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Flash infos #185

Source: pixabay.com.

Sous la loupe : Garantir un accès effectif aux droits pour les personnes réfugiées en Suisse / Guerre au Soudan: « L’Union européenne a doublé le montant de l’aide humanitaire pour le Tchad » / Plus d’une personne sur six en Suisse est victime de racisme, en particulier au travail

Garantir un accès effectif aux droits pour les personnes réfugiées

UNHCR, Le 26 janvier 2024

Guerre au Soudan: « L’Union européenne a doublé le montant de l’aide humanitaire pour le Tchad »

Rfi, le 1 février 2024

Plus d’une personne sur six en Suisse est victime de racisme, en particulier au travail

RTS, le 1 février 2024

Ce podcast a été réalisé par : 

Liana Grybanova et Tsering, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, ainsi que Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction




« Pour moi, les sirènes annoncent un danger de mort »

Renato Oliveira, CC BY-NC-ND 2.0 DEED

Ce qu’évoque le test des sirènes pour les personnes réfugiées

Le test des sirènes d’alarme a lieu chaque année en Suisse le premier mercredi de février. Le son est diffusé à 13h30 durant 1 minute 41 secondes dans toute la Suisse et permet aux autorités de s’assurer du bon fonctionnement du système d’alarme. Cependant, des personnes ne s’y habituent pas à cause de certaines expériences vécues dans leur pays d’origine. Alix Kaneza, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, partage avec nous son expérience ainsi que celle de Liana Grybanova également membre de la rédaction.

Les personnes réfugiées sont parfois informées du déclenchement de l’alarme du premier mercredi février grâce à des annonces dans les foyers ou encore par sms. En effet, pour beaucoup de personnes en quête de protection en Suisse, le bruit des sirènes est un son agressif qui fait remonter certains souvenirs mortifères à la surface. Voici notre ressenti à l’écoute du son des sirènes. 

Ma première expérience du son des sirènes

Je m’appelle Alix Kaneza et je viens du Burundi. Ma première expérience du son des sirènes remonte à mon enfance, dans les années 90. Je viens d’un pays qui a connu des guerres civiles pendant plus de 12 ans. Dans la zone où j’habitais, à Kinanira, les rebelles avaient l’habitude de lancer des roquettes depuis les montagnes avoisinantes de Bujumbura Rural sur ma ville.

J’ai donc été exposée au son des sirènes depuis que je suis toute petite. Pour moi, la sirène est un signe de danger de mort, c’est un son qui vous avertit qu’il y a un danger près de vous et que dans une minute vous pouvez mourir. C’est un appel à se cacher, à chercher un refuge, et à se préparer à survivre. C’est la peur de la dernière seconde, le stress de ne pas savoir quoi faire. Chez moi, jeunes et vieux couraient à travers un petit couloir pour se cacher; et dans la minute qui suivait, des fusillades éclataient. Nous étions alors obligés d’écouter le son des sirènes en même temps que les sifflements des balles qui traversaient tous les quartiers de la ville. Nous étions condamnés à vivre ces moments durant des années.

Quand je suis arrivée en Suisse, mon expérience des sirènes a été différente. Je me souviens du jour où mon assistante sociale m’a appelé pour m’expliquer le but des tests annuels des sirènes. J’étais alors impatiente de voir l’effet qu’elles auront sur les habitantes et les habitants du pays, en me demandant s’ils réagiront de la même manière que dans mes souvenirs: c’est-à-dire en courant trouver refuge à l’écoute de ces sons.

J’étais alors ravie, cette fois-ci, de pouvoir écouter le bruit des sirènes sans devoir courir me cacher.

