1

L’Ostri

Kristin Kostava / Voix d’Exils

Un délice de la cuisine géorgienne

Kristine Kostava partage avec nous sa recette de l’Ostri, un succulent ragoût de bœuf épicé très populaire dans son pays d’origine: la Géorgie. Testé et approuvé par la rédaction Voix d’Exils!

Ingrédients pour 4 personnes :

  • 1 kg de jarret de bœuf
  • 3 oignons
  • 600 g de tomates fraîches
  • 5 gousses d’ail
  • 1 bouquet de persil
  • 1 bouquet de coriandre
  • 1 feuille de laurier
  • Sel
  • Piment rouge en poudre

Préparation :

  1. Émincer la viande.
  2. Chauffer une casserole et y faire revenir la viande dans un peu de corps gras. Ajouter le laurier, couvrir et laisser mijoter à feu doux environ 30 minutes. Si nécessaire, rajouter un peu d’eau.
  3. Une fois la viande cuite, mettre de côté son jus.
  4. Ajouter à la préparation les oignons finement coupés et l’ail pressé. Garder en réserve quelques lamelles d’oignons pour la décoration du plat.
  5. Râper les tomates par dessus.
  6. Napper la viande avec le jus mis de côté.
  7. Ajouter du sel, le persil, la coriandre effeuillés et le piment selon votre convenance.
  8. Laisser mijoter 30 minutes à feu doux.
  9. Le plat est prêt à être servi. Vous pouvez le décorer avec les oignons en réserve et quelques feuilles de coriandre.

En Géorgie, nous dégustons ce plat avec des tranches de pain blanc.

L’Ostri est prête ! Bon appétit !

Kristine Kostava

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




En Iran, les fumeuses risquent des insultes, des coups, et même la prison

Ahmad Mohammad / Voix d’Exils.

La liberté de fumer : un marqueur d’égalité hommes – femmes

« Lorsque je suis arrivée en Suisse, il y a 5 ans, j’ai été très surprise de voir des femmes fumer dans l’espace public » confie Zahra, rédactrice à Voix d’Exils. « Je me suis posée beaucoup de questions : Ça ne dérange pas les hommes que les femmes fument ? Leurs familles ne leur disent rien ? Les femmes sont-elles vraiment libres de fumer ?

Je viens d’une petite ville au nord-ouest de l’Iran. Dans mon pays, il y a plusieurs cultures, chacune a sa langue – le farsi, le turc, l’arabe et le kurde -, sa cuisine, sa musique, ses traditions. Le point commun entre ces différentes cultures, c’est que les femmes ne sont pas libres.

« Après la révolution islamique, les femmes n’ont plus eu le droit de fumer »

Prenons l’exemple des fumeuses… Depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes ont l’interdiction de fumer. A l’époque du Shah, entre 1941 et 1979, la situation était différente. Ma grand-mère, qui a toujours fumé, m’a raconté qu’elle avait grandi dans une société qui laissait beaucoup de liberté aux femmes. Elles avaient le droit de fumer, de porter des minijupes, de ne pas se voiler, de voter… comme en Europe.

Ma grand-mère était une femme de caractère qui avait élevé 15 enfants. Elle avait planté du tabac dans le potager de la ferme pour la consommation familiale. Ma mère était la petite dernière de la fratrie, elle fumait elle aussi avant de se marier.

Après la révolution islamique de 1979 menée par l’ayatollah Khomeini, les femmes n’ont plus eu le droit de fumer. Dans les grandes villes, celles qui ne respectaient pas cet interdit étaient sévèrement punies. Là où habitait ma grand-mère, la situation était un peu différente. Dans la société rurale, fumer était considéré comme une activité de détente qui n’était pas réservée aux hommes.

« Les femmes qui fument se font traiter de prostituées »

Lorsque ma mère s’est mariée, elle est allée habiter en ville et mon père lui a demandé d’arrêter de fumer. Mon père, qui était lui-même un homme ouvert d’esprit, n’avait pas d’autre choix. Si ma mère avait continué de fumer, elle aurait été considérée comme une femme de mauvaise vie, une citoyenne qui ne respecte pas les lois islamiques.

Aujourd’hui certaines Iraniennes fument en cachette. Malheur à celle qui allume une cigarette dans l’espace public : elle se fera insulter, se verra traiter de putain et pourra même recevoir des coups donnés par des hommes que ce geste – perçu comme une provocation – rend complètement fous. Dans certains cas, ce comportement considéré comme « déviant » peut occasionner une dénonciation auprès de la police et la « fautive » risque alors l’emprisonnement.

Il y a pourtant une catégorie de femmes qui échappent à cette interdiction. Ce sont les femmes âgées, que leur ancienneté protège, et qui peuvent fumer sans porter préjudice à l’honneur familial.

« L’interdiction de fumer est une oppression parmi tant d’autres »

En Iran, le système patriarcal et religieux décide de ce qui est bon pour les femmes et les traite comme des citoyens de second plan. L’interdiction de fumer n’est finalement qu’une oppression parmi tant d’autres. Mais ce système injuste suscite toujours plus de mécontentement. Aujourd’hui, les Iraniennes sont nombreuses à contester des lois sexistes qui les privent de leurs droits fondamentaux. Elles en ont assez de ne pas pouvoir choisir leurs habits, de devoir obligatoirement porter le voile, elles veulent penser par elles-mêmes, travailler, être indépendantes.

Elles sont courageuses, mais le chemin vers la liberté est encore long. »

 

Zahra AHMADIYAN

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Asylex

Joëlle Spahni, Spécialiste en migration chez Asylex.

Une précieuse aide juridique en ligne pour les requérant.e.s d’asile

Asylex est une nouvelle organisation à but non lucratif basée en Suisse  qui est spécialisée dans l’assistance juridique en ligne des personnes en procédure d’asile en Suisse. Pour en savoir plus, notre rédacteur Masar Hoti a réalisé une interview de Joëlle Spahni, spécialiste en migration chez Asylex. Un podcast produit par Ezio Leet à écouter ci-dessous:

Pour aller plus loin:

Rendez-vous sur le site internet d’Asylex: asylex.ch

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 

 




PWG booste les compétences féminines

Liza Brenda Sekaggya.

« Notre objectif est l’acquisition par les femmes des capacités de leadership »

Liza Sekaggya est co-fondatrice de Phenomenal Women Organisation, une ONG basée en Suisse et en Ouganda. Lors de cette interview menée par notre rédactrice Marie-Cécile Inarukundo, elle présente les différents projets et actions mises en œuvre par son organisation pour que les femmes africaines, les migrantes et les laissées pour compte puissent trouver leur place dans la vie professionnelle et s’épanouir dans leur vie personnelle. 

The english version of the interview is available at the end of the article

Quelle nécessité vous a poussée à fonder cette organisation  ?

J’ai lancé le concept de Phenomenal Women avec quelques autres femmes parce que nous pensions qu’il était nécessaire pour celles d’origine africaine, pour les migrantes et toutes celles qui ne bénéficient pas des mêmes privilèges que les Européennes, de se serrer les coudes pour promouvoir leur vie professionnelle et personnelle ici en Suisse. Alors, en 2018, nous avons organisé une première conférence à Genève. Nous avons mis en avant la solidarité et le soutien mutuel comme moyens d’atteindre le succès professionnel et personnel. S’en sont suivies 4 autres conférences en Ouganda, au Zimbabwe, en Afrique du Sud et à Boston, où nous avons aujourd’hui des points focaux chargés d’exécuter le mandat de notre organisation.

Quand l’organisation a-t-elle commencé et combien de femmes exactement sont à la base de sa création ?

Notre organisation a été officiellement enregistrée en 2019, mais déjà en 2018 le concept était né. Nous avons environ 100 membres, et au niveau du leadership nous comptons 3 membres exécutifs ici en Suisse et une équipe de 5 en Ouganda où nous sommes également enregistrées.

Comment l’idée a-t-elle émergé ? Peut-on avancer que les fondatrices ont eu à gérer les mêmes problèmes ?

Oui, vous avez parfaitement raison. De mon expérience personnelle, comme Human Rights Officer basée à Genève, il m’a été très difficile d’évoluer en termes de carrière aussi rapidement que les Européennes. On peut se retrouver au même poste pendant des années, parfois parce que notre ethnie et notre genre nous empêchent de profiter des mêmes opportunités que les autres. Ou encore, de potentiels employeurs répondent à notre manifestation d’intérêt en nous proposant un poste pour lequel on est surqualifiées. Pour les postes en lien avec nos compétences, il est très frustrant de se voir recalées. Je partage cette expérience avec nombre d’autres femmes pour lesquelles la promotion professionnelle à des postes de responsabilité est quasi impossible, ou celles pour qui le marché du travail est carrément fermé.

Dans ce contexte précis, comment expliquez-vous la présence de votre organisation sur le continent africain ? Est-elle judicieuse ?

Notre présence en Afrique est encore plus nécessaire, car même si elles ne font pas l’objet de racisme, les femmes y ont d’autres défis à relever en matière d’emploi et de carrière. Des défis liés à la violence basée sur le genre, défis liés à aux usages culturels qui peuvent les empêcher d’aller à l’école ou de terminer leurs études, les forcer au mariage précoce, etc. Comme les défis peuvent varier d’un endroit à un autre, les objectifs des conférences que nous animons en Afrique sont différents. Mais dans tous les cas de figure, notre objectif est l’acquisition par les femmes des capacités de leadership. Nous désirons qu’elles soient outillées pour avancer, être autonomes et indépendantes où qu’elles soient. Nous avons également réalisé que partout dans le monde, les femmes avaient à relever pratiquement les mêmes défis liés à la violence et à la ségrégation basées sur le genre.

L’implantation de l’organisation en Suisse a naturellement découlé du fait que vous vivez ici, n’est-ce pas ? Qu’en est-il de son expansion ? De quoi s’est-elle inspirée ?

Notre expansion s’est inspirée des intérêts des unes et des autres parmi nos membres, ainsi que de l’importance de la diaspora féminine là où nous sommes présentes. D’abord, l’Ouganda étant mon pays d’origine, c’est tout naturellement qu’il a été le deuxième pays d’implantation et d’enregistrement. Mon réseau de contacts dans l’économie, la finance et l’administration du pays nous a facilité la tâche. A Boston, nous avons tenu compte de l’immense communauté de femmes africaines et de la présence d’une grande université. Quant au Zimbabwe et à Londres, nous y sommes présentes car j’y ai travaillé.

Quelle est la stratégie pour atteindre les femmes qui ont besoin de votre appui dans des pays comme la Suisse, l’Angleterre ou les USA ?

Notre première stratégie consiste en une Conférence annuelle qui se tient en septembre, mais qui a été annulée en raison du Covid-19 en 2020. Nous avons également une liste de distribution – la mailing list – qui est régulièrement mise à jour et informe sur nos activités. Nous utilisons également les médias sociaux et les webinaires, soit les séminaires sur le web. Nous avons organisé 10 webinaires sur les finances, la santé mentale, ainsi que sur d’autres sujets d’intérêt pour notre population cible. Et nous projetons en 2021 de lancer un programme de mentorat qui donnera lieu à des séances en face à face selon les besoins de nos membres qui pourront profiter de l’accompagnement par nos intervenantes.

Certaines des personnes que vous ciblez sont des migrantes ou des femmes défavorisées vivant dans des conditions difficiles malgré leurs capacités et aptitudes pour être actives sur le marché du travail, et qui gagneraient à bénéficier de votre appui pour sortir du marasme dans lequel elles se trouvent. Quelque chose sera-t-il fait ou est-il fait pour les atteindre ?

Je dois reconnaître que nous ne pouvons pas atteindre tout le monde. Mais nous croyons à l’impact que peuvent avoir sur les autres l’histoire et le parcours personnels par exemple d’une migrante qui a pu s’en sortir et lancer son business ou trouver du travail. Nous comptons ouvrir en 2021 un Centre pour Femmes pour lequel nous devons réunir l’argent nécessaire à son financement. Il servira de centre de formation, d’accompagnement et de mentorat. Ce sera aussi une plateforme de partage, car beaucoup de nos membres travaillent avec des organisations internationales et nous les appelons à partager leurs histoires de réussites, donner quelques conseils, ou même donner aux participantes l’opportunité de faire des rencontres professionnelles intéressantes. J’en connais qui ont lancé leur propre business après s’être rencontrées à l’une de nos conférences, d’autres ont trouvé du travail après avoir été présentées, d’autres encore ont décroché un rendez-vous. Je pense qu’il appartient aux femmes d’être proactives.

Votre Centre, sera-t-il accessible à votre population cible qui a des difficultés financières ?

Notre projet n’étant pas à but lucratif, nous allons tenir compte des conditions de notre groupe cible et appliquer un tarif léger pour pouvoir payer le loyer, l’entretien des locaux, les conférenciers et conférencières, ainsi que les formateurs et formatrices. Mais les formations et autres activités seront gratuites.

Étant moi-même issue de la migration, je suis bien placée pour savoir que certaines femmes qui sont en Suisse avec leurs diplômes et certifications pourraient être intéressées mais se trouvent dans l’incapacité financière d’intégrer votre projet. Pensez-vous qu’il sera possible de les accueillir gratuitement?

Oui, cette option peut être considérée si par ailleurs nous comptons suffisamment de femmes qui sont en position de payer. Nous avons l’intention de collaborer avec les organisations travaillant avec les migrantes.

Ma dernière question concerne votre réseau. Êtes-vous en partenariat avec les associations de femmes ici en Suisse, les institutions œuvrant avec les femmes et la migration ?

Oui, nous venons de lancer des contacts avec celles qui travaillent avec les réfugiées et les migrantes, nous sommes en contacts avec le Canton de Genève, plus précisément le département en charge de la cohésion sociale et de la solidarité, nous travaillons ensemble sur un documentaire sur le racisme qui doit sortir en 2021. Nous essayons également de mettre en place des partenariats avec les organisations qui fournissent des espaces de coworking ainsi que celles qui s’occupent des migrant.e.s. Et certains partenariats vont appuyer notre Centre pour Femmes, afin de pouvoir encadrer les femmes au mieux. Si par exemple nous ne sommes pas en mesure de prodiguer une formation, nous pourrons passer le relai pour qu’une organisation partenaire puisse la prendre en charge.

Propos recueillis et traduits de l’anglais vers le français par:

Marie-Cécile INARUKUNDO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

The interview of Liza Sekaggya in english is below:

Pour aller plus loin:

Retrouvez PWG sur son site internet: PhenomenalWomenGlobal.com, ou sur ses réseaux sociaux:  facebook, LinkedIn, Twitter




Mon grand-père, mon tendre guide

Un témoignage touchant de Kristine Kostava

Kristine Kostava, notre nouvelle rédactrice, se souvient avec émotions des moments partagés avec son grand-père durant son enfance.

J’étais sa première petite-fille. On dit que lorsque je suis née, il était surtout curieux de me rencontrer. Il m’a surnommé la « première hirondelle », car je suis sa première petite-fille née au printemps.

J’ai réalisé l’amour que je ressentais pour grand-père très tôt. Mes premiers souvenirs remontent à mes 3 ans. Je voulais tout le temps être avec lui. Quand il venait chez moi, ma question était :

« Que m’as-tu apporté? »

En réponse, il vidait ses poches dans lesquelles se trouvaient toujours des bonbons! Il me disait toujours qu’ils représentaient la joie, l’amour et le bonheur.

Il m’a appris à dessiner. Je me souviens qu’au début je ne savais même pas comment tenir un crayon. J’étais probablement drôle à voir avec mes petits doigts fins et mon long crayon. Grand-père riait beaucoup, posait sa main lourde sur ma tête et m’apprenait silencieusement à dessiner avec ses yeux toujours tristes.

Je me souviens qu’il me disait toujours : « Faire des choses dans la vie c’est bien. Mais il faut les faire avec le cœur. »

Je dis souvent que toute ma bonté est l’héritage de mon grand-père. Il m’a appris à aimer la nature, les animaux, les fleurs et le monde en général.

Enfant, j’avais beaucoup de temps pour jouer avec lui. Mais plus je grandissais, plus je m’éloignais de lui. Et puis, on a déménagé et la distance nous a séparés. Comme j’habitais à Kutaisi, en Georgie, à environ 70 kilomètres de lui, j’étais toujours inquiète, car il était veuf et vivait seul dans son village.

À 84 ans, il s’occupait toujours de ses deux vaches, fabriquait du fromage, de la crème aigre et du beurre. Il semait du maïs, du blé, des légumes et puis il nous envoyait des produits naturels en ville. Malgré sa vieillesse, il nous encourageait:

« Je vais bien quand vous êtes bien, vous me maintenez en vie! »

Malheureusement, nous sommes tous impuissants face à la mort. Mon tendre grand-père est mort à l’âge de 86 ans. Il a rejoint l’éternité, comme une hirondelle qui voulait voler… voler et voler!

Kristine Kostava

Membre de la rédaction vaudoise Voix d’Exils