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La revue de presse

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Une nouvelle rubrique au plus près de l’actualité internationale de la migration

Voix d’Exils suit de près l’actualité d’ici et d’ailleurs et vous proposera régulièrement, dès à présent, une sélection d’infos brèves sur le thème de la migration.

Passer aux États-Unis coûte que coûte

24 heures, 20 janvier 2020

Une caravane d’environ 1500 migrants originaires d’Amérique centrale, principalement du Honduras et du Salvador, a tenté d’entrer illégalement au Mexique, le 18 janvier dernier. Les forces de la Garde nationale mexicaine les ont empêchés de continuer leur route vers les États-Unis. Ce barrage a donné lieu à quelques accrochages entre militaires et migrants aux abords du pont international Rodolfo Robles, qui relie le Guatemala au Mexique.

Les autorités mexicaines ont demandé aux Honduriens et Salvadoriens de faire preuve d’« ordre et de respect », assurant que des opportunités d’emploi existaient au Mexique pour ceux qui acceptent de suivre les procédures légales.

Sauver des migrants en Méditerranée, c’est faire son devoir

Le matin.ch, 17 janvier 2020

Belle victoire pour Carola Rackete ! En juin 2019, la jeune Allemande, capitaine du bateau humanitaire Sea-Watch 3, avait accosté de force dans la petite île italienne de Lampedusa au gouvernail de son navire transportant 40 migrants. Accusée d’avoir tenté une manœuvre dangereuse contre la vedette des douanes qui voulait l’empêcher d’entrer au port, elle avait été placée aux arrêts domiciliaires, puis présentée à un juge début juillet. Ce dernier avait décidé de la libérer estimant que la jeune femme avait fait simplement son devoir en sauvant des vies humaines. Pas d’accord avec cette décision, le parquet italien avait alors fait recours. La Cour de Cassation italienne ne l’a pas suivi, puisqu’elle a confirmé le 17 janvier dernier la validité de la libération de cette femme courageuse.

Fini les renvois de Suisse en Italie des migrants vulnérables

24 heures, 17 janvier 2020

La Suisse ne peut plus renvoyer des familles et des migrants vulnérables vers l’Italie. Dans un arrêt de référence publié en ce début d’année, le Tribunal administratif fédéral (TAF) exige que les autorités italiennes fournissent des garanties individuelles quant aux prises en charge et aux hébergements disponibles en Italie, avant de procéder aux transferts des migrants.

Le TAF relève différents problèmes. Selon lui, le système italien comporte des obstacles qui entravent l’accès des requérants à la procédure d’asile et aux prestations d’accueil. De plus, les standards varient considérablement d’une région italienne à l’autre et les conditions dans les centres d’hébergement, en particulier pour les familles ou les personnes vulnérables, ne sont pas à la hauteur.

Le TAF ne veut pas pour autant parler de violations systématiques dans la procédure d’asile et le système d’accueil italiens. Pas question donc de renoncer de manière générale au transfert des requérants vers nos voisins.

Valmar / Voix d’Exils

 

 




La Voix de la diversité

L’équipe de la Voix de la diversité. Auteur : Clovis / Voix d’Exils

Un espace de participation citoyenne pour les jeunes  

La Voix de la diversité est un projet pilote qui est mené dans le canton de Vaud par le média internet Albinfo.ch et qui ambitionne de se développer dans d’autres cantons romands. Il regroupe des adolescents et des jeunes adultes qui se caractérisent par la diversité de leurs trajectoires personnelles et de leurs origines sociales. Son but: encourager la discussion, l’échange d’opinions constructif au sein du groupe et porter leur voix auprès des associations, organisations, institutions et structures de jeunesse.

La Voix de la diversité est un projet soutenu principalement par la Commission fédérale des migrations (CFM) et la Fondation Mercator Suisse. Il vise à accompagner des jeunes pour surpasser leur timidité, trouver les mots pour s’exprimer, mener des projets concernant les jeunes en général, agir sur le quotidien et pouvoir ainsi contribuer au changement de la société en usant des mécanismes existants. L’idée principale est de démontrer à chacun des participants que son opinion compte et que cela peut avoir un impact sur la société.

La Voix de la diversité a démarré en avril 2019 avec 9 participants. Les rencontres entre les jeunes sont fréquentes et régulières. Ils se voient deux à trois fois par mois en réunions ou autour d’événements et partagent leurs opinions autour de thématiques de leur choix. La méthode proposée pour le développement de leurs idées repose sur trois axes de travail : organiser des tables rondes, réaliser des interviews et animer les réseaux sociaux. Les jeunes sont encadrés par Mme Vjosa Gervalla, directrice d’Albinfo.ch et participent à plusieurs sessions de formation dispensées par des professionnels pour les aider à gagner en confiance et à acquérir plus de compétences.

Côté communication, les jeunes échangent entre eux énormément d’informations grâce au groupe WhatsApp créé à cet effet et partagent beaucoup d’informations sur Facebook et Instagram.

Les sujets et les supports travaillés sont par la suite présentés à la Commission de jeunes du canton de Vaud qui se charge, de son côté, de les relayés auprès des responsables politiques.

Vjosa Gervalla, directrice d’albinfo.ch et responsable du projet « la Voix de la diversité » interviewée par Clovis. Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

Témoignages des participants et participantes du projet

« Je développe la confiance en moi »

Albina, 24 ans, originaire de Macédoine du nord, en Suisse depuis 18 ans

 

Albina Kurtisi, 24 ans, Macédoine, participante active à la Voix de la diversité. Auteur : Yazan / Voix d’Exils.

« J’ai fait un apprentissage dans une étude d’avocats à Lausanne. Par la suite, j’ai fait une maturité professionnelle, et maintenant je travaille dans l’administration au tribunal cantonal vaudois.

Dans notre groupe de jeunes réunis par la Voix de la diversité, on n’a pas tous le même parcours personnel et professionnel : certains sont nés ici et d’autres pas, certains font des études et d’autres pas. On se soutient. C’est vraiment un des plus beaux points du groupe. Ce qui m’a le plus motivée, c’est justement de pouvoir me positionner par rapport à des thématiques qui me mettent mal à l’aise. La discussion en groupe me permet de développer la confiance en moi et d’exprimer mon opinion. Je veux également montrer aux jeunes qui ont peur de rejoindre des groupes de parole que peu importe son milieu social, on peut tous faire partie d’un groupe et donner son avis. J’ai rejoint le projet dès le début et j’ai acquis pas mal de choses, notamment la prise de parole. Maintenant, je sais par exemple que devant les caméras, ou quand on me pose des questions, je suis beaucoup plus à l’aise. J’ai davantage confiance en moi qu’au départ. Avec la Voix de la diversité, on a le projet d’effectuer trois tables rondes, dans des établissements et institutions vaudois, sur la thématique de « l’addiction au téléphone chez les jeunes ». Le sujet a été proposé par un des participants du groupe.

Pour faire des tables rondes, on invitera des politiciens, des médecins, des psychologues, des parents, des enseignants et des élèves, et on va donner la chance aux différents jeunes de prendre la parole. »

 

Marta, 24 ans, originaire d’Érythrée, en Suisse depuis 4 ans

Marta Haile, 24 ans, Érythrée, participante active à la Voix de la diversité. Auteur : Yazan /Voix d’Exils.

« J’ai appris à argumenter et à réduire mon stress »

« Je suis actuellement ma deuxième année d’apprentissage comme employée de commerce à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM).

J’ai rejoint le groupe pour améliorer mon français, apprendre à oser m’exprimer sans avoir à réfléchir au fait que je ne parle pas bien le français. Jusqu’à maintenant, j’ai appris à bien argumenter, à chercher mes mots, à bien garder ma posture quand je me présente, parce que j’ai tendance à paniquer, à me stresser. Avant, je ne savais pas comment me présenter, comment être devant les gens. Maintenant, j’ai appris à réduire mon stress avant de faire une présentation, ce qui m’est très utile car je suis naturellement stressée. J’ai appris comment respirer, comment regarder les gens devant moi et ne pas les perdre, comment faire pour qu’ils m’écoutent. C’est vraiment intéressant.

Nos prochains thèmes de débat sont le harcèlement sexuel, la dépendance au téléphone, la vie des réfugiés en Suisse.»

 

Drite, 15 ans, Kosovo, en Suisse depuis 12 ans

Drite Asllani, 15 ans, Kosovo, participante active à la Voix de la diversité. Auteur : Yazan / Voix d’Exils.

« Je prends conscience que mon opinion a autant d’importance que celle d’autrui »

« En ce moment, j’étudie au gymnase de Provence, je suis en 1ère année.

Avec la Voix de la diversité, on est un groupe hors du commun si on peut dire. Le fait que je puisse m’exprimer et faire entendre ma voix est quelque chose qui n’est pas habituel. Lorsque les jeunes parlent, ce qu’ils disent passe souvent à la trappe car ils sont considérés sans expérience et immatures. Tandis que là, notre voix compte, c’est ce que j’aime. J’ai acquis plus de facilité à m’exprimer. Il faut dire que j’ai eu de gros soucis de bégaiement par le passé, je suis même allée voir une logopédiste. Avant de rejoindre le groupe, j’avais beaucoup de peine à m’exprimer en public parce que j’avais peur de faire des fautes. J’ai appris que ce n’est pas grave de faire des fautes. Ce groupe m’a aussi permis d’exprimer ce que je pense et de prendre conscience que mon opinion a autant d’importance que celle d’autrui.

Parmi nos projets, on compte créer un lien avec les personnes qui nous suivent sur Instagram et Facebook. On aimerait les faire réagir et créer des interactions pour animer notre débat et faire vivre notre projet. »

 

Yazan, 24 ans, Syrie, en Suisse depuis 3 ans

Yazan Abdalwali (à gauche de la photo), 24 ans, Syrie, membre de la rédaction de Voix d’Exils et participant actif à la Voix de la diversité. Auteur : Drite

« J’ai appris à photographier et à filmer »

« Une fois par mois, on se réunit à six personnes, sous la responsabilité de Vjosa. On parle de sujets importants comme par exemple l’égalité hommes-femmes, les jeunes qui sont aux poursuites, la relation de dépendance avec notre téléphone.

Selon les thématiques abordées, des professionnels, qui font partie du réseau de Vjosa viennent nous former. Un photographe de métier nous a enseigné à filmer et photographier. Un autre formateur nous a donné des conseils pour parler en public : comment contrôler le langage corporel, la position des mains, la respiration pour mieux laisser sortir la voix, comment regarder son public dans les yeux, surmonter sa timidité et aussi comment choisir les angles de parole pour plaire et convaincre. Pour moi, cette expérience est importante parce qu’elle m’apprend beaucoup de choses et me met en contact avec un réseau de personnes qui peuvent m’aider dans ma trajectoire de migrant. On forme une vraie équipe. On est tous motivés, du plus « vieux » – moi ! – à la plus jeune qui a 15 ans. À chaque fois, on discute pendant 2-3 heures.