Les sirènes de Kiev

Lorsque j’ai demandé à ma collègue Liana Grybanova, originaire de Kiev en Ukraine, si elle connait le son des sirènes; la première chose qu’elle m’a dite est : « La sirène de la guerre ? Bien sûr, j’ai déjà entendu la sirène pendant les bombardements. Avant que je quitte mon pays, les sirènes retentissaient tous les jours ». Etant donné qu’elle est originaire de Kiev, les sirènes lui rappelle ici le début de la guerre en février 2022. « A l’époque, pour nous, les sirènes c’était le son des héros, comme les feux d’artifices du 1er août pour les Suisses. C’est à ce moment-là que nous entendions la sirène. Mais tout a changé lorsque la guerre a éclaté il y a deux ans. Depuis, pour moi, la sirène est un avertissement de guerre, c’est le stress qui accompagne le son de la sirène, c’est comme un feu vert au bombardement qui approche… C’est une catastrophe imminente ».

« Je me suis récemment rendue à Kiev, en septembre 2023, pour ramener ma mère en Suisse. Mon expérience avec les sirènes était cette fois-ci pire que lorsque j’ai fui la guerre il y a deux ans. La première nuit, j’ai entendu les sirènes, puis les aboiements de chiens, les alarmes de voitures; puis 30 secondes plus tard le bruit des explosions, c’était l’œuvre de drones russes qui attaquent régulièrement Kiev et les autres villes ukrainiennes ».

Après avoir entendu le témoignage de Liana, j’ai réalisé à quel point le son des sirènes évoque des choses différentes et parfois terrifiantes en fonction d’où l’on vient. Cependant, pour toutes les personnes qui ont vécu des moments effroyables suite au cri des sirènes, les essais du premier mercredi du mois de février ne sonneront jamais comme un simple test.

Alix KANEZA

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Flash infos #184

Sign of the area office of the United nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the near East (UNRWA) in Tyre/Sour, southern Lebanon / Roman Deckert

Sous la loupe : Le chef de l’ONU appelle à continuer à financer l’UNRWA dont dépendent 2 millions de palestiniens à Gaza / Pakistan : 1,7 million d’Afghan.es expulsé.es dans le silence international / Le SEM doit indemniser un canton même après un refus légitime de renvoyer un requérant d’asile

Nos sources : 

Le chef de l’ONU appelle à continuer à financer l’UNRWA dont dépendent 2 millions de palestiniens à Gaza

ONU Info , Le 28 Janvier 2024

Pakistan : 1,7 million d’Afghan.es expulsé.es dans le silence international

asile.ch, Le 17 janvier 2024

Le SEM doit indemniser un canton même après un refus légitime de renvoyer un requérant d’asile

RTS, Le 26 Janvier 2024

Ce podcast a été réalisé par :

Liana Grybanova et Alix Kaneza, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils ainsi que Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction




Flash Infos #183

Sous la loupe : Feu vert pour l’envoi au Rwanda des personnes migrantes arrivées de manière irrégulière au Royaume-Uni / L’Allemagne assouplit les conditions d’obtention de la nationalité / Une marée humaine contre l’extrême droite dans les rues allemandes ce week-end

Nous sources :

Expulsion des migrants au Rwanda: Rishi Sunak obtient une première victoire devant les députés

Le Temps, Le 17 janvier 2024

L’Allemagne assouplit les conditions d’obtention de la nationalité

TDG, Le 19 janvier 2024

Une marée humaine contre l’extrême droite dans les rues allemandes ce week-end

RTS, Le 20 janvier 2024

Ce podcast a été réalisé par : 

Kristine Kostava et Natalia Gorbachenko, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils ainsi que Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction




Frontex, le spectre des disparu.e.s

Le nouveau livre de la philosophe Marie-Claire Caloz-Tschopp

La philosophe Marie-Claire Caloz-Tschopp a présenté son nouveau livre : « Frontex, Le spectre des disparu.e.s. Nihilisme politique aux frontières » le 21 novembre à la Librairie Boulevard à Genève. 

