1

Monter une entreprise pour gagner son autonomie

 

Hélène Bayeux, directrice exécutive de la IFPD (à droite) avec une participante du projet Alter-Start. Photo : MHER/Voix d’Exils

Alter-Start : un incubateur pour entrepreneurs migrants dans le Canton de Vaud

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement, mène un projet – Alter-Start – qui accompagne les migrants motivés par l’entrepreneuriat. Alter-Start organise à Lausanne des modules de formation pour les participants et les soutient dans toutes les étapes de la création de microentreprises.

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement (IFPD), créée en 1999 et basée à Genève, soutient les communautés vulnérables dans les pays en développement et en Suisse. Ses projets ont pour objectif de créer des sources de revenus pour les bénéficiaires de la Fondation qui ne sont pas autonomes financièrement. L’IFPD est une organisation à but non lucratif et dépend de dons pour le financement de ses projets.

Depuis octobre 2017, la fondation mène le projet Alter-Start qui s’attaque au faible niveau d’activité économique des migrants dans le Canton de Vaud, en les aidant à créer leur propre emploi pour gagner leur autonomie financière. En tant qu’incubateur pour les entrepreneurs migrants, le projet les accompagne pendant deux ans au maximum dans toutes les étapes de la création de leur microentreprise. Plus précisément, Alter-Start organise des modules de formation où les participants acquièrent toutes les compétences nécessaires : de la formulation des objectifs à leur réalisation. Le projet soutient également les participants au niveau pratique et de manière personnalisée. Hélène Bayeux, la directrice exécutive de l’IFPD, m’a expliqué les détails des activités d’Alter-Start.

Les deux phases d’accompagnement

Durant la première phase, les participants bénéficient d’un suivi très rapproché, d’une durée de huit mois maximum. Ils reçoivent un accompagnement personnalisé pendant deux heures tous les vendredis. Pendant ces rencontres, les différentes étapes de la création de microentreprise sont abordées avec des outils très conséquents : l’idée est réfléchie s’il n’y en a pas encore, les produits ou les services proposés sont affinés, et le business plan est fait. Spécifiquement, la cible des clients est envisagée, l’étude de marché et de l’état de la concurrence est menée, les stratégies de communication et de marketing sont développées et la gestion budgétaire est planifiée. Les produits ou les services sont positionnés au mieux sur le marché, considérant leur valeur ajoutée, comme la dimension sociale de l’idée (amélioration de la situation du migrant) et, si possible, sa sensibilité aux questions écologiques.

Alter-Start propose aussi aux participants des cours intensifs de français et des formations métiers, y compris : professionnelles et reconnues ou offertes par le secteur associatif dans lequel le projet a des partenariats. Au-delà des formations et en collaboration avec ses partenaires, Alter-Start propose aussi une réintégration professionnelle au cas où la démarche d’entrepreneuriat est interrompue.

Dans la deuxième phase d’accompagnement, le projet pilote est lancé pour une durée de six mois. Les produits ou les services sont testés sur le marché. L’entrepreneur comprend la réalité et les difficultés de son marché. En parallèle, les besoins de financement sont identifiés. Alter-Start essaye de mettre le participant face aux trois sources possibles de financement : (1) le donateur (argent offert à l’entreprise en donation), (2) l’investisseur (argent investi dans l’entreprise dans un but de profit) ou (3) le prêt d’honneur. Le dernier est un crédit sans garanties, et l’argent accordé n’est pas réclamé en cas d’échec. En outre, Alter-Start est en contact avec deux institutions financières susceptibles de proposer des microcrédits. Au terme de la phase pilote, l’accompagnement est beaucoup moins rapproché et continue en fonction des besoins.