Je me réjouis déjà de notre prochaine rencontre, on va voir comment construire un projet ! »

 

Nater, 15 ans et Justine, 16 ans, les nouveaux participants du projet 

Gian Nater, 15 ans, Suisse, nouveau participant à La Voix de la diversité. Auteur : Yazan / Voix d’Exils.

 

Justine Berruex, 16 ans, Suisse, nouvelle participante à la Voix de la diversité. Auteur : Yazan / Voix d’Exils.

Apprendre à mieux s’exprimer et à débattre sur divers sujets

Nater et Justine, nés en Suisse, sont les deux derniers arrivants dans le groupe. Ils ont été impressionnés par la présentation intéressante d’Albina devant la Commission de jeunes et sont très motivés à participer à la Voix de la diversité. Ils souhaitent, par ce biais, apprendre à mieux s’exprimer et à débattre sur divers sujets.

 

Audry Clovis Miganda 

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Vous pouvez prendre contact avec la Voix de la diversité sur Instagram ou Facebook

Pour en savoir plus sur le média internet Albinfo.ch cliquer ici




Une visite inoubliable au musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève

Photos d’enfants morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils à été « saisie d’émotions »

Le 23 octobre 2019 était une journée particulière pour la rédaction vaudoise de Voix d’Exils vaudoise: c’était la sortie annuelle! Le point d’orgue de la journée était la visite du musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève . Pour retracer cette expérience, la rédaction a choisi de donner la parole à chaque rédacteur et chaque rédactrice.

Au sein de l’équipe, chaque rédacteur et chaque rédactrice avait déjà entendu parler de la Croix Rouge, mais personne n’avait jamais visité son musée à Genève. Alors, le matin du mercredi 23 octobre, départ en minibus de Lausanne en direction de Genève. Au menu de la journée: visite du musée, repas libanais et air frais au bord du Léman.

Les drapeaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Entrer dans le monde de la Croix Rouge

Le 17 février 1863, le Comité international de la Croix-Rouge (le CICR) a été créé par un groupe de cinq citoyens genevois à l’initiative de Henry Dunant, un homme d’affaire humaniste suisse. le CICR est l’une des plus anciennes et aussi l’une des plus grandes organisations humanitaires au monde.

Depuis les deux guerres mondiales et jusqu’à présent, la Croix Rouge continue à apporter son aide dans tous les coins dévastés du monde. De nombreuses personnes, victimes de guerres ou de sinistres causés par des catastrophes naturelles et même nucléaires, bénéficient de l’aide précieuse de cette grande institution.

Statue de Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Une expérience inoubliable

Les murs du musée font voyager le visiteur dans le temps. L’itinéraire de la visite est conçu d’une manière particulière et donne l’impression de voyager dans l’histoire de la Croix-Rouge. Le visiteur découvre d’abord la personnalité de Henri Dunant et est introduit aux missions de l’organisation.

On peut aussi être envahi par des sensations controversées vis-à-vis de la barbarie des personnes impliquées dans les conflits armés dévastateurs. Conflits qui, parfois, auraient pu être évités par la voie diplomatique.

Cette visite a procuré, à chacun, une forte sensation d’humilité, car plusieurs personnes bénévoles sont engagées à apporter de l’aide aux plus démunis.

Les membres de la rédaction sont pratiquement tous issus de pays en conflits ou de pays privés de liberté. La situation qu’a vécu chacun et chacune dans son pays l’a forcé à fuir loin de sa famille et sa mère patrie, en laissant tout derrière: les amis, les projets, les carrières, … Ayant pour la plupart été témoins de la guerre et de la barbarie, la visite du musée a réveillé pour beaucoup des souvenirs douloureux. Mais, en même temps, certains et certaines  se sont sentis privilégiés d’avoir une seconde chance en Suisse.

Devant le mur orné des photos d’enfants victimes du génocide rwandais, une des collègues a fondu en larmes. Une autre l’a serrée dans ses bras en essayant de la calmer, mais en vain.

Tout le monde a été énormément touché par les chambres de témoins: des espaces au sein desquels les visiteurs et visiteuses peuvent rencontrer des témoins virtuels. Chaque témoignage rappelle des moments forts de l’histoire de la Croix-Rouge et donne l’espoir de résoudre, un jour, les difficultés que rencontre l’humanité.

Chambre des témoins au musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

L’on peut aussi voir dans ce musée des extraits de lettres ou de notes échangées entre conjoints, entre parents et enfants, etc… et relayés par les collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge. Elles étaient inscrites parfois sur des feuillets du CICR, sur du papier à lettre et même sur des bouts de papier déchirés, qu’on pouvait deviner qu’elles avaient été réalisées à la hâte ou avec « les moyens du bord », suivant la situation des gens.

On peut aussi voir des objets fabriqués par des prisonniers et offerts aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites des prisons dans le monde entier.

La visite a duré deux bonnes heures et, à la fin, les rédacteurs et rédactrices qui le souhaitaient ont eu l’occasion de signer le livre d’or en notant quelques réflexions.

La découverte suivante s’est faite en « territoire libanais » au Parfum de Beyrouth, un restaurant très convivial dans le quartier genevois des Pâquis. Et cette fois pour le bonheur des papilles de toute l’équipe de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Pour clôturer notre sortie, nous avons fait une belle et joyeuse balade à pied au bord du lac Léman et sur la jetée des bains des Pâquis, ponctuée de séances de photos pour immortaliser le moment. Certaines de ces séances, faites dans une ambiance incroyablement joyeuse, tenaient pratiquement du shooting professionnel pour magazine de mode !

En conclusion, les commentaires individuels des membres de l’équipe suggéreront sûrement aux lecteurs de visiter ce magnifique musée du Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Un grand merci au musée de nous avoir offert cette visite et pour son accueil chaleureux.

La rédaction de Voix d’Exils

Témoignages

Damon : « J’en suis sorti assoiffé de voir notre planète en paix ».

« La visite du musée de la Croix Rouge de Genève a été pour moi la vitrine d’une sélection de vestiges des guerres contemporaines. Une vitrine assez riche et mondiale qui apporte à l’œil du public divers exemples des conséquences des catastrophes pour les femmes, les hommes et les enfants. Les terribles événements qui leur arrivent et qui les marquent jusqu’aux derniers jours de leur vie.

Grâce à la technologie holographique qui anime les victimes, le musée a bien réussi à minimiser la distance entre les témoins et les visiteurs, ce qui est vraiment touchant. Aussi, la reconstitution audio et/ou vidéo de scènes dramatiques permet aux gens de faire l’expérience des témoignages récoltés.

Et c’est là qu’on commence à se demander pourquoi la Suisse, le pays de la Croix Rouge et de la paix, a exporté pour  411,9 millions de francs de matériel de guerre en 2016. Pourquoi les plus grands exportateurs de matériel de guerre sont-ils les pays qui ne prennent pas part à ces guerres ?

Est-ce que la Croix Rouge et les droits de l’homme ne sont que de jolies vitrines qui feignent la sympathie ? Ou c’est juste que l’économie de ces pays défenseurs des droits de l’homme profite joliment des recettes de la vente d’armes de destruction massive et individuelle? Au fur et à mesure que j’avançais dans le musée, je me suis demandé jusqu’à quand on va continuer à produire du matériel de guerre malgré la conscience de ses méfaits».

Vitrines avec objets cofectionnés par des prisonniers. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Yazan: « Ça m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes … et la peur des mères de martyrs dans le monde »

« J’ai vu des vestiges auxquels je ne m’attendais pas, comme ceux de la première guerre mondiale qui m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes, les martyrs et la peur des mères de martyrs dans le monde. Il y avait un esprit dans cet endroit qui transmettait l’image sous tous les angles pour les visiteurs. Le musée nous a permis de voyager dans le passé pour le voir dans sa réalité ».

Fichier central. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Mamadi: « La visite du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! »

« La visite du musée du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! J’ai appris énormément de choses en une journée ! Les différents témoignages des victimes de guerres et des personnes luttant pour les droits de l’homme m’ont permis de mieux comprendre les valeurs et missions humanistes de la Croix-Rouge. De plus, le rire,  la bonne ambiance du groupe et le reste de la journée passé à découvrir la Ville de Genève ont fait de cette sortie un moment inoubliable. Un grand merci à Voix d’Exils pour ce beau souvenir ! ».

Clovis: « J’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité. Mais, je ne connaissais pas son histoire »

«La visite qu’on a effectuée au Musée du CICR a été, pour moi, une bonne expérience. Depuis longtemps j’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité ; que ce soit dans des zones de conflits ou lors des catastrophes naturelles. Mais, je ne connaissais pas l’histoire de la Croix Rouge, comment elle a été fondée, etc. Lors de cette visite, j’ai appris pas mal de choses à travers les témoignages et les différentes expositions. Mais aussi grâce aux explications données à travers l’audioguide ».

Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Oumalkaire: « Ça reste, pour moi un moment remarquable et mémorable ! »

«Notre sortie à Genève a été un moment agréable pour moi, puisque ça m’a permis de voir pour la première fois le musée de Croix-Rouge. C’était aussi la première fois, depuis que j’ai commencé mon activité à la rédaction de Voix d’Exils, qu’on sortait tous ensemble pour se détendre sans penser au travail.

Auparavant, je n’avais jamais visité un musée. Je ne savais pas si les musées sont tous pareils ou non, mais ce qui était impressionnant et qui avait attiré mon attention dans ce musée c’étaient les décors. L’animation des images et les fait que les personnages vous parlent les rend vraiment réels. J’ai eu l’impression que je les interviewais en direct.

Le côté gastronomique de notre sortie était tout aussi  inoubliable. J’ai pu déguster l’un des délicieux plats du Parfum de Beyrouth et je salive à chaque fois je m’en rappelle. Ça reste pour moi un moment remarquable et mémorable! ».

Chambre des témoins. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Marie-Cécile : « J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur terrain, je l’ai comprise dans son histoire »

« Mis à part le fait que le seul fait de tous nous retrouver en dehors des bureaux était une joyeuse découverte en soi, la visite du musée de la Croix Rouge était saisissante d’émotions ! La salle de la Liberté, en particulier, avec ses lourdes chaînes qui pendent du plafond et qu’il faut écarter de la main pour se frayer un chemin dans le bruit des mailles qui s’entrechoquent. Ou ce mur haut de presque six mètres de haut couvert de photos d’enfants aux grands yeux, morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre !!! Mais aussi, j’ai vu le rêve, l’espérance, la patience, la mélancolie et la beauté de cœurs qui pourtant devaient être bien lourds… comme dans ce beau bateau blanc ou ce service à thé turc, forgés dans le fer et offerts au personnel de la Croix Rouge en signe de sympathie ou en guise de remerciements.

J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur le terrain, je l’ai comprise dans son histoire. A la fin de la visite, j’étais riche d’une autre information de culture générale et d’une certitude: cette immense entité est partie de la générosité du cœur et la disponibilité pour autrui d’un homme: Henry Dunant. Et elle fait sûrement aujourd’hui le bonheur de ceux qui œuvrent pour elle avec leur cœur. »

Guetty : « Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR !»

« Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR. Je me suis aussi amusée au vrai sens du terme, en me prêtant à l’exercice ludique du sauvetage d’un village et de groupes de personnes face à la montée des eaux due à une inondation. Devant un mur avec des effets spéciaux, j’ai aussi pris plaisir à jouer comme une petite gamine avec des vagues lumineuses qui suivaient le mouvement de mes mains et qui symbolisent l’importance de chaque individu dans le changement du cours des événements qui l’entourent. »

Espace interactif. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Valery : « Ce qui m’a frappé le plus, ce sont des objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers ! »

« Moi, je suis un passionné de tourisme. J’adore découvrir des endroits, visiter des musées etc. Mais le musée de la Croix Rouge se démarque beaucoup des musées que j’ai visité par le passé. J’ai eu une impression bouleversante de cette visite du 23 octobre 2019. Ce qui m’a frappé le plus, ce sont les objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers et donnés aux collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Et puis, l’ambiance générale du musée était bouleversante et même mystérieuse. Le temps de la visite est passé trop vite et j’aurais préféré rester dans cette ambiance plus longtemps. Si j’avais pu, je l’aurais fait. Si j’ai l’occasion d’y retourner, j’y retournerai très volontiers! »

Objets créés par des prisonniers et donnés aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

 

 




« J’utilise au quotidien les répliques des pièces que je joue »

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » au Théâtre de la Poche à Leysin . A gauche: Valéry Martseniuk, au centre: Isabelle Burger, à droite: Chloé Tissot. Auteur: Yazan / Voix d’Exils

Vaud: la comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » au théâtre de Poche de Leysin fait un carton!

La troupe du Théâtre de Poche de Leysin (TPL), vient de terminer sa saison de représentations pour l’année 2019. A l’affiche des quatre week-ends du mois de novembre: la comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » qui avait dans le rôle principal du comptable Grobichon un acteur Ukrainien: Valéry Martseniuk, également rédacteur à Voix d’Exils.

Des « acteurs en téléchargement »

Delphine Chablaix, Présidente du Comité de TPL, nous raconte la vie du Théâtre de Poche de Leysin – le TPL – qui a été fondé en 1975 par une troupe d’amateurs. Leur but premier était (et est toujours) « de participer activement à la vie socio-culturelle du village de Leysin et d’offrir à tous, jeunes et moins jeunes, le plaisir de faire du théâtre ». Mais pas seulement, ajoute Delphine Chablaix, car il s’agit aussi « d’égayer nos salles ».

Depuis ses débuts, elle enchaîne les présentations : vaudevilles, pièces policières, comédies, spectacles poétiques et créations, qui sont toujours présentées en automne. Un spectacle au moins est assuré chaque année, mais il leur arrive de se produire dans 2 spectacles la même année.

Prévoyante, la troupe entretient des acteurs en herbe depuis 2013. Le Théâtre de Poche des Juniors de Leysin-les Ormonts (TPJLO), qui a commencé avec 12 membres, en compte 45 aujourd’hui. C’est dire si la tâche d’éveiller le goût du théâtre chez les jeunes entre 10 et 16 ans a été accomplie ! Et la pérennité de l’activité assurée. Comme ils disent entre eux, et comme on peut le lire sur le dos de leurs polos, ces jeunes sont des « acteurs en téléchargement ». Ils prendront un jour la relève. Mais pour le moment, ils assurent un spectacle annuel et sont heureux et fiers de se produire.

Quand ils atteignent l’âge de 16 ans et qu’ils se sentent prêts, ils franchissent le pas et jouent dans la troupe des adultes. Sinon, à part leur spectacle annuel, les jeunes prêtent main forte lors des représentations en assurant l’accueil, le relais entre le coin bar et les auditeurs, ou le protocole des spectateurs.

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer », Théâtre de la Poche à Leysin, salle du Nord. Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

TPL vraiment inclusif

Mais le Théâtre de Poche ne s’en tient pas là. Ses portes sont aussi ouvertes aux acteurs étrangers francophones comme Valéry …. qui incarne Monsieur Philémon Grobichon. Comme tous les comptables, il est méticuleux et pointilleux. Il est aussi le seul dans la société de fabrication de ressorts à ne pas être intimidé par la patronne, la hautaine et contrôleuse Madame Duressort. Contrarié par le fonctionnement de l’entreprise, il fait néanmoins son travail et obtient la signature d’un gros contrat … par la société de son « ex d’une nuit » qui le retrouve tout à fait par hasard dans la société Duressort. Monsieur  Grobichon devient le promoteur discret de l’embauche de Monsieur Duressort par l’entreprise de son « ex » au grand désespoir de sa femme qui perd deux employés.

Valéry Martseniuk, acteur amateur dont c’est la deuxième prestation avec la troupe du Théâtre de Poche de Leysin nous a accordé une interview.

Voix d’Exils :  Dis-moi Valéry, combien de langues parles-tu couramment ?

Valéry : Je parle couramment cinq langues : l’ukrainien, le russe, le polonais, l’italien et le français.

Y en a-t-il d’autres que tu comptes apprendre ?

Je m’intéresse à l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le grec moderne et le serbo-croate. Et aussi le turc et le latin. Les langues étrangères c’est ma passion et l’un de mes hobbies. Si je pouvais, je les apprendrais toutes !

Où as-tu appris le français et depuis combien de temps le parles-tu ?

J’ai essayé à plusieurs reprises d’apprendre le français en Ukraine, mais j’ai rapidement abandonné, car je trouvais cette langue trop difficile et je n’étais pas suffisamment motivé à l’apprendre. J’ai recommencé après mon arrivée en Suisse début 2014. D’abord, au Foyer de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM) à Sainte-Croix, ensuite au Centre de Formation de l’EVAM à Lausanne. Et enfin, j’ai continué à le perfectionner par moi-même. J’ai commencé à me débrouiller en français après une année et demie de séjour en Suisse, notamment après avoir suivi un cours cours intensif. Donc, on peut dire que je parle le français depuis quatre ans.

Tes premiers pas dans le théâtre… c’était ici ou en Ukraine?

Quand j’étais adolescent, j’ai joué une pièce de théâtre dans mon école et puis j’ai fréquenté un cercle théâtral dans ma ville: Bila Tserkva (Eglise Blanche) en Ukraine.

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer ». Théâtre de la Poche à Leysin. Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

Et ici en Suisse, qu’est-ce qui t’a poussé à en faire ? Comment es-tu monté sur les planches ?

Au début, c’est ma fille qui a fréquenté la troupe junior du Théâtre de Poche de Leysin. Ensuite, une voisine qui connaissait bien la troupe m’a proposé de la rejoindre. J’ai accepté et elle m’a invité à participer à l’assemblée générale du Théâtre de Poche en mars de 2017. J’ai alors exprimé mon désir de jouer dans la pièce suivante. Ma candidature a été acceptée et quelques mois plus tard, en novembre de 2017, j’ai reçu mon premier rôle dans « Un dîner bien tranquille ». La trame est celle d’un père de famille dont la fille devait épouser un garçon de bonne famille. Pour préparer la rencontre de nos deux familles et pour faire semblant d’être du même milieu qu’eux, nous avions aussi des domestiques. j’engage alors deux clochards et ma femme, de son côté, engage une prostituée pour faire la cuisine. C’était un succès.

J’ai beaucoup apprécié les expressions et tournures utilisées dans la pièce, qui étaient parfois très subtiles ! N’est-ce pas difficile d’apprendre par cœur des textes complexes en langue étrangère? Quelle est ta méthodologie ?

Si, en effet, ce n’est pas si facile que ça. Des répliques avec des jeux de mots et des expressions idiomatiques que j’ai dû apprendre par cœur. Ce devait vraiment « être pris à cœur » pour être bien fixé dans ma mémoire. Une fois la distribution des rôles effectuée, je me suis mis au travail le soir même en mémorisant les quatre  premières répliques. Ensuite, j’ai répété chaque jour ce que j’avais appris la veille, en ajoutant une ou plusieurs nouvelles répliques. J’avoue que c’était un sacré travail ! J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur ma prédisposition pour les langues.

Combien de répliques devais-tu apprendre et en combien de temps ? Avais-tu un répétiteur ?

J’avais presque 150 répliques à apprendre et j’ai mis quatre mois et quelques semaines pour bien les connaître. Non, je n’avais pas de répétiteur. Si j’avais des doutes par rapport à la prononciation de certains sons, je posais des questions pendant les répétitions.

Que peux-tu partager avec nous de ton expérience de « comédien en français téléchargé » ?

Pour un Slave, se produire sur scène en français et être compris par tout le monde est une grande satisfaction et un plaisir. Et puis, grâce à cela, mon niveau de français s’est considérablement amélioré. J’utilise dans ma vie quotidienne certaines répliques des deux pièces auxquelles j’ai participé. Et parfois, je m’amuse à les citer. Faire du théâtre, cela augmente également la confiance en soi.

Considères-tu ta participation au théâtre comme un signe que tu es « intégré » dans la vie sociale de Leysin ?

Ma participation au théâtre contribue de façon substantielle à mon intégration dans la société suisse en général et dans la vie sociale de Leysin en particulier.

Ta fille et ton fils font aussi partie de la troupe. Qu’est-ce que cela leur apporte ?

Premièrement, cela leur permet de s’intégrer davantage. Deuxièmement, le réseau de leurs amis s’est élargi. Troisièmement, le temps qu’ils passent devant leurs petits écrans a considérablement diminué et cela les fait bouger davantage. Et enfin, leur vocabulaire s’enrichit aussi.

As-tu d’autres participations dans ta ville de Leysin ?

Pour l’instant je ne participe qu’au théâtre, cela me prend déjà pas mal de temps et d’énergie. Surtout des pièces comme « Chéri (e), je peux tout t’expliquer » dont je peux dire que je suis très content !

En tout cas, bravo Valéry ! Il fallait vraiment le oser le faire….!

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils

Propos recueillis par:

Marie-Cécile Inarukundo,

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photoreportage

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.




Les 20 ans de la Fondation IFPD: un bilan positif et ça continue !

Rosey Concert Hall, à Rolle. 25 octobre 2019, une soirée féérique. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Au service des démunis

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement (IFPD) a célèbré cette année son vingtième anniversaire. La soirée de gala organisée à cet effet s’est tenue dans le somptueux décor du Rosey Concert Hall, à Rolle (VD). L’occasion pour Hélène Bayeux, sa directrice exécutive, de parler des nombreux projets menés à travers le monde et de présenter Alter-Start, l’incubateur oeuvrant en Suisse. 

Grâce au soutien indéfectible de généreux donateurs et partenaires, la Fondation Internationale pour la Population et le Développement a célébré le 25 octobre dernier ses 20 ans d’existence et de projets menés à bien à travers le monde, et depuis peu en Suisse.

Là où la fondation est active, soit en Inde, au Népal, au Brésil et en Suisse, elle a su mobiliser les compétences et les moyens nécessaires pour ouvrir des centres de santé, des centres d’activités pour les enfants, des programmes de formation professionnelle dont une école-hôtel et de soutien à l’entrepreneuriat social.

A ce jour, plus de 200 000 bénéficiaires – essentiellement des femmes et des enfants – en situation de précarité ont profité de cette aide sous la forme de soins, d’éducation et de formations.

L’IFPD collabore étroitement avec les acteurs locaux à qui elle transmet les connaissances requises dans ses domaines d’intervention. Cette stratégie permet de pérenniser les résultats de ses activités, tout en passant la main le moment venu.

Depuis deux années, la Fondation s’est également tournée vers la Suisse et ses populations les plus nécessiteuses en termes d’intégration économique et sociale, à savoir les migrants, qu’ils aient le statut de réfugiés ou non. Elle a mis sur pied un incubateur nommé Alter Start qui les aide à développer un projet entrepreneurial pour leur permettre de diminuer leur dépendance à l’aide sociale et, à terme, devenir financièrement autonomes.

Hélène Bayeux, Directrice exécutive de l’IFPD a accordé un entretien à Voix d’Exils pour présenter Alter-Start.

Hélène Bayeux (à gauche sur la photo) en discussion avec notre rédactrice Marie-Cécile. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Voix d’Exils : Un petit brief sur l’IFPD peut-être avant de parler d’Alter-Start ?

Hélène Bayeux : La Fondation a d’abord œuvré à l’international dans des programmes de santé et d’éducation destinés aux femmes et aux enfants. Aujourd’hui, elle met en place des projets de formation professionnelle pour les plus démunis, en particulier les femmes. Elle accompagne également la création de microentreprises afin que les bénéficiaires aient une source de revenus et sortent durablement de la pauvreté.

Avez-vous développé d’autres domaines ?

Les programmes de la Fondation étaient au départ uniquement axés sur la santé et l’éducation. Ces programmes sont toujours actifs aujourd’hui, mais ils ont été repris par nos partenaires locaux, des ONGs locales avec lesquelles nous avons créé des liens. Maintenant, l’IFPD se concentre sur la formation professionnelle et l’accompagnement à la création de microentreprises, le tout destiné aux femmes.

Vous êtes-vous inspirée de votre action à l’international pour reproduire la même expérience « à la maison » ?

Exactement ! Forts de l’expérience récoltée en Inde, au Népal et au Brésil, nous nous sommes demandés où étaient les zones sensibles en Suisse. Et la cible naturelle s’est imposée d’elle-même : les migrants, les femmes migrantes mais pas exclusivement.

N’y a-t-il pas d’autres associations qui travaillent dans le même créneau ?

Un tour d’horizon des associations œuvrant déjà auprès des migrants nous a permis de nous assurer qu’une proposition similaire n’existait pas déjà. Nous avons réalisé qu’il y avait une vraie demande chez certains migrants et réfugiés, de lancer leurs propres structures. En accord avec l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), avec qui le projet a été monté, nous avons décidé d’accompagner les personnes titulaires d’un permis F, qui ont un niveau de français B2, et qui ont une compétence clé, même s’ils n’ont pas forcément un projet clair en tête.

Comment sont choisis les bénéficiaires ? Sont-ils triés avec l’aide de l’EVAM ?

La source première d’identification des porteurs de projet, c’est effectivement l’EVAM, mais pas seulement. Nous avons aussi créé de nombreux partenariats avec des acteurs associatifs qui œuvrent auprès des migrants pour leur apporter des compétences complémentaires. Sans compter, bien sûr, le bouche à oreille.

Quelles étaient vos projections d’effectifs au départ du projet ?

La cible initiale était d’accompagner une quinzaine de porteurs de projets par an. Cette cible est aujourd’hui atteinte, mais nous avons les ressources humaines nécessaires pour en accompagner une vingtaine par an.

Combien de temps dure ce coaching ?

Cela prend beaucoup de temps : Il y a toutes les démarches administratives et juridiques, ainsi que les démarches business : les études de marché, le marketing, l’ensemble des aspects du business plan pour la création de microentreprises. Il y a les porteurs de projet qui sont devenus autonomes, ceux que l’on accompagne depuis deux ans et qui ont encore besoin de notre soutien, et ceux qui ont lancé leurs business mais doivent encore être suivis. Tant que l’indépendance financière n’est pas acquise, nous ne les abandonnons pas. Il y a de toute façon un lien entre l’aide sociale et la source de revenus des bénéficiaires de l’EVAM: plus la source de revenus est importante, plus l’aide sociale diminue. Aujourd’hui 4 bénéficiaires de l’EVAM ont lancé leur structure et diminuent progressivement leur dépendance à l’aide sociale.

Concrètement, quels sont les problèmes rencontrés par ceux qui n’arrivent pas à avancer ou ceux qui ne s’en sortent pas financièrement ?

Beaucoup de porteurs de projets éprouvent une vraie frilosité à se lancer et à sortir de l’aide sociale qui est perçue comme plus sûre. Mais c’est une frilosité qu’on observe aussi chez les entrepreneurs qui ne sont pas issus de la migration. Elle est juste décuplée chez nos porteurs parce qu’ils ont très peu de connaissances du réseau suisse, très peu d’assurance sur un retour aux aides existantes en cas d’échec de leur petite entreprise. Grâce à notre partenariat avec l’EVAM, les porteurs sont assurés de pouvoir revenir à leur statut initial si leur entreprise ne marche pas.

Comment se matérialise votre soutien ?

Nous avons des coachs qui, avant le lancement, assurent un suivi rapproché des porteurs de projet à raison d’une rencontre hebdomadaire. Ce coaching continue avec une fréquence moins soutenue une fois que l’entreprise est lancée. En plus de l’aide au démarchage et au réseautage, nous souhaitons proposer aussi aux porteurs de projet de petites immersions dans des entreprises déjà existantes et engagées, ce qui est très précieux pour eux.

L’IFPD intervient-elle lorsque l’acquisition de matériel ou d’équipements s’avère nécessaire ?

Nous avons mis en place un partenariat avec le Microcrédit Solidaire Suisse (MCSS). Théoriquement, les porteurs qui le souhaitent, peuvent se tourner vers eux pour un investissement initial. Mais, jusqu’à présent, aucun des porteurs que nous avons suivis, n’y a eu recours. Ils ont soit opté pour un soutien de leur communauté, qu’ils rembourseront plus tard, soit ils ont décidé de n’investir que ce qu’ils ont gagné.

L’IFPD compte-t-elle un jour couvrir ce volet ?

Non, son rôle est d’accompagner les migrants, pas d’être un relais de financement. Il nous apparait très important de différencier les deux et c’est pour cela que nous avons initié ce partenariat avec MCSS. A terme, nous pourrons trouver d’autres sources de financement.

Accompagner la création de microentreprises

Nazéli, la reine des beaux ongles

Styliste ongulaire diplômée, Nazéli Haroyan est au bénéfice d’une belle expérience en Arménie, son pays d’origine. Arrivée en Suisse voilà 6 ans, elle a arrêté cette activité pour se consacrer à l’éducation de ses deux garçons. Maintenant qu’ils sont plus grands, ils n’ont plus besoin d’elle à temps plein, alors elle a décidé de reprendre son métier.

Nazéli Haroyan (à gauche sur la photo) en séance de travail avec sa coach Patricia Humbert. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Depuis un an, Patricia Humbert coach bénévole de Alter Start accompagne Nazéli sur le chemin du retour à l’emploi, comme elle accompagne d’autres migrants qui ont pour projet de se mettre à leur compte. Elle est présente et donne de précieux conseils lors de toutes les étapes : choisir les produits et le business qu’ils veulent lancer, explorer, par le biais d’une étude marketing, si le projet est viable sur le marché suisse, monter le business plan et définir la stratégie commerciale, le visuel (site web, flyers, cartes de visite, etc.), ainsi que démarcher les clients.

Avec l’aide de Patricia, Nazéli a pu tester les produits pour ongles, apprendre l’ABC du commerce et de l’entreprenariat en Helvétie. Elle est maintenant fin prête, avec ses flyers et ses cartes de visites, surtout, elle est confiante : en plus de son diplôme, elle connaît maintenant les us et coutumes du milieu professionnel en Suisse.

Elle espère que « Onglerie Arna », sa petite entreprise à Lausanne, sera prospère. Le plus qu’elle apporte, c’est qu’elle « délivre » l’onglerie à domicile.

 

Jemal, le roi de la couture et de l’épicerie

Jemal Kasay est coaché depuis 15 mois par Constance Vilnet, coach bénévole chez Alter Start. Cette Française résidant en Suisse depuis 7 ans est mère de quatre enfants et étudiante en architecture d’intérieur. Elle a accompagné Jemal dans son projet d’ouvrir un comptoir qui ait pignon sur rue comme il en avait un en Érythrée, son pays d’origine. Ce qui n’a pas été évident en raison notamment des loyers très chers et de la difficulté à trouver un espace commercial avec une surface adaptée au projet.

Jemal révise les comptes de son entreprise avec l’aide de sa coach Constance Vilnet. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Selon Constance, Jemal est« Très doué pour la couture qui est une passion ! Le prêt-à-porter sur mesure qu’il confectionnait jusqu’ici pour une population nord africaine, se vend aujourd’hui aux Suisses aussi. En parallèle, il a aussi ouvert une épicerie pour générer plus de revenus au quotidien ».

Avec l’aide de Constance, Jemal a donc monté le Comptoir Asmara à Chavornay, localité située à mi-chemin entre Lausanne et Yverdon. Il s’est démené pour récupérer du mobilier, emprunter de l’argent auprès de ses amis, négocier et obtenir du propriétaire du local de différer de trois mois le paiement de son loyer.

Constance continue de l’accompagner pour ce qui est délais et livraisons dans les temps, ainsi que pour le réseautage. Elle reçoit de l’aide du fils de Jamal, qui est Gymnasien, pour gérer la comptabilité mensuelle.

En vrai pro, Jemal a décroché des contrats, comme par exemple des commandes de doudous pour une association, des foulards pour les 20 ans de l’IFPD, et 40 costumes de déguisement pour Canvas, une école de mode lausannoise.

Marie-Cécile

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Pour tout renseignement : https://www.ifpd.org/?lang=fr

Pour toutes vos commandes, veuillez prendre contact directement avec les intéressés

Onglerie Arna, Nazel Haroyan /Auteur: IFPD

Comptoir Asmara, Jemal Kahsay / Auteur: IFPD

Kavkaz food, Bella Zakaryan / Auteur: IFPD

Mantu Food truck afghan, Ebrahim Rajabi / Auteur: IFPD

Zephire Foulard, Anita Boelcs / auteur: IFPD

Noor Multi-services, Nooramad Sarwari / Auteur: IFPD

Traiteur Iranien, Faranhaz Ghudrati / Auteur: IFPD

Levan Renovations, Levan Botchorischvilli / Auteur: IFPD

Carakas Granola & Barres, Ana Castro / Auteur: IFPD

 

Pâtissier, Nunzio Miraglia / Auteur: IFPD

Couturière et Traiteur, Riham Abdu / Auteur: IFPD

Pistache et Rose, Jessy Bali / Auteur: IFPD

Photographe, Silvana Pizzirusso / Auteur: IFPD