1

S’intégrer en pratiquant le kick-boxing

Auteur: Omar Odermatt / Voix d’Exils

Vaud – L’association Alma propose des cours de kick-boxing aux jeunes migrants

L’association lausannoise Alma propose des activités culturelles et sportives aux jeunes migrants pour favoriser leur intégration et valoriser les échanges intercommunautaires. Elle a récemment mis en place des cours de kick-boxing. Pour en parler, Voix d’Exils a reçu à Radio Django le 17 avril dernier Claudia Gallo et Marie-Claude Golaz.

Une émission à écouter ici.

Auteur: Eddietaz

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un entraînement de kick-boxing d’Alma en images

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils




“Scheherazade”

Chronicler of genocide

In memory of the 103 rd anniversary of the Armenian Genocide

I have read Franz Werfel’s epic work (900 pages) The Forty Days of Musa Dagh (1933), almost twenty years ago. A thrilling novel based on the appalling testimonies of Armenian refugees, whom the famous Austrian-Bohemian writer had encountered in Damascus, Syria in 1929, while touring the Middle East with his wife [i].

I was so much impressed by the events and the characters that for months they had become a part of me. I don’t know why, may be because I myself am a descendant of a genocide-survivor and my troubled soul has been haunted by countless stories of mass-killings and deportations.

To tell you the truth, I have sometimes asked myself the hypothetical question: Had Franz Werfel continued his journey in Syria traversing the concentration camps of Deir elZor to north-east Syria: Ras alAin, and my hometown Qamishli, he might have encountered, among countless other Armenian Genocide -survivors, my grandfather Bedros and heard his incredible story of death and resurrection! And why not? He might have produced his second masterpiece entitled Scheherazade, after the famous story-teller of the Arabian Nights!

It all started in a tiny village in south-east Turkey in the Batman province, Besiri district. A region predominantly inhabited by Kurds, some Armenians and other Christian minorities, during and in the aftermath of the Armenian Genocide perpetrated by the Ottoman-Turkey in 1915.

Following the horrible massacre of his extended family, the orphan Bedros, was not put to death for the sole reason of having been endowed with a wonderful voice and an amazing capacity of memorising and orally improvising Kurdish traditional songs of folk origin. Hence, the illiterate Armenian kid, who spoke only Kurdish, aged probably 14-15, would grow up to become the principal traditional-singer of an influential Kurdish feudal Chief in the region.

Each evening, the weary villagers and guests from the neighbouring areas flocked in the grand hall, presided by the Chief, eager to hear the “entertainment” of Bedros. He would recite from his endless “repertoire”, folk-songs and historic narratives he had heard since he was a little child: of ferocious battles, valiant heroes and great cities. He would also sing praises of the Chief, extolling his virtues as well as his ancestor’s merits! But not a word about the burning pain that was tormenting his body and soul: the gruesome images of the mass-killing of his family and the extermination of his entire race.

Like the intelligent heroine of the Arabian Nights who kept king Shahryar tantalized by her tales so that he would spare her life one more day, Grandfather never ever forgot his next day’s narrative, lest that would cost him his life.

But, while Schehrezade’s story finishes happily at the end of the One Thousand Nights, his ordeal takes yet another tragic turn.

One dreary late-night, having finished his “performance”, worn out and desperate, he drags his feet home at the extremity of the village to find a scene that would freeze his blood and leave him dumbfounded to the last day of his life! The house was totally plundered, his wife kidnapped and his little son and nephew both aged 3-4 years tightly tied to the window bars, throats slung from ear to ear…

Grandfather passed away few years following his miraculous escape to Syria after rescuing his wife. I did not see him, but remember well his pale face gazing out on emptiness from a photo hanging on the wall of our room. His wide-open eyes seemed desperately looking for someone to recount the untold narrative of his loved ones and many more other sad and heart-rending stories…

H. Dono

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

[i] – BBC radio documentary on Franz Werfel’s novel Forty Days of Musa Dagh http://www.bbc.co.uk/programmes/b09pkmpc

 

 

 




« Schéhérazade »

pixabay.com CC0 Creative Commons

Chroniqueur du génocide

En mémoire du 103ème anniversaire du génocide arménien

J’ai lu l’œuvre épique de Franz Werfel (900 pages) Les_Quarante_Jours_du_Musa_Dagh (1933), il y a près de vingt ans. Un roman passionnant basé sur les témoignages épouvantables des réfugiés arméniens, que le célèbre écrivain autrichien-bohémien avait rencontrés à Damas-Syrie, en 1929, lors d’une tournée au Moyen-Orient avec sa femme[i].

J’ai été tellement impressionné par les événements et les personnages que pendant des mois ils sont devenus une partie de moi. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que je suis moi-même un descendant d’un survivant du génocide et mon âme troublée a été hantée par d’innombrables histoires de massacres et de déportations.

Pour vous dire la vérité, je me suis parfois posé la question hypothétique: Si Franz Werfel avait poursuivi son voyage en Syrie en traversant les camps de concentration de Deir elzor au nord-est de la Syrie: Ras alain, et ma ville natale Qamichli, il aurait pu rencontrer, parmi innombrable d’autres survivants du génocide arménien, mon grand-père Bedros et bien entendu son incroyable histoire de mort et de résurrection! Et pourquoi pas? Il aurait pu produire son deuxième chef d’œuvre intitulé Schéhérazade, d’après la célèbre conteuse des Mille et Une Nuits!

Tout a commencé dans un petit village du sud-est de la Turquie dans la province de Batman, district de Besiri, région principalement peuplée de Kurdes, d’Arméniens et d’autres minorités chrétiennes, pendant et à la suite le génocide arménien perpétré par la Turquie ottomane en 1915.

Après le massacre de sa famille élargie, l’orphelin Bedros, ne fut pas mis à mort pour la seule raison d’avoir été doté d’une voix merveilleuse et d’une étonnante capacité à mémoriser et chanter des chants traditionnels kurdes d’origine folklorique!

Ainsi, l’enfant arménien analphabète, qui ne parlait que kurde, âgé probablement de 14 à 15 ans, grandira pour devenir le principal chanteur traditionnel d’un chef féodal kurde influent de la région.

Chaque soir, les villageois fatigués et les invités des régions voisines affluaient dans la grande salle, présidée par le Chef, désireux d’entendre le « divertissement » de Bedros. Il récitait de son « répertoire » sans fin, des chansons folkloriques et des récits historiques qu’il avait entendus depuis son enfance: des histoires de batailles féroces, de vaillants héros et de grandes villes. Il chantait aussi les louanges du Chef, louant ses vertus ainsi que les mérites de ses ancêtres. Mais, pas un mot de la douleur brûlante qui tourmentait son corps et son âme: les horribles images du massacre de sa famille et de l’extermination de toute son ethnie !

Comme l’héroïne intelligente des Mille et Une Nuits qui gardait le roi Shahryar excité par ses contes pour qu’il puisse épargner sa vie un jour de plus, Grand-père n’oublia jamais le récit du jour suivant, de peur que cela ne lui coûte sa vie.

Mais, tandis que l’histoire de Schéhérazade se termine heureusement à la fin des Mille et Une Nuits, son épreuve prend encore un autre tour tragique.

Une fin de soirée morne, ayant terminé sa « performance », épuisé et désespéré, il traîne ses pieds à la maison à l’extrémité du village, et découvre une scène qui lui glace le sang et qui laissera abasourdi jusqu’au dernier jour de sa vie! Sa maison était totalement pillée, sa femme kidnappée, son petit-fils et son neveu, âgés de 3-4 ans, étroitement attachés aux barreaux de la fenêtre, égorgés d’une oreille à l’autre…

Je n’ai pas vu mon grand-père qui est décédé quelques années après son évasion miraculeuse en Syrie et après avoir sauvé sa femme. Mais, je me souviens bien de son visage pâle qui regarde le vide sur une photo accrochée au mur de notre chambre. Ses yeux grands ouverts semblaient désespérément à la recherche de quelqu’un pour raconter les histoires jamais racontées de ses êtres chers, ainsi que de nombreuses autres histoires douloureuses et tristes…

H. Dono

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

1-  BBC radio Documentaire sur le roman de Franz Werfel Quarante jours de Musa Dagh http://www.bbc.co.uk/programmes/b09pkmpc

2- Base documentaire sur le génocide arménien http://www.imprescriptible.fr/

 




Quel accès aux formations supérieures pour les requérants d’asile ?

Photo Eddietaz / Voix d’Exils.

Le projet Perspective-études de l’UNES

L’Union des étudiant-e-s de Suisse (l’UNES) a lancé le projet « Perspective-études » pour faciliter l’accès aux études supérieures des requérants d’asile en Suisse. Rencontre avec Giulia Stanchieri , membre du projet, sur Radio Django lors de l’émission du 27 mars dernier.

Pour écouter l’émission, cliquer ici

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




A mes héros

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

De la part d’un petit Suisse à qui les requérants donnent de belles leçons…

Mes chères Voix d’Exils,

N’y voyez par cette appellation aucune intention de ma part de vous réduire à un programme de l’EVAM. Au contraire, il s’agit de vous élever au rang de la représentation que je me fais de vous. Vous êtes les voix dont le monde a besoin : vous rédigez, filmez, parlez : vous créez des œuvres au nom de toutes les personnes sur les chemins de l’exil. Jour après jour, je vous côtoie et vous découvre. Sous un nouvel angle grâce à vous, je goûte à l’humour, parfois l’allégresse, tantôt la joie et parfois la tristesse. Mais avant tout, ce sont des personnes que je découvre, des héros malheureusement inconnus.

C’est la raison pour laquelle j’estime qu’il est temps à mon tour de m’ouvrir à vous, après maintenant plusieurs mois passés à vos côtés. Cette lettre est pour vous, faites-en l’usage que vous souhaitez. Ce sont mes remerciements, une humble contribution au travail que l’on abat ensemble.

Ma venue à l’EVAM se traduit par des ruptures. Une rupture avec un monde de représentations préfabriquées, une rupture avec une certaine perception des requérants d’asile, une rupture avec une interprétation prématurée de ce que vous vivez. Mes chères Voix, vous avez brisé les plus ridicules stéréotypes derrière lesquels la Suisse se cache ; par votre force et votre détermination, vous détruisez l’image de l’être profiteur et la remplacez par celle du travailleur. Vous m’avez convaincu de l’immense apport dont bénéficie cette société par votre présence ; vos contributions sur le site internet reçoivent moins du dixième de l’attention qu’elles méritent, et vous produisez, par pudeur ou humilité, moins de la moitié de ce que vous êtes capables d’exprimer. Finalement, vous m’avez ouvert les yeux et permis de relativiser. Votre situation parfois précaire, les difficultés que vous devez surmonter et les ressources que vous déployez rendent mes problèmes insignifiants, mes efforts dérisoires.

Ma venue à l’EVAM se traduit par des rencontres. J’ai rencontré des hommes et des femmes. J’ai rencontré des jeunes fougueux, de vieux sages, des personnes dans la force de l’âge. J’ai rencontré des personnes qui sont venues seules, d’autres entourées de proches. J’ai rencontré des journalistes, des enseignants, des scientifiques, des cadres, des artistes et j’en passe. J’ai rencontré des papiers qui vous sont remis et appelés permis ; ils prennent parfois une couleur blanche et plus rien n’est acquis. J’ai rencontré des amis, des connaissances et des inconnus. Mais derrière toutes ces étiquettes, j’ai avant tout rencontré des personnes, des êtres humains, et parmi les plus beaux et les plus forts qu’il m’a été donné de croiser. Les étiquettes doivent être arrachées et les masques tomber : vous êtes mes héros au quotidien.

Ma venue à l’EVAM se traduit par des émotions. Il existe sept émotions universelles et je pense être passé par toutes avec vous. La surprise m’a gagné lorsque vous m’avez fait part de bribes concernant votre passé. Jamais je ne m’attendais à rencontrer des gens aussi brillants que vous, jamais je n’imaginais les épreuves que vous avez traversées. J’ai connu le dégoût pour le traitement qu’il vous arrive de subir, et le mépris envers ceux qui vous l’infligent. Celui-ci s’est parfois transformé en colère lorsque j’étais dans un mauvais jour ou ressentais de profondes injustices. Puis d’autres fois, la tristesse prenait le dessus, je me sentais abattu et aussi utile que la plante verte sur la fenêtre : je donnais peut-être un petit sourire ou un peu d’oxygène, mais je restais décoratif. Cinq des émotions sont définitivement considérées comme négatives. La surprise peut aller dans les deux sens, selon l’interprétation qu’on en fait. La dernière est la seule définitivement positive et c’est celle que je partage le plus souvent avec vous mes chères Voix : la joie. Malgré vos difficultés, votre statut, vos circonstances de vie, vous trouvez toujours en vous la force de rire, l’envie de communiquer vos espoirs, et le désir de partager votre joie. Je le répète, vous êtes mes héros.

Ce texte se terminera par cet appel : mes chères Voix, mes héros, montrez-vous. Produisez, publiez et faites-vous entendre. Partagez vos expériences, aiguisez votre esprit critique, détruisez les représentations erronées des Suisses et faites taire les préjugés.

Merci pour tout.

K.