Les participants

Les participants d’Alter-Start sont les migrants titulaires du permis F et B qui ont le niveau de français B2 (minimum) et une compétence clé au centre de leur idée. Depuis le début du projet, il y a eu 15 participants dont : 10 sont régulièrement présents et trois sont dans la phase pilote. Parmi les projets qui ont abouti, deux syriennes ont créé ensemble une entreprise œnologique et traiteur (dégustation de vin et cuisine syrienne). J’ai rencontré Jessy, l’une de ces Syriennes, ainsi que d’autres participants qui m’ont raconté leur histoire.

Alter-Start. Bérangère et Jessy (à droite). Photo : MHER/Voix d’Exils.

Jessy participe au projet depuis 9 mois. Elle a eu l’idée de créer un service traiteur de cuisine syrienne. A Alter-Start elle a appris les règles appliquées dans son domaine, a étudié l’expérience d’autres entreprises, et a reçu l’accompagnement de son instructrice, Bérangère, pour la préparation d’une étude de marché et de concurrence, du design, du business plan, des brochures publicitaires, l’analyse des coûts et des prix ainsi que la recherche de financements.

Alter-Start. Jamal (à gauche) Rocio (au centre) et Laura (à droite) . Photo : MHER/Voix d’Exils

Jamal vient de l’Erythrée et participe au projet depuis 10 mois. Il a suivi des cours de couture, puis a développé son idée d’entreprise autour de son métier. A Alter-Start il a reçu l’accompagnement de ses instructrices : Laura et Rocio, pour la recherche des locaux et la préparation d’un business plan, des brochures publicitaires et la recherche de financements.

Alter-Start. Bouchaib (à gauche) et Magali. Photo: MHER/Voix d’Exils

Bouchaib vient du Maroc et participe au projet depuis une année. Il a l’idée de créer un service traiteur de cuisine méditerranéenne avec livraison à domicile écologique (sans plastique) pour les personnes âgées à Sainte-Croix dans le canton de Vaud. A Alter-Start il a amélioré ses compétences en communication, a déjà créé un petit réseau et a reçu l’accompagnement de son instructrice, Magali, pour la préparation d’un business plan, des brochures publicitaires et la recherche de financement. Il sera prêt à démarrer son entreprise après avoir trouvé un financement.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Vous pouvez prendre contact avec l’IFPD ici




L’intégration des jeunes migrants en difficultés

Radio Django 15.01.2019. Mamadi Diallo et Grégoire Tafelmacher. Photo: Eddietaz/Voix d’Exils

Vaud – La Fondation Le Relais initie une nouvelle structure: la JAD-R

Lorsqu’on parle d’intégration des personnes migrantes, on fait très souvent référence à une population adulte. Mais qu’en est-il des jeunes ? Une nouvelle structure vient d’être créée – la JAD-R – de la Fondation Le Relais qui a pour but d’accompagner les jeunes migrants en difficulté dans le parcours de leur intégration. Pour en parler, Mamadi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, reçoit Grégoire Tafelmacher, travailleur social à la JAD-R sur le plateau de Radio Django.

Ecoutez l’interview en cliquant ici

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Radio Django 15.01.2019. Photo: Eddietaz/Voix d’Exils

 

Radio Django 15.01.2019. Photo: Eddietaz/Voix d’Exils




Vaud, une légende et un pivot

Auteur: spiritime / pixabay.com / CC0 Creative Commons

Extrait inédit du Méli-mélo & la magie des mots –  Soft poésie lyrique

A la croisée des chemins,

Nous retrouvâmes, Vaud

Une esquisse aux mains,

Nous fonçâmes droit devant

Venant d’ailleurs, de ces pays chauds

Lèse de nos droits, jusqu’au seuil d’un caniveau

Qui d’entre, une liberté déguisée ou un cachot

Ainsi est l’état, aux mains de charlatans

Pour des pépètes, des larbins nous tirent des javelots

Quelle couleur, quelle audace et quel culot ?

