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BLANCS et NOIRS

Auteur: Hajar, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Et dans nos veines coule du rouge

Blancs et Noirs, on est humain

Et dans nos veines coule du rouge.

Floyd ou Trump, c’est la même nature,

Avec la différence de culture.

N’ont-ils pas dit :

Tous les hommes naissent libres et égaux,

En dignité et en droit ?

Pourtant Ils jettent du discrédit :

Vous êtes nos esclaves et illégaux,

Nous imposons nos lois.

De la pandémie meurtrière, on n’a appris aucune leçon,

Et du sang de l’autre on paye la rançon.

Drapé d’un peu d’autorité, on expose sa fierté,

Oubliant certainement que tout est vanité.

Le monde entier indigné dit non,

Les réseaux sociaux donnent le ton,

Et comme un seul homme, l’humanité tient bon,

Blancs et Noirs sans distinction,

Pour bannir à jamais cette cruauté sans raison,

Et vivre ensemble malgré nos différences

En marquant d’un trait d’union toutes nos apparences,

Car Blancs et Noirs, nous referons l’histoire,

Sans aucune exclusion notoire.

Billy

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




« J’étais toujours sur internet pour apprendre le français durant le confinement »

Dellagha Nazekmir. Photo: Naz Noori / Voix d’Exils.

 

 

Vivre le confinement seul

Le confinement a provoqué un changement brusque de notre mode de vie et nous a conduit à nous retrouver en famille, en couple, entre colocataires ou encore seul(e). Rencontre avec Dellagha Nazekmir, jeune homme âgé de 25 ans originaire d’Afghanistan. Il vit en Suisse depuis sept ans et travaille dans la construction de routes. Il a été contraint d’arrêter son travail durant un mois et s’est retrouvé isolé durant le confinement.

Un podcast produit par Voix d’Exils. Un grand merci à Rachel Berry du Pôle Orientation-Emploi de l’EVAM qui nous a permis de rencontrer Dellagha Nazekmir

Naz Noori

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Expérience innovante dans une classe de français EVAM

Photo prise lors d’un conseil de classe – Les élèves avec, au premier rang à gauche, Ricardo, enseignant. Au deuxième rang, deuxième depuis la gauche, Simona, éducatrice, et deuxième depuis la droite, Ana, enseignante. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Paroles de prof. : « Grâce à la pédagogie coopérative, les élèves participent démocratiquement aux prises de décision »

Le Centre de formation de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) n’hésite pas à sortir des chemins battus. Pour permettre aux élèves de participer activement à leur propre formation, l’enseignant Ricardo Da Silva et l’éducatrice Simona Lungu ont mis en place un conseil de classe au fonctionnement démocratique. Dans cet espace de libre parole, les élèves sont à égalité avec leurs enseignants pour exprimer leurs besoins, faire des propositions, apprendre à négocier et voter si nécessaire.

Voix d’Exils est retourné sur les bancs d’école pour rencontrer les différents protagonistes.

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un conseil de classe ?

Ricardo Da Silva : C’est un lieu d’échanges qui réunit sur un plan égalitaire, les élèves, les enseignants et les éducateurs. Une fois par semaine, dans une salle de cours, nous déplaçons les tables et créons un cercle de parole. Le fonctionnement du conseil de classe est cadré par quelques règles de base : le respect mutuel, les tours de parole, l’écoute sans interruption. Assis en cercle, nous décidons au début de chaque conseil qui prendra le rôle de président et qui prendra celui de secrétaire et rédigera le procès verbal. Ces deux personnes ont des pouvoirs spéciaux comme celui de distribuer équitablement la parole, de gérer le déroulement et de prendre note des décisions dans le cahier de classe. Lors des 45 minutes que dure le conseil, nous suivons une forme de rituel avec quelques étapes fixes : ouverture du conseil, météo individuelle et collective (chacun exprime comment il se sent, son état d’esprit), consultation de la boîte aux lettres et prise de connaissance des billets qui s’y trouvent, discussion, votes et clôture du conseil.

Pourquoi avoir pris cette initiative ?

C’est parti d’un problème de cohérence de cadre entre les différents intervenants dans ma classe. Les élèves, de niveau avancé, ont beaucoup de cours et de modules à suivre en plus des cours de français. Quand j’ai commencé la session, en août 2019, j’étais professeur principal et à partir de début octobre, j’ai partagé la classe avec ma collègue Ana Baeriswyl. En plus, pour des questions de formation continue, j’ai dû m’absenter et mes divers remplaçants ont fait état de difficultés à « tenir la classe ». La multiplication des intervenants posait problème aux élèves qui avaient du mal à s’adapter. C’est à ce moment précis que ma responsable, Laurie Durussel, m’a demandé de trouver une solution en nous laissant libres de choisir les moyens adéquats pour y parvenir. Voilà comment le conseil de classe a vu le jour en octobre 2019.

Ricardo exhibe fièrement un document coécrit par tous les membres du conseil de classe. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

 Quelle est votre source d’inspiration ?

Principalement les pédagogues français Célestin Freinet et Fernand Oury. Le premier a commencé à développer de nouvelles formes de pédagogies au sortir de la première guerre mondiale. Son approche dite de pédagogies coopératives considère la classe comme une microsociété. Dans une démocratie, une classe doit pouvoir fonctionner aussi de manière démocratique. Freinet, comme d’autres pédagogues de son époque, se pose de manière originale les questions de l’autorité, la critique des rapports de pouvoir dans la classe, l’auto-formation et l’apprentissage en autonomie, la collaboration, l’approche pratique en ateliers d’expérimentation, l’importation participative de sciences et de techniques, les classes découvertes, le jeu et la créativité, le développement de l’esprit critique et l’éducation à la citoyenneté démocratique. Dans le cadre de notre travail – tant éducatif que pédagogique – cet horizon nous semblait en adéquation avec les buts que nous poursuivons : l’intégration par le dialogue interculturel, la tolérance, l’explicitation des attentes, des besoins et des valeurs de chacun.ne et la négociation d’un être-ensemble pour la mise en activité du groupe autour d’un projet fédérateur.

Dans une classe « standard », c’est le professeur qui prend les décisions. Le pouvoir donné au conseil de classe ne change-t-il pas la donne ?

Oui, effectivement, mais cela va dans le sens d’une responsabilisation des élèves. Je vous donne un exemple : un jour, nous avons fait passer un test surprise aux élèves. Peu après, il y a eu un conseil de classe et les élèves ont manifesté leur mécontentement. Les discussions ont donné lieu à une règle qui a été votée et selon laquelle les professeurs devaient avertir les élèves avant de leur faire passer un test. Le délai d’annonce avant le passage d’un test a été décidé après une négociation parce qu’il y avait plusieurs propositions de délai. Finalement, nous nous sommes mis d’accord sur deux jours. Après ce conseil de classe, il n’y a plus eu de tests non annoncés et plus de tensions à ce sujet.

Quel a été l’objet de votre première discussion lors du premier conseil de classe ?

Nous avons établi la liste des règles à respecter pour le bon fonctionnement de la classe. Le premier sujet traité a été celui du téléphone portable parce que beaucoup d’élèves oubliaient d’éteindre leur téléphone ou d’enlever le son. Normalement, les règles de l’EVAM interdisent l’usage du téléphone en classe. Lors de notre première séance, les élèves ont expliqué que le téléphone leur servait aussi pour chercher la traduction des mots qu’ils ne comprennent pas. De plus, certains élèves, qui ont des enfants en bas âge, peuvent recevoir un appel de la garderie quand il y a un problème. D’où le besoin exprimé de pouvoir garder son mobile pour répondre à un coup de fil important ou urgent. Donc, il a été décidé à l’unanimité que tous les élèves peuvent garder leur téléphone en classe, mais ils doivent demander à leur prof avant de pouvoir l’utiliser. Nous avons aussi convenu de quelques règles de base comme le respect du droit à l’image, les échanges d’informations digitales dans le groupe classe et avons aussi pu évoquer des règles de déontologie numérique pour le groupe.

Après discussion, élèves et enseignant.e.s votent dans une ambiance détendue. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Comment fonctionne le vote ?

Les élèves ont à leur disposition des billets sur lesquels ils peuvent écrire des propositions, des critiques ou des remerciements, puis ensuite les glisser dans une boîte à lettres prévue à cet effet. Au début de chaque séance du conseil, on regarde ce qu’il y a dans la boîte, puis on parle des points écrits sur les billets. Par exemple, plusieurs participants avaient évoqué le problème du bruit dans la classe qui les empêchait de se concentrer. Après discussion, il est ressorti que ce problème ne s’appliquait que dans certains cas et nous avons pu discuter de ce qui nous importait, dégager un consensus là où il pouvait y en avoir un et formuler différentes propositions pour régler ou du moins réduire le problème. Les propositions ont été soumises au vote en trois catégories : pour, contre et abstention. Certaines propositions ont été refusées, mais celles qui ont été acceptées à la majorité ont été inscrites dans le règlement de classe.

Quel rôle joue le conseil de classe dans l’apprentissage du français ?

Pour qu’un conseil de classe fonctionne bien, il faut idéalement que les élèves aient un niveau de langue B1 pour pouvoir argumenter et défendre leur point de vue. Comme nous avons pu le constater, un conseil de classe peut avoir un effet stimulant sur une classe de niveau A2 déjà, et cela malgré les difficultés linguistiques. De plus, le conseil de classe peut aussi servir à identifier les besoins des participants, à définir ensemble les objectifs d’apprentissage, à discuter et réguler le déploiement de la prestation au fur et à mesure de la session et éventuellement à négocier une adaptation.

Qu’apporte l’expérience du conseil de classe aux enseignants ?

Nous obtenons davantage d’adhésion de la part des élèves en les associant aux décisions prises lors des conseils de classe. Dans ce cadre, les petits problèmes du quotidien tels que: bruits, téléphones, savoir-être en groupe, besoins pédagogiques particuliers, surcharge de cours, difficultés des apprenants à s’adapter à différents styles pédagogiques, peuvent être discutés en commun afin d’éviter l’accumulation de frustrations qui pourrait conduire à de plus grands problèmes. Ce partage permet aussi de désamorcer les éventuels conflits entre élèves et de neutraliser les triangulations. De plus, du point de vue de l’efficacité professionnelle, c’est gratifiant de pouvoir observer un tel investissement des élèves et de constater l’accélération des apprentissages.

L’un des objectifs de l’EVAM c’est l’autonomie des bénéficiaires. Votre expérience de pédagogie coopérative va dans ce sens, me semble-t-il…

Oui, bien sûr ! D’ailleurs plusieurs collègues qui avaient entendu parler de notre conseil de classe ont décidé de l’introduire dans leurs propres groupes. D’autres conseils de classe auraient dû démarrer en mars 2020, mais le début du confinement dû au COVID-19 nous a obligés à temporiser cet élan. Forts de notre expérience, nous sommes à disposition pour partager nos outils et conseiller tous les collègues qui souhaiteraient se lancer dans l’expérience.

Paroles d’élève : « Je peux voter librement pour la première fois de ma vie ! »

Lors des conseils de classe, on écoute les autres intervenant.e.s sans les interrompre et en respectant leur point de vue.

Les élèves ont accepté de partager leur expérience de pédagogie participative et d’expliquer en quoi elle leur permet d’avancer.

Voix d’Exils : en quoi le conseil de classe est-il important pour vous ?

« Je viens d’un pays dans lequel je n’ai jamais pu voter une loi. Ce conseil n’est pas très grand, mais il me donne l’occasion de m’exprimer, de pouvoir faire des choix et de voter librement pour la première fois de ma vie. »

« Le conseil de classe nous apprend le savoir vivre ensemble, par exemple à écouter son interlocuteur sans l’interrompre et à construire un dialogue avec lui.»

« Grâce à cette expérience, on apprend beaucoup sur la culture suisse, la santé, la citoyenneté et aussi à pratiquer la lecture et l’écriture. »

« Ça donne beaucoup d’expérience, de la confiance en soi, on apprend à se présenter. »

« Grâce au conseil de classe, on a la possibilité de parler des problèmes qu’on rencontre dans les différentes classes. (Certains élèves ont des cours de mathématiques, de correspondance, de santé, d’autonomie numérique, des ateliers emploi, des ateliers à choix entre phonétique, jeux de rôles et écriture créative le mercredi après-midi, ndlr). »

« Ce conseil de classe est une plus-value ! »

Est-il facile ou difficile de prendre une décision tous ensemble ?

« Franchement, ce n’est pas facile parce qu’on doit beaucoup réfléchir et on n’est pas toujours d’accord sur la décision à prendre concernant un même sujet. »

Propos recueillis par:

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Revue de presse #16

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : L’inadéquation des mesures d’intégration des permis F / Des migrants malmenés en Croatie / Des dizaines de migrants meurent au large de Tunis

Insertion difficile pour les personnes admises provisoirement

Asile.ch, le 11.06.2020

La Suisse verse de l’argent aux cantons pour qu’ils promeuvent l’intégration des personnes admises à titre provisoire (permis F). Malgré l’importance des investissements consentis, les résultats ne seraient pas à la hauteur selon map-F, association indépendante qui a pour mission de rédiger des rapports de suivi sur la situation des permis F dans le canton de Zurich.

L’association relève que pour pouvoir participer à la vie économique, sociale, culturelle et politique en Suisse, il est essentiel de disposer de moyens de subsistance adéquats. Or, le montant perçu par les admis provisoires est à peine suffisant pour couvrir les dépenses les plus basiques de la vie quotidienne – nourriture, articles d’hygiène et communication.

Les mesures de la politique d’intégration actuelle sont inégalitaires puisqu’elles visent principalement à faire entrer sur le marché du travail les personnes ayant un « potentiel d’emploi », mais laissent de côté les enfants, les personnes les plus âgées, celles ayant des problèmes de santé, celles qui ont d’autres personnes à charge, en particulier les femmes.

De plus, les personnes admises à titre provisoire ne sont pas autorisées à choisir elles-mêmes leur commune de résidence et sont donc fortement dépendantes de la commune à laquelle elles ont été affectées.

map-F constate également de grandes disparités entre les communes du canton de Zurich en ce qui concerne la promotion de l’intégration. C’est pourquoi, l’association préconise d’établir à leur intention des directives uniformes et contraignantes concernant les objectifs, l’étendue et la qualité de la promotion de l’intégration.

Violences contre les migrants à la frontière croate

Infomigrants.net, le 15.06.2020

Des milliers de migrants empruntent chaque année la « route des Balkans » pour essayer de rejoindre l’Europe occidentale. La plupart passent par la Croatie, pays membre de l’Union Européenne (UE), le plus souvent en provenance de la Bosnie.

Or, selon Amnesty International, ce passage aux frontières s’accompagne de passages à tabac, de tortures et de tentatives d’humiliation de la part de policiers croates.

Prise à parti, l’Union européenne a demandé aux autorités du pays d’enquêter sur ces accusations de mauvais traitements à leur frontière avec la Bosnie. Le ministère croate de l’Intérieur a démenti ces accusations, tout en précisant qu’une enquête serait ouverte.

Quand la situation sanitaire le permettra, la Commission européenne prévoit aussi d’envoyer une mission sur place, dans le cadre d’un mécanisme de surveillance du respect des droits fondamentaux par les autorités aux frontières lié à l’allocation de fonds européens.

Chavirage mortel au large de la Tunisie

Infomigrants.net, le 15.06.2020

Plus de 60 migrants, parmi lesquels une majorité de femmes originaires d’Afrique subsaharienne et trois enfants, ont péri dans le naufrage de leur embarcation clandestine partie de Sfax, sur la côte est de la Tunisie. Le capitaine de l’embarcation, un Tunisien de 48 ans, n’a pas non plus survécu.

Les migrants avaient pris la mer dans la nuit du 4 juin dernier, espérant rejoindre les côtes italiennes, selon des témoignages recueillis par les enquêteurs. Ce sont des pêcheurs qui ont lancé l’alerte auprès des autorités après avoir découvert des corps flottant au large des îles Kerkennah, près de Sfax.

L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés indique que les départs clandestins depuis les côtes tunisiennes ont augmenté de 156% entre janvier et fin avril, comparé à la même période de l’année dernière.

Au printemps 2019, 86 migrants avaient péri au large des côtes tunisiennes, dans l’un des pires naufrages de son histoire. L’embarcation de fortune était partie de Libye à destination de l’Europe.

Oumalkaire / Voix d’Exils




Pourquoi pas généraliser l’opération Papyrus ?

Lancement de l’opération Papyrus à Genève le 28 février 2017. Photo: Voix d’Exils.

Le bilan très positif de l’opération genevoise Papyrus pourrait inspirer d’autres cantons

L’opération Papyrus est une initiative du canton de Genève dont le but est de régulariser les personnes sans-papiers vivants sur son territoire. Elle a débuté en février de 2017 et s’est achevée le 31 décembre de 2018. Depuis son lancement, elle a permis de régulariser la situation des 2390 personnes. Il s’agit dans la plupart des cas de familles, mais il y a aussi des centaines de célibataires. Notons aussi que la très grande majorité des dossiers qui ont été traités touche au secteur de l’économie domestique.

 

Un podcast qui vous est proposé par:

Valéry Martseniuk

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Pour aller plus loin:

Sources: site internet du canton de Genève

Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois, un article paru dans Voix d’Exils le 30 mars 2017.