Cet événement était l’occasion pour l’auteure de présenter au public son nouvel essai politico-philosophique qui explore ce qu’elle identifie comme l’avènement d’un nouveau « nihilisme politique » aux frontières : « Dans cet essai, je me propose d’apporter une réflexion politique/philosophique sur le spectre des disparu.e.s et du faire disparaître aux frontières de l’UE, sur le terrain de Frontex en sachant qu’ils existent ailleurs dans l’histoire et l’actualité de la planète. Cet organe de l’Union européenne est un lieux d’observation, d’analyse du démantèlement de la (dé)construction politique européenne » (Caloz-Tschopp : 2023, p.25).

Le nihilisme politique : un danger commun

Le nihilisme politique est donc un concept central de son nouvel ouvrage qu’elle définit comme : « le nihilisme c’est considérer que rien n’a de valeur, c’est le rien, c’est le néant et c’est la mort de masse. Regardez ce qui se passe en Ukraine, au Moyen-Orient, en Syrie, au Kurdistan, regardez les frontières. On a l’impression que ce sont des problème différents, mais en fait tous ces phénomènes sont une figure d’une civilisation où rien ne compte ». Ce nihilisme politique se déploie selon l’auteure dans différents espaces géographiques mais également à différentes époques : « Il y a des moments de crise où ce nihilisme apparaît particulièrement et aujourd’hui on est dans un moment politique où on banalise la destruction, la destruction de la nature, des humains aux frontières ».

L’hospitalité politique pour contrecarrer le nihilisme politique

Cependant, Marie-Claire Caloz-Tschopp reste optimiste quant à la capacité de l’humanité à ne pas sombrer dans ce nihilisme destructeur car « quand il y a le nihilisme, il y a l’anti-nihilisme. Il y a la possibilité du chaos destructeur ou que quelque chose s’invente ». C’est ainsi que face au nihilisme politique qui mène « à une banalisation de la violence extrême (notion empruntée au philosophe Etienne Balibar), l’auteure pose en contrepied la notion « d’hospitalité politique » qu’elle définit en ces termes : « l’hospitalité n’est pas seulement une question d’accueil des personnes étrangères, c’est une question qui devrait être à la base de toutes les constitutions politiques […]. C’est peut-être la seule manière de mettre en cause la violence extrême et la destruction totale de la planète ». Elle propose une définition holistique de l’hospitalité politique en replaçant cette notion au niveau de l’ensemble de la vie en société : les rapports entre les humains et le rapport humains-nature. Selon Marie-Claire Caloz-Tschopp, l’hospitalité politique est une philosophie qui se fonde sur le droit fondamental que tout être humain a « le droit d’avoir des droits » (notion développée par la philosophe Hanna Arendt) et d’avoir une place sur Terre reconnue par les autres.

Podcast de la présentation du livre

Présentation du livre « Frontex, le spectre des disparu.e.s » à la Librairie du Boulevard le 21.11.2023. De gauche à droite: Marie-Claire Caloz-Tschopp (philosophe, auteure), José Lillo (metteur en scène, auteur), Manuela Salvi (modératrice, journaliste à la RTS), Olivier de Marcelus (activiste du climat, auteur) et Martin Caloz (artiste, auteur).

A propos du livre

L’ouvrage « Frontex: le spectre des disparu·es. Nihilisme aux frontières » a été publié aux éditions l’Harmattan en 2023. Il rassemble des contributions originales de Iside Gjergji – Portugal/Rome, Claude Calame – Lausanne, Marion Brepohl – Brésil, Marcelo Vignar – Uruguay, Sophie Guignard et Lorenz Naegeli – Solidarité Sans Frontières (SOSF), Berne, Christophe Tafelmacher – Lausanne, Olivier de Marcellus – Genève, José Lillo – Genève, Lucia Melgarero – Lausanne.

La rédaction

A propos de l’auteure

Marie-Claire Caloz-Tschopp est philosophe. Elle a enseigné la théorie politique à l’Université de Lausanne et de Genève. Elle a également été directrice du programme « Exil » du Collège international de philosophie de Paris. Ses travaux portent sur les politiques migratoires et le droit d’asile.