Jonché de représailles, de tortures et de brûlures de chalumeaux

L’expression libre désavouée, mais pas pour sitôt

Le sentiment de dégoût, d’Alger, d’Afghanistan ou à Sarajevo

Bienvenue, bienvenue à Vaud

Je n’ai d’yeux que pour Vaud

Par instinct, j’atterris par défaut

Un destin obscur, scellé sans grands maux

Dans mon canton,

La béatitude tient bon

Mieux vaut se mettre sur ce banc

Et contempler ce fond,

L’éclat de la splendeur éblouit à tout moment

Après la grisaille, suivra un soleil de plomb

Projetant des rayons, du haut de la colline jusqu’au Léman

Un amour sans préjugé et un amant

Dans un décor brut que partagent les vignerons

A l’image d’une couronne, cintrée de diamants

Aussi fût, ma vision et mon serment

De Nyon à Chillon

De Gryon à Moudon

Des prairies s’alignent

Par des tracés et des lignes,

Inondées de pieds de vignes,

Plantées une par une,

Des mains des hommes et des femmes, qu’on reconnaît sur leurs mines

A jamais, des êtres fiers et dignes

Garants des traditions et préservants des coutumes

Que j’en suis fier, sans que je m’indigne

Bienvenue, bienvenue à Vaud

Vaud, le canton qui vaut

Vaud, le canton qui prévaut

Une légende et un pivot

 

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Il n’est jamais trop tard pour s’intégrer »

Amira Ali Omar. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

10 ans de l’Evam – le parcours de Amira Ali Omar

Agée de 54 ans, en Suisse depuis sept ans, Amira Ali Omar ne baisse pas les bras. Trouver son chemin dans ce pays qui l’a accueilli, chercher à aller de l’avant, se battre pour réussir, voilà ce qui compte pour Amira. Ce sont ces déterminations qui l’ont aidé à mieux s’intégrer. Voilà son histoire !

Ali Omar Amira est née en 1964 en Erythrée. A l’âge de 13 ans, elle a quitté son pays pour le Soudan où elle s’est mariée à 15 ans. Puis, elle a vécu avec son mari en Libye jusqu’en 2011. C’est à cette date et à cause de la guerre qu’elle arrive en Suisse avec ses deux enfants et qu’elle dépose une demande d’asile.

Quel était votre profession en Libye ?

En Libye, je travaillais dans une école italienne, d’abord comme femme de ménage et plus tard comme baby-sitter.

Comment avez-vous abordé l’apprentissage du français ?

A travers les cours de l’école Verso à Yverdon, pendant seulement neuf mois. C’était très difficile pour moi de lire et écrire en français. A cause de ces difficultés, je n’ai pas continué ces cours, mais, j’ai commencé à suivre le programme d’occupation proposé par l’Etablissement Vaudois d’accueil des Migrants (EVAM).

Vous avez participé aux programmes d’activités de l’EVAM et vous avez été encouragée à construire votre vie en Suisse. Pourriez-vous nous parler de cette étape ?

En 2014, j’ai suivi une formation de technicienne de surfaces. J’avais l’expérience de ce travail en Libye, mais en Suisse, j’ai appris à mieux utiliser tous les produits de nettoyage et l’usage de l’électroménager. En décembre 2014, j’ai obtenu mon certificat. Nous étions trois personnes sur vingt à obtenir ce certificat.

En 2017, j’ai également participé au programme Animation de l’EVAM à Yverdon-les-Bains, qui consiste à gérer et animer l’Espace de loisirs de la Faïencerie. Endroit où j’ai pu constituer un groupe de discussion et de partage entre dames. Je participais également chaque mercredi à la préparation et au partage d’un repas intergénérationnel et à l’animation de diverses activités pour les enfants au local communautaire du quartier Pierre-de-Savoie. Ces formations m’ont en effet permis de trouver du travail en Suisse.

Quels sont vos projets après l’EVAM ?

J’aimerais beaucoup m’occuper d’enfants comme maman de jour. Pour cela, je devrais améliorer mon français et suivre encore une nouvelle formation. Mais, je préfère continuer à travailler comme femme de ménage afin de subvenir à mes besoins et si possible, augmenter mon pourcentage jusqu’à un plein temps.

Comment se passe votre intégration en Suisse ?

Au début, c’était très difficile, j’avais tout perdu à cause de la guerre. En arrivant en Suisse, je ne comprenais rien, j’avais toujours peur et je souffrais d’insomnie.

Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, j’ai repris confiance en moi. Grâce à cela, je me suis fait des amis de différentes nationalités et je me sens intégrée. Actuellement, je travaille en tant que femme de ménage dans une administration de la ville d’Yverdon. J’ai obtenu un contrat fixe après avoir fait un remplacement. J’aime mon travail et mes employeurs m’apprécient. D’ailleurs à la fin de mon remplacement, j’ai reçu un cadeau de leur part. Pour les remercier, je leur ai fait une surprise en leur préparant un déjeuner.

Quelles sont les difficultés d’intégration dans votre quotidien ?

Avant tout, l’intégration commence chez soi ! Pour faciliter cette intégration, il est important de comprendre et respecter la culture et les coutumes du pays qui nous accueille. D’un autre côté, le fait de ne bénéficier que d’un permis provisoire m’empêche de me sentir vraiment intégrée. De plus, je ne peux pas revoir ma famille restée au pays car elle me manque terriblement. Mais grâce aux nouvelles technologies, je peux communiquer avec elle régulièrement et c’est très important pour moi.

Etes-vous solidaire des requérants d’asile ?

Les circonstances ont fait que nous avions tous quitté notre pays d’origine pour ce pays. Chacun de nous était confronté à des obstacles, mais, on est ici pour oublier le passé, trouver notre chemin afin de construire notre avenir. Je ne me sens pas différente des autres, je suis une personne ouverte, peu importe le statut de la personne dans ce pays, je l’accueille à bras ouvert. J’ai beaucoup d’amour  pour tous.

Propos recueillis par :

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Bio express de Amira Ali Omar

1964 : naissance en Erythrée, âge actuel : 54 ans

Langue maternelle : Sah

2011 : arrivée en Suisse

2014 : formation acquise : technicienne de surface

2017 : programme d’occupation EVAM (Animation)

2017 – 2018 : engagement régulier avec contrat fixe

 

 




Voix d’Exils vient au secours

Auteur: Pexels. Pixabay.com CC0 Creative Commons Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise

Un témoignage sur mon expérience à la rédaction vaudoise

Les circonstances m’ont fait devenir migrant, ce qui n’est pas une vie facile. Parmi de nombreuses choses importantes qui me manquaient a été le travail – la possibilité de créer, de produire quelque chose d’utile en utilisant le temps et d’autres ressources. Cela a été difficile psychologiquement car le travail est la vocation principale de tout être humain et sans travail il y a toujours le sentiment de vide intérieur. Cela a été difficile aussi financièrement car le migrant aux poches vides est très vulnérable à cause de toutes ses incertitudes.

Quoi qu’il en soit, après 15 ans de travail intensif dans le domaine du commerce et du développement, je n’avais rien fait depuis déjà deux ans lorsque l’opportunité de rejoindre la rédaction de Voix d’Exils s’est présentée. Avec une vaste expérience dans la recherche et la rédaction de rapports, je me suis senti très à l’aise en m’essayant au journalisme. Au cours de l’année écoulée, j’ai eu l’occasion d’écrire un certain nombre d’articles et, espérons-le, de contribuer un peu au débat sur les questions de migration et de société. Cela m’a beaucoup aidé à occuper mon esprit avec quelque chose de significatif et à me remettre un peu des difficultés du passé. Mais surtout, cela a été une excellente opportunité de pratiquer mon français, qui s’est amélioré jour après jour ! J’ai beaucoup apprécié mon temps passé avec Voix d’Exils !

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils