le grand tableau qu’offre ce phénomène de la migration comporte néanmoins des faits positifs appréciables. D’après FBradley, le programme d’assistance médicale pour les migrants, mise en place dans les cantons, joue encore un rôle fondamental dans leur accompagnement. En effet, beaucoup d’entre eux ont réussi à surmonter des épreuves difficiles grâce au soutien psychologique des membres du Centre de Soins Infirmiers (CSI) de Béthusy, du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) ou des autres structures de santé du canton. L’accueil, l’écoute et le suivi de personnes ayant perdu l’équilibre moral, contribuent à établir le climat de confiance nécessaire pour comprendre les mobiles de certains comportements. En pareilles occasions, les infirmières s’investissent beaucoup avec les manières adéquates. L’ouverture d’esprit, la souplesse et l’appréhension positive à l’endroit des sujets qui se présentent à elles, sont hautement appréciées d’après l’auteur de « Air Mawari ».

Madame Pascale, l’une parmi elles, demande en substance : « Est-ce que par rapport aux bunkers, puisque maintenant il y en a de plus en plus, est-ce que vous avez conscience, quelque part, des limites dans lesquelles les infirmières travaillent ? ». Pour conforter la légitimité de cette question, FBradley souligne les risques que prennent certains auxiliaires de santé dans l’exercice de leur mission. Souvent des actes extra-professionnels sont posés dans le souci d’épauler l’autre qui est manifestement dans le désarroi. « Faire bien son boulot, c’est déjà remarquable, le reste peut-être ne dépend pas de vous, il y a beaucoup de gens qui ne savent pas aller jusqu’au bout et qui s’arrêtent au moindre obstacle. » répond-t-il. D’ailleurs, dans son exposé et au nom de tous les requérants d’asile, il rend hommage à ces braves dames en ces termes : « Vous faites un boulot incontournable, vous ne pouvez pas imaginer combien de vies vous sauvez ». Ce témoignage de reconnaissance, bien accueilli par ses hôtes, n’a pas manqué de susciter la réaction du Docteur Jacques Goin qui ajoute : « Merci de venir nous dire ça parce qu’on a souvent pas de retours de la part de ces patients, parce qu’on les voit durant une petite période de leur vie. Ensuite, soit ils disparaissent dans la clandestinité, soit ils obtiennent le permis B. On bénéficie de peu de retours quant à ce qui s’est passé, est-ce que ça s’est bien passé par eux ? Finalement, vous nous rendez une partie de la monnaie…».

Après une série de témoignages et de remerciements formulés de parts et d’autres, une séance de dédicace du livre « Air Mawari » marque la fin de la rencontre. L’enthousiasme et la cordialité s’affichent dans les visages d’un personnel de santé motivé et encore prêt à agir  pour sa mission sacerdotale : veiller à la bonne santé physique et mentale des migrants.

Issa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Nous cherchons à développer les liens sociaux avec les seniors pour améliorer la qualité de vie de tous ! »

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« Quartiers Solidaires » un projet novateur résolument intergénérationnel et interculturel

 Comment renforcer les liens entre les habitants et mieux intégrer les personnes âgées ainsi que les migrants dans la vie des quartiers ? Pour répondre à ces questions, Voix d’Exils s’est adressé à M. Alain Plattet, responsable de l’unité Travail social communautaire à Pro Senectute Vaud (PSVD), institution qui a initié le projet des « Quartiers Solidaires »

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous définir en quelques mots ce qu’est le projet « Quartiers Solidaires » ?

Alain Plattet : Nous cherchons à travers les « Quartiers Solidaires » à créer, renouer, développer et entretenir les liens sociaux pour améliorer la qualité de vie et l’intégration des aînés dans leurs milieux de vie ainsi qu’à leur redonner du pouvoir d’action. Pro Senectute Vaud affirme que, s’il existe une vie communautaire suffisamment riche dans le lieu de vie des seniors, celle-ci aura nombres d’effets positifs sur la qualité de vie de tous les habitants, comme le développement d’activités interculturelles et intergénérationnelles.

Dans les « Quartiers solidaires », les seniors deviennent donc les nouveaux piliers de la vie sociale de proximité. Une ancienne poste, une salle paroissiale, un kiosque désaffecté, sont autant d’espaces parfois délaissés qui peuvent retrouver une utilité et un sens par l’intermédiaire de groupes d’aînés qui investissent ces lieux. Ces points de rencontres animent les centres urbains ainsi que les places de villages et permettent à tous les publics de se rencontrer.

L’originalité du projet des « Quartiers solidaires » provient de l’envie d’encourager les habitants – en particulier les seniors – à influer sur leur propre environnement en organisant, par eux-mêmes, des projets selon leurs besoins, ressources et envies.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Qui a initié ce projet et pourquoi ?

Pro Senectute Vaud et la Fondation Leenaards, deux acteurs importants du bien-vieillir dans le canton de Vaud, exploraient, chacun selon sa mission, des pistes pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées et imaginer des solutions d’avenir. Depuis 2003, ces deux institutions sont partenaires dans le développement de la méthodologie « Quartiers Solidaires ».

Le projet a-t-il beaucoup évolué ?

Oui beaucoup ! Initié dans le quartier de Bellevaux, à Lausanne, il a donné à ce jour naissance à 19 « Quartiers Solidaires » situés dans 15 communes du canton. Concrètement, ces projets représentent plus de 200 activités autogérées qui comprennent de nombreuses activités interculturelles et intergénérationnelles, 375 personnes impliquées dans les comités communautaires, 2’850 participants aux activités proposées et plus de 30’000 personnes informées des activités de proximité.

Depuis 2008, la mise en place de tels projets bénéficie d’un soutien financier du Service des assurances sociales et de l’hébergement du Canton de Vaud qui est convaincu de l’intérêt et de l’efficacité de cette démarche pour développer, localement, des politiques gérontologiques adaptées. De plus, la méthodologie a été plusieurs fois reconnue et primée par des organes nationaux tel que l’Office fédéral du développement territorial – ARE, ou même par des concours internationaux comme le concours « Vivre ensemble aujourd’hui et demain » décerné par la société immobilière française qui nous a été remis, en 2011, des mains de Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé et de la Cohésion sociale.

Une démarche communautaire… c’est quoi ?

Comme son nom l’indique : c’est agir avec une communauté locale (un village, un quartier ou une commune) et viser à son développement. C’est une démarche qui inclut :

  • Un principe de décision collective à propos des thématiques locales avec tous les acteurs concernés (habitants, professionnels, associations, fondations et pouvoirs publics) ;
  • Une posture professionnelle qui permet de « faire avec » et non pas « pour » : les acteurs et auteurs des projets sont les personnes concernées et non les animateurs ;
  • Le défi de prendre le temps avec une vision à long terme, car le lien social ne se décrète pas.

Ce levier d’action communautaire est inhabituel, car les pratiques d’accompagnement socioculturelles sont généralement centrées sur la construction de projets pour créer des effets sur la communauté et non l’inverse.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Quelles sont les étapes de la mise en place d’un Quartier Solidaire ?

PSVD n’a pas inventé les pratiques communautaires. Celles-ci existent depuis longtemps et ont été appliquées dans beaucoup de milieux et cultures différents. L’originalité de Quartiers Solidaires est d’avoir prévu et réalisé l’application de ces méthodologies aux seniors du canton de Vaud, selon une planification spécifique éprouvée depuis plus de 12 ans.

La méthodologie Quartiers Solidaires  comprend six étapes qui s’étendent en général sur cinq ans.

Après une analyse préliminaire de deux mois, un animateur de proximité, son assistant et un stagiaire s’immergent pendant une année dans un quartier (dès la deuxième année de développement, l’assistant quitte le projet). Ils observent les lieux de socialisation et rencontrent les retraités. Un groupe d’habitants se constitue avec les citoyens intéressés par la démarche et les institutions ou associations locales. Lors de forums ouverts à tous, les résultats des entretiens sont présentés et mettent en évidence les préoccupations et ressources principales des aînés. Les participants sont alors invités à débattre sur ces sujets et à proposer des pistes d’améliorations et de développements. Durant l’étape de construction, d’une durée d’un an, des projets concrets sont réalisés avec l’aide de l’animateur sur la base de thèmes prioritaires choisis dans les forums. L’étape suivante, qui s’étend également sur un an, accentue le lien entre les divers groupes locaux. Au cours de l’étape dite d’autonomisation (un an), l’animateur de proximité guide peu à peu le groupe d’habitants vers son indépendance et cesse toute intervention, une fois la pérennité du processus assurée. Il reste néanmoins à la disposition des habitants (constitués sous formes d’associations, amicales ou collectifs) et de la commune pour tout accompagnement ponctuel complémentaire. Depuis 2010, les communes vaudoises ont également la possibilité de n’effectuer que l’étape initiale de Quartiers Solidaires. Suite aux résultats recueillis lors du forum final et ceux consignés dans le rapport annuel ; et au regard du degré d’implication des habitants engagés dans la démarche, la commune peut juger librement de la manière de continuer le projet. Notons ici que de nombreux critères précis permettent d’évaluer la dynamique générée dans les « Quartiers Solidaires ».

Quel est le degré d’implication des pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics occupent une place très importante dans le projet qui prévoit, justement, leur participation au sein des groupes dit « ressources ». « Les groupes ressources » sont des groupes de travail qui incluent des représentants des partenaires locaux impliqués comme des EMS, des associations, des écoles ou des paroisses, afin de faciliter le développement des projets des habitants. En s’impliquant dans le projet, les partenaires locaux constatent par eux-mêmes que leur participation valorise la démarche et impact positivement le processus (1).

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Quel est le public visé par cette démarche?

Les seniors et tous les habitants de la communauté. C’est pourquoi Pro Senectute Vaud engage de multiples partenariats au sein des projets « Quartiers Solidaires », ce qui permet de réunir un large éventail de compétences professionnelles, bénévoles, ou spécifiques. L’intervention de tous ces acteurs dans le processus favorise, in fine, la création de ponts entre les générations et les cultures. Si les professionnels de PSVD sont responsables d’impliquer les seniors dans la démarche, d’autres professionnels ou acteurs (parfois les habitants) s’occupent d’impliquer les autres publics cibles. D’ailleurs, il faut noter que les seniors eux-mêmes engagés dans la démarche développent toujours à un moment donné des activités pour les différents publics de la communauté. En ce sens, les « Quartiers Solidaires » favorisent considérablement la participation et le développement de pratiques communautaires partenariales ainsi que le développement de la force de travail des seniors.

Qu’est-ce que cette démarche apporte aux habitants qui participent au projet ?

Du lien social sous plusieurs formes ; que ce soit au niveau amical ou, plus généralement, au niveau de la participation à la vie locale et communautaire. Le tissage des liens et les échanges favorisent l’intégration des seniors dans une communauté et dans leur quartier. Cela leur apporte des compétences, un rythme d’activités, du pouvoir d’action, de la confiance, de la valorisation et, surtout, de la santé… Autant d’éléments qui préviennent les intéressés de l’isolement, de certaines fragilités et facilitent, finalement, leur maintien à domicile.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Est-ce que ce projet concerne aussi les migrants résidants dans les quartiers concernés par votre démarche?

Oui, complètement. Typiquement, dans les communes d’Yverdon-les-Bains et de Prilly, on travaille depuis plus de 10 ans en partenariat avec l’Evam pour assurer à leurs bénéficiaires – les personnes en procédure d’asile – une bonne intégration dans le processus. Ces collaborations se montrent efficaces. Par exemple, l’intégration des habitants de la Faïencerie dans le quartier Pierre-de-Savoie se passe de manière douce et agréable. Ainsi, en 2010, l’opération « Bonjour sourire » ou, en 2011, les échanges spécifiques entre migrants et aînés, lors de la rénovation du bâtiment de la Faïencerie, restent des exemples concrets et positifs pour tous.

A Prilly, les associations issues des projets « Quartiers Solidaires », soit : l’Espace Rencontre et L’Association Quartier Prilly-Nord entretiennent également des liens solides avec les migrants. La première, avec son projet de « pétanque » (édition 2014) a eu un large impact sur l’intégration et le partage. La seconde bénéficie d’un local (devenu son lieu principal d’activité) mis à sa disposition par l’Evam, au sein d’un immeuble réservé à l’accueil des migrants à l’avenue de Chantegrive.

Souvent, les personnes impliquées organisent aussi des activités à thèmes, comme des soirées diapositives sur des voyages ou encore par des participations à des événements comme « la journée sur le racisme » à Nyon, en plus des repas canadiens, qui invitent à la participation plurielle et où tout le monde peut montrer un peu son identité et assister à des moments de partages. Ces espaces servent également de lieux propices aux échanges culturels, au sein desquels on peut offrir des prestations ou créer et renforcer les liens par le biais d’activités qui favorisent, en règle générale, l’intégration des migrants.

Relevons aussi que, de manière générale, pour faciliter l’intégration des personnes non-francophones au sein des différents projets, nous traduisons aujourd’hui certains flyers en différentes langues ou utilisons leurs réseaux d’activités pour les informer.

J’espère ainsi que le projet « Quartiers Solidaires » pourra continuer à s’enrichir de ces échanges et continuer à améliorer la solidarité pour tous et entre tous.

(1) Voir article intitulé « Des pouvoirs publics s’engagent comme courroies de transmission », journal « Quartiers-Solidaires » n° 5, édition mars 2015.

Propos recueillis par :

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Voix d’Exils « on-air » sur Radio Django

Ibrahima de Voix d'Exils interviewé par Fabien de radio Django. Photo: Voix d'Exils.

Ibrahima de Voix d’Exils interviewé par Fabien de radio Django. Photo: Voix d’Exils.

Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec la webradio lausannoise Radio Django, un rédacteur de Voix d’Exils a mené sa première interview radiophonique en compagnie de deux personnes migrantes qui fréquentent l’Espace Mosaïque à Lausanne.

Mardi 12 mai 2015 17:59. Tout le staff de la radio est sur les starting-blocks et attend avec impatience le jingle qui lance l’émission hebdomadaire. A 18:00 tapante, le témoin lumineux « on-air » s’allume. Fabien, l’animateur, salue les auditeurs et auditrices, puis passe en revue les sujets du jour.

A 18:20, Ibrahima Diallo de Voix d’Exils prend la parole dans « La Rose des Vents » – la rubrique migration – et adresse ses questions à ses deux invités : M. Mamady et M. Hamid, respectivement originaires de la Guinée-Conakry et du Maroc. L’interview porte sur leurs motivations à s’investir dans les activités bénévoles proposées par l’Espace Mosaïque, une structure rattachée à l’association Appartenances à Lausanne.

Pour Ibrahima, ce premier contact avec le monde radiophonique a été « génial » car « l’animateur m’a mis en confiance. Il m’a donné l’envie et le courage de prendre la parole et de poser mes questions aux invités. »

La rédaction de Voix d’Exils tient à remercier chaleureusement les membres de l’Espace Mosaïque ainsi que l’équipe de Radio Django pour leur investissement qui a rendu possible cette première collaboration et se réjouit, d’ores et déjà, de poursuivre cette expérience radiophonique.

Vous pouvez écouter l’interview en cliquant ici

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Radio Django : une nouvelle webradio participative lausannoise

Radio Django a été initiée dans le cadre d’un projet de radio participative et a fait vivre en ondes certains projets qui ont marqué la campagne lausannoise «moi & les autres» en 2013 Radio Django, par ses contenus, en direct ou en différé, proposait alors un voyage au cœur de l’altérité de Lausanne, à l’époque en ondes sur 100.5 FM.

En 2015, Radio Django se relance sur le web pour une nouvelle émission hebdomadaire en direct et en public diffusée depuis le Centre socioculturel Pôle Sud. Tous les mardis soirs, elle vous propose de vibrer au rythme de la Ville à travers des interviews, des reportages et des débats.

Radio Django

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Infos :

Écoutez radio Django en direct ou les podcasts sur http://www.django.fm/

Ou assistez aux émissions en direct tous les mardis à 18:00 au Centre socioculturel lausannois Pôle Sud.

Pôle Sud

Centre socioculturel de l’Union Syndicale Vaudoise

Av Jean-Jacques Mercier 3

1003 Lausanne




« La diversité culturelle apporte une énorme richesse aux soins dispensés aux résidents »

Mme Lydia Pasche, résidente et Laetitia Toh, auxiliaire de santé

Mme Lydia Pasche, résidente et Laetitia Toh, auxiliaire de santé à la Résidence La Girarde. Photo: Voix d’Exils.

La Résidence La Girarde, sise à Épalinges à proximité de Lausanne, accueille des personnes d’âge avancé en longs séjours. Voix d’Exils s’est rendu sur place pour rencontrer une auxiliaire de santé d’origine africaine, une résidente vaudoise et la directrice des soins de l’établissement. Regards croisés.

Laetitia Toh, 28 ans, est auxiliaire de santé à La Résidence La Girarde depuis novembre 2013. Originaire de Côte d’Ivoire, elle a demandé l’asile en Suisse en 2012.

Voix d’Exils : Quelles sont vos tâches quotidiennes à La Résidence la Girarde ?

Laetitia Toh : Durant la matinée, jusqu’à 11:00, je m’occupe de six résidents : je leur prépare le petit déjeuner, je les aide à se laver et je range leurs vêtements. Je fais en sorte que chacune des personnes dont je m’occupe soit propre et jolie. Ensuite, il y a un colloque, soit une petite réunion entre les infirmiers et les aides pour faire le point sur ce qui s’est passé pendant la matinée. A 11:30, je commence à les installer à table pour le dîner. L’après midi, et ce jusqu’à la collation, je partage avec eux différentes activités comme, par exemple, les accompagner en promenade, discuter et je leur lis les journaux pour les mettre au courant des événements qui se produisent dans le monde.

Aviez-vous de l’expérience dans le domaine des soins avant de venir en Suisse ?

Non, mais j’ai fait la formation d’auxiliaire de santé proposée par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants. Cela a duré 6 mois, plus un mois de stage.

Comment avez-vous été accueillie lors de votre arrivée par les résidents et par le personnel de La Résidence La Girarde?

L’équipe m’a bien accueillie dès le premier jour d’observation. Je me suis aussi investie auprès des résidents, ce qui m’a permis de mieux les approcher.

Quelles ont été vos premières impressions?

Le premier jour, c’était un peu stressant. Je n’avais jamais travaillé auparavant… J’étais un peu perdue, je me demandais : « Qu’est-ce que je fais ici ? ». Mais ça a été en fait.

Vous est-il arrivé de ressentir une distance ou une réticence de la part de certains résidents au regard de vos origines?

Non. Ils n’ont pas cette mentalité de prendre de la distance à cause de mon origine étrangère. Au contraire, ils sont curieux de savoir qui je suis. Les résidents m’apprécient moi et ma couleur de peau. Ça fait plaisir ! Je n’ai jamais ressenti de distance entre les résidents et moi.

Qu’appréciez-vous le plus aujourd’hui à La Résidence La Girarde?

J’ai trouvé une famille ici. Je m’occupe de personnes très sociables qui s’occupent aussi de moi quand je vais mal.

Comment évoluent vos relations avec les résidents dont vous vous occupez ?

Les relations sont très amicales, parfois familiales. Comme avec Madame Pache, par exemple. Cette résidente m’apporte beaucoup d’amour. Je l’appelle « Maman » parce qu’elle demande à ce que je l’appelle ainsi. Ce sont des liens qui se sont tissés au fur et à mesure.

Que pensez-vous leur apporter ?

Au niveau des soins, je participe avec toute l’équipe soignante pour qu’ils se sentent bien. Sinon, j’apporte mon naturel. Dans ma culture, on prend soin des personnes âgées pour lesquelles on a beaucoup de respect et que l’on considère comme des petits dieux. Ma culture est axée sur la famille. C’est ce que je cultive aussi ici.

Madame Pache (lire son interview ci-dessous) est l’une des résidentes de La Girarde, pourriez-vous nous dire comment s’est déroulé votre première rencontre?

Je me suis présentée, elle s’est présentée. C’est plus tard que des liens se sont formés, gentiment. C’est une dame qui aime bien rigoler. Je me suis adaptée à son humeur du moment, et ce même lorsqu’elle ne va pas bien.

Qu’est-ce que cela vous apporte de partager votre quotidien avec des personnes âgées?

De la satisfaction.

Auriez-vous un message à adresser aux personnes migrantes à la recherche d’un emploi ?

Tout est possible pour celui qui le veut ! Si tu as l’occasion d’avoir une formation, il faut la prendre, il faut vouloir se battre pour réussir. Si tu te dis que tu ne vas pas y arriver, tu n’y arriveras pas ! Moi, je n’ai pas pensé aux obstacles, comme la langue française ou l’âge. Après tout ce que j’avais traversé, je n’allais pas m’arrêter là, je suis allée de l’avant. Quand tu arrives ici, tu dois te plier aux lois d’ici, les respecter. Quand tu les respectes et que tu appliques ce que tu dois appliquer, tout s’ouvre.

Mme Lydia Pache est résidente à La Girarde depuis 6 mois. Cette Vaudoise a fêté ses 93 ans.

Voix d’Exils : Côtoyiez-vous beaucoup de personnes d’origine étrangère avant d’arriver à la La Résidence La Girarde ?

Mme Lydia Pasche : J’ai l’habitude des étrangers ! Pour moi, il n’y a pas de différences et pas de problème. Quand j’étais patiente au Service de gériatrie et réadaptation gériatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), il y avait aussi beaucoup d’étrangers.

Cela fait presque 6 mois que Laetitia s’occupe de vous, racontez-nous comment s’est déroulé votre première rencontre…

Super dès le premier contact, elle est très sympathique ! J’ai essayé de l’approcher aussi parce que nous sommes de couleurs différentes. Il faut qu’on s’habitue et cela va tout seul.

Qu’appréciez-vous spécialement chez elle ?

J’apprécie sa simplicité, son sourire, sa gentillesse. Elle est toujours prête à rendre service. Elle n’a que des qualités.

Que vous apporte-t-elle ?

Tout d’abord la tranquillité, parce qu’on est bien ici, la maison est bien et Laetitia est toujours là, quand elle n’a pas congé. On s’entend bien. Elle a toujours le sourire quand elle vient, et moi pas toujours parce que ce n’est pas toujours facile de vivre comme je vis maintenant. Mais autrement ça va. Je crois que je suis facile, je m’adapte. Et puis, au fond, Madame s’adapte aussi avec moi.

Quelles sont les activités communes que vous partagez ?

Elle m’apporte du thé, un sourire, on regarde le sport à la télé.

Avez-vous un message à transmettre aux personnes qui vivent en Établissement socio-médicaux (EMS) et qui sont entourées de personnes d’origine étrangère ?

Les personnes de couleurs ne sont pas différentes de nous, elles ont un cœur, elles sont comme nous. Elles vivent comme nous et elles ont besoin de nous car ça ne va pas dans leur pays. Elles sont contentes de venir en Suisse. Et nous, en Suisse, nous pouvons aussi faire un geste pour bien les recevoir. Vous ne croyez pas que tout le monde peut faire un effort ?

Ellen Cart est directrice des soins de l’EMS La Résidence «La Girarde. Elle y travaille depuis 11 an.

Mme Ellen Cart est directrice des soins de l’EMS La Résidence «La Girarde». Photo: Voix d'Exils

Mme Ellen Cart est directrice des soins de l’EMS La Résidence «La Girarde». Photo: Voix d’Exils

Voix d’Exils: Vous avez, dans votre établissement, du personnel issu de la migration et de l’asile. Combien de requérants d’asile avez-vous engagé dans votre établissement ces dernières années?

Ellen Cart : Il y a 11 employés engagés à La Girarde qui sont requérants d’asile.

Êtes-vous satisfaite des auxiliaires de santé formés par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) ?

Je les engage pour la formation, donc je sais qu’ils sont bien. Sophie Rothrock, qui est l’une des deux coordinatrices du Programme de santé EVAM, les forme pour qu’ils acquièrent les connaissances nécessaires pour avoir le bagage demandé. Nous avons confiance et la collaboration avec l’EVAM est excellente.

Qu’apportent-ils à votre établissement ?

Je pense que nous avons besoin de toutes sortes de personnes. Nous avons besoin de mélanger les cultures et les croyances pour avancer. Si tout le monde est identique, on tombe dans la monotonie, on ne se remet pas en question. La diversité culturelle amène et apporte une richesse, qu’on ne trouve pas si tout le monde vient du même moule. Elle nous apporte une richesse énorme dans les soins dispensés aux résidents.

Sont-ils appréciés par les équipes, les résidents et les familles ?

Laetitia a une joie débordante ! Cette joie traverse tout son travail. Elle a cet engagement, cette reconnaissance ; c’est beau à voir et beau à partager avec les résidents.

Recommanderiez-vous ces auxiliaires de santé EVAM à d’autres employeurs

Non, je les garde pour moi (rires) ! Oui, je parle de l’EVAM autour de moi et j’en ai parlé dans les autres services de La Résidence La Girarde. Au début, il y avait beaucoup d’hésitations et, maintenant, je vois qu’il y a une deuxième personne qui a rejoint la cuisine par exemple.

Vous arrive-t-il qu’un résident refuse le contact ou la prise en charge par un auxiliaire d’origine étrangère? Si oui, cette réticence peut-elle être dépassée ?

Certains résidents ont des problèmes avec les auxiliaires hommes : ils refuseront donc un homme quel que soit son origine ou sa religion. Certains ont plus de peine avec les personnes de couleur. Mais là où il y a le plus de problèmes, c’est lorsque les auxiliaires ne parlent pas bien le français, car cela met autant le résident que le patient en porte-à-faux. Il y a une difficulté de communication. Si nos résidents n’arrivent pas à rentrer en contact et à tisser des liens, il y aura davantage de frustration. Ainsi, en raison du niveau de français d’une personne, j’ai dû lui demander de diminuer son pourcentage pour qu’elle puisse travailler son français. C’est essentiel, parce qu’un résident qui ne comprend pas les instructions du soignant et un soignant qui ne comprend pas un résident, et bien ça ne va pas.

Dans le cas d’un comportement raciste avéré de la part d’un résident envers un soignant, que feriez-vous ?

Il faut toujours protéger le soignant, parce qu’il est là pour faire son travail. Il ne vient pas pour se faire maltraiter. Nous parlons alors avec les résidents qui se permettent d’être malhonnêtes en raison de leur maladie ou de leur âge.

Trouvez-vous que le personnel d’origine étrangère s’intègre bien dans l’établissement ?

Tout à fait. C’est vrai que certains sont plus timides que d’autres, mais ce n’est pas forcément en lien avec l’origine.

Quelles sont selon vous les facilités que rencontre le personnel d’origine étrangère?

C’est individuel. Si j’engage des gens, c’est que j’ai vraiment l’impression qu’ils vont s’intégrer. Nous avons un système, le compagnonnage. Cela veut dire : manger son pain avec, être avec les résidents. Nous ne faisons pas pour les résidents, mais avec les résidents. C’est exactement la même chose avec le personnel : nous faisons avec les collaborateurs. Ce qui fait que, quand un nouveau collaborateur arrive, on lui attribue quelqu’un qui va l’aider à s’intégrer dans son service et dans les autres, qui va le suivre dans son travail quotidien pour apprendre le système informatique, la communication de la maison, et où se trouvent les choses. Il y a les ressources humaines qui aident avec tout ce qui est administratif. Nous suivons la personne sur les trois premiers mois, d’une manière très proche, pour faciliter au maximum son intégration.

… et les difficultés ?

Le français, mais c’est rare ; autrement, c’est la fatigue. Quand on commence un nouveau métier, on prend un autre rythme de vie. Ici, il y a des horaires très irréguliers. J’essaie d’engager des gens qui n’habitent pas trop loin. Si les gens habitent trop loin, ils ne peuvent pas s’impliquer dans les activités.

Votre établissement pourrait-il se passer de ce personnel issu de la migration ?

Quand je mets une annonce, sur 20 dossiers reçus, 19 sont envoyés par des personnes d’origine étrangère. La majorité des auxiliaires de santé ne sont pas suisses.

Que diriez-vous aux employeurs qui hésitent encore à engager des requérants d’asile et des migrants en général ?

Il faut donner à chacun sa chance ! C’est vrai qu’il faut être prêt à proposer un accompagnement, parce que si ces gens sont des requérants d’asile, c’est qu’ils ont vécu des choses personnelles dans leur pays qui ne sont pas très gaies. Il faut être prêt à les accompagner, à pouvoir les soutenir. Il faut s’investir.

Amra